2013 Lamborghini Egoïsta… 10 millions d’euros !
Il n’est jamais facile de savoir comment aborder certaines automobiles étranges, d’autant plus quand il s’agit d’une création réalisée hors de la division Lamborghini, par le grand patron du design de tout le groupe Volkswagen, qui s’est mis aux manettes du style, travaillant en symbiose avec les designers Alessandro d’Ambrosio (style extérieur) et Stefan Sielaff (design du cockpit et du petit habitacle monoplace intérieur).
Je rappelle que le groupe Volkswagen contrôle Lamborghini à travers sa filiale Audi.
Walter de Silva est Italien, peut-être était-ce pour lui une question d’honneur que de se surpasser en comparaison des designers Lamborghini attitrés…. et, de plus, on ne peut pas dire qu’il ait rendu la tâche journalistique d’informer et commenter, de manière particulièrement facile, avec la présentation de cette Lamborghini inédite à l’occasion d’un grand rassemblement d’un millier de fanatiques de cette marque, organisé pour en fêter le cinquantenaire.
Ma réflexion m’a amené à imaginer que cette bizarrerie nommée “Egoïsta”, n’était pas, sans nul doute possible, destinée à un des habituels clients de la firme au taureau, souvent amateurs de mocassins blancs et maniaco-sexuels…, le type d’homme impuissant notoire qui compense ses faiblesses érectiles par son fétichisme automobile…, or, ils sévissent à bord de bolides deux places… et l’Egoïsta est monoplace…, un bolide conçu pour un branleur fortuné !
Tout le monde sait qu’une voiture est l’exemple type du substitut phallique qui gonfle d’un orgueil turgescent le premier fan de tuning venu, dont les pires vont parfois jusqu’à imaginer faire l’amour à une femme avec un pot d’échappement (surtout s’il est encore raccordé au véhicule)…, j’ai ainsi pressenti que je touchais là au premier point sensible de ma réflexion concernant le coté branleur de cette Lamborghini : avec un engin monoplace il n’est en effet pas aisé de se nourrir d’un franc rire lorsqu’on tente d’arracher le corps d’une jeune femme encastré dans un levier de vitesse !
Exit, la juvénile auto-stoppeuse qu’on pourrait embarquer, terminé de s’exciter à imaginer les sordides atrocités qu’on lui réserverait, la seule possibilité est de se faire plaisir en masturbant, avec langueur, le levier de vitesse…, mais faut-il qu’il y en ai un… et pas des palettes au volant…, en quel cas, l’Egoïsta restreindrait sa cible à un ex-masturbateur eunuque milliardaire pas trop vieux pour parvenir à s’installer dans le cockpit… et s’en désinstaller élégamment : ambiance !
Certes, Lamborghini n’est pas le premier constructeur d’automobiles délirantes et inutiles à s’intéresser ainsi aux maniaco-sexuels…, mais avec l’Egoïsta, il se positionne en tête pour satisfaire les plaisirs solitaires…, je plaide dès-lors que son originalité dérangeante ne s’oppose d’aucune contre-partie évidente à cette vision !
Retenez donc la leçon sur la méthode pour mettre une vierge sortie du couvent dans son lit : un viol sauvage au levier de vitesse suivie d’une petite tape réconfortante sur l’épaule…, raison pour laquelle, dans un but de moralité, Lamborghini a inventé la monoplace routière…, heureusement…, c’est d’ailleurs le seul acte sexuel que Lamborghini pourra empêcher…
Egoïsta…, appellation mystérieuse et pleine de promesses pour les conducteurs égoïstes…, pour le coup, on peut dire que les promesses ont été tenues, même si ce n’étaient peut-être pas celles attendues, laissant en fin de présentation, un public certes profondément divisé entre les enthousiastes et les meurtris, mais uniformément abasourdis…, les invité(e)s, candidat(e)s partouzeurs/partouzeuses se sont donc retrouvé(e)s, confronté(e)s à un univers glauque de bout en bout, sans aucune planche de salut à laquelle s’agripper pour respirer un peu d’air…., cet ensemble ne se comportait toutefois pas avec les femmes comme pour les réduire à leur plus simple rôle d’excitant sexuel.
Toute parole, par trop “humanisante”, leur était d’ailleurs interdite lors du monologue de Walter de Silva qui couvrait les voix des oppositions muettes, incapables (vous vous doutez du pourquoi) d’entendre… et, sans préjuger de sa personnalité, on peut tout de même s’interroger sur sa structure psychique et sur les arguments spécieux paraissant trop parfaits pour avoir été imaginés de toutes pièces par quelqu’un construit sur un registre normo-névrotique.
La Lamborghini Egoïsta est, pour toutes ces raisons (mais il y en a d’autres), sans doute l’automobile la plus délibérément caricaturale de notre époque, elle semble sortie d’une production de science-fiction ou du garage de Bruce Wayne, ce qui a de quoi intriguer quant à la moralité de ce qui s’annonce : quelle peut donc bien être la nature de cet engin pour avoir eu un tel effet sur les invité(e)s ?
Intéressons-nous donc à son primat narratif pour en débattre :
Vous pensiez avoir tout vu chez Lamborghini avec la Veneno ? En fait, non !
Pour marquer encore un peu plus le monde de la voiture de sport : question style (inspiration de l’hélicoptère Apache)…, question originalité (monoplace pure)… et question prix (on parle d’un prix de vente de 10 millions d’euros, histoire de rendre mesquine et dépassée, la “LaFerrari-Evolutione” à 7 millions d’euros)…, le constructeur italien a présenté cette nouveauté très impressionnante qui porte bien son nom, sans rien en dire…
Au mois de mars 2013, Lamborghini collait une grosse claque visuelle aux visiteurs du salon de Genève avec sa Veneno, une supercar hors de prix exagérément agressive construite en seulement trois exemplaires…, on pensait avoir atteint le summum de la provocation de la part de Lamborghini, mais la marque de Sant’Agata s’est autorisée cette autre supercar ultra-limitée, dont le style apparaît au moins aussi ahurissant !
L’Egoïsta est en quelque sorte le clou du spectacle dans ces célébrations vaniteuses destinées à vendre horriblement cher du presque n’importe quoi de grand luxe, à des milliardaires égocentriques…, elle a été montrée devant un parterre d’invité(e)s trié(e)s sur le volet (il y en avait quand même un millier), avec très peu d’informations techniques à son sujet…, les gens ont d’abord cru qu’elle s’appelait Ecosta en raison d’une faute de frappe dans le Tweet d’un journaleux présent !
Egoïsta, c’est en référence à son cockpit qui ne peut accueillir qu’un seul pilote et aucun passager…., l’Egoïsta puise en effet son inspiration stylistique dans l’aéronautique militaire et dans le cas présent, c’est l’hélicoptère de combat Apache qui a servi de fil conducteur (ouverture du cockpit, HUD, coloris orange et gris mat anti radar).
C’est d’ailleurs amusant de se dire que son style s’inspire de l’hélicoptère de combat Apache puisque ce dernier possède bien deux places en tandem, cette paternité peut seulement être revendiquée par la 2007 Tramontana…. Tramontana… Attention, espèce en voie d’extinction ! et la Twizzy…, on sait toutefois que l’auto fait la part belle à la fibre de carbone et aux matériaux ultra-légers et qu’elle est mue par un V10 de 5,2 litres probablement repris de la Gallardo Superleggera pourtant en fin de carrière !
Gageons que son poids devrait se situer au niveau du concept Sesto Elemento ou peut-être même en dessous, histoire de garantir un rapport poids-puissance terrifiant (il ne s’agit pour l’instant que d’un exemplaire unique pré-vendu une fortune soit 10 millions d’euros) !
Mais alors pourquoi chroniquer comme je le fais sur une telle automobile hors-normes et hors de prix ? Les raison sont multiples. Déjà, il me paraissait important de conserver une trace de son existence, l’Egoïsta étant tout de même véritablement inédite et digne de la définition d’excentricité totale.
Ensuite, pour que les invité(e)s ne se soient pas enquillé(e)s pour rien et que nul ne puisse oublier leur dévouement. Et surtout, il fallait tenter d’en élaborer quelque chose de sensé et ne pas laisser à l’état brut le sentiment ressenti lors de la présentation.
Et puis, il faut reconnaître que l’Egoïsta offre de nombreux instants de pure folie qui finissent par emporter le rire.
Walter de Silva avec son flegme absolu, son look de dandy, ses chaussures astiquée avec méticulosité et ses problèmes cardiaques à conserver secrets, sauf le jour de sa mort (dixit lui-même), est un personnage déjà bien rigolo en soit, mais quand en plus il bénéficie de la capacité surnaturelle de croire lui-même que ce qu’il raconte est pure magie…, j’ai pour ma part préféré éviter de sombrer dans le surréalisme le plus fendard…, d’ailleurs, l’inventivité de la “chose” dans son modus operandi avait de quoi déchaîner les débats techniques débiles…, alors on rit…
Peut-être est-ce là un mécanisme de défense pour se distancier de ce à quoi l’on assiste, sans doute sur un humour vraiment très noir…, mais c’est tout de même un rire et c’est sans doute la meilleure chose à opposer à une telle création.
Sa présentation merdiatique va entraîner pas mal de débats et de réactions parfois tranchées…, avec le recul, je pense que Walter de Silva va obtenir exactement le résultat qu’il recherchait : un coup de pute pub… et malheureusement ce résultat ne m’apparaît pas comme sympathiquement loufoque…, ce n’est que mon avis, mais si l’Egoïsta est étrange, elle n’est pas pour autant sympathique, elle est hors du champ des intérêts planétaires… et on sent bien qu’un cas de conscience est posé.
Pour moi Walter de Silva et son équipe, sont de vrais cadors…, des personnages tellement ringards à force de vouloir être cools qu’il m’a été difficile de ne pas rire dès le début de la présentation (ils ont réussi quand même à rater le passage d’une porte automatique !)…
Fin de cette histoire…, allez dormir pour vous en remettre, demain est un autre jour !