2013 : Techno Classica Essen : La caverne d’Ali Baba !
Par Marcel PIROTTE
Rétromobile à Paris, ce n’est pas mal du tout : un salon très représentatif des plus belles voitures classiques !
Mais il y a mieux, nettement mieux, avec le fameux Techno Classica Essen, en Allemagne ! Imaginez en effet plus de 2.500 oldtimers réunis durant cinq jours (jusqu’au dimanche 14 avril 2013), dans une bonne vingtaine de halls ou 1.200 exposants sont prêts à accueillir plus de 185.000 visiteurs…
Fou, fou, fou…, à voir au moins une fois dans la vie de tout passionné de voitures et surtout de modèles anciens…
Il y en a vraiment pour tous les goûts mais également toutes les bourses…
Cet engouement pour la voiture ancienne, le Techno Classica Essen (une grande ville de près de 600.000 habitants, située au cœur du bassin de la Ruhr, à 230 km de Bruxelles et 500 km de Paris), le cultive… mais l’entretient sérieusement depuis 25 ans !
L’aventure a en effet débuté en 1989 avec 250 exposants, 70 clubs auto et moto, 30.000 visiteurs en deux jours… et le soutien de la version allemande de Chromes&Flammes !
Aujourd’hui, c’est devenu le temple mondial, n’ayons pas peur des mots, le rendez-vous incontournable des amateurs de oldies…
Qu’il s’agisse de voitures, de motos, de pièces de rechange, de littérature et d’autres objets, tous plus insolites les uns que les autres, vous les trouverez certainement à Essen.
Un endroit où l’on n’arrête pas de rêver mais également de constater que le prix des voitures anciennes a littéralement grimpé en flèche ces dernières années pour atteindre des sommets qui défient toute logique commerciale.
Un exemple, la 300 SL Gullwing W198 (à portes papillon) des années cinquante.
Mercedes en a fabriqué environ 1.400 unités et 1.858 roadsters !
Combien d’exemplaires sont-ils encore en circulation dans le monde ?
Probablement entre 1000 et 1200, mais ce qui est certain, les prix d’une Gullwing en bon état ont littéralement explosé : 190.000 € en 2005, un peu plus de 300.000 € en 2008 et aujourd’hui, ne comptez pas acquérir une W198 à moins de 500.000 € !
Rien qu’à Essen, j’en ai compté une bonne cinquantaine, toutes en parfait état et destinées à être vendues.
Les prix ? Sur demande ! Et de me poser pas mal de questions !
Si la remise en état d’une 300 SL par le département Klassique de l’usine Mercedes peut prendre de très nombreux mois, ce modèle sera sans aucun doute une véritable 300 SL reconstruite à l’identique.
De ce côté-là, aucun souci à se faire de la part de son futur propriétaire qui devra cependant être bien nanti !
D’autres spécialistes comme HK- Engineering ou le département Classic de Brabus ne manquent pas non plus de compétences ni de sérieux !
Mais il y aussi les autres, ceux qui vous jurent la main sur le cœur qu’il s’agit d’une vraie Gullwing, alors que ce modèle n’a pratiquement rien d’origine !
On peut toujours contrôler les numéros de châssis et de moteur tout en suivant l’historique de la voiture mais attention aux arnaques.
Et il y en a !
Un technicien de Mercedes, attaché au département Klassique, m’a d’ailleurs affirmé tout en voulant absolument rester anonyme qu’il y a dans le monde beaucoup trop de fausses 300 SL… et que certains préparateurs en ont fait un business très juteux !
Mieux vaut donc être prévenu et surtout s’entourer de toutes les garanties avant de se faire plaisir et surtout de débourser des sommes “Kolossales”.
Mais c’est juré, si je gagne un très gros paquet à l’Euromillion, j’irai dire bonjour chez Mercedes Klassic du côté de Stuttgart…
Peut-être pas pour une 300 SL Gullwing ou Roadster, mais pour une SL Pagode, elle fête ses cinquante ans, tout comme d’ailleurs la grande Mercedes 600 de prestige. A Essen, il ne fallait pas manquer la Mercedes-simplex de 1904, qui fut la propriété d’Emile Jellinek mais également la visite de très nombreux clubs dont certains se focalisent uniquement sur des modèles bien déterminés. Comme les Mercedes « Ponton », les 190 SL, les Pagode, les coupés ou bien les …Unimog !
L’Allemagne, tout le monde le sait, avec plus de 82 millions d’habitants, c’est Uber alles, au dessus de la mêlée !
Et de le prouver une nouvelle fois à Essen avec notamment pas moins de 25 constructeurs automobiles qui ne voudraient en aucun cas rater cette exposition mais également ce déballage de richesses en tous genres !
A commencer bien évidemment par les “locaux”,comme le groupe VW qui occupe à lui seul un palais, excusez du peu…, on se croirait dans un véritable salon de l’auto !
On passe en effet avec un réel bonheur, de VW dévoilant une superbe Beutler cabriolet très rare, faisant aussi la promotion de toutes les Golf GTI…, à Lamborghini, qui fête ses cinquante ans avec une belle rétrospective de tous ses modèles mythiques.
Chez Bugatti, on ne compte plus les versions qui sont en vente, celles qui ont été fabriquées par le maître et son fils, mais afin de se donner bonne contenance, on met l’accent sur la dernière Veyron Grand Sport Vitesse qui, sur l’anneau de vitesse de VW, aurait atteint un peu plus de 408 km/h, avec, à son volant, un pilote chinois !
De quoi alimenter les conversations au futur salon de Shanghai qui ouvre ses portes la semaine prochaine !
Si Seat s’est cru obligé d’exposer quelques anciennes Fiat reconverties en berlines espagnoles, Audi renoue avec son passé sans oublier Horch, NSU, DKW et bien d’autres…
Chez Skoda, on attirait l’attention sur les différents modèles Rapid de la période d’avant-guerre.
Quant à Porsche, la 911 fête un demi-siècle d’existence, cela valait bien une petite rétrospective tout en soulignant qu’à Essen, plus d’une centaine de 911 de tous les âges étaient à vendre …
Pas toujours dans un état concours et avec bien souvent un kilométrage très important, preuve que ces machines sont indestructibles pour autant qu’elles aient été bien entretenues !
De nombreux spécialistes Porsche étaient eux aussi présents, en plus bien évidement du département Klassique de l’entreprise.
C’est aussi le cas de BMW qui lui aussi avait mis les petits plats dans les grands, attirant aussi l’attention sur les 90 ans de la division motos alors que la Mini Cooper souffle ses 50 bougies !
Mais assez curieusement, très peu de BMW à vendre, sinon une poignée de 635 de compétition…
Les constructeurs généralistes n’étaient pas en reste.
Ford se souvient que le fondateur de l’entreprise est né il y a tout juste 150 ans alors que l’Escort a été dévoilée il y a 45 ans très exactement.
Comme Opel vient de présenter son nouveau cabriolet Cascada, quoi de plus normal que de retracer l’histoire de ces versions Open avec les Kapitän et Rekord et Monza GSE de Keinath.
C’était aussi le thème à la mode chez Citroën, la DS3 cabrio tente de donner le change mais elle ne peut rivaliser avec de véritables icones que sont les décapotables SM de Chapron, DS21, Méhari ainsi qu’une superbe traction avant.
Au sein du groupe PSA, Peugeot mettait l’accent sur le sport avec la présentation de la 208 GTI soutenue dans son effort par la 205 Turbo 16 de Michèle Mouton. Un show d’anciennes voitures sans les Italiens et surtout les Anglais, ça n’a pas de saveur !
Rolls Royce semblait à court d’idées mais Aston célèbre son siècle d’existence avec son département Héritage !
Que dire alors des Jaguar que l’on retrouve à la pelle : XK120/150 et surtout des Types E, par centaines !
Là aussi, les prix s’envolent, mais certaines restaurations valent nettement mieux que les modèles originaux, assez fragiles et très couteux à entretenir !
C’est toujours avec plaisir que l’on retrouve des marques et des modèles aujourd’hui disparus, comme les MG, Austin Healey, Triumph, Bristol, Allard, qui revivent à travers de nombreux clubs.
Quant aux Italiens, la ferveur pour Alfa semble toujours intacte mais il est bien pénible de constater que Lancia semble bien vouée aux oubliettes, c’est trop injuste.
En revanche, Ferrari, Maserati, se portent comme un charme, les différents importateurs allemands n’ont pas hésité à sortit leurs plus beaux joyaux.
Même un carrossier comme Touring Superleggera (dont l’actionnaire principal est le Belge Roland D’Ieteren), n’a pas hésité à faire le déplacement afin surtout de promouvoir son département restauration, un domaine d’avenir et qui peut rapporter gros !
En parcourant les très nombreux stands, j’ai découvert une Volvo que je ne connaissais pas du tout, le roadster deux places Ockelbo, on dirait une Ferrari, tellement, c’est beau !
Mais sous le capot, un bloc deux litres Volvo, un exemplaire unique qui appartient à un Belge habitant Hoegaarden : à découvrir…
C’est aussi avec plaisir que j’ai retrouvé la première voiture de mon père, une Lloyd 600…, ainsi que différents modèles Borgward qui ont émaillé mon enfance…
Terminons avec la crème de la crème, la fameuse Galerie, on n’y retrouve que les plus belles automobiles au monde !
De 1920 à 1950, c’est un retour fascinant dans le temps, une redécouverte du beau et du très cher mais aussi de marques emblématiques.
Comme cette Facel Vega, ou une Bugatti 57C de 1939 revue par Gangloff, une 4.5 Bentley Derby coupé de 1939 ou l’unique Talbot Lago 7-150-C Taerdrop carrossée par Figoni et Falaschi, le premier ayant aussi marqué de son empreinte une Delage D6-70 de 1936…
Prévoyez au moins une journée pour tout voir, c’est Noël avant l’heure !
Marcel Pirotte, pour www.GatsbyOnline.com