2012 Smart électrique…
Encore plus chère citadine !
Par Marcel PIROTTE
Après quinze ans de bons et loyaux services, ainsi qu’une production cumulée de près de 1.400.000 unités de la version deux places “ForTwo” (qui se nommait “CityCoupé” dans ses premières années), Smart se “voltarise”, proposant enfin une version électrique.
Finies dès lors les phases d’expérimentation avec les deux modèles précédents, cette nouvelle ed (electric drive) disponible en coupé ou cabriolet, s’affiche blanche et verte, prétendant s’adresser “enfin” au grand public qui, avec elle, “va découvrir la citadine idéale”…, dans tous les sens du terme.
Faut-il y croire ?
Ecologique, vive, plaisante (mais toujours aussi chère), cette Smart ne renie pas vraiment son ADN, quoique…, mais cette fois elle se veut diablement bien aboutie…, quoique (bis) je pense (et ne suis pas le seul) que les toutes premières versions étaient beaucoup, beaucoup, beaucoup plus belles, plus équilibrées, avec un design plus spontané, plus jeune, plus avant-gardiste… et moins bourgeois…
Je ne vais pas ici vous repasser les plats et vous refaire le coup de l’historique de la Smart…, sachez cependant qu’elle est née de la rencontre organisée en décembre 1992 entre Werner Niefer (le boss de Mercedes-Benz) et le génial mathématicien et physicien américano-libanais : Nicolas G.Hayek (qui avait redonné un souffle nouveau à l’horlogerie helvète tout en relançant les montres suisses au travers de sa marque fétiche Swatch).
De cette rencontre va naître, mais pas tout de suite, en 1997 pour être plus précis, une mini voiture de 2,5 m, deux places, idéale en ville, fabriquée à Hambach en Lorraine française.
Coproduite tout d’abord par MMC, la Micro Compact Car AG va ensuite passer sous le contrôle à 100% de Daimler AG, la maison mère de Mercedes… et ainsi être rebaptisée Smart Gmbh, devenant une division à part entière de Mercedes Benz cars.
Dans des calculs complexes et vraisemblablement sordides, Daimler-Benz (Mercedes) a augmenté la capitalisation du groupe Smart…, Nicolas G.Hayek n’a pas su suivre… et en conséquence sa capitalisation restant identique (en montant), a de fait diminué en rapport à l’augmentation générale…
Nicolas G.Hayek est devenu minoritaire, les ingénieurs Mercedes ont alors embourgeoisé (Mercedesisé) la Smart, qui y a perdu ses formes joyeuses et innovantes, ainsi que ses couleurs pimpantes…
En finale, voyant son grand rêve ainsi déformé, Nicolas G.Hayek a revendu ses parts et s’en est retourné, en maugréant, à ses montres Swatch…
Il est décédé l’année dernière.
Depuis 2010, Smart Gmbh est dirigée par une femme de caractère, Annette Winkler, que j’ai bien connue, car pendant sept ans, elle a dirigée la filiale de Daimler Chrysler BeLux.
Tout le monde s’en souvent encore…
Smart et la propulsion électrique, c’est déjà une vieille histoire d’amour.
Depuis 2007 en effet, ce ne sont pas moins de 2000 versions “électrifiées” qui ont déjà été testées par des utilisateurs triés sur le volet à travers le monde.
Imaginez le coût de cette affaire !
Au bout de plus d’un million de kilomètres, ces Smart électriques ont permis aux ingénieurs de passer (enfin) au niveau supérieur… et surtout de proposer un modèle grand public.
Toutes les informations récoltées ont également permis à Smart de se repositionner et de faire cette fois confiance à la technologie allemande via Bosch (pour le moteur électrique) et Deutsche ACCU.motive (un mariage entre Daimler et Evonik), une nouvelle société chargée de fabriquer une batterie Lithium-ion de 17,6 kWh constituée de 93 cellules, pesant quelque 175 kg…
Afin de recharger cette batterie, trois solutions possibles :
– En sept heures pour un prix estimé de 4 Euros la charge, sur une prise standard “maison” fournie avec la voiture, le câble d’alimentation se logeant dans le couvercle du coffre…
– En six heures pour un prix de 3 €uros, sur une prise spéciale “Wallbox”, facturée environ 900 €uros placement compris (ne vous posez pas de questions, personne n’y répondra)…
– En une heure seulement sur une prise spéciale de recharge rapide (prix non encore calculé pour ne pas décourager les acheteurs potentiels).
Notez, à ce stade du récit et de l’histoire (véridique…, c’est du journalisme de haut vol), qu’il n’y a pas de franches affirmations concernant l’autonomie des dites batteries qui n’en forment qu’une seule (on ne le dit pas pour faire moins peur)…
Le chiffre de 130km a été avancé, mais rien n’est moins sur…
D’expérience avec d’autres électriques, 80km est plus certain, ce qui ne fait que 40km réels vers un point à définir…, puisqu’il faut revenir au point de départ…
Bosch a mis au point un tout nouveau moteur électrique, très puissant et “coupleux” : 130 Nm, délivrant en continu 35 kW (mais 55 kW au maximum, soit 75 chevaux)…, d’où une vitesse de pointe portée à 125 km/h, avec de franches accélérations (4,5 secondes seulement pour atteindre 60 km/h, le 0 à 100 km/h étant atteint en 11,5 secondes)…, sans compter des reprises assez “viriles”.
Là aussi, au plus on est “viril” dans les accélérations, au moins loin on va…
Disponible en coupé ou cabriolet deux places, la Smart ed ne risquera pas de déstabiliser les acheteurs potentiels…, c’est bel et bien une Smart dernière génération (les plus attentifs remarqueront les prises électriques stylisées sur la carrosserie ainsi qu’une planche de bord remaniée).
Essayée à Berlin mais également à Anvers dans le cadre des rencontres Smart qui ont accueilli plus de 2.000 voitures venues des quatre coins du monde, cette version électrique se comporte en circulation urbaine comme un poisson dans l’eau…, d’autant que ce modèle peut se passer de la boîte robotisée des versions thermiques qui depuis longtemps déjà aurait dû être remplacée.
Ici, un seul rapport de démultiplication de 9,922 :1 !
Facile dès lors de comprendre que les accélérations sont vraiment linéaires, sans coupure de charge.
Avec un couple de 130 Nm disponible dès le démarrage, la Smart ed se joue véritablement de la concurrence, elle toujours la première aux feux de trafic, se faufilant en plus de manière admirable grâce bien évidemment à sa compacité, mais surtout au moteur électrique très vivace, remarquablement adapté à un usage urbain ou périurbain.
Facile également de se garer avec cet engin de 2,70 m de long mais qui pèse tout de même un peu plus de 900 kg, la batterie étant logée sous le plancher du coffre.
N’émettant pas le moindre gramme de CO2, la Smart ed est certainement la mini la plus écologique (en attendant la Zoé de Renault, offrant 4 places).
Elle n’est toutefois pas exempte de quelques défauts : un freinage un peu mollasson…, une attitude sous-vireuse (si l’on se met à accélérer la cadence en virages)… et toujours cette incroyable fermeté des suspensions !
Toutefois, la Smart ed se rachète en étant fort amusante à piloter, la version cabriolet pouvant, de plus, faire le plein de soleil en quelques secondes seulement malgré une procédure parfois un peu trop fastidieuse…
C’est une Smart qui devrait cependant plaire à une toute nouvelle génération “branchée”, pour qui une application permet de visualiser sur Smartphone la charge de la batterie tout en informant de la disponibilité des stations de recharge rapide sur le trajet emprunté !
Et maintenant les sujets qui fâchent : les prix !
Plusieurs possibilités afin de rouler en Smart électrique !
Pas de miracles, cette “mini branchée” n’est pas bon marché du tout, très chère même, trop chère à mon avis !
Même si c’est le prix officiellement à payer pour rouler le plus écologiquement possible !
Le client peut donc acheter cette Smart ed avec ou sans batteries (ne souriez pas, vous êtes filmés !), il peut aussi la financer et même la “leaser” via un contrat assez attractif (tout est quand même relatif !)…
Avec les batteries incluses (aux risques et périls de l’acquéreur sous réserve d’une garantie légale ultra-courte pour celles-ci), la Smart ed se négocie en version coupé à 24.080 €uros… et en version cabriolet il faut débourser 27.225 €uros… plus les options diverses…
C’est pas donné !
C’est même hors de prix !
C’est même pire…
En revanche si vous préférez acheter la voiture et louer les batteries (la formule est à conseiller pour les irréductibles !), les prix diminuent à respectivement 19.239 €uros et 22.385 €uros…
Ne pensez pas que la pilule passera un peu mieux si vous vous embarquez dans cette électrification…, car chaque mois, il vous faudra ajouter aux mensualités du crédit auto, le prix de la location des batteries, soit 65 €uros…
Mais, Smart garantit alors une autonomie optimale durant la durée de la location (sic !)…, en cas de pépin, la batterie étant automatiquement remplacée sans débourser un seul Euro.
Seul, un entretien annuel ou tous les 20.000 km, étant prévu.
Cela parait peu contraignant…, mais ça coûte aussi des €uros…, en finale, n’oubliez jamais qu’on ne vous fait aucun cadeau…, si la voiture peut être ludique…, pour Smart-Daimler-Mercedes-Bosch…, c’est du business…
Certains pays proposent des arrangements (gag !) fiscaux…, avec les voitures électriques les particuliers ne paient pratiquement pas de taxes de circulation, ils peuvent aussi déduire fiscalement un bon tiers de la facture d’achat de leurs impôts… et de plus il existe aussi ça et là des primes style écobonus (3.500 €uros en Wallonie-Belgique)…, ce qui est toujours bon à prendre !
Quant aux entreprises, c’est souvent encore plus intéressant, la voiture étant parfois déductible à 120 % !
On l’attendait depuis longtemps cette Smart électrique !
Mais on ne s’attendait pas à ce qu’elle coûte le prix de 3 voire 4 Renault ou Peugeot ou Citroën neuves !
Elle est toutefois remarquablement bien aboutie, plaisante à conduire, vivante dans le trafic urbain…, elle fait la nique aux grosses cylindrées et de plus se gare dans un mouchoir de poche tout en se voulant la mini la plus écologique du moment !
N’empèche que…
Smart croit avoir tout compris, cette version électrique devrait, selon Annette Winkler, être fabriquée chaque année à 10.000 exemplaires sous prétexte qu’elle représente selon Mercedes, l’une des meilleures solutions afin de se déplacer en ville…
Mais à quel prix ?!?!
Il faut raison garder et rester véritablement sérieux…
Voyez la complexité d’un moteur essence ou diesel, ainsi que la boite de vitesse…
Comptez le nombre de pièces à fabriquer, usiner, assembler… et ensuite faites de même avec un moteur électrique…
Le moteur électrique n’a pas plus de pièces que l’alternateur ou le démareur de votre voiture…
Et… avec un moteur électrique, pas besoin de boite de vitesse…, de plus, l’inversion des polarité sert de frein…
Il y a 1000 fois moins de composants dans une voiture électrique que dans une voiture mue par un moteur à explosion…
Sur base de n’importe quelle voiture essence, un amateur éclairé peut la transformer en y plaçant un moteur électrique…
Donc…, alors qu’elle est plus simple, beaucoup plus simple…, pourquoi une voiture électrique se vend 4 fois plus chère qu’une même à essence ?
Parce qu’on est naïfs, bêtes, gnous et beaufs ?…
En cette matière, l’électricité n’éclaire pas les cerveaux !
Je signale que le préparateur allemand Brabus s’est déjà penché sur une version électrique boostée à 60 kW ( 82 chevaux ) avec 135 Nm de couple… et des jantes de 16 pouces à l’avant et 17 pouces à l’arrière !
Le prix demandé dépasse les 45.000 €uros…
Smart électrique, mini fiche technique :
Longueur x largeur x hauteur (en m) : 2,70 x 1,56 x 1,57
Empattement : 1,87 m
Poids : 920 kg
Moteur électrique (48 à 75 chevaux) – couple de 130 Nm
Batteries Lithium-ion – autonomie pratique : 130/145 km – temps de recharge : 7h (prise standard) – 6 h (avec Wall box) – 1h sur prise de recharge rapide
Propulsion via les roues arrière, un seul rapport de démultiplication
Vitesse maxi : 125 km/h – 0 à 60 km/h : 4,5 s – 0 à 100 km/h : 11,5 s (80 km/h) : 17 ch/57 Nm
Marcel Pirotte, pour www.GatsbyOnline.com