2015 Mercedes F015 & 1995 Ben-Dera Ford…
Oubliez tout ce que vous avez appris jusqu’à présent sur la Mercedes-Benz F015 grâce à ce reportage exclusif réalisé à Las Vegas… qui démontre que…
Le lundi 5 janvier 2015, alors que je m’apprêtais à dépenser un peu d’argent dans divers casinos de Las Vegas…, démasqué à l’entrée du premier par des physionomistes, j’ai été convié (par erreur) à la présentation interstellaire de la Mercedes F015, qui allait avoir lieu…, j’ai bien évidement décliné l’invitation…, mais j’y ai été emmené de force, à mon corps défendant et à l’insu de mon plein gré… et peu après, je me suis aperçu que l’espace n’était pas noir, ni orangé, mais bleu électrique. Là dessus m’est apparue la Mercedes F015, telle une des barquettes de l’Enterprise de la série Star-trek, avec la vraie musique de la série, bientôt suivie par une reprise yéyé du thème de la quatrième dimension (non, je n’invente rien)…
– Aaahhhhh !…, ai-je dit au capitaine Kirk qui avait pris l’apparence du Big-Chief de Mercedes, Heer Dieter Zetsche, ajoutant : Star Trek, son vaisseau poêle à frire, ses costumes Haribo, les antennes de Spock, le capitaine Kirk, le docteur McCoy…, tout le monde a déjà entendu parler au moins une fois de l’univers de Gene Roddenberry, que ce soit au travers des différentes séries télévisées ou des (trop) longs métrages…
– Je ne suis pas un robot, je suis allemand ! Je suis Mercedes, l’inventeur de l’automobile et je compte le rester. Ce concept de véhicule totalement autonome est la réponse d’une firme née il y a 129 ans à tous ceux qui pensaient tuer les constructeurs automobiles.
Que cette réponse ait lieu au Consumer Electronics Show (CES), la grand messe des spécialistes des smartphones, de la connectivité et autres géants d’Internet ne doit rien au hasard…, Mercedes voulait réaffirmer que les constructeurs automobiles restaient bien les meilleurs spécialistes de leur domaine, n’en déplaise à Google et consorts.
– Plus qu’un véhicule autonome bourré de radars, de Lidars et d’écrans, la F015 se veut surtout une nouvelle vision de l’automobile. Nous avons voulu la repenser…, m’a résumé le président de Mercedes…
Ce capitaine Kirk m’a direct poussé entre les mains de son équipage… et ses pontes-pontifes de Mercedes, m’ont dit que la F015 n’était pas une “repompe” (éhontée) d’un des engins ahurissant de stupidité de Star-trek, car il s’inscrivait dans un contexte (très) particulier qui concrétisait les idées du constructeur de Stuttgart dans le domaine de la conduite autonome de demain…, représentant la vision d’un tout nouveau concept de véhicule avant-gardiste, qui, de par ses proportions inhabituelles (longueur/largeur/hauteur : 5220/2018/1524 mm), son extérieur monolithique (2001 l’odyssée de l’espace)… et ses larges blocs optiques LED à l’avant et à l’arrière, symbolisait le renouveau de la marque !
– Le véhicule utilise les blocs optiques LED pour communiquer et interagir avec le monde extérieur (ainsi qu’avec les planètes lointaines)…, ils indiquent par exemple si la F015 roule de manière autonome (bleu) ou est commandée manuellement (blanc) par un terrien.
En écoutant l’ingénieur en chef de L’Enterprise-Mercedes, je me suis retrouvé téléporté malgré moi sur une planète mystérieuse, où j’ai fait la connaissance des ingénieurs sous-chefs et ingénieurs tout court ayant conçu cet engin, dont la professeure Bette Krater, sorte de bellâtre hippie blondasse nantie d’une improbable chevelure bouclée à la Jimmy Hendrix, d’un menton prognathe et d’un immuable sourire… et surtout d’un regard halluciné et d’une mâchoire perpétuellement crispée qui m’ont laissé subodorer un enthousiasme délirant pour son rôle ou une absorption inconsidérée de psychotropes, son costume pour partouze sado-maso qui la laissait aux trois quarts, nue m’a situé le talent de la dame.
– Dès que j’ai vu votre création, j’ai compris que l’irresponsable à la base de cette chose, avait voulu donner dans le genre “pulp”, mais que ses subordonnés ne s’attendaient pas à œuvrer dans la science-fiction…
– Ce n’est pas très clair pour vous ?
– Non, du tout…
– Vous allez comprendre : La voiture mesure 5,22 m de long et 1, 52 m de haut, son empattement de 3.610 mm, couplé à des porte-à-faux courts, permet de fournir un maximum d’espace aux passagers…
– Un bus de luxe, en somme…
– À l’intérieur de la F015 Luxury in Motion, nos designers ont créé un espace “lounge” qui se caractérise par un système de places assises variables, avec quatre sièges pivotants, permettant une configuration face à face, les sièges électriques pivotent également de 30° vers l’extérieur dès l’ouverture des portes. Pour conduire, le volant sort automatiquement du tableau de bord. La carrosserie de la F015 Luxury in Motion a en outre été conçue pour permettre l’intégration d’un système d’entraînement électrique à pile à combustible à l’abri des chocs.
– Cet engin intergalactique laisse entrevoir une véritable révolution…
– L’automobile du futur sera autonome, ce qui ouvre tout un champ de possibilités. Lorsque la conduite est vécue comme une contrainte, d’aucuns rêvent de la déléguer à une intelligence artificielle.
– Le pilotage automatique évitera-t-il un futur sans accident ?
– Comme dans un TGV, les occupants de la F 015 sont invités à se relaxer, se divertir ou travailler en roulant, sans se soucier de la circulation. La communication à bord et vers le monde extérieur est facilitée par une arène numérique formée par six écrans de commande, disposés sur la planche de bord et les panneaux de portes.
– Les fonctions obéissent-elles au doigt et aussi à l’œil ?
– La calandre à LED annonce la couleur : blanche, elle signale qu’un homme est au volant, bleue qu’il a choisi de se laisser transporter…
– Rouge que c’est une femme au volant ?
– La F 015 est capable de se montrer bien plus prévenante que vous envers les femmes à son volant. En ce cas, elle est prévenante envers les piétons qui viendraient à croiser son chemin…, non seulement son laser lui permet de les détecter à temps mais, pour les aider à traverser la route, la limousine dessine, avec des LED vertes, un passage piéton virtuel sur la chaussée.
– J’ai du mal à distinguer l’avant de l’arrière !
– C’est parce le conducteur et le passager du premier rang peuvent faire pivoter leurs sièges de 180° pour converser avec les passagers arrière, comme dans une calèche…, Renault offrait cette possibilité dès 1984 avec l’Espace, mais uniquement à l’arrêt !
– Le propriétaire de cet engin n’aura que rarement l’envie d’en prendre le volant…
– J’aime votre humour décalé…, il devra quand même en faire le plein d’hydrogène pour alimenter une pile à combustible qui fournit l’électricité nécessaire au fonctionnement des deux moteurs de 136 chevaux qui propulsent les roues arrière… Les moteurs peuvent aussi être alimentés par des batteries lithium-ion, rechargeables sur secteur. L’autonomie est d’un millier de kilomètres, dont deux cents sur la seule ressource de ses batteries.
– Quant aux performances ?
– Une puissance combinée de 272 chevaux assure un 0 à 100 km/h en seulement 6,7 secondes et une vitesse de pointe de 200 km/h.
– Ce n’est pas à un vieux robot comme moi, qu’on peut faire le coup de l’hyper-espace !
– C’est une plaisanterie ?
– J’ai des circuits affectifs et logiques…, toutes les réponses se trouvent dans le grand livre du destin…
Cette dernière réplique ne signifiait pas grand chose mais m’a permis de donner un peu de cachet au dialogue…, en effet, il est des moments d’émotion culturelle qui marquent la vie de tout homme à la fibre artistique un tant soit peu développée : la lecture d’Ulysse de James Joyce pour le lettré…, la découverte de Vermeer pour l’amateur de peinture…, mes articles pour mes lecteurs (et lectrices)…, l’angoisse étreint alors l’âme de l’esthète : Serai-je à la hauteur du Grand Œuvre qui se présente à moi ?
Car la Mercedes F015, ce n’est pas n’importe quoi…, quel sociologue évaluera-t-il un jour combien d’envies de retourner dans le passé vont naître à la vue de cette grotesque chose !
Il fut un temps, petits z-enfants, où l’Allemagne était techniquement un modèle de création bien établi : on copiait tout ce qui marchait dans le Reich, avec les moyens du bord et une imagination d’artisans modestes mais bûcheurs…
Puis un jour, de la même manière que l’épicerie du père François, malgré ses qualités, se trouve toujours fatalement écrasée par le développement de Carrefour et Auchan, il devint tout simplement impossible de rivaliser sérieusement avec l’Allemagne sur le terrain de la perfection automobile…
La Mercedes F015, en marquant le grand bond en avant de la technique allemande, devait rendre dérisoires tous les efforts des autres pays du monde (et au delà) pour produire de l’automobile futuriste de masse…, pourtant le résultat qui s’est présenté à mes yeux ébahis était tout simplement d’un ridicule galaxique, cosmogonique, stratosphérique, d’une kitscherie à fracasser tous les mètres-étalons connus du grotesque.., rien n’y échappait : à ce niveau d’absurdité, on ne compte plus !
Vous l’aurez compris, avec la Mercedes F015, le ridicule est si poussé qu’il n’y a littéralement qu’à se servir…., pousser plus loin le vice d’énumérer toutes les grotesqueries de cette chose serait fastidieux : un seul conseil, si vous avez l’occasion de la voir, jetez-vous dessus, c’est comme une boîte de pralines : on ne sait jamais sur quoi on va tomber !
Toujours est-il que, concernant le design du vaisseau spatial et son inspiration…, ne croyant absolument pas aux élucubrations lobotomisatrices des pontes-pontifes de Mercedes… (et surtout de celles de la professeure Bette Krater, qui je le réécrit par pur plaisir, est une sorte de bellâtre hippie blondasse nantie d’une improbable chevelure bouclée à la Jimmy Hendrix, d’un menton prognathe et d’un immuable sourire… et surtout d’un regard halluciné et d’une mâchoire perpétuellement crispée qui m’ont laissé subodorer un enthousiasme délirant pour son rôle ou une absorption inconsidérée de psychotropes, son costume pour partouze sado-maso qui la laissait aux trois quarts, nue m’a situé le talent de la dame)…, ne croyant donc pas blablabla…, j’ai enquêté et ai découvert le véhicule qui est véritablement “la chose” ayant inspiré les gens de Mercedes : la Ben-Dera-Ford 1995…
La Mercedes F015 n’est pas un plagiat, mais l’inspiration de sa forme galet d’Etretat mixée à celle d’une torpille volante, m’a rappelé une bizarrerie automobile du milieu des années 1990 : la Ben-Dera-Ford…
Ma mémoire non encore atteinte par l’Alzheimer et mon hangar d’archives, m’ont permis de me réjouir d’avoir pu découvrir ce monument automobile désuet à la gloire des hommes-volants, des savants fous et des ingénieurs cabotins.
Si cet engin a bénéficié d’un minuscule statut culte aux Etats-Unis et au Japon, il semble en revanche avoir sombré dans les tréfonds de l’oubli dans le reste de l’univers, sauf auprès des gens de Mercedes…, m’incitant à enfourcher mon cheval de bataille pour m’en aller pourfendre une aussi scandaleuse injustice…
L’histoire est de celles qui permettent aux travailleurs surmenés de ménager leurs neurones après une rude journée de labeur :
Au cours d’une conférence de presse à Las Vegas, visant à présenter son futur modèle F015 devant un parterre de journalistes, Mercedes a sciemment oublié de préciser que ses ingénieurs s’étaient vraisemblablement inspirés d’une autre stupidité.
J’imagine la scène :
– Z’avez-vu ça les journaleux ? Grâce à cet engin, on va décrocher les étoiles…
Et soudain, une étrange silhouette palmée traverse furtivement l’écran situé derrière la F015…, mais… quoi qu’était-ce ?
Ce qu’ils découvriront propulsera le spectateur sur des crêtes de n’importe quoi… et pendant que toutes et tous se perdent en conjectures, que les gratte-papier se grattent la tête (et le cul) puis décident d’aller faire un peu de plongée sur les lieux du test (le bar), je sors les preuves :
– Chers tousses… Petit éclairage contextuel : La Mercedes F015 qui a l’allure d’un engin spatial d’aspect a été inspirée d’une bizarrerie nommée “La Ben-Dera-Ford” dont je joins l’article qui lui a été consacré dans le magazine américain Car and Driver. Cette chose a été récemment redécouverte abandonnée dans la commune de Wendy dans l’Ohio. Un certain mystère planait… et il y eut tant et tant de rebondissements, que la communauté de l’automobile a laissé volontairement s’installer un épais brouillard. Toutefois, en suite de la présentation de la Mercedes F015, me rappelant l’existence de la Ben-Dera-Ford, j’ai éprouvé le besoin de dévoiler l’histoire de ce véhicule ! Qui l’a construit ? Quand ? Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi ? J’ai maintenant la réponse !
Le véhicule a été imaginé et construit par John Bender durant 3 ans dans le milieu des années 1990.
Il s’est avéré à mes yeux incrédules qu’en Juin 1998, « Car and Driver » a présenté ce véhicule et son propriétaire/constructeur.
Je voudrais entrer dans les détails, mais honnêtement, l’article de Car and Driver le résume bien mieux que je ne pourrais »….
D’après les maigres informations complémentaires que j’ai pu recueillir, il semblerait que la Ben-Dera-Ford a été elle aussi la résultante d’un plagiat involontaire…, en Chine sous les auspices de Tao-Tse-Ling, avec une équipe technique exclusivement locale, même si mes informations (biaisées) créditent un certain Yoo-Tin-Yang au poste de fabricant (il s’agit d’un pseudo de Hajime-Sata-liyu)…
En fait, en dehors du menu fretin, tout se résume peu ou prou à la présence de Tchen-Chiba et de Satsujin Keno, consciencieusement noyés au milieu de Mongols-caucasiens.
Comme si cela ne suffisait pas, on m’a fait remarquer, pour l’anecdote, que la mondialisation a apporté un coté ringard à cette entreprise, en ayant ici une pensée émue pour l’amateurisme de la réalisation.
On l’a déjà maintes fois évoqué : la Chine copie sans discernement et crée les voitures parmi les plus ridicules qu’on ait jamais vu, on assiste en effet souvent à un festival de réalisations démentes, qui font rouler les yeux dans leurs orbites… et poussent à grimacer à s’en décrocher la mâchoire comme un épileptique dans ses crises.
Sur le plan esthétique, cet engin d’un autre temps futur (gag !) regorge d’autant d’éléments kitschs qu’un magasin de souvenirs sur un site touristique : on imagine les manipulations génétiques qui ont sans nul doute été faites sur les irresponsables créateurs, des savants en blouse blanche s’affairant au milieu de croquis enfantins, une vision de la science si surréaliste qu’elle confine à la licence poétique.
En somme, c’est une œuvre au charme kitsch d’une candeur rafraîchissante, dont la vision s’avère être à chaque fois un pur moment de bonheur, un mélange de rétro-futurisme qui fleure bon les engins décrits dans les romans pulp à quat’sous…, un petit bijou merveilleusement apte à pourvoir en délices l’amateur d’imbécilités sympathiques…