2016 Randy Grubb’s Dodici Falconer V12 Roadster…

Au Las Vegas Convention Center en novembre 2014, à une table de déjeuner bondée de toutes sortes de gens : journalistes, journaleux, affairistes, banquiers, poivrots, putes, macs, joueurs égarés, joueuses en recherche d’un sponsor pour passer la nuit… et quelques figures sympathiques ou pas, gravitant dans le milieu des Hot-Rods, Kit-Cars, bricoles roulables et autres, tels le légendaire motoriste Ryan Falconer et les représentants de Kugel Komponents fabricant les jantes Dayton…, Randy Grubb’s a révélé son plan pour réaliser un Nième nouveau projet, un roadster à carrosserie en aluminium (l’alu est sa spécialité), inspiré d’une automobile d’environ 80 ans…, le type de projet déjà vu et revu qui a entrainé un nombre incalculables de fous (et folles) en faillite, sauf Randy Grubb’s qui œuvre tellement dans la perfection de chaque détail, que les clients se bousculent à son portillon…, ce qui lui permet d’opérer en demandant des prix stratosphériques…, non-millionnaires s’abstenir, milliardaires particulièrement bienvenus…

Armé seulement d’un croquis et de sa réputation dans le formage des métaux, Randy a expliqué son but : rendre hommage à des Français exaltés…, une entreprise de longue haleine (du genre goûteux), plus ou moins massive à mettre en œuvre… et Randy prévoyait que la finalité de son projet serait bouclé en moins de deux ans.

Randy, convaincu lui-même de son génie, a été convaincant, les putes présentes y furent aussi pour beaucoup…

– “Cette voiture sera l’égale de ce que les savants appellent “la particule de Dieu, le chaînon manquant, le Graal de la physique, celui sur lequel repose toute la théorie actuelle de la constitution de la matière, la particule élémentaire dont l’existence permet d’expliquer la brisure de l’interaction unifiée électrofaible en deux interactions et ainsi, expliquer pourquoi certaines particules ont une masse et d’autres n’en ont pas”…

A voir ta tête des hamsters comme pris à un piège à loup, la subtilité du Boson de Higgs leur échappait…, comment, Randy Grubb’s arrivait-il à mélanger son idée qu’on le finance (largement) d’avance dans la création d’une Nième inutilité roulable, mais donc œuvre d’art…, en soi-disant hommage à une marque automobile disparue dont pas grand monde n’y connait quoique ce soit ?

Imaginez une pièce remplie de beaufs, de moins beaufs et de pas beaufs du tout (ceusses qui tirent la laisse), la pièce, c’est un champ de boson et ceux qui la remplissent, sont des particules de Boson…

Tout d’un coup, un particulièrement beauf arrive et essaye de la traverser, mais des beaufs au hasard des autres beaufs, éblouis par sa personne, s’agglutinent autour de lui et entravent ses mouvements, ce qui augmente sa masse et le freine.

Maintenant, imaginez que Randy Grubb’s entre dans la pièce, comme les beaufs sont occupés à s’agglutiner, il traverse relativement facilement la foule, pas de masse effective pour lui !

Enfin, imaginez qu’une rumeur circule, et que les beaufs se mettent à s’exciter et à se rassembler spontanément et aléatoirement…, c’est un peu ça le principe de base du boson de Higgs…

Notez bien que ça ne change rien sur le fond de cette affaire automobilistique, si vous n’avez pas compris, vous ne comprendrez pas plus.

Pour résumer, le Boson de Higgs c’est le rien qui explique le tout…, un petit rien qui a coûté bonbon pour le trouver…, bref, le cadeau absolu, c’est rien, mais ça coûte un bras, un pont d’or… et ça c’est pas rien !

Le père Higgs avait surement un Boson caché : Randy Grubb’s, inventeur à la masse, un Léonard de Vinci du formatage de tôles d’aluminium, avec une pointe de Jules Verne et beaucoup de professeur Tournesol…, père-inventeur de diverses extraordinaires casseroles en aluminium poli (encore heureux que l’alu ne soit pas impoli), composé de quelques 300 pièces de métal.

Non seulement, cette machine ultra compliquée lui permet de créer de l’argent au départ de rien…, mais cela ne débouchera sur rien d’autre que des articles dans des magazines papiers et virtuels…, une invention totalement inutile pour le devenir de l’humanité, donc la parfaite définition de l’œuvre d’art…, c’est-à-dire indispensable…, mais il faut avouer que c’est une belle prouesse technique.

Il vous faut toutefois, prendre conscience de la démesure et de l’inutilité de la plupart des inventions dans notre monde…

L’inspiration pour la voiture a germé dans le cerveau de Randy Grubb’s au Musée Mullins à Oxnard, Californie en glissant sur le sol fraîchement nettoyé au savon, tombant sur la calandre d’ une 1937 Delahaye 145…

– “Elle m’a frappé”…, a déclaré Randy, ce qui, aux USA, pays de libertés, peut signifier qu’il va demander des dommages importants…, mais que nenni…, il voulait dire que la voiture l’avait envouté, elle représentait à ses yeux le meilleur de la technologie franchouille des années de gloire d’entre les deux grandes guerres mondiales, ce que l’automobile avait de meilleur à offrir (contre espèces sonnantes et trébuchantes) au monde éberlué…, un châssis de course de pointe, un monstre absolu équipé d’un moteur fabriqué à la main qui était frappant sous tous les angles (sic !), son 4,5 L V12 étant une merveille d’ingénierie qui avait conduit à la victoire en course et un prix en millions de francs offerts par l’Automobile Club de France… avant que deux exemplaires furent envoyés au carrossier Henri Chapron pour qu’il réalise des chefs-d’œuvre absolus…

C’est une de ces deux voitures que Randy a étudié pendant des heures au musée Mullins…, il était à la recherche d’idées pour son prochain projet et avait besoin de “quelque chose” qui mettrait à l’épreuve ses compétences…, deux ans de sa vie à travailler sur ce projet, à temps plein…, il voulait que le résultat soit valable…, il avait déjà couvert beaucoup de terrain comme un carrossier et un artiste…, ce devait être gros.

Comme la construction d’une carrosserie en aluminium à partir de zéro n’était pas assez difficile, Randy voulait re-créer certains des éléments uniques de la conception classique du Panthéon des carrosseries Françaises : la Bugatti Atlantic, basée sur le concept de l’Aérolithe qui utilisait une carrosserie en alliage de magnésium dont les panneaux ne pouvaient pas être soudés entre-eux, le corps de l’Atlantic étant dès-lors formé avec une crête pour que les panneaux puissent être rivetés ensemble.

Il en est pourtant revenu (par facilité) à une structure interne sur laquelle sont rivetés les panneaux d’aluminium…, mais jure qu’il arrivera à refaire bientôt mieux que l’Atlantic…

Randy Grubb’s avait un moteur à l’esprit pour son roadster : un V12 Falconer de 500ci et 650cv…, conçu dans les années 1980 par le légendaire motoriste Ryan Falconer, qui a glané une victoire dans l’Indy 500…

Après la réunion de Las Vegas, un millionnaire à versé un acompte conséquent et la commande étant passée, Randy Grubb’s a, en novembre 2014 pu acquérir le 52ième V12 Falconer construit à Grants Pass, Oregon… et un ensemble de jantes Dayton en 20 × 8 pouces montées de pneus de 31 pouces…, des freins Wilwood avec rotors de 14 pouces et étriers à six pistons… ainsi qu’un système de freinage hydraulique Hydratech… et de là a commencé la conception du châssis.

La voiture ayant été terminée plus rapidement que les deux années prévues, en juillet 2016, j’ai eu l’occasion d’en discuter par téléphone après avoir reçu une centaine de photos sur clé USB…

J’ai simplement demandé à Randy Grubb’s ce que son client comptait faire de son chef d’œuvre inutile…

– “Je ne sais pas. Il va sans doute rouler un peu, participer à divers concours d’élégance, dont Peeble-Beach…, puis la voiture-œuvre d’art finira dans un musée avec une plaquette à la gloire du donateur… On m’appellera pour une réception-cocktail… et après avoir poli la carrosserie huit ou neuf fois, elle brillera pour les années futures en attente d’une autre festivité… Je suis moi-même ébloui par tout cela, le monde est formidable”…, m’a t’il répondu…, une réponse typiquement américaine…, ajoutant : “le plaisir est dans la prochaine voiture à créer. Je vais quand même me forcer à prendre des vacances”…