2012 Zoltan Bod Zoleco…
En 2012, alors que mes affaires m’avaient emmené à Québec…, au Québec…, qui pour les irréductibles n’est pas vraiment le Canada…, un canadien anglophone, répondant au nom de Zoltan Bod, aux forts belles manières et à la culture certaine, m’a accosté alors que j’avais à peine débuté une conversation d’affaire… dans un show automobile…
Il avait l’air (sans la chanson) dépité que je ne sois pas enthousiaste d’avoir vu sa voiture…, d’autant qu’il m’avait entendu dire que je réalisais et publiais des articles sur les automobiles extraordinaires du monde entier…
Et pour écrire vrai, je ne l’avais pas vue…
Mais, alors qu’il m’avait accosté, mon champ de vision s’est retrouvé piégé par sa présence, son oeil (gauche) était terne, ses oreilles étaient tombantes comme celles d’un chiot pris à pisser sur la moquette, que j’aurais fichu dehors… et qui me regarderait par la fenêtre !
La tristesse semblait sourdre de lui.
J’ai donc été attentif à prendre des gants et à ne pas lui répondre avec un sourire ambigü…, sous peine de le voir se figer sous l’outrage comme si c’était un crime de lèse-majesté de ne pas lui apporter plus d’importance qu’il n’en a !
Il y a comme cela des gens chez qui l’hypersensibilité génère des réactions émotionnelles totalement disproportionnées au regard du traumatisme qu’ils ont vécu…, à tel point que quiconque passant…, les croirait victime d’un drame terrible, s’imaginant déjà que toute leur famille a péri dans un accident de voiture ou dans l’incendie de leur logement, mais s’apercevant bien vite qu’il ne s’est pas passé grand chose…
Tandis que son intelligence l’amenait à relativiser le “coup du sort” qui le frappait, son bagage émotif en faisait un vrai petit garçon qui n’avait de cesse que de réclamer que je lui donne absolument toute l’attention qu’il réclamait comme un bambin qui fait des caprices et se roule dans l’allée du supermarché parce que maman n’a pas voulu cette fois-ci lui acheter ses friandises favorites.
Bien qu’ayant deviné l’aspect mineur du traumatisme qui l’accablait, je me suis surpris à sourire !
Soudainement débarrassé de toute sa tristesse, il est devenu agressif, n’hésitant pas à me traiter de salaud de ne pas encore avoir réalisé un article sur sa création…
Sur base des documents qu’il me tendait, j’ai imaginé que je pourrais débuter un article sur lui et sa voiture, d’une manière assez classique : “Le Canadien Zoltan Bod, vient de présenter au monde, médusé…, un projet répondant au nom de Zoleco. Derrière ce nom se cache une voiture de type O.V.N.I. où l’accent a été mis sur l’aérodynamisme pour optimiser la consommation énergétique d’essence ! Équipé d’une motorisation Suzuki 3 cylindres turbo essence, développant 80 chevaux… et d’une boîte manuelle 5 vitesses, l’engin peut ainsi atteindre les 100 kilomètres-heure avec quatre personne à bord et maintenir cette allure en ne monopolisant que 10 % des capacités (8,2 chevaux), d’où une croisière à la fois silencieuse et économique en termes de carburant (moins de 3 litres). Et pour ceux qui aiment les sensations fortes, la Zoleco peut approcher les 235 kilomètres à l’heure… Là aussi, tout en silence. Afin de rendre encore plus léger ce prototype… et lui permettre de faire encore plus d’économie d’énergie, Zoltan Bod espère pouvoir éliminer prochainement les ressorts de soupapes, les arbres à cames et les poussoirs…, propres aux voitures usuelles. Reste à voir si ces travaux donneront un jour naissance à un modèle de série !”…
Lorsque que Zoltan Bod m’a expliqué ce qui lui était arrivé, il se trouve qu’il s’agissait juste d’une histoire lambda et commune pour laquelle un sujet plus équilibré aurait certes conçu un peu d’agacement sans pour autant se mettre dans des états pareils.
Alors que nous finissions de discuter vainement…, il a été harponné par une créature typiquemenr locale (elle avait l’accent type du Québec)…
Tandis que tout semblait bien parti, voici qu’en une fois, la dame qui se prétendait intéressée par son engin (sic !), a perdu tous ses moyens pour se retrouver comme une adolescente tout juste pubère…
A tel point que lui s’est demandé s’il pouvait sortir son… stylo pour conclure !
Beau parleur maniant parfaitement le verbe, pilote émérite sur le simulateur de désespoir qu’est un show automobile, en un tournemain, il eut donc tôt vite fait de persuader la belle venue faire son marché, que son engin aérodynamique était la promotion du siècle, à mettre rapidement dans un caddie sous peine de rater une belle occasion : “La voiture que j’ai décidé d’appeler la Zoleco est une combinaison de mon nom et le thème principal de ma voiture qui est respectueuse de l’environnement. L’objectif principal de mon projet est de conserver nos ressources énergétiques en créant un moyen de transport personnel qui minimise l’énergie nécessaires à la mobilité. J’ai fait cela en questionnant la nature dans la conception de sa forme… La forme d’une larme avec tous ses effets de rationalisation, est connue pour avoir une très faible traînée aérodynamique. Un des pionniers qui ont étudié et expérimenté l’aérodynamique automobile, était un ingénieur du nom de Paul Jaray en 1920. L’intégration de cette forme pour ma conception était un défi. La carrosserie a été conçue avec tous les aspects ergonomiques possibles, pour permettre d’y accueillir quatre personnes confortablement. Pour booster ces nouveaux avantages, ma voiture utilise de nouvelles technologies de freinage avec récupération d’énergie. Le résultat de cet exercice est une voiture de conception soignée, exotique, sportive, pratique, confortable, sûre, écologique, unique, agréable à conduire…, qui arpente les rues à la recherche dun nouveau demain !”…
Si débiter un texte roboratif concernant une voiture fantasmagorique fantasmée ne pose pas de problèmes, dans la réalité décrite il en va autrement.
C’était un beau baratin…, sauf qu’en une fois, la dame s’est rendue compte que du virtuel au réel, il y avait un pas conséquent à franchir.
C’est exactement la même chose pour une messagerie ou n’importe qui n’a rien à redouter d’une galerie de photos mises par le dragueur, d’autant plus qu’il jouit de tout le temps nécessaire pour peaufiner et ciseler des mails pleins d’esprit.
Face à lui, les émotions de la belle ont repris le dessus.
La dame s’est soudain animée, souriante… et surtout le regardant, l’observant…
Le risque était grand qu’elle était en train de le classer, de le juger pour savoir si elle devait poursuivre son écoute ou bien prétexter n’importe quoi pour ne plus jamais le revoir, en ayant au moins la politesse après s’être levée, de lui dire “c’est sympa”…
Là effectivement pour tout vendeur un peu fragile narcissiquement, c’est la claque assurée.
Son naturel s’est trouvé parasité par les questions qu’il se posait sans cesse et c’était cuit !
Il a alors serré la main de la dame sans la lâcher et a continué son monologue :
Il me faut écrire que si qui que ce soit se sent peu sur de lui, le fait de passer à la pratique sans préparer un peu sa mission, revient à surcharger son appareil d’un poids supplémentaire, celui de son gros et parfois très gros complexe d’infériorité : après un décollage pénible, c’est le décrochage assuré alors qu’il est encore trop près du sol !
“Le châssis est construit en tubes chrome-molybdène dans une configuration périmétrique y compris un arceau de sécurité complet englobant la structure. Cependant, la partie intéressante sera la mise en œuvre effective pour voir à quel point les calculs préliminaires sont exacts”…
On manque alors de l’altitude nécessaire pour rendre le manche et rattraper le décrochage et amorcer une ressource.
La terre arrive à toute vitesse et c’est mort.
Si la BEA enquêtait, il conclurait après analyse que l’appareil était en bon état mais que le pilote manquait de l’expérience nécessaire pour ce type de vol !
Bref, avant d’être sur de pouvoir “choper” la belle fille de vos rêves, il ne suffit pas de l’avoir impressionnée, ou vous n’avez validé que le théorique, c’est ensuite dans la vie réelle que tout se passe.
Il faut d’abord effectuer quelques tours de pistes, des petits voyages, prendre de l’assurance et ne pas oublier que dans la vraie vie, tout est plus compliqué à réaliser que debout à coté d’une voiture impossible…où tout ou presque est permis, puisque c’est quasiment un O.V.N.I..
Et dites vous que si le départ, s’il n’est pas défendu de savoir se vendre, s’il y a dans la description, le moindre mensonge éhonté, c’est que réside en vous un gros complexe.
Alors si vous vous avisiez de décoller avec ce fardeau à bord, la mécanique du vol aura tout fait de vous rappeler que quand le poids l’emporte sur la portance, l’avion se casse la gueule…
Au pire si la fille est un tant soit peu maternelle, vous n’en prendrez pas plein la figure mais vous serez traité comme un gosse un peu malhabile.
Bref, c’est bien de vouloir la chef des pompom-girls encore faut-il avoir les moyens de l’avoir en ayant pour soi l’assurance d’un play-boy…, pour apparaître ensuite comme un membre d’un club de philatélie…, c’est être assuré de courir à l’échec.
Les belles filles n’aiment pas les beaux hommes, elles aiment juste les hommes qui s’y connaissent en belles filles…
Elle est partie, nous avons regardé son popotin s’éloigner, une larme dans nos yeux… j’ai fait “Pfffffffffff”… et je suis parti dans l’autre sens…