2014 Ugur Sahin Design Project F-concept…
Ce concept sur base de Ferrari 458 Italia est de montrer un certain savoir-faire, sans rien faire d’autre que présenter des sketches qui situent le concept dans un monde imaginaire…, mais à regarder chaque tableau, j’ai la forte impression que l’ensemble raconte surtout l’histoire d’un type défoncé qui déambule dans l’utopie…, images d’ambiances, certes, mais passées par le prisme de l’alcool et des nuits blanches dans l’espoir que je ne sais qui va décrocher son téléphone pour commander “la même bagnole” qui n’existe pas et n’existera jamais.
Autre précision, qui pourrait sembler cauchemardesque, mais qui se révèle plutôt bien gérée…, tout y est plus sec que la mort, ça assaille la tronche comme une volée de couteaux, on se trouve dans une hystérie hypnotique, filant le vertige, pleine de soubresauts stylistiques et de contre-sens techniques, intellectuellement inoffensifs, presque rétrogrades…
On est sauvé par une ambiance de lente décrépitude, avec un coté rongé par l’acide… et un coté angélique bisounours se laissant lentement pourrir…, perdu au milieu d’un maelstrom ou tout s’embrouille, se mélange, pour finir sur une lente agonie visuelle, comme si l’on avait, en accéléré, imaginé la balade d’un mec dans une voiture improbable, bourré de vodka jusqu’à l’os, dérivant lentement sur des routes étranges, le cerveau embrouillé, un oeil éteint, l’autre écarquillé et agressif…, car le chauffeur-chauffard-pilote ayant l’alcool mauvais, chante “la danse des canards” avant de finir lourdé, ivre-mort, affalé sur le volant, du vomi sur les fringues.
Ce coté défoncé et perdu sur des routes de campagne au pays des beaufs, est planant…, voire christique, comme si l’on regardait une Lada tunée après avoir ingéré 20 gouttes de Rivotril…, c’est épique et hypnotique, quand on décortique chaque détail, on a les yeux écarquillés comme par la drogue, encaissant des pixels par millions…
Mais ce bazar n’annihile pas toutes les velléités suicidaires, bien heureusement, il aide à renoue avec nos amours glitch-hop pré Planet-Mu, tout en malaxant nos neurones avec art…, ça permet d’imaginer sentir les vapeurs d’un snif d’héroïne et de planer sur un nuage en regardant le soleil qui se lève sur les rues sales…, c’est beau comme la mort, triste et ubuesque.
On frôle même le bad trip, un tourbillon épileptique cotonneux et nauséeux, lorsqu’on s’imagine coincé à bord de cette chose délirante, plus vraiment en train de déambuler sur les boulevards du néant, mais plutôt séquestré dans la voiture imaginée par un psychopathe qui nous susurre des conneries dans l’oreille en chantant comme un taré…, c’est affolant comme un mille feuilles de drogues dures.., une mélasse angélique qui n’en finit plus de disjoncter les synapses… et au moment où on pense partir dans un sommeil sous opiacé, un gag technique impossible se fraie un chemin de l’œil toujours écarquillé jusqu’au cerveau…, un moment quasi sexuel ou on passe de la mélasse puant le béton, aux envolées lyriques d’un cumulonimbus, c’est beau comme un cul de reine…
Mais la vraie claque de ce concept chimérique, ahurissant bidule vomissant sa dilatance à tout ceux qui osent rentrer dans son périmètre visuel, c’est que dès les premières secondes, on est ébloui par ce truc qui aspire pendant plus d’une minute dans un siphon qui étouffe lentement jusqu’à ce qu’on n’est plus rien…, c’est le sexe puis la mort, c’est le coït et la dépression : peines de vit.
Si ce concept virtuel n’est pas aussi marquant qu’un concept réel, il transcende avec une pertinence rare dans son style catastrophique de concept faisandé qui violera bien des âmes en proie à une dualité entre le cul et la mélancolie passée sous un filtre salement drogué, qui fascine durant une balade où bas résilles et talons hauts copulent avec amours perdus et remords rongeant le cerveau…
C’est la mise en pixels, parfaite, de la bagnole d’un maquereau, dont les heures de gloires se déroulent dans les clubs à cyprine… et qui aime parader devant le monde avec ses plus belles putes…, avant de mourir seul dans une impasse, comme une veille merde, assassiné par un jaloux, le sourire aux lèvres… et se disant, en mourant, que : “Putain, même si j’ai bien baisé, j’aurais finalement préféré fonder une famille, vivre à la campagne et rouler en Toyota Starlet d’occazzz”…
La société Ugur Sahin Design opère à partir des Pays-Bas et s’est spécialisée dans la conception automobile et industrielle, ainsi que dans les visualisations 3D…, leur société est responsable (sic !) de la conception et de la production (très) limitée de l’Anadi, une voiture de sport dévoilée à Top Marques-Monaco…