2013 Spyker B6 Venator Concept : la résurrection mort-née de l’Artega GT…
Ne m’écrivez pas que Saab, Spyker et Artega n’existent plus, je le sais depuis quand c’est arrivé…, cet article est publié pour vous éclairer des zones d’ombres…
Le microcosme des fervents dévots des automobiles extraordinaires avait été stupéfait lorsque le petit artisan Spyker s’était mis en tête de racheter Saab pour remettre celui-ci sur le chemin de la productivité…
La faillite de Saab fin 2011 avait éparpillé les biens du constructeur suédois… mais Spyker était convaincu de réaliser l’affaire du siècle en rachetant quelques pépites à General-Motors.
Le petit constructeur néerlandais, a rapidement annoncé avoir fondé une co-entreprise avec les Chinois de Youngman dans le but d’exploiter leur propriété technique et intellectuelle sur la plate-forme Phoenix développée par Saab entre 2010 et 2011.
Celle-ci était, à l’origine, imaginée pour la nouvelle génération Saab 9-3…, elle devrait l’être bientôt pour plusieurs modèles.
La joint-venture Spyker-Phoenix, détenue à 80 % par les Chinois, comptait développer des voitures haut de gamme d’un niveau supérieur à celui des Saab.
Le projet était de les produire et de les commercialiser en Europe et en Chine.
On ne savait toutefois pas si elles allaient porter le blason Spyker, ou celui de Youngman…, voire un autre nom.
Hélas, le miracle n’a pas eu lieu, General-Motors craignant que la Chine s’empare de trop de technologie occidentale et ensuite d’une part importante du marché européen, a mis son veto… et la sympathique firme néerlandaise a fini par sombrer main dans la main avec la mythique marque Suédoise…
Swedish Automobile, propriétaire de Saab incorporé à Spyker en cessation de paiement, a mis Saab sous cloche, mais à réussi à engranger un peu d’argent en vendant Spyker à la société North Street Capital, de l’Américain Alex Mascioli, un passionné d’automobile, obtenant ainsi pour pas très cher, la marque hollandaise et sa gamme de voitures sportives, gardant son fondateur, Viktor Muller, comme président directeur général.
L’argent récolté devait être utilisé par Swedish Automobile pour tenter de sauver Saab de la faillite, mais Saab était devenu invendable à cause des diktats et interdits de General-Motors.
Fin de Saab…, renouveau pour Spyker…
Pour redresser Spyker, Viktor Muller a persuadé Alex Mascioli d’exposer à Genève 2013 un concept détonnant, comme à son habitude !
Car une Spyker, c’était franchement toujours déroutant !
On le sait, les substances illicites chez nous ne le sont pas forcément aux Pays-Bas…, ce qui devenait par ailleurs évident lorsqu’on posait les yeux sur les habituels produits de Spyker : déroutants, uniques, souvent farfelus mais généralement très bien construits, le mot d’ordre de l’époque ou Spyker vivait encore étant qu’une Spyker devait se savourer par tous les sens…
Donc…, résurrection à Genève, avec un nouveau concept, baptisé Spyker B6 Venator Concept…, Victor Muller y avait le sourire et le verbe haut, le PDG de la société hollandaise qui s’était inutilement démené/ruiné à relever Saab plongé dans les abysses, se représentait à la presse comme l’artisan une nouvelle fois à la tâche, proposant un nouveau concept très bientôt mis en production en série : “La Spyker B6 Venator Concept est un coupé, à moteur central arrière, près à chasser sur les terres des Jaguar F-Type et Porsche 911. Seulement, bigrement alternatif comme toujours, l’engin ne se croisera pas à tous les coins de rue. Il est devant vous, profitez-en”…
Tout d’abord, j’ai remarqué que la Spyker B6 Venator Concept (du latin “venator, venatoris” : chasseur) était plus petite que les précédentes productions de Spyker.
C’était un coupé compact, qui troquait le V8 d’origine Audi que l’on trouvait d’ordinaire dans les C8, par un V6.
Mais ici, c’était un V6 suralimenté, d’une puissance de 380 chevaux, en position centrale-arrière, équipé d’une transmission automatique à six rapports distillant la puissance aux roues arrière…, le tout glissé dans un châssis en aluminium, recouvert d’une carrosserie en carbone de 4,34 m de long, de 1.88 m de large, la voiture complète pesant 1.400 kg à vide.
Ensuite, si esthétiquement, la B6 Venator s’octroyait parfaitement la place de la “petite” Spyker, avec les courbes, allures et petites attentions bien spécifiques à l’artisan batave, elle me semblait avoir l’allure d’une Lotus Evora au profil tellement familier !
Première hypothèse…
Je me suis souvenu de l’Artega GT de 2007…
Le but de Klaus Dieter Frers (fondateur du fournisseur Paragon, qui va ensuite devenir propriétaire d’Artega), était de créer un coupé sport de 300 chevaux.
L’Artega GT produite peu après en petite série, a reçu des critiques élogieuses de la presse et malgré que la presse allemande en a fait la voiture de sport de cette année-là…, Artega a fini par sombrer en faillite…
Les chiffres de ventes n’étaient pas assez élevés, compte tenu de l’étiquette de prix (très élevé) par rapport à ses concurrentes telle la Porsche Cayman.
Après plusieurs fausses promesses , de nouveaux investisseurs et des partenariats divers dont une majorité fantomatiques…, Artega a fait faillite et ses restes ont été achetés par Klaus Dieter Frers / Paragon.
L’Artega était équipée du 3.6L V6 Volkswagen, un bloc atmosphérique de 300 chevaux.
Des initiés m’ont signalé qu’Alex Mascioli, nouveau propriétaire de Spyker via sa société North Street Capital, avait repris (racheté) Artega-Paragon à Klaus Dieter Frers… et qu’un accord avec Volkswagen était en cours…
Deuxième hypothèse…
Compte tenu du bilan de Spyker et des vociférations haineuses des actionnaires chinois de Youngman, sevrés que la reprise de Saab avait été avortée, il n’est pas inconcevable que la réponse de Wolfsburg a décidé un : NEIN… peut être oui, peut-être non…
Mais c’est bien la plate-forme de l’Artega GT qui a été utilisée, avec les trains roulants et la mécanique VW, comme les Artega GT…, Paragon, n’avait plus les moyens et pas l’intention de remettre en construction la continuation de l’Artega GT, mais vendre les outils, les moules de carrosserie et les matrices de châssis, le tout calculé pour la mécanique VW, ajouté au fait qu’il restait encore des clients…, avec des pièces de rechange et d’entretien à monnayer…, ce qui, était une bonne affaire à la fois pour Paragon et pour North Street Capital.
Qui plus est, dans un monde devenu fou concernant le prix des voitures de sport (1,2 millions pour “LaFerrari”, 2,2 millions pour la Bugatti Veyron et 3 millions pour la Lamborghini, le prix de la Spyker B6 Venator, basé sur l’Artega GT vendue 70.000 €uros…, a été annoncé à Genève à 125.000 €uros !
Que cela était faisable n’était qu’une conjecture.
Le grand avantage de cette reprise-synergie, était que, dans tous les cas, la B6 Venator pouvait être rapidement mise sur le marché parce que la majorité de l’élaboration par Artega était déjà faite.
Ne restait que la question de savoir s’il y aurait assez de clients pour trouver “acceptable” le prix fort de la vitamine-suppositoire B6 Venator ?
Et si le groupe Volkswagen aurait livré ses moteurs V6 avec les boîtes de vitesse ?
Sinon, alors, la fine équipe de requins devait chercher un autre V6…, faute de quoi, ayant alors échoué lamentablement et incapable de mettre d’autres développements en chantier Spyker ajoutait son nom à la liste des concepts qui n’ont jamais atteint le cap de la fabrication en petite série…
Et avec Spyker, Artega sombrait une seconde fois…
Pour info : 2008-2012 Artega GT… Un désastre, une déconfiture, une faillite…
Pour lire et voir l’essai : 2011 Artega GT…