2013 Ferrari Xezri Competizione by Samir Sadikhov…
Influencé et intrigué par la critique élogieuse de quelques tifosis, me voilà partant, confiant sous la pluie et la neige et le vent et le froid…, pour découvrir une Nième nouvelle Ferrari imaginaire, histoire de confirmer les dires et médires puis d’aller me réchauffer un peu sous le soleil.
La nuit quand je me rendormirai, après cet exploit, je repartirai, simplement, sans cérémonie ni chagrin ni regret, comme si c’était une fête, non pas comme une fatalité, mais comme un point à atteindre, fier et serein.
J’ai sans nul doute possible, été choisi par les dieux, par la grâce venue frapper à ma porte avant mon réveil… et il faut pouvoir m’y résigner parce qu’il n’y a rien à faire, c’est comme ça… et puis on ne discute pas avec les traditions et l’autorité divine.
Pour fêter cet évènement, j’ai pensé composer un texte joyeux et solaire, une promenade languide vers l’au-delà des rêves les plus fous, mais…
Alors que je déambulais, dans une ville, bouillonnante, grouillante, vivante, colorée et chaude, m’égarant à travers les rues et les avenues…, posant un regard à la fois attendri et amer sur le monde (pauvreté, crise, intoxications gouvernementales, lobotomisation des peuples par les merdias, manifestations inutiles et délires en tous genres), je suis devenu plus sensitif, pour saisir paisiblement les quelques heures que j’avais encore devant moi, en m’arrêtant, pour observer la vie alentour de l’imaginaire : une main sortant du sable, une araignée sur un mur, l’eau apaisante d’une douche, faire l’amour, rire, s’imaginer plus tard, plus vieux encore, puis fermer les yeux et ne jamais les rouvrir…
Ah ça, il y en aura eu des attrape-gogos, des espèces de genre de sorte de style de bagnoles inutiles mais exagérément plébiscités par des journaleux devenu fous, écrivant leurs habituelles conneries copiées/collées de fardes de presse, avec l’allégresse de bizuts prêts à se faire enfoncer trois tonnes de Smarties dans le cul… et dans un faux enthousiasme replet qui cache mal un désarroi professionnel, ou des problèmes conjugaux, ou des troubles érectiles, ou que sais-je encore.
En même temps, c’était couru d’avance, ça sentait le caca à la mode (à prononcer avec l’accent italien) à pleins naseaux (rapport au cheval cabré, logo de Ferrari)…, il manquait donc un Nième scoop peu après la fin du monde, un piège à cons… et c’est le machin-bidule illustrant cet article qui s’y colle !
Tout à fait factice, tout à fait artificiel, tout calculé, tout maniéré…, tout à fait toc et qui fait chier : une bagnole qui se prétend innovante, mais qui n’est qu’une resucée d’un style dépassé issu des bolides inutiles des 24h du Mans et autres courses publicitaires qui servent avant tout à blanchir l’argent noir et à inventer des frais stratosphériques déductibles des impôts… qui prend la pose, sans gêne, genre : “Tu me vois là, faire la cage branchouille qui veut niquer tout le monde ?” …
Si cette griffe “dans l’urgence”, gentiment bordélique, a pu faire grande impression et tromper quelques-uns, elle devrait, logiquement, dès à présent ne plus berner personne ici, révélant ses limites étriquées et déjà dépassées.
Fausse Ferrari, fausse audace, emprunts simplissimes, fantaisie de mes deux, look progressiste désespérément hype d’un frustré, refoulé du Tifosi bar…, il y a bien quelques éléments de style réussis, mais franchement, on s’en fout pas mal vu que ça ne servira à personne : Patatras et patapouf !
Peut être vous souvenez vous des résultats du Ferrari World Design Contest 2011… et si vous avez probablement oublié le vainqueur, le tenant de la deuxième place, un certain Samir Sadikhov, étudiant Azerbaïdjanais de talent qui était à l’époque à l’IED de Turin…, il doit vous avoir échappé lui aussi…
Il avait proposé les dessins d’une Ferrari Xezri de la prochaine décennie (sic !) en tenue de ville des plus réussies…, Samir Sadikhov a été depuis cette époque bien présent dans le monde de l’illustration automobile de qualité et, en début d’année suivante, il a livré à la presse, la version Competizione de sa Ferrari Xezri qui est un peu la Ferrari P4/5 de James Glickenhaus de 2020 ou 2025 puisque déclinée en deux versions.
Il y a un peu de McLaren MP4-12C ou P1 dans cette Xezri mais ne perdez pas de vue que cette auto est virtuelle, en gestation depuis la fin de l’année 2010 c’est à dire bien avant la P1…
Le but du jeu, est pour Samir Sadikhov, que cette Ferrari Xezri Competizione passe du virtuel au réel avec un beau moteur V8 ou V12 sous le capot arrière…, avec, pour lui, une montagne d’or et la reconnaissance éternelle et ébahie de la direction de Fiat-Ferrari-Lancia-Alfa, Maserati…, ou d’autres constructeurs, désireux d’en découdre avec Ferrari… Waouffffff !
C’est assez vain parce que Ferrari s’occupe davantage à soigner les afféteries de sa continuelle remise en scène (et à en agiter sans cesse les grigris conformistes) plutôt qu’à tenter de capter au mieux la passion tarabiscotée des gogos habituels.
C’est une histoire de toujours, une love story décalée et simultanée dans une même cadence : Samir rencontre Ferrarette, par hasard, un baiser, une étincelle, un truc bizarre qui se passe, puis les voilà qui font les mêmes gestes, liés, collés, cramponnés, synchrones, inséparables désormais.
Stop…, pouvoir, en même temps, raconter une histoire ET proposer une réalisation qui a du chien, ce n’est pas donné à tout le monde… et Ferrari, n’a visiblement plus ce talent, ni cette possibilité-là…, main dans la gueule !
Sans juger ni offenser (mais les limites imposées par la censure sont visibles et paraissent inévitables : je cherche toutefois plus ou moins un consensus, ni trop aseptisé ni trop virulent, alors que vous pouviez préférer un parti pris plus prononcé, mais était-il seulement envisageable ?), cette Xezri ne nous apprend rien de nouveau sur la condition humaine !
Cette Ferrari virtuelle est toutefois un bel effort…
Il est toujours bon de rappeler la sévérité et parfois l’inhumanité, de cette condition imposée par une société férocement consumériste qui prône l’économie et un renouveau de l’automobile, sans plus être dépendant du pétrole et qui en réalité fait tout pour ne pas y arriver !
En termes esthétiques, c’est assez simple, voire assez bof, encore que les rues désertes et l’ambiance singulière d’une ville abandonnée à la chaleur et au vent, à la poussière et à des silhouettes noires errant comme des fantômes, produisent à la longue un sentiment d’étrangeté…, une fable universelle, une œuvre (at)tachante qui souffre d’un trop de bienveillance.
Certes, la démarche de Samir semble honnête, sincère, inattaquable (et forçant le débat, suscitant les questions), mais alors pourquoi a-t-on cette vague impression de sans cesse regarder du propret et didactique, prompt à satisfaire, à émouvoir aimablement la masse occidentale toute contrite dans ses gabegies clownesques (et divers merdias par la même occasion qui se sont un peu trop emballés sur ce coup-là) ?