2012 Ugur Sahin Design Alfa Romeo-12C-GTS & Corvette-Soleil-Anadi…
Beaux dessins, noirs desseins…
La Turquie est une république démocratique laïque (quoiqu’un peu militaire et atteinte de quelques boutons d’islamisme), située à cheval sur l’Asie et l’Europe.
Population : 74 millions d’habitants…
Religions dominantes : Islam et adoration du portrait de Kemal Atatürk dans le salon…
Exportations principales : moustaches, trampolines, noix…
C’est le pays où presque tout défie toute tentative d’explication cohérente.
Longtemps invisible dans nos contrées occidentales, le design turc, que la planète entière commence à connaître grâce à Internet, est un véritable choc culturel. Depuis quelques temps, le monde, médusé, voit surgir, comme du néant, des créations turques qui rivalisent de folie avec les créations de quelques designers pakistanais et surtout hindous… Le plus souvent sans le sou et à la va-vite, ces “designers” créent des choses étranges de façon épileptique. La Turquie tout comme l’Inde, n’ont véritablement vu développer leur industrie automobile qu’après la seconde guerre mondiale. Dès cette époque une production de médiocre qualité a lentement prospéré vers pas grand chose, tandis que toute critique par des journalistes nationaux leur valait de faire un petit séjour en prison. En effet, soucieux de contrôler cet outil de masse, l’état turc va tout à la fois financer activement son industrie automobile qui reprenait la production d’antiques Renault… et ne laisser rentrer qu’au compte goutte, avec des droits de douane exorbitants, les productions étrangères. D’où un bon gros marché “captif” dont ont bénéficié pleins d’affairistes locaux oeuvrant dans la ligne du kémalisme.
Un peu de nationalisme, peu de religion (on est dans un état laïque), pas de sympathie pour le communisme…, la Turquie triomphant des méchants… et voilà la trame de l’histoire… L’automobile est devenue un des piliers de l’économie turque. Le secteur automobile représente maintenant la première activité exportatrice du pays, employant environ 500.000 personnes et regroupant plus de 1.000 entreprises. La capacité de production est actuellement de plus d’un million d’unités dont 700.000 pour les voitures particulières. Le secteur est concentré dans la région de Marmara : Bursa (Renault et Fiat), Istanbul, Kocaeli (Ford et Hyundai), Gebze (Honda), Adapazari (Toyota).
MAN, Daimler AG, Mercedes-Benz ont aussi des unités de production en Turquie. Les constructeurs automobiles turcs sont Tofas, Etox, Temsa, BMC, et Folkvan.
L’industrie électronique a également des taux de croissance énorme : les appareils de presque tous les fabricants de marque sont produit chez des entreprises turques, comme Vestel, Beko et Profilo-Telra, de sorte qu’environ un tiers de tous les téléviseurs vendus en Europe est maintenant produit en Turquie. Des grands noms de fabricants comme Bosch et Sony ont également établi des unités de fabrication en Turquie. C’est avec l’entrée du pays dans l’Union douanière avec l’UE en janvier 1996 que l’industrie automobile turque a connu une mutation rapide avant de devenir progressivement un centre de production à vocation mondiale.
C’est le designer turc Ugur Sahin, peu connu du grand public, qui est à l’honneur dans cet article… En juin 2007, il s’était fait remarquer en présentant un concept Dino qu’il a qualifié de “très original et novateur”… Les réactions des spécialistes furent dans l’ensemble : dithyrambiques…
En cette suite, le jeune turc a voulu gagner ses galons dans le monde fermé des designers en cherchant un appui financier.
La société Ugur Sahin Design a été fondée par Axel van Mourik et Ugur Sahin, pour se positionner comme partenaire potentiel des grands constructeurs, dans l’étude et la conception haut de gamme de carrosseries de véhicules en édition limitée, utilisant les châssis déjà existants des constructeurs. En clair, le tandem associé, a simplement édité une brochure “papier” et un site internet pour présenter leur société, affirmant unilatéralement, à l’appui de très beaux dessins, il faut l’avouer…, qu’elle était capable, à partir de châssis de voitures de différentes marques, d’en proposer une carrosserie différente mais “haut de gamme”…
Histoire d’en rajouter une couche de (très) gras, les deux hurluberlus ont précisé, sans rire, que les marques de voiture existantes qui étaient en étude pour des projets de nouvelle conception, incluaient Ferrari, Maserati, Lamborghini, Aston Martin, Rolls Royce et Bentley…
Ugur Sahin a ainsi “kité” en 2008, “pour de vrai”, une Corvette Z03…, qui était assez “grise” (terne)… et a continué en présentant une étude de style sur la base d’une Corvette Z06…, son bébé, nommé “Soleil Anadi”…
Après ces exploits (sic !)…, il s’est lancé dans un autre projet dément baptisé Ugur Sahin Design Alfa Romeo 12C GTS !
C’est un concept virtuel qui n’existe donc pas, qui laisse supposer qu’il existe… et qui pourtant à comme objectif principal de laisser supposer qu’Alfa Roméo aurait donné son feu-vert pour que le tandem déjanté réinterprète “officiellement” les lignes historiques d’Alfa Romeo, avec une perspective plus fraîche… et un état d’esprit différent, afin de créer un design attractif et organique…
Pour porter ce concept à une réalité de production aux yeux du public, médusé…, les deux compères prétendent avoir regroupé divers partenaires compétents, comprenant par exemple Flybrid Systems (Vainqueur du World Professional Motorsports moteur de l’innovation 2007), Design Modesi (études techniques et ingénierie), Fischer Motorsports (production de fibres de carbone) et Kirkham Motorsports (carrosseries en aluminium)…
“La carrosserie qui à une ligne inspirée d’origines diverses… sera composée entièrement de fibre de carbone permettant un gain substantiel de poids. Tous les aspects de la personnalisation de ce véhicule pourra être choisi par les clients, y compris une peinture spéciale sur mesure, l’habillage de l’habitacle intérieur, le style des compteurs et jauges du tableau de bord… et les sièges créés sur mesure”… Cette initiative, totalement montée sur du vent, des beaux dessins et des noirs desseins, n’est pas gratuite, mais comparativement au travail à l’ancienne de carrossiers-designers comme Bertone et Pininfarina…, ne coûte pas grand chose, si ce n’est du temps passé sur ordinateur… Le but, assez basique, est que les concepts virtuels présentés, fassent connaître Ugur Sahin Design…
Mais aussi de rallier divers affairistes dans le but de séduire plusieurs riches passionnés, friands de voitures inédites et originales…
C’est du rêve éveillé cauchemardé d’illusions perdues…, du pur mélo, une sorte de drame rural glorifiant l’avancée de deux illuminés vers le progrès et des montagnes d’or… et où la modernité des divers concepts (qui se ressemblent tous), vient triompher de l’écrasante tradition des carrossiers et designers habituels… Un vain combat car la majorité d’entre-eux ont disparu dans des faillites cachées… ou ont été repris, intégrés dans des grands groupes…. Parmi les figures classiques de l’imagerie populaire, l’enfant des rues qui devient un designer célèbre, ça fait toujours pleurer dans les chaumières… Mais ici, on tombe dans un genre nouveau : l’automobile comique, au design pas très finaud, reprenant des thèmes universels, sans aucun égard avec les réalités, les besoins… et les envies réelles du public ! Les réalisateurs de ces concepts tous virtuels (sauf la Corvette maquillée en chef-d’oeuvre), ont manifestement été inspirés par ce qui se fait ailleurs, en y ajoutant une touche de science fiction turque. Tout a donc été passé à la moulinette turque et le résultat est… turc et curieux.
Pour pallier à la faiblesse pécuniaire, le style se la joue souvent extrêmement agressif, la vision des concepts proposés par Ugur Dahin devenantt particulièrement éprouvante pour les nerfs des occidentaux moyens contemplatifs. Comme l’élément symptomatique de l’identité turque est le nationalisme, particulièrement marqué, j’ai crainte que mes commentaires ne m’attirent divers problèmes avec ce héros ottoman, beau, droit, juste, dur… qui pourrait venir me découper en rondelles, le sang se devant de couler à flot ! Qui peut savoir si Ugur Sahin n’a pas émigré en Hollande à cause de la pression des américains menaçant de taxer les importations de fruits secs turcs s’ils n’ouvrent pas davantage leur marché aux produits Yankee ? Incapable de faire face à cette concurrence et à la montée de l’exigence du public local, par contrecoup c’est toute la filière du design turc qui menace de faire faillite.
Pendant longtemps on a cru que la Turquie ne redécouvrirait pas sa culture automobile populaire d’antan…, mais heureusement, grâce à Ugur Sahin, ce secteur reprend du poil de la bête, la jeune génération qui revisite son passé, s’en inspire au second degré !
Car s’il y a bien un créateur qui mérite d’être lapidé pour ce que l’ensemble de son œuvre a apporté au monde de l’automobile…, c’est sans aucun doute Ugur Sahin. C’est bien simple : ce natif du Bosphore, veut à tout prix changer tout ce qu’il touche en bidule d’exception, voire en véritable chef-d’œuvre du kitch miranbolifique, pillant à tous les râteliers, tout en restant immédiatement reconnaissable. Comme toujours chez lui, les détails sont d’une luminosité au symbolisme hasardeux, dont le sens est laissé aux interprétations… que même le plus fin spécialiste aura peu de chance d’en appréhender la pleine compréhension.
Pour illustrer cette histoire, il fallait des images d’exception…, mais le choc risquait d’être trop grand si certaines avaient été laissées en couleurs, en effet le choc d’un bleu ciel délavé et d’un jaune vomi radioactif, à la manière d’une vieille croûte peinte par un artiste aveugle assisté d’un aide daltonien…, vous aurait donné la nausée tellement c’est magnifique…, d’ou la décision collégiale au sein de GatsbyOnline de présenter une partie de ces chefs-d’oeuvre en N/B… Bien sûr, les nuances de gris ont gardé leurs qualités picturales… Bien entendu…, quoique ce drame humain soit parfaitement sublimé par mon texte enrichi en faux-raccords moustachicides, comment ne pas douter de sa santé mentale quand on assiste avec force grimaces à de tels moments ?
Quel que soit l’angle abordé, ces concepts obéissent à quelques constantes répétitives assez déroutantes pour les néophytes. Tout d’abord, l’idée de copyright reste inexplicablement bloquée aux frontières du néant…., ca n’a donc pas gèné les “créatifs”… de booster leurs concepts, de reprises de design pompées un pneu partout…. Pour économiser un maximum, l’ineffable Ugur Sahin, n’a pas hésité à chasser les zozos, sans le moindre remord, laissant croire que la société qu’il gère avec son associé Hollandais, produit des douzaines d’engins par semaine, alors, qu’en réalité, si on ne parvient plus à compter ses projets…, ils ne sont que virtuels et reproduits à l’identique.
Sauf la Corvette “kitée” (la grise chose) qui est un élément majeur dans le calcul psychologique destiné à tromper le public, qui va croire que comme “elle” existe, les autres concepts “existent”… ou “doivent exister”… ou “existeront bientôt”…
C’est une arnaque, heureusement pas subtile… qui plus est mal ciblée…, qui ne ruinera personne…, car mis à part l’une ou l’autre commande hypothétique d’un farfelu voulant personnaliser sa voiture déjà très chère…, aucun vrai milliardaire ne s’abaissera jamais à circuler dans une tatane semblable, hors de prix, sans image, sans marque, sans passé, sans avenir… et sans présent autre que virtuel !
Si même la Rolls Royce Hyperion n’a jamais trouvé le moindre acquéreur…, si DeLaChapelle et Bugatti en ont été réduits à repeindre sans cesse la même voiture dans des couleurs différentes pour faire croire à une production… et si même Bertone et Pininfarina ont fait faillite…, c’est que ce secteur est moribond…
Ce qu’il faut, c’est de la réelle inventivité, comme le patron des montres Swatch lorsqu’il a inventé la Smart… ou lorsque Renault invente la Twezzy…
Ca c’est innovant…, tandis que les concepts virtuels surranés de voitures haut-de-gamme pour des méga-milliardaires (qui n’en ont rien à f…)…, là c’est débile !
Laissons à Fiat (pour Ferrari, Maserati et Dodge), à VW (pour Bugatti), et à d’autres…, l’avantage subliminal de pouvoir vendre des crétineries roulantes à un million d’euros et bien plus, inutiles, débiles et stupides… à tout autant d’imbéciles qui n’ont d’intelligence que celle de disposer d’assez d’argent pour assouvir leur vanité…, mais tant et tant de débilité pour ne pas avoir les moyens d’être de grands hommes… Car l’élément majeur de la société est l’indigence !
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