Je ne vous l’avais pas annoncé, mais il y a une dizaine d’années, alors que j’étais en vacances (de rêve) en Centre-Afrique, ma notoriété (si, si !) avait poussé certains potentats locaux à me convier (en tant que Very Important Person) à une réception à bord d’un petit bateau français à quai au port de Tema…
Je tiens à préciser pour les incultes que ce n’est pas le porte-avions Charles de Gaulle (comme je le pensais au départ…) mais un porte-hélicoptères (nuance !)
Vu que j’allais être présenté à la crème de la crème de divers expatriés français qui ont créé un club des anciens lecteurs de Chromes&Flammes (c’est à dire l’Ambassadeur et tout le gratin du Consulat…), je n’allais pas débarquer habillé en baroudeur ! Donc je me revêtis de mes plus beaux apparats…
Première erreur fatale…
Voulant suivre les conseils d’un de mes amis (et contributeur de mes œuvres) ex-marin de son état, j’ai accepté d’être parrainé par un Colonel de Nord-Afrique, en grand uniforme de réception, avec tout un attirail de médailles (ça piquait les yeux tellement ça brillait), ça ressemblait à peu près à ce qui suit…
Deuxième erreur fatale…
Après avoir survécu aux embouteillages, après avoir réussi à trouver l’emplacement du navire malgré le peu d’indication et après avoir garé la voiture dans l’emplacement désigné (manu militari) par un mousse à pompom (on ne contrarie pas un mousse à pompom), j’ai enfin pu être confronté à la bête, qui de près était assez impressionnante… (vous excuserez la très mauvaise qualité de ma photo réalisée avec mon téléphone portable…)
En fait le protocole exige que chaque Officier d’un grade élevé soit annoncé à tout le navire par un sifflement… et le marin qui accueille les passagers reste au garde à vue à vous tout le temps où l’Officier grimpe l’échelle, jusqu’à ce qu’il pose le pied sur le navire. Donc inutile de préciser qu’une fois le sifflement retenti, le Colonel n’a pas pensé à regarder en arrière pour voir si je suivais ou non…, alors que je tentais de photographier cet évènement exceptionnel…
Enfin bref, je suis arrivé en nage (sic !) vu que le Ghana c’est l’Afrique tropicale, chaleur moite et humide…
Autre problème de la soirée…, il y avait écrit sur le carton d’invitation “dinner”… donc moi je m’attendais à avoir un repas assis… et ben en fait non ! Des feuilles A4 scotchées au mur indiquaient “coquetèle”… et j’ai ainsi découvert le buffet avec un assortiment de fromages, pains et charcuteries (le Colonel étant musulman il a moyennement apprécié les différentes variétés française du cochon…) !
Inutile de préciser qu’après un repas d’une telle frugalité j’ai vite plié bagage pour aller manger un bon plat ghanéen bien lourd sur l’estomac ! Mais bon…, avant de terminer la soirée, j’ai quand même pu rencontrer l’Ambassadeur en même temps que tout le groupe des membres du club des anciens lecteurs de Chromes&Flammes.
Les présentations ont donc été du genre : Monsieur et Madame Machin, Madame et Monsieur Bidule, Monsieur et son épouse Truc Muche… et quand c’est arrivé à notre tour ça a été : Monsieur le Colonel K…et…. grand blanc…, Monsieur Quelqu’un ex-éditeur des magazines Chromes&Flammes… le larbin de sévices ayant oublié mon nom, n’ayant qu’en tête le pseudo avec lequel je signe sur GatsbyOnline.com… J’aurais bien aimé creuser un trou géant pour l’y enterrer… mais non…
Je suis resté très loin des coupes de champagne et je n’ai même pas pu noyer mon désespoir que mon nom n’a pu être claironné… J’ai donc mis ma dignité en berne après m’être consolé par le fait que j’étais le seul français à savoir parler l’anglais sans un lourd accent (Goudeuh Maurningeuh Hauweuh arrrrreuh you ?)… et suis allé prendre l’air accoudé à la balustrade, laissant le Colonel tout seul pour qu’il puisse récupérer un max de numéros de téléphone de toutes les étrangères… ma présence l’encombrant légèrement pour remplir cette tache !
C’est alors qu’un loustic m’a agrippé la manche (gauche) en me disant : “Je me nomme Joël Jackson, je suis un fan de vos écritures, de vos magazines, de votre site-web, j’ai créé il y a peu une société automobile en Afrique, il faut que vous veniez essayer mes voitures, ce sera un scoop planétaire, je vous l’offre, par pur plaisir, acceptez mes condoléances et l’assurance que vous serez pétrifié de tant de génie”…
J’ai accepté, abasourdi, l’homme, assez jeune, m’a donné une valisette en cuir de buffle local avec poignée en ivoire dans laquelle j’ai découvert : quelques liasses de billets de 100 dollars US, divers documents et un plan d’accès vers l’endroit secret ou il oeuvrait…
J’ai laissé tomber le Colonel (qui sera tué de manière atroce quelques mois plus tard, je préfère ne pas en écrire plus à ce sujet)… et j’ai ensuite souverainement décidé de dépenser les dollars… puis d’attendre quelque temps avant d’accepter cette invitation…
Deux ans après ces tragiques évènements, retrouvant la valisette oubliée dans une armoire ou je l’avais classée sans suite pour ne pas rouvrir certaines cicatrices… je me suis penché sur le reste de son contenu et j’ai téléphoné mine de rien à ce Joël Jackson, espérant qu’il m’envoie d’autres liasses de dollars, un billet A/R tout frais payés (hôtels, nourritures et divers), en contrepartie d’un article positivement orienté sur ses automobiles…
Il a accepté…, voici donc le reportage…
Lorsque Joël Jackson, un ingénieur en informatique américain, est arrivé au Kenya en 2009, l’une des premières choses qu’il a remarqué, c’est l’état des routes.
Il était venu dans ce pays avec une organisation à but non lucratif pour aider les petits agriculteurs à augmenter leur productivité, mais il s’est vite rendu compte qu’un problème plus urgent à résoudre existait.
“Il m’est devenu évident que le manque de transport approprié touchait de nombreuses régions rurales d’Afrique”…, m’a-t-il dit.
Alors il s’est mis à construire une automobile exclusivement adaptée à l’Afrique, d’un prix de US$ 6000 (£ 3,850), qui pourrait combler cette lacune.
Ayant en tête le ruban de Möbius, il a surnommé sa création : “Mobius-1″…
Elle a été construite par des soudeurs et mécaniciens locaux, dépouillée de tous les luxes et faux-luxes que les conducteurs occidentaux tiennent pour acquis.
“Le châssis de mon prototype en acier tubulaire a été conçu de manière basique, solide, tout comme la carrosserie dépouillée à l’extrème, de sorte que tout est entièrement réparable par des artisans situés au fin-fond de la brousse. On a mis 10 mois pour le construire. Mais cela a fonctionné, et suffit pour me persuader de quitter mon emploi et créer une société appropriée : Mobius Motors. Il me restait à attirer l’attention. Comme j’avais été fanatique de vos magazines Chromes&Flammes, AutoChromes, Calandres mais surtout TopWheels, et que je vous ai retrouvé dans GatsbyOnline.com encore plus fou à propager des vérités qui dérangent…, j’ai été stupéfait de vous voir à Téma en compagnie du Colonel K lors d’une réception. Je vous ai abordé, vous m’avez renseigné quelques amis et présenté au Colonel…, j’ai ainsi pu soulever un quart de million de dollars en financement de capital-risque. J’en ai utilisé une partie pour recruter une équipe d’ingénieurs pour construire un deuxième prototype : “Mobius-2″… J’ai éliminé toutes les fonctions non essentielles. La chose la plus importante était de m’assurer que “Mobius-2” était robuste et durable, car les routes africaines sont fortement dégradées. Nous avons fait le tour du Kenya et tout a bien fonctionné. Des gens de Nairobi sont ensuite régulièrement venu en demandant où ils pouvaient en obtenir une “Mobius-1 ou 2″… La possibilité d’acheter une nouvelle voiture conçue spécifiquement pour le marché africain intéresse les classes moyennes africaines en croissance… Un prix de US$ 6000 est moins cher que ce que de nombreux Kenyans payent pour un Toyota Pick-up d’occasion de quatre ans, par exemple, qui se vend pour environ US$ 8.000. Bref, après tout ça, j’ai été râvi de vous entendre me téléphoner pour réaliser un reportage… Et vous voilà enfin”…
Le reste de la conversation ou il est question des modalités, a été censuré par je ne sais qui !
Malgré d’importantes recherches, il s’est avèré impossible d’en retrouver la moindre ligne…
Le reportage continue donc, car c’est la loi du spectacle que de continuer… même dans les pires épreuves…
Les voitures d’occasion au Kenya sont chères parce que les douanes, accises et TVA s’ajoutent au prix des voitures importées.
Un tout nouveau véhicule comme le Toyota Pick-up, encore lui, coûte autour de US$ 60.000.
Il y a actuellement près de 800.000 voitures au Kenya, et environ 80.000 sont vendues chaque année qui passe.
La grande majorité d’entre-elles sont d’occasion et beaucoup sont achetées pour soutenir une entreprise plutôt que pour une utilisation personnelle.
Les gens s’entassent à 12 personnes et plus dans une voiture car les itinéraires des transports publics sont informels.
Une voiture spécialement conçue pour le tout-terrain basique, solide, simple et fiable est dès-lors ici en Afrique exactement ce que les gens recherchent, pourtant aucun grand constructeur n’a jamais eu la volonté de concevoir une automobile adaptée…
Il y a bien eu Peugeot qui avec ses 404, surtout Pick-up a pris possession de marché, mais le temps passant, aucune voiture n’a pu remplacer ce véhicule simple…, c’est Toyota qui a repris le flambeau avec son Pick-up qui, a tellement remporté de succès, qu’il est même devenu le véhicule le plus prisé des révolutionnaires qui installent un canon ou une mitrailleuse lourde dans la benne.
“Mobius a la possibilité de modifier le transport en Afrique, l’accès aux moyens de transport, l’accès à l’éducation et aux services de santé et favoriser l’impact social. Mon ambition est de voir des centaines de milliers de Mobius produites chaque année. Jusqu’ici, je dispose de 15 commandes pré-payées et j’ai 100 autres commandes avec acomptes dans le pipeline. Le cycle de production de cette année sera modeste, autour de 50 Mobius de type 2 et une trentaine de type 1, mais les prévisions m’indiquent une potentialité de 400.000 Mobius par an pendant la prochaine décennie… Mobius Motors conçoit, fabrique et vend des Mobius, mais donne des conseils aux entreprises locales. La gamme de notre “Business-in-a-box services” est vaste, nous prévoyons sous peu de créer des mini-bus pour les transports publics, des ambulances de brousse pour les soins médicaux mobiles. Ces entreprises endogènes permettront de créer un changement systémique dans la capacité et l’utilité du réseau des transports en Afrique, reliant le continent aux hôpitaux, aux écoles, aux marchés et à l’emploi, même dans les zones rurales les plus reculées. Notre vision est très mobile en Afrique”.
Le problème est que l’Afrique des plus pauvres est en grande partie immobile.
Habitués à ce qu’il n’y ait pas de services de transport appropriés, les gens luttent quotidiennement, par millions, à pied, pour accéder à des fournitures vitales de base tels les services de fourniture d’eau potable, les outils, matériaux et matériels pour l’agriculture, les écoles, les hôpitaux et les emplois.
Le sous-investissement est chronique dans les gouvernements d’Afrique pour entretenir les routes et de ce fait, les transports en commun sont restreints encore davantage dans leur mobilité.
En Afrique, les plus défavorisés ne peuvent pas se permettre d’acheter un véhicule, donc il est nécessaire que les services de transport concernés prospèrent.
“Des services de transport efficaces sont fonction de la pertinence des véhicules eux-mêmes. Alors que le marché du transport en Afrique est vaste avec 60 milliards de dollars par an, il est déconnecté de l’industrie africaine avec 98% des voitures importées. Les centaines d’acheteurs et de services de transport aux utilisateurs finaux que nous avons interrogés à travers le Kenya ont besoin de véhicules abordables et fonctionnels, mais la plupart des véhicules à travers le continent ne sont tout simplement pas conçus à cette demande. Sans changement fondamental des véhicules à destination de l’Afrique et d’une amélioration du réseau de transport, les millions de ses habitants les plus défavorisés resteront isolés. Pour servir le marché africain, Mobius Motors a donc ré-imaginé la voiture africaine… et fortement simplifié les véhicules en excluant les technologies coûteuses tels que l’air conditionné, les luminaires d’intérieur et même en supprimant les vitrages latéraux, tout en maximisant la fonction des suspensions.. Le résultat est un véhicule avec la fonctionnalité clé d’une voiture tout-terrain apte à parcourir de longues distances sur des routes cahoteuses de terre, vendu à un prix similaire aux omniprésents pousse-pousses urbains motorisés à 3-roues, qui ne peuvent pas parcourir de longues distances de manière efficace. Mobius vise à habiliter les entrepreneurs de transport à travers l’Afrique non seulement avec des véhicules plus appropriés, mais avec le financement et le conseil aux entreprises nécessaires à l’exploitation d’une entreprise de transport durable. Ainsi qu’en exploitant les deux modèles existant, Mobius-1 et Mobius-2…, les entreprises africaines peuvent ainsi utiliser leurs voitures Mobius modulaires pour exploiter une gamme d’autres services tels que les autobus scolaires locaux, la livraison du courrier et les soins médicaux mobiles. La croissance endogène des entreprises de transport créera un changement systémique dans la capacité et l’utilité du réseau des transports en Afrique”.
Mobius est dirigé par Joel Jackson, un ingénieur informatique qui avait travaillé sur les stratégies d’affaires avec une entreprise nommée Microforestry dans les régions rurales du Kenya.
C’est là qu’il a d’abord connu les défis auxquels sont confrontés des millions de personnes à travers le continent qui n’ont pas accès à des formes appropriées de transport.
Joel Jackson a également travaillé comme consultant en gestion, il était conseiller d’entreprises à travers l’Europe et l’Amérique du Nord.
Il fut le récipiendaire de bourses de l’TED Global et, depuis peu, il a présenté sa vision de Mobius dans plusieurs forums internationaux, dont les Nations Unies.
Joel Jackson est diplômé de l’Imperial College ou il a obtenu l’équivalent d’un baccalauréat spécialisé en informatique.
À l’heure actuelle, aucune forme de transport public approprié n’existe dans l’Afrique rurale.
Les transports en commun en Afrique sont généralement vétustes, voire inexistants… et les coûts de possession d’un véhicule privé pour la plupart de la population, sont prohibitifs.
Cela laisse peu d’options pour la mobilité des africains, en particulier pour ceux qui vivent dans les régions éloignées des centres.
La plupart des communautés rurales comptent sur des motos comme seule source de motorisation sur de courtes distances “point-à-point” (souvent les gens marchent sur de grandes distances).
Les mini-fourgonnettes et pick-up sont la seule possibilité de se rendre vers les villes voisines.
Malheureusement, ces deux modes de transport sont nettement insuffisants dans un certain nombre de domaines.
Les ruraux pauvres d’Afrique sont quelques-unes des personnes les plus défavorisées de la planète, leur demande de mobilité est la plus élevée, mais une absence totale de transports en commun appropriée empêche sérieusement le développement socio-économique, c’est un goulot d’étranglement extrême pour la croissance future et la prospérité, car un manque de transport approprié dans les zones rurales crée des problèmes aigus:
– les enfants du mal à accéder à l’éducation, ils doivent souvent marcher plusieurs kilomètres pour se rendre à l’école
– les femmes consacrent presque tout leur temps à la collecte d’eau, chaque jour et portent de lourdes charges sur leur tête
– les agriculteurs luttent pour le transport de leurs marchandises vers les marchés
– les entrepreneurs ont peu d’occasion d’atteindre des clients, ce qui affaiblit les économies locales
– les communautés ont peu d’accès aux services d’information, tels que les journaux et le courrier
– les malades ne peuvent accéder à des hôpitaux, se faire soigner par des médecins
Le Président zambien Rupiah Banda, que j’ai inopinément rencontré alors qu’il venait visiter Mobius motors, m’a souligné que : “Le coût élevé du transport en Afrique a un impact négatif sur la capacité concurrentielle de l’Afrique sur le marché économique mondial. Le besoin est immédiat et immense, mais une solution est possible. Des moyens efficaces de transport en commun permettraient de résoudre l’immobilité et de permettre le développement social à prospérer pour que les gens deviennent mobiles et que les économies rurales deviennent connectées à une multitude de possibilités régionales”.
Je vais vous raconter mon weekend passé en Moebius-1 sur 1500 Kilomètres de routes africaines… Devant vos regards ébahis je précise que c’est indépendamment de ma volonté que j’ai ouvert grand les yeux à 5h du matin et que je suis devenu une vraie boule de nerfs… J’ai donc fait ma valise en pliant mes vêtements… et ensuite, je me suis mis à tourner en rond comme un lion en cage !
Donc road trip…
Précision : pour prendre des photos, c’est assez difficile… Comme ça se voit que je ne suisse pas noir, quand je brandis mon appareil (cool, c’est pas mon Zob, mais mon Canon)…, on me réclame instantanément de l’argent pour toute chose minime que je prends en photo…, genre : la personne qui passe devant la Mobius au même moment que je la shoote…, va me réclamer de le dédommager… Pas très idéal pour tout immortaliser !
Une chose plus ou moins étrange que j’ai remarqué, c’est qu’ici les voitures ne roulent pas en ligne droite (Elles ne se limitent pas aux seules chaussées goudronnées non plus…)
J’entends par là que le voyageur à l’œil aguerri, remarquera (au bout d’un certain laps de temps), l’étrange ballet opéré par le flot des voitures.
Les routes de Centre-Afrique sont toutefois pires que les routes italiennes, pour leurs élevages de nids de poule. Mais là où les italiens ne prêtent que peu d’attention a cette nuisance routière et foncent a toute berzingue sans aucune considération pour leurs amortisseurs, les africains, eux, préfèrent contourner les-dits nids.
C’est comme un ballet, parce que lorsque une voiture commence a contourner de telle manière ces nids, toutes les voitures suivantes vont s’empresser de faire de même…
Ah ! Bah ! Oui ! Logique ! (pas pour les italiens visiblement)…
Mais bon, ils doivent aussi slalomer entre les deux roues et essayer d’éviter les piétons téméraires (ils ne peuvent pas être au four et au moulin non plus !)…
Je suspecte quand même que ce ballet n’est pas dû au simple hasard…, les nids de poule sont en place depuis bien longtemps.., et tout bon chauffeur qui se respecte connait leur emplacement par cœur et les évite donc de la même manière tous les jours !
Pour visualiser, imaginez une colonie de fourmis contournant divers obstacle… et là c’est exactement la même chose que si vous étiez dans un hélicoptère !
C’est d’ailleurs comme cela que l’on différencie les étrangers des locaux : une voiture filant en ligne droite est une voiture de blancs !
Oui…, parce que je tiens quand même a préciser que ce ne sont pas de simple nids de poule, ce sont des nids, de nids de poule ! A tel point, que lorsqu’il est physiquement impossible de les éviter (a moins de klaxonner violemment pour que les voitures venant en sens inverse s’arrêtent et vous laissent passer…, mais bon le rôle complexe et multitâches de l’indispensable klaxon fera l’objet d’une note beaucoup plus détaillée dans un avenir proche), on a l’impression de faire un tour de manège dans les montagnes russes ! (à vitesse réduite bien sûr !)D’ailleurs en trotro (minivan servant de transport en commun), les nids de poule prennent une toute autre dimension…
En effet, la concurrence est rude entre chauffeurs de trotro, il faut donc arriver en premier a un arrêt de bus pour prendre le maximum de passagers et laisser son adversaire sans le sou. Il est de plus IMPOSSIBLE de prendre le trotro sans faire la course avec un autre trotro…
Il faut penser a se munir de deux petits coussins…, l’un pour s’asseoir dessus pour préserver son postérieur, l’autre pour s’éviter de multiples bosses sur le sommet du crâne.
Et oui je suis formel…, à 70km/h sur une route comme celle là, on a beau peser son poids de chairs, muscles, graisses, os (rayez la mention inutile), on rebondit de son fauteuil jusqu’au plafond du véhicule préalablement dépouillé de tout capitonnage pour faire plus de place aux passagers…, bien sur !
J’ai tout rencontré, absolument tout, depuis les pluies non-stop à Kericho, jusqu’à la faune magnifique des déserts, en passant pas quelques gorges épiques dignes des portes de l’enfer…, avec, à chaque arrêt dans un endroit peuplé d’au moins dix indigènes, un chaos généralisé en cause de la foule qui afflue vers le véhicule.
Pour résumer, je peux définitivement écrire pour ma postérité…, que mon temps passé sur les routes défoncées, a été une aventure passionnante et inoubliable remplie de conditions météorologiques imprévues !
Ma longue randonnée s’est déroulée dans des contrées variées allant des collines, à des des escarpements extrêmes en bordure de précipices vertigineux, en passant vers d’infinis espaces déserts.J’ai visité plus de 10 villes : Ganze, Voi, Mai Mahiu, Narok, Bomet, Kericho, Kisumu, Bungoma, Kakamanga et Mombasa…, tout cela a été une grande aventure.
Les nuits, j’ai été hébergé gratuitement, soit par des ONG telles que One Acre Fund… et les volontaires du Peace Corps (si, si, même que c’étaient de chauds lapins)…, soit par des cultivateurs locaux qui m’ont offert du maïs et des saveurs locales cuites sur des réchauds à kérosène, à défaut de bûches en feu de camp !
Ce voyage n’a pas été facile !
Mais…, après avoir été menacé d’être décapité/brulé vif/donné en pâture à la meute enragée… et après avoir enfin terminé cet article en évitant les coups d’Etat militaire et troubles et tensions politiques en Guinée et Niger… je peux enfin m’occuper retrouver la douce quiétude des sièges cuir de mon Grand-Cherokee !
L’Afrique est riche en potentiel humain peu développé mais malheureusement, seule une fraction de cette possibilité est toujours déverrouillée de manière efficace.
Comme vous le constatez, je n’ai pas écrit une seule ligne négative, je n’ai pas émis de commentaires sarcastiques sur le logo de Mobius Motors qui a été ainsi créé pour semer le doute avec Renault dans les populations indigènes…, ni n’ai osé écrire que ces Mobius étaient du grand n’importe quoi stylistique et technique… et qu’il eut mieux valu utiliser les dollars du Colonel (décédé) et autres (décédés eux-aussi), en copiant sans vergogne et en polyester, des carrosseries simplifiées de Jeep Commando : (Mobius-2)…, ou de Citroën Méhari : (Mobius-1)…, équipées les unes et les autres de moteurs Renault recomposés localement…