2023 Toyota FJ Bruiser V8
Le corps poisseux d’amour, je m’éveillais ce matin-là le bigorneau encore englué dans les muqueuses entrebâillées d’une soupirante indolente… En m’extrayant péniblement du gastéropode humain où je bandais mou, je tentais de reprendre une quelconque consistance, soudain alarmé par ma montre gluante de mes obligations professionnelles. Je me coulais dans de lâches frusques négligemment abandonnées sur le parquet flottant, dégustais sans conviction ma panade de temps à parapluie, puis me fondis au dehors, tombant là sur la vieille limace voisine dont la poignée de main, sans plus de teneur qu’à l’ordinaire, semblait me couler entre les doigts. Puis, le pas ralenti par mes semelles gélatineuses trop adhérentes sur le trottoir humide, j’arrivais en nage devant mon auto, dont les lignes fuyantes m’évoquaient une baleine échouée à même le pavé…
Je m’avachis à l’intérieur, le séant comme avalé par les fauteuils à la consistance d’huître. Le démarreur s’essoufflait quand le tournebroche toussota. Dans une langueur de soupirs hydrauliques, mon cétacé se hissa paresseusement sur ses coussins d’huile et daigna s’arracher à la place de parking où il gisait. Au fil des virages, la suspension chamallow buvait l’obstacle, déglutissait les nids de poules. L’auto louvoyait sur des avenues en guimauve, voguait sur un lit de crème anglaise bordé de lampadaire façon Chuppa Chup’s… Autour de moi, les automobiles se faisaient poissons bulles et friandises roulantes, rouges, vertes, bleues. Feux rouges, panneaux, tout un petit monde s’écroulait en coulis crémeux. Les commandes à la fermeté douteuse, comme plantées dans du beurre, je ne sentais déjà plus mes roues. J’étais en retard. Hélas, mon pied sans consistance passa à travers la pédale d’accélérateur. Panique à bord…
Cool… Depuis le 31 octobre 2023 c’est le Las Vegas SEMA SHOW qui crée l’évènement et c’est un Toyota FJ qui fait le Buzzzz. Ravivant la nostalgie et adoptant l’esprit passe-partout… Le concept FJ Bruiser de Toyota fusionne l’héritage du Land Cruiser avec une technologie tout-terrain moderne imparable, tout en rendant hommage aux racines du Land Cruiser. Beaufitude… Car en créant ce FJ Bruiser, une bête qui peut aller pratiquement n’importe où, force m’est de constater que Toyota n’a créé que l’extrapolation d’une version modifiée de l’actuel Toyota TRD, mais équipé d’un V8 358ci NASCAR-Cup-Car produisant 725cv. Un Bazar ! L’échappement MagnaFlow® délivre une note d’échappement intimidante du moteur et la puissance est transférée par le biais d’une transmission automatique Rancho Drivetrain Engineering® à 3 vitesses. Vous suivez et captez ? OK !…
Quoique j’ai été possédé par un Toyota Land Cruiser BJ7 au début des années Chromes&Flammes que mon ami Patrick Grensson s’était occupé de faire “Customiser” avec un surchromage général (Salut copain, je pense encore à toi en attente de ton envoi d’une caisse de tes vins spiritueux), mon ex-épouse Bernadette avait en ces temps lointains le bonheur de rouler en Toyota Corolla… Allez savoir par quelle injustice de la sémantique l’on ose qualifier de con l’exquise fleur cachée que chaque femme recèle en elle quand la plus désopilante fadaise jamais imaginée par l’homme répond au doux nom de Toyota Corolla, la corolle. Comment user d’aussi charmantes allusions florales à l’endroit d’un prêt à consommer automobile suscitant le même degré de lyrisme qu’un four à micro-onde en promotion spéciale dans les supermarchés ?… Ne me répondez pas, c’est inutile et vain…
Toyota Corolla, fossoyeuse de tout élan créatif forcément non rentable, adversaire résolue de l’avant-garde au point de conserver le même patronyme éculé d’une génération sur l’autre, cette corolle-là tenait plutôt du corollaire de roman d’anticipation. Devenu palpable, le rêve de modernité, aseptisé, du meilleur des mondes possibles, avait en réalité du “Toyota way of life” et dépassé les plus effroyables fictions d’Huxley ou d’Orwell. Dramatiquement anonyme, sans histoires et sans histoire non plus, cette insignifiance sur roues fonctionnait à l’ordinaire sinon au quelconque, distillait ses triviaux services sans heurts ni saveurs particulières, n’attirant pas plus le blâme que l’envie, rasant les murs et marchant à l’ombre. Elle m’évoque encore la navrante insipidité des collègues de travail de mon ex-épouse toujours tirées à quatre épingles et propres sur elles, des bêcheuses désopilantes qui arrivaient toujours à l’heure au boulot…
Arghhhhh ! Souvenirs de plus de 40 années… Elles s’étaient donné le mot et s’étaient toutes fait payer une Corolla par leur mari où amant… Elles s’y tenaient raides dans leurs petites bottines, ces proprettes à binocle qui écrivaient comme des institutrices de CP et rebouchaient consciencieusement le capuchon de leurs petits stylos ro-roses. Ces frigides dont j’aurais aimé qu’elles aient pour une fois une petite mèche revêche ou un bouton de chemisier défait qui crée l’émotion des mâles… Hélas, ces miss Corolla ne décroisaient pas les cuisses pas plus qu’elles ne se déridaient le minois. Quel abus de langage d’appeler Toyota Corolla pareille peste qu’elles ! N’aurait-il pas mieux fallu toutes les appeler “Toyota Choléra” ? En cette époque il a fallu hélas apprendre à supporter l’insupportable, car depuis trente ans, chaque voiture qui tombe en panne est une publicité gracieusement offerte à Toyota….
-“Chaque année, nous avons la chance de pouvoir construire un Project-car spécial SEMA. Avec le retour du Land Cruiser sur le marché américain, il était logique de construire un ‘Rock Crawler’ façon Toyota FJ45 1966 en 2023, 57 ans plus tard”... m’a déclaré Marty Schwerter, directeur de l’équipe de Toyota Motorsports USA, ajoutant : “Au début, on l’appelait vaguement ‘The Unstoppable FJ’, mais au moment où c’était fait, le véhicule était tellement bestial que l’équipe a commencé à l’appeler ‘FJ Bruiser’. Puis comme ce FJ avait le style ‘King of The Hammers’ qui coche toutes les cases de performance extrême, l’appellation finale a été ‘Fj Buiser’, le choix de l’équipe Toyota Racing Development située à Costa Mesa, en Californie. Dans la plus pure tradition de la vieille école, le FJ Bruiser reste un véhicule à essieux rigides, spécialement conçu avec la mention ‘imparable’ comme stipulation sur sa feuille de construction”….
La chaîne cinématique est équipée de différentiels Currie® avant et arrière et d’une boîte de transfert Advanced Adapter Atlas® qui offre quatre vitesses à 2 roues motrices et quatre vitesses à 4 roues motrices. La configuration moteur permet au ‘FJ Bruiser’ de ramper à 12 mph à 7.000 tr/min dans le rapport le plus bas et d’atteindre des vitesses allant jusqu’à 165 mph à ce même régime moteur dans le rapport le plus élevé. Si jamais la garde au sol devenait un problème, l’équipe a remplacé la plaque de protection ventrale par un système de chenilles façon Tank… Ce système peut être utilisé pour sortir de n’importe quelle situation d’embourbement avec le châssis au sol. Ce système nommé ‘CAMSO®’ est contrôlé depuis le cockpit, de sorte que le conducteur peut rester assis en toute sécurité. Pas besoin de prendre des sangles ou tirer le câble du treuil et trouver quelque chose façon appui fixe solide pour attacher le câble.
Le mode chenilles peut être activé en appuyant sur un bouton, un exercice qui était l’un des défis les plus importants de l’équipe : intégrer une technologie moderne et conquérante sur un châssis tubulaire complet et comportant une cage de sécurité. L’accouplement de la carrosserie au nouveau châssis étant réalisé (sans bébé en finale), l’équipe a ajouté une suspension complète à bras oscillants avec des amortisseurs Fox® et des ressorts Eibach®. Des pneus BF Goodrich® Krawler T/A KX de 42 pouces montés sur des jantes Method® Beadlock de 20 pouces, se trouvent à plein débattement, à mi-hauteur de la ligne de pare-brise. Complete Customs® a réalisé l’intérieur, avec des sièges MOMO® Daytona EVO relookés avec des plaids de couleur, ce qui est un hommage aux tissus à carreaux originaux de la FJ. En gag, un volant de championnat Jackie Stewart vintage de 1968 a été placé.
La combinaison de la technologie automobile moderne avec le look classique d’un pick-up FJ45 de 1966 s’est ainsi rapidement transformé en un concept prêt à conquérir les terrains les plus difficiles du monde. Une construction emblématique, unique en son genre, totalement radicale qui a couté fort cher… -“C’est un rappel de ce que le Land Cruiser a toujours été. C’est un véhicule conçu pour vous emmener aussi loin que votre imagination le permettra. Notre FJ Bruiser est l’un des nombreux projets spéciaux qui font tourner les têtes sur le stand de Toyota au salon de la Specialty Equipment Market Association (SEMA) à Las Vegas au Central Hall, stand 22200. Avec plus de 19 véhicules, constructions et concepts accessoirisés, en plus d’une augmentation significative des produits d’accessoires associés (PAA), l’empreinte 2023 représente la plus grande présence de Toyota dans le SEMA”… m’a déclaré Mike Tripp, vice-président du groupe Toyota Marketing.
Ce véhicule n’étant toutefois qu’un prototype de véhicule de projet spécial, modifié avec des pièces et des accessoires non disponibles auprès de Toyota, j’ai fait remarquer avec humour que cela pouvait annuler la garantie du véhicule s’il était vendu, avoir un impact négatif sur les performances et la sécurité du véhicule, car ne pas être légal sur la route. On m’a fait savoir plus tard que Toyota faisait partie du tissu culturel aux États-Unis depuis plus de 65 ans et s’était engagé à faire progresser la mobilité durable de nouvelle génération par l’intermédiaire de ses marques Toyota et Lexus, ainsi que de ses quelques 1.500 concessionnaires. On m’a souligné que Toyota employait directement plus de 49.000 personnes aux États-Unis qui contribuaient à la conception, à l’ingénierie et à l’assemblage de plus de 33 millions de voitures et de camions dans ses neuf usines de fabrication… Ca signifiait : “Shut Up” en filigramme…
Pour excuser mon audace toute Française, j’ai été “invité” à ajouter que d’ici 2025, la 10e usine de Toyota en Caroline du Nord commencera à fabriquer des batteries automobiles pour véhicules électrifiés…. et qu’avec plus de véhicules électrifiés sur la route que tout autre constructeur, Toyota offre actuellement 26 options électrifiées. J’ai du promettre d’ajouter que dans le cadre de son initiative Driving Opportunities, la Fondation Toyota USA s’était engagée à verser 110 millions de dollars pour créer des programmes éducatifs novateurs au sein de communautés historiquement mal desservies et diversifiées à proximité des 14 sites d’exploitation de l’entreprise aux États-Unis, et en partenariat avec elles… Voilà… Ce Toyota FJ Bruiser, qui rend hommage au style du pick-up FJ45 de 1966, et faisait son apparition au salon SEMA 2023 de Las Vegas, m’a couté la peine d’ajouter les précisions ci-avant…
J’ai donc volontairement incorporé mes souvenirs “Corolla” à cette aventure épique… C’est qu’à force de mépriser un client considéré au mieux comme une propriété privée, au pire, comme un cobaye, les vieilles gloires du vieux monde ont elles-mêmes nourri le géant nippon, et ce jusqu’à en faire aujourd’hui le premier constructeur mondial. En politique comme dans le commerce, le leadership ne se prend pas, il se ramasse, et vous n’êtes sans doute pas loin de traiter les responsables de ce hold-up de gros cons, ce que je me garderais bien de faire, de peur d’insulter injustement ce trésor d’anatomie féminine complice d’inavouables émois… Ou en étais-je de mon texte en “châpô” ? Ah oui… La première goutte de coulis ne tarda pas à perler sur mes tempes suintant comme de la gelée fraîche. Je me liquéfiais à vue d’oeil. Le temps de me répandre sur la moquette, j’avais pris la consistance de la crème renversée… Spoltsh !
L’emploi abusif de jeunes filles dévêtues par les constructeurs automobile cache parfois des réalités beaucoup moins affriolantes. Ainsi, les armes de séduction lascives utilisées à longueur de salons et de manifestations telles que ce Sema Show, ne suffisent pas à véritablement séduire les gentlemen drivers Franchouilles venus comme moi se perdre dans ce temple, pas plus qu’à gagner mes faveurs. Malheureusement, il semble bien que toutes les marques prennent le même chemin si l’on en juge par l’importance prise par les One-Off sur les stands. Les mauvaises langues comme la mienne prétendent et écrivent qu’on y compte davantage de modèles féminins qu’automobiles. Il est vrai que chez Toyota, les offres et perspectives d’avenir fondent comme peau de chagrin au fil des ans. Un gouffre abyssal entre une qui tarde à percer et une sous-existante…
Mis à part ce Toyota FJ, aucun autre prototype annonciateur de lendemains prometteurs, rien que ce simple clone en guise de nouveauté. Le bilan ne m’encourage pas à l’optimisme. Alors, les jolies minettes peuvent s’accrocher au volant avant la sortie de route. Chacun sa façon d’aller dans le mur. Du cimetière, pas du son. A la provocation au raz des fesses des filles de stand, la marque qui préférait la langueur voluptueuse de bourgeoises-bohême un rien décadentes, en vient aux Punkettes… J’ignore si ces mises en scène permettront aux amateurs de 4X4 de faire le deuil d’une autre époque ici rappelée pour un montant statosphérique… ni de retrouver le chemin des concessionnaires. Quant à acheter une FJ modernisée à 2 millions, la chair a beau être faible, il ne faut pas pousser non plus…
L’hominidé, ce soi-disant prodige de la création, est le seul animal à s’abaisser devant une machine. Il va même, suprême ironie du “progrès”, jusqu’à s’assujettir aux esclaves mécaniques qu’il a créé pour le servir. Lorsqu’il n’est point en quête de nourriture ou de femelles, il s’adonne au fétichisme de la bagnole au lieu de roupiller à l’ombre comme le ferait n’importe quel mammifère supérieur. Et pour sa bagnole, il est capable à tous les abaissements : bouffer du cambouis des heures durant à la recherche d’une improbable fuite, perdre le sommeil à trop penser à son faisceau électrique, brimer femme et enfant pour une nouvelle ligne d’échappement, aller au bout du monde dégoter une paire de jantes spéciales sans fêlure. Son auto, pourtant, s’en fout comme de ses premières plaquettes. Pas sa femme….
Parmi les tenants de cette étrange pathologie figurent en bonnes places les vieux Toyotistes fan’s du FJ. En temps normal, l’essai d’un exemplaire précipite le péquin à peu près censé au volant d’une auto infiniment meilleure. Mais le masochisme de l’authentique n’a d’égal que sa mauvaise foi. Non content de subir les caprices d’une bête à chagrin, il en clame une passion à toute épreuve. La seconde craque ? Normal, c’est une marque de fabrique maison ! La radio ne capte plus rien ? Qu’importe ! Une fois encore, nous touchons le cœur de la pathologie : sans doute que les moteurs Toyota agissent comme le chant des sirènes sur Ulysse. Je m’en suis donc allé pour retourner “At Home” entre chez Brigitte et Bernard… Du reste, je pense que ma voisine et mon voisin BCBG-CEO, n’investissent plus leur libido dans de bêtes machines icônes de la platitude universelle, plus petit dénominateur commun de la niaiserie planétaire, symptôme du broyage des goûts et des couleurs… Pfffffffffffff ! A pluche…