23’T Hot Rod Tub
C’est l’histoire de Mario Colasuonno, un rital-américain, plus vraiment jeune, mais quand même assez vieux, qui traînait de gauche à droite (politiquement aussi), allait en soirées, pour écouter du Rock en dragouillant à droite à gauche (l’inverse du gauche à droite), sans jamais réellement s’amuser… et à qui il manquait un truc : du piment… Il avait beau descendre des packs entiers de Bud-Weiser en se grattant les couilles, avant de filer vers le plus gros club à minette de la ville, ça n’allait pas à 100%…
Il lui fallait de l’action, de l’imprévu, de la violence… et un Rod… Coincé dans sa vie pas dénuée de risque, le bonhomme se trimballait en courbant le dos, de soirées défonces en aprem’déboitées, à boire des Double Cup d’alcool, à gesticuler sur de la Country, à flirter avec les peaux de bêtes au mur des clubs crades en croyant que c’étaient des nananas à baiser… Un soir, il rentre chez lui, un casque nazi piqué à un Hells-Angels enfoncé, comme vissé, sur son crâne…, et voit dans une rue crade ce qu’il croit être une machine à laver en marche…
Il y jette une brique et contemple le chaos… Le proprio du Rod, la gueule en sang, lui renvoie la brique, et il s’écroule en chantant “Love my Tender”… Pffffffffff ! Ouaihhhhh ! C’est une histoire hallucinante, désespérée, bourrée de crasse… La crasse la plus horrible qui soit, celle des fous déments, des hystériques, des pervers, des ratés, des loosers, des fous d’Amérique… qui se déroule dans une petite ville enclavée, pleine de transpiration jaune, de mouches qui volent et de cadavres pas encore canés…
Ne manque pour parfaire la description des lieux, qu’à un coin de ruelle on tombe face à un autel satanique débordant d’animaux morts au dessus duquel flotte la bannière étoilée : Stars and Stripes… Vive l’Amérique, God Bless America, Gott mit Uns… Il y a aussi du sexe, et de l’amour, mais rongé par la pourriture, dans des situations parfois belles, candides, lumineuses, mais annihilées de la pire façon qui soit… La vie en Amerlande est médiocre, oui… Elle se termine toujours dans une flaque de pisse avec un Hot-Rod au fond d’une impasse…
On va aller droit au but, le Hot-Rod qui illustre mes mots, a fini par être la propriété de Mario Colasuonno, vous lirez comment c’est arrivé plus loin… Si vous y arrivez… Ce Hot-Rod, c’est un putain de chef d’œuvre qui file le vertige, magnifique, à chialer de bonheur malgré qu’il est photographié en privilégiant un décor d’usine plus ou moins désaffectée, entre une ancienne centrale électrique et une décharge d’ordures, créant l’illusion d’un univers futuriste à peu près cohérent, perdu dans l’Amérique profonde qui dérive en attente d’une déflagration…
Dans cette dictature policière on n’est nulle part à l’abri que des fous en transe épileptique déboulent en hurlant et tabassent tout ce qui bouge.., Pourtant, n’importe ou dans ce pays de tarés, les beaufs sont toujours en train de planer, car les fantômes comme les étoiles leur foncent dans la gueule pendant que les anges d’illusions les bercent… Et c’est pour eux : “putain de magnifique”..., c’est la folie pure… Mais le passage à tabac ne dure qu’un temps… Et le silence finit par se faire, avec un je ne sais quoi qui leur fait quand même fait penser que l’Amérique va basculer dans le vide !
C’est la mort, toujours, mais sereine, presque espérée, l’euthanasie après la lutte… Hurlements inhumains, démons sortant des enfers… Vertiges… La vie “normale”, c’est Disney à coté de ce bordel sans nom… Et quand on croit que c’est fini ça repart toujours dans la violence et une nouvelle chute dans le gouffre… C’est pour ça qu’en Amérique, croire en dieu semble à tout le monde vraiment cool… Le purgatoire c’est pour un beauf amerloque : un gâteau aux mille étages… C’est usant mais jouissif… Une jouissance toutefois légèrement nauséeuse.
On devrait se sentir bien dans ce pays pieu… Et pourtant tout tangue, tout tourne, pour flirter avec l’angoisse totale, toujours pile à la moitié… Bien heureux sont les meurtris, ils arriveront sur une conclusion lumineuse et pacifique : bordel, quelle folie ! Et voilà que Danny Turrello ayant rencontré une gonzesse (la fille d’un certain Steve Archer, vous comprendrez bientôt l’importance de cela), a eu l’idée saugrenue de se barrer avec elle à Las Vegas, pour se marier, vu que la gamine n’avait pas l’accord du père… A-t-on idée ?
Partir à Vegas en novembre ! Mais qui fait ça ? Faut-il avoir des idées baroques pour partir avec une nana se marier à Vegas (surtout qu’elle est enceinte jusqu’au cou)… Tous les mardi, mercredi et jeudi, depuis 1976 (vous comprendrez bientôt pourquoi), Mario Colasuonno “bouffe” avec ses potes Danny Turrello et Johnny Bianco, c’est devenu immuable… Le mardi ils vont chez Li’Ping, le chinetoque… et prennent la même chose… Le mercredi, c’est burger au McDo, toujours pareil là aussi… Et le jeudi, ils se tapent un identique kebab bien dégueulasse chez un Turc patibulaire..
Aaaaaarghhhhh ! Mais ils s’en f… parce qu’ils sont des mécaniques humaines basiques et qu’ils digèrent tout ! Ils sont à demi autistes, mais ils s’en f… parce qu’ils sont des mécaniques basiques et qu’ils digèrent tout ! D’habitudes, le Danny et ses potes forment un club tous les trois, ce qui leur permet de faire les mêmes choses tout le temps.. Is ne s’étonnent pas de l’un l’autre et c’est très bien ainsi, leur alliance est une sorte de défense contre tous ceux pour qui, le changement c’est la vie… Eux prônent le contraire : l’immobilité c’est la vie et c’est même l’assurance d’une longue vie !
Est-ce qu’un sequoia bouge ? Non et pourtant ça vit mille ans voire plus un sequoia ! Et voilà que Danny Turrello se barre comme ça, comme un pet sur une toile cirée… Au début, il ne voulait pas trop… Mario lui avait dit qu’un weekend c’était déjà bien et qu’il pourrait l’emmener à Venice voir l’océan Pacifique, par la route c’est très joli… Mais le gars Danny se sort une rupine, une fille de riches (son père à un garage, ce qui relativise la dite richesse), bardée de diplômes, qui ne va pas se contenter d’un weekend en amoureux à Venice et pour qui il faut sortir la caillasse (bientôt des jumeaux)…
Ces filles là, ça ne se contente pas d’amour et d’eau fraîche…, ce qui aurait bien convenu à Danny vu qu’il est un peu pingre sur les bords ! Non, si on ne prend l’avion et qu’on ne traverse pas un désert, ça ne lui va pas ! Las Vegas étant pour elle la destination première des touristes en amour dans le monde et que c’est donc une super idée d’y aller, la logique lui est étrangère ! Danny Turrello n’écoutant que son bon cœur aurait même pu pousser jusque plus loin, loin, loin, loin, mais ou ? Mais que dalle !
Aaaaahhh… Face à un tel drame, Mario Colasuonno, d’abord paniqué, étant facilement dans l’affectif et un peu bête et méchant (c’est son côté Emma Bovary), a d’abord souhaité une prompte rupture sentimentale à Danny Turrello afin de ne pas déjeuner seul avec Johnny Bianco… Puis voyant que les billets étaient pris et que rien ne pouvait plus le retenir il lui a souhaité bon vent après qu’il signe un document “notarisé” que le Hot-Rod qu’ils avaient construit tous les trois, devient propriété de seulement les deux restants… Moyennant quelques billets…
Ça tombait bien, Dieu l’avait entendu…, mais Mario angoissait quand même un peu à l’idée d’aller bouffer son kebab seul avec Johnny…, quoique ce serait sympa de pouvoir médire de Danny et sa nana. Bref. ce conte en arrive à l’histoire du Hot-Rod qui au début était un “ramasse minettes midstream”, construit dans le garage de Steve Archer, dédié aux Hot-Rods, situé dans le nord du New Jersey… C’était un “bazar” au look de Ford 1923’T-Touring, de couleur “vert jade” dont le bruit du moteur jouait comme une symphonie de Chevy big-block…
Steve Archer était un artisan innovant dans les Hot-Rods en fibre de verre dans les années 1970…, il avait conçu et construit ce Rod 4 places ‘vert jade” style 1923 en voulant innover, car il n’existait pas de Hot-Rods Modèle’T 4 places…. Avec lui, il a remporté plusieurs prix prestigieux, cette “première” construction figurant dans le numéro de juin 1974 du magazine Hot-Rod (Steve en cette suite, en a fabriqué une quantité très limitée). Mario Colasuonno ébahi de cette “merveille” avait le vague souvenir d’avoir jeté une brique dans un modèle presque identique… (C’est de là qu’il voue une passion pour les Hot-Rod-Tub)..
Il a voulu acheter un même 23’T de chez Steve Archer pour pas trop cher afin d’en faire un Hot-Rod “innovant” en se la jouant cool… Vous connaissez le refrain d’une mélodie Country d’un homme semblant de ne pas être dans l’amour…, non ? Laissez tomber…, Pas grave, c’était en parallèle de la vie sentimentale de Mario… Et cela illustrait aussi le fait que Steve Archer n’a alors pas voulu lui vendre, pas vraiment parce qu’il lui semblait que ce type ressemblait vachement fort au crétin qui lui avait balancé une brique dans la gueule, mais parce qu’il s’en servait pour sa promo suite à l’article du magazine..
Deux années s’écoulèrent et en 1976 Mario a vu une publicité pour une “baignoire” à 4 roues, quasi identique… Il a flippé parce qu’il n’avait pu en acheter une deux ans plus tôt (en 1974)… et que Steve Archer semblait avoir disparu des écrans radar… Il a donc immédiatement appelé le vendeur au nom pas spécifié (sûrement pour des problèmes de créanciers et de fisc) pour conclure un marché… Steve Archer lui a dit qu’il venait de vendre son dernier “kit” de “baignoire” à deux amis dont il lui a donné les coordonnées “Au cas ou”..., c’est comme cela qu’il a connu Danny et Johnny qui eux-aussi voulant le même type de Hot-Rod.
Danny, Johnny et Mario vont devenir amis et vont décider de construire une même “baignoire” pour en faire un Hot-Rod inédit… Tous les trois… Mario leur achetant 33% des coûts… En 1975, Curt Hamilton de Cal-Automotive a fourni un châssis adapté à la longueur inhabituelle de cette carrosserie 4 places, châssis pourvu non pas d’un essieu arrière rigide mais d’un pont arrière à suspension indépendante de Jaguar XKE… Une fois que cela a été accompli, le châssis est allé sur la célèbre côte Est chez Randy Bianchi pour assemblage.
Tout le câblage électrique a été refait “pour un regard propre” (sic !)… Randy a ensuite installé un nouveau big-block Chevy et une transmission TH400, un radiateur neuf type 1923 avec une coquille de grille comportant un indicateur de température de chez “Moto-Meter” et un réservoir de carburant de 14 gallons… Tout fut terminé en 1977… Et à partir de là, l’histoire est floue jusqu’en 1997… Vingt longues années ou rien n’a filtré, sinon que Mario s’est principalement servi de ce Hot-Rod pour draguer et frimer… Ahhhh ! Mario !
Durant 20 ans, les femmes vont tomber sous le charme de son regard de braise bleutée, de son charme inamovible, de sa coupe de cheveux indémodable, de son sex-appeal légendaire, de sa virilité digne d’un concentré de purée des morceaux nobles d’Alain Delon, Mario leur apparaissant (au volant du Hot-Rod) comme l’incarnation auto-consciente de l’âme italienne… Après presque 40 ans de copropriété et après avoir reconstruit deux fois ce Hot-Rod et gagné plusieurs premiers prix, Mario se sent le gardien d’une tranche de l’histoire du Hot-Rodding (sic !)…
Mais ne vous moquez pas de lui ni de ses potes, il est connu pour être versatile… Certaines personnes disent qu’il dort avec un œil ouvert sur “la baignoire”, toujours à l’affût de quelque chose d’intéressant à y modifier… C’est surtout, son style unique, insurpassable et quasi-indescriptible qui le faisait durant cette époque, ressembler à un crabe intoxiqué par un mélange de speedball, d’energy drink et de Ritaline, un total contraste humain qui associait dans son profil, un sourire figé qu’il gesticulait de grimaces et mimiques, constituant ainsi un monument de la fascination dont il était impossible aux femmes de se lasser…
Une vie puant le foutre et la transpiration, ça lui faisait du bien, quoique c’était loin d’être parfait, mais ça lui faisait du bien d’être aussi débridé…
Il visait les putes, ciblant la drague bien moite, le rentre dedans alcoolisé et la baise en chiottes de club, absolument imparable, mais pas assez constant pour débouler dans l’amour… Trop de branlettes assistées pour faire partie des coups de cœur (relisez le début de l’article)… Les amateurs de Hot-Rods savent que les goûts autochtones en matière de Hot-Rods et Pin-up’s font partie des “bonnes raisons” que divers politiques brandissent à la face des éberlués… Les idées de Mario en cette matière (pour “la baignoire”) étaient toutefois légèrement différentes de celles ayant cours dans les années ’90..
D’ailleurs, en “bon” rital-américain, durant l’hiver 1997, il a voulu reconstruire le Rod et a préparé (seul) la voiture pour cela. Étonnamment, ses deux amis ont laissé faire… et, la première chose qui a été changée fut le moteur : “J’ai acheté un 402ci Chevy big-block et ajouté un blower 6-71”…, m’a dit Mario, ajoutant qu’il avait acheté des pièces Dean Moon… La touche finale étant la couleur, Mario ayant choisi un “Kolor candy UK-17 violet” vaporisé sur une couche de base “BC-04 Shimrin bleu”. La voiture fut prête juste à temps pour assister au deuxième Goodguys annuel à Columbus, en Ohio, en 1999, où il a obtenu le premier prix.
En 2000 le Hot-Rod a été présenté au Goodguys de Rhinebeck à New York et a gagné le premier prix “Street Rodder Top Ten” obtenant du coup divers articles dans les médias, dont un hyper laudatif dans le magazine Hot-Rod, enfin, en 2006 à l’International Show Car Association (ISCA) à Washington, D.C. iil a raflé le premier prix toutes catégories. Les chats ont neuf vies, cette baignoire pour rats de 1923 en a eu quatre. Lorsque l’on recherche la perfection, rien n’est jamais fini.