2015 Vencer Sarthe, une Nième pitrerie…
Les merdias automobiles étaient unanimes : “Un nouveau Superbolide va bientôt rejoindre la production automobile en 2015…, il s’agit d’une jolie hollandaise : la Vencer Sarthe”…
Il est des annonces qui laissent sans voix…, avant de lire ça ailleurs et maintenant ce que j’écris de cela…, vous ne saviez rien de cette Vencer Sarthe !
Histoire de vous en faire une idée, après avoir vu le titre et la première photo (en édition on appelle ça “le chapeau d’accroche”).., vous avez survolé l’ensemble en vous disant que finalement c’était une Superbagnole de plus dans le panier…
Puis vous vous êtes demandé quel pouvait bien être son prix (au cas ou elle serait commercialisée au même prix que la Citroën Cactus, vu qu’il n’y a pas beaucoup plus de plastiques ni de ferrailles pour la fabriquer)… et vous vous êtes mis à lire le texte, sachant qu’avec moi vous alliez de toute façon passer quelques minutes à rire (je suis présomptueux, j’avoue)…
L’histoire est basique : le constructeur (toujours génial) est un pionnier du genre, il s’agit d’une société en devenir (et sans passé) qui a été formée par l’association de fringants jeunes gens (qui vont joyeusement se faire décimer)…, généralement, ce sont des étudiants (parfois des campeurs), mais il arrive que c’est un groupe de charcutiers partis faire une expédition en rafting dans le Grand Canyon et qui ont eu une idée époustouflante en découvrant l’épave abandonnée d’un improbable kit-car assemblé dans la réserve Navajo….
Si l’effet hypnotique est (généralement) immédiat, le Superbolide n’est qu’un OVNI (Objet Vénal Naturellement Idiot)…, enfin, tout du moins sans trop plus…, concernant cette bêtise époustouflante, je l’ai regardée, sans broncher, détaillant son design apocalyptique, en allant de surprises en surprises, alors même que “cette chose” n’en recèlait aucune !
Dans mon cas, il ne s’est rien passé et pourtant j’étais là, la queue frétillante entre mes jambes, pendu aux lèvres des différents protagonistes qui vantaient leur chef-d’œuvre au “Top Marques” de Monaco…., bafouillant, hésitant…, à tel point que certaines explications restaient totalement incompréhensibles…, si encore l’histoire ayant mené à la réalisation de ce concept était soufflante, comme celle de l’invention de la Pizza par un moine Tibétain…, mais là non…, d’histoire il n’y en a point…, ce poisson nageait réellement dans le n’importe quoi le plus absolu.
L’histoire de la création de cet engin regorgeait de personnages, tous caricaturaux au possible : un chef sympacool (contraction de sympa et cool), quelques d’jeunes, des vieux, des bab’s, un psychiatre… et même un richissime fils d’émir…, dans ce ménage à plusieurs, est né le projet d’une automobile fantastique (fantasque en fait), qui délivrerait une impression de flottement hypnotique happant chacun/chacune la voyant, au point de faire passer cet instant de néant comme une lettre à la poste hollandaise…, asseyez-vous confortablement, tachez d’apprécier, j’avais fait un interview du “chef” et du “sous-chef”…
– Pourquoi avoir nommé votre maquette d’un nom en rapport avec les 24 heures du Mans ou vous n’avez rien à voir ?
– Si elle porte le nom de Sarthe c’est pour avoir une référence course pour commercialiser plus facilement notre projet par rapport à la région qui accueille les célèbres 24 Heures du Mans…
– Ce n’est donc pas nommé en l’honneur de Jean-Paul, l’écrivain…, mais en hommage au Circuit de la Sarthe…, c’est une escroquerie intellectuelle, votre Vencer trouve ses origines en Hollande et n’a aucun passé sportif, c’est une injure à ceux qui ont créé la légende du Mans !
– C’est un hommage à la France…
– Tout cela est pathétique, c’est d’ailleurs la première fois que vous présentez en public une version 3D de votre maquette…, qui plus est, vous “offrez” aux journaleux, des photos inventées qui laissent croire que votre “Sarthe” roule comme une Bugatti Veyron.
Pour tenter de décrire l’ampleur des dégâts, disons pour commencer, alors que j’avais organisé cette petite discussion au coin “boufferie” de l’expo, avec deux des irresponsables auteurs de ce gâchis…, devant un saladier de taboulé et deux sandwichs au saucisson…, j’ai eu l’impression que guère plus de 3 fous ont dû se répartir le job, consistant à enfumer le public et les journaleux.
– Son châssis combine structure monocoque et assemblage tubulaire, le tout est construit dans le matériau de l’heure : la fibre de carbone… et, afin de respecter la norme dans cette catégorie, la Vencer Sarthe est équipée d’un moteur V8 qui offre quelque 650 chevaux et plus de 650 Nm de couple…, cette motorisation sera complétée par une boîte manuelle à six rapports.
– C’est du vent…, vous annoncez un poids de 1390 kg distribué sur 45 % à l’avant et 55 % à l’arrière, alors que la voiture n’existe pas réellement, ce n’est qu’une maquette grandeur nature que la magie Photoshop donne l’illusion de réalité sur routes.
– Si la société veut rivaliser avec les belles exotiques du marché, il est obligatoire de passer par les ressources de l’informatique !
– Ses performances ne seront pas nécessairement à la hauteur de sa silhouette qui mélange les genres Ferrari et McLaren, il n’y a rien d’inédit !
– Son moteur V8 lui permettra d’atteindre 340 km/h… et les 100 km/h en un peu plus de 3,8 secondes, une performance en deçà de la concurrence…., le moteur, placé en position centrale arrière, a été modifié depuis les premières études datant de 2012…, initialement, c’était un V8 atmosphérique de 500 chevaux…, mais ce sera finalement un V8 6,3 litres à compresseur de 600 chevaux, le tout sans assistance électronique, il n’y aura qu’un différentiel à glissement limité pour aider à passer la puissance au sol.
– En passant la barre des 600 cavaliers, la Vencer Sarthe gagne en prestige et en notoriété, c’est ça ?
– Produite pour la clientèle européenne dans un premier temps, notre voiture est affichée à 270.000 euros hors taxes, soit environ 380.000 US$.
– Au chapitre du style, elle n’invente rien.
– Deux années de développement ont été nécessaires pour achever la voiture.., la ligne de l’auto s’inspire beaucoup des prototypes qui étaient engagés dans les années ’80…, le châssis est tubulaire en acier chrome-molybdène et la carrosserie en fibre de carbone, la partie avant s’inscrit dans la tendance des Ferrari 458 et McLaren MP4 12C…, en revanche, la partie arrière est un peu plus exclusive, les feux et les échappements sont entourés d’une bande qui détache l’ensemble de la carrosserie qui a une largeur de 1,98 m et une hauteur de 1,19 m.
– L’habitacle est caverneux, comme celui de toutes les voitures exotiques du monde.
– Les sièges et le tableau de bord sont recouverts de cuir, tous les instruments sont regroupés au centre du tableau de bord.
– Le conducteur se retrouvera sans nacelle devant lui…
– C’est une automobile exotique axée sur la performance et l’artisanat…
– Reste à savoir si une production débutera !
Comment décrire l’indicible…, cette problématique très lovecraftienne se pose rapidement à tout intrépide chroniqueur qui s’aventure dans les marécages poisseux du monde de l’automobile en ciblant le haut du panier de crabes…
En m’attaquant à ce gag en vous dévoilant ce qu’aucun autre n’ose…, vous, malheureux consommateurs internautes, pantelant et tremblant, n’avez que quelques mots qui vous viennent à l’esprit : “Qu’est-ce que c’est que cette chose sortie de nulle part et allant direct vers rien ?”…
Quand on croit avoir tout vu, tout connu, tout supporté, les tréfonds gluants des marécages vous préparent toujours une nouvelle surprise qui vous clouera sur place…, Vencer ne prévoyait pas d’assembler plus d’une voiture par mois, ce qui restreignait la production à seulement 12 unités annuelles…, il faut dire qu’avec un prix converti de 380 000 $ ce n’était pas une aubaine surtout considérant que la marque était inconnue de tous.
Le projet global qui avait permis d’aboutir à la seule conception de la Sarthe en tant que maquette non roulante recouvrait un autre but, celui de lancer une entreprise d’open source technologique (sic !) qui devait permettre aux “intelligences et compétences” diverses qui constituaient le team…, de proposer leurs sévices à des “grands constructeurs” pour parvenir à concrétiser des projets qui, sans cela, ne pourraient pas voir le jour (gag !)…
C’était du baratin pour gogos qui, de plus en plus, subissent, au fil des ans, une évolution vers un “foutage de gueule” de plus en plus aigu, qui peut se décomposer en quatre phases :
Phase 1 : on réalise une médiocrité “ultime” encore plus laide et stupide que les dernières Lamborghini et Ferrari qui dépassent les deux millions d’euros, puis on en tire une version alternative plus vendeuse en y rajoutant des gags stylistiques, c’est net, sans bavure, et les gogos amateurs de pitreries roulantes (qui n’en achèteront jamais) s’y laissent prendre par pur plaisir masochiste (ne pas oublier d’ajouter des références (par exemple “Sarthe”, “Veyron”, “Enzo”…, qui justifieront des prix délirants
Phase 2 : on prend un voiture terminée, éventuellement non commercialisée, et l’on en tire une version encore plus débile en y rajoutant des décors hallucinants (VW Bugatti était passé maître de cette technique avec les innombrables et de plus en plus laides versions de la Veyron, dont certaines étaient des re-peintures d’autres versions qui n’avaient pas trouvé preneur)…, de toute façon, les irresponsables auteurs de ces pitreries et les gogos qui font le bonheur des mag’s “papier” de bagnoles, ne se rencontrent jamais et deux, trois voire plus “histoires parallèles”, faisant croire que “tout va bien” pour assurer les prix “surfaits”, passent comme de parfaites enculades à grand renfort d’huile de vidange.
Phase 3 : on mélange les genres et les transgenres…, le réservoir d’imbécilités disponibles à bas prix (parce que les créateurs sont payés comme des petites mains chinoises) commençant à s’épuiser, les constructeurs-vampires sont contraints à des créations “à la tronçonneuse” et à des acrobaties stylistiques pour justifier le mélange des genres, sans aucun lien entre elles, pour un résultat de plus en plus surréaliste…, n’hésitant pas, en cas de besoin à prendre des éléments issus d’ailleurs.
Phase 4 : on réalise absolument n’importe quoi avec trois sous en espérant profiter d’une nouvelle mode, tout en le mélangeant au hasard avec divers styles sans la moindre espèce de rapport, que l’on aura acheté chez un styliste dans un pays dont les prix défient toute concurrence…, si on a le temps et qu’on est bien disposé, on tentera de rajouter des astuces qui lieront vaguement le tout.
L’engin qui avait été présenté, constituait donc l’un des fleurons destiné à alimenter la Phase 3 des constructeurs (quel langage pour initiés !) : un machin inutile, sans queue ni tête, ni fait ni à faire, avec tout juste un début d’historiette, un milieu et une fin (annoncée) pour donner le change aux inconscients qui paieraient pour l’avoir…
Je rappelle qu’à ce stade de la pitrerie, “Vencer Sarthe” n’était qu’un pseudonyme collectif…, on est dans une société très addictogène qui pousse aux achats compulsifs…, il y a des créations consuméristes partout, l’industrie se joue de la vulnérabilité des gens, de leur déséquilibre du système dopaminergique…
Si l’addiction au sexe est reconnue comme un trouble sexuel, mais pas encore inscrite dans le manuel de diagnostic de troubles mentaux…, les études n’ont pas assez avancé concernant l’addiction aux bagnoles…
Malgré des conséquences nocives sur sa vie privée certains n’arrivent plus à se contrôler…, leur vie ne s’organise plus qu’autour de la dépendance, c’est un esclavage, ils deviennent accros à un comportement général…, lorsqu’ils deviennent fanas de F1, de rallyes et en viennent à se masturber en voyant une Ferrari Enzo, c’est la fin…