2014 Dodge Challenger SRT8 Hellcat Hémi 707 chevaux…
“Bof !”…ai-je pensé à la lecture du message dithyrambique de mon pote virtuel Philippe Chauvelot sur Facebook : “Tu as de l’encre ? Voici le sujet”…, qui vantait la nouvelle berline Dodge Charger SRT Hellcat, une grosse laideur (blanche… mais elle est disponible dans d’autres teintures)…, une horreur (avec 4 portes) équipée du moteur Hémi V8 de la Dodge Challenger SRT8 Hellcat…
“Piting, le cong”… que j’ai pensé eu égard qu’il vit à Cannes… et je n’ai pas pensé que ça…, non…, j’ai pensé que ce serait plus sympa d’essayer la Dodge Challenger SRT8 Hellcat équipée (avant la moche berline Charger) du même moteur Hémi de 707 chevaux…
Voilà…, je suis un grand amateur de conneries en tous genres, les bazars inutiles que tout le monde rêve d’avoir mais que (très) peu achètent, les machins utopiques qui ne servent à rien, qui coûtent la peau des fesses à l’achat et à l’usage…, bref, je suis allé sonner chez mon voisin Marcel, un plombier… et je lui ai dit que j’acceptais de lui préter ma Smart City Coupé Brabus de décembre 1998, qui affiche 95.000 kms…, dont il rêve même la nuit…, s’il me confiait toutes les clés de sa Dodge Challeger SRT8 Hellcat Hémi…, il s’est gratté la tête à la recherche des cheveux qu’il a perdu à cause du fisc et m’a répondu : “Ok, mais tu es perdant dans ct’affaire, en une journée elle bouffe la paye d’un de mes ouvriers”…
La puissance peut être à la fois intimidante et intoxicante…, le désir de rouler plus vite est toujours bien ancré en nous, ce qui explique que l’industrie automobile construit et vend (cher), des voitures explosives (double sens)…, que les beaufs adorent assister à des courses… et que des clowns essayent de battre des records de vitesse dans des lacs asséchés…., le diable nous parle et nous tente, alors il faut obéir, sinon…, pouf !
La Dodge Challenger SRT Hellcat 2014 est ce qui arrive quand on réunit toutes les tentations dans un muscle car américain moderne aux couleurs éclatantes et au son d’échappement qui ferait rougir le diable…, 707 chevaux, oui, la Challenger SRT Hellcat dispose de 707 chevaux, grâce à son V8 HEMI SRT suralimenté de 6L2…
Regardez bien ces chiffres et prenez le temps de les digérer…, pareille puissance élève cette Dodge au sein d’un club hyper sélect de bolides qui valent au-delà d’un million de dollars, notamment la Bugatti Veyron, la Gumpert Apollo S et même la HTT Plethore LC-750 canadienne (il faut avoir des couilles pour se l’offrir à moins de 70.000 $)!
Bon, vous vous imaginez peut-être que le derrière de la Challenger SRT Hellcat passe son temps à se tortiller sous la force des 707 chevaux…, mais ce n’est vraiment pas le cas…, en fait, il est possible de jouer avec son superbe postérieur d’allure rétro quand on exerce la bonne pression (sur l’accélérateur) toutefois, on peut aussi négocier un circuit sinueux avec précision et à peine une once de roulis de caisse…, de plus, comme les virages arrivent très rapidement (trop), les freins sont (toujours) fortement sollicités…, Dodge a donc installé des étriers Brembo qui, fiez-vous sur moi, s’avèrent plus qu’à la hauteur.
À bien y penser, ce gros coupé sport américain est celui qui offre la plus grande maniabilité de sa catégorie pachydermique…, après quelques tours du paté de maison, en reconnaissance, je me suis mis à piloter cette Dodge Challenger SRT Hellcat comme s’il s’agissait d’une voiture beaucoup plus légère et plus agile avec une puissance réduite de moitié…, me disant que je n’en avais rien à cirer, vu que c’était la caisse du plombier.
“Qu’est-ce qu’on ressent avec 707 chevaux sous le pied droit ?”…, vous demandez-vous héberlués… Exactement la même chose qu’avec un fer à repasser tuné…, on n’ose pas appuyer à fond parce que ça part de suite dans tous les sens…, donc, on ressent la même chose que dans une Dodge Challenger de 300 chevaux, la différence étant là quelque part en attente de vous envoyer en enfer…, avec le soucis d’y rester…, en demandez trop à la Challenger SRT Hellcat et hop…, vous en paierez le prix…, un gros prix.
D’un autre côté, ce pachyderme diabolique peut se montrer docile sur route et même ronronner dans les longues lignes droites…, les virages secs et les épingles ne procurent pas autant de plaisir, mais c’est seulement à cause de sa largeur et de son empattement hors normes…, les vrais “ceusses” qui achètent une Challenger veulent pouvoir se la couler douce aussi facilement qu’ils déferlent sur une piste d’accélération imaginaire…, traduisez comme suit : “C’est de la frime, les 707 chevaux sont inutilisables… et pire, la cavalerie déchainée vous coûte un plein de réservoir en 15 minutes”.
La Dodge Challenger 2014 ressemble, pour attirer les nostalgiques friqués, au modèle des années 1970 et c’est bien parfait comme ça si vous voulez mon avis…, d’un bout à l’autre, elle séduit par son allure musclée typiquement américaine et ses proportions avantageuses.
Bien sûr, selon la version choisie, la Challenger adopte un faciès différent…, son expression la plus dramatique se traduit avec la SRT8 Hellcat, par un parechoc élargi avec un becquet inférieur de couleur noir mat…, tandis qu’à l’arrière, un plus gros aileron, lui aussi de couleur noir mat, rehausse le caractère de la bête tout en lui donnant un soupçon d’appui aérodynamique supplémentaire (gag !).
Heureusement, l’intérieur est beaucoup plus moderne que celui des années 1970…, avec ses réglages de conduite, son interface Uconnect, ses applications et ses systèmes de sécurité dernier cri (avertisseur de collision frontale imminente, surveillance des angles morts, etc.), la Dodge Challenger SRT Hellcat n’est finalement pas aussi cool et branchée qu’une MINI Cooper.
3 clés…, ce n’est pas parce que les propriétaires de Challenger perdent souvent la leur et en redemandent une copie…, non…, Dodge a pensé à tout en offrant 2 clés noires et une 3e très spéciale de couleur rouge…, cette dernière permet d’accéder à toute la puissance du moteur, tandis que les autres la limitent à environ 500 chevaux.
Par surcroît, on peut activer un mode “valet” qui restreint encore davantage la puissance et le régime du moteur pour mieux contrôler la vitesse de la Challenger SRT Hellcat dans les parkings…, àprès tout, pas n’importe qui a les nerfs et l’expérience pour diriger 707 chevaux!
Conduire la Challenger SRT Hellcat au quotidien ? Imaginez-vous réveiller chaque matin vos proches avec le grognement du V8…, faire entendre le hurlement du compresseur à tout le voisinage… et jouer sans arrêt avec le court levier de vitesses (qui veut de l’automatique à 8 rapports quand une boîte manuelle à 6 rapports est disponible pour 1.000 $ seulement ?)…, ça semble génial, vous ne trouvez pas ?
Et bien non…, ce n’est pas Monsieur Tout-le-monde qui en voudra une…, il y a un type précis d’acheteur pour la Hellcat…, quelqu’un qui connaît bien la Challenger et son histoire, qui a une affinité pour les gros coupés sport et les voitures américaines en général…, qui croit aux balivernes du 11 septembre 2001 et aux armes de destruction massives de Saddam Hussein, qui reste convaincu que les américains ont marché sur la lune… et que Dieu est du coté de l’Amérique…
Tous les reproches qu’on peut adresser à la Dodge Challenger ne tiennent pas plus la route que la voiture elle-même, surtout quand on considère l’ensemble de l’œuvre…, je laisse ce double-sens incompris des irréductibles… et écrit en conclusion que l’ultime Challenger SRT Hellcat est une voiture phare… et ceux qui en achèteront une le feront essentiellement sous le coup de l’émotion, justement pour vivre toutes sortes d’émotions (et pour briller)…
Voilà, voilou…, j’ai rendu le bestiau à mon voisin plombier et j’ai récupéré ma Smart avec bonheur…