32’Psycho-Rod “De Luxe“…
Je dois clairement vous faire part d’une réserve légale avant que vous ne lisiez ce qui suit : “Si vous dites à vos amis, vos voisins, votre famille, que vous lisez les articles déjantés de www.GatsbyOnline.com et de www.ChromesFlammes.com, vous risquez fortement de finir aux urgences, dénoncé par des beaufs apeurés, pensant que vous virez dans le satirico-démentiel”... Et pas besoin d’une introduction doucereuse pour vous le faire comprendre !
Oui, il va vous falloir clairement laisser toutes considérations sociales au placard et accepter le risque que votre cerveau se liquéfie par vos yeux après environ 10 minutes de lecture… Je vous balance la réalité en pleine gueule, avec une violence peu commune mais pas agressive, reposant sur une réflexion gigantesque, saturant à tout va, partant complètement en déraison, au grès des coup de butoirs balancés par mes mots en phrases…
L’ossature des phrases est absolument monstrueuse, faisant trembler votre cervelet qui en devient aussi épais qu’une mélasse indescriptible, comme si l’on tapait du dedans avec un marteau jusqu’à la folie, pourtant, ce passage à tabac lymphatique, cet espèce de Hardcore de textes, reste étrangement entraînant, presque excitant, jusqu’à l’overdose, poussant le tout dans une stridence intellectuelle extrêmement dérangeante, niveau perte de repères.
J’ai toutefois décidé de délaisser les bidouillages (parfois stériles) pour vous plonger dans une démarche plus directe, plus viscérale, mais non moins déglinguée… Et c’est avec ce Psycho-Rod que vous allez comprendre pleinement le concept : Un rythme qui rend fou tout être normalement constitué, appelant les instincts les plus primaires, censurés par notre bienséance habituelle, donne-t-il réellement envie de crier, de sauter sur le mobilier en arrachant ses vêtements, transformant toute partie de jambes en l’air en véritable massacre sexuel.
Pourtant la progression se fait le plus naturellement possible, tant l’aliénation est inévitable, car c’est une tuerie absolue. Il vous faut imaginer une tribu de Hot-Rodders au fin fond de la jungle d’Hollywood matraquant des fûts d’huile en dansant autour d’un feu, hurlant à la lune, vêtus de peaux de bêtes, tout en balançant des déflagrations gigantesques, surhumaines, à faire pâlir le plus revêche des Dinosaurus, même nappé de son plus beau chocolat.
Ce Hot-Rod inaugure le style Psycho-Rod, destiné aux millionnaires ayant un esprit torturé et complètement déséquilibré… Essayez d’imaginer des Bulldozers Caterpillar tentant de taper la discute avec une broyeuse de voiture, le tout en plein milieu d’un concert de Rock, avec des musiciens jouant du trombone, de la flute et de l’accordéon, entourés de Vahinés-Tahitiennes incongrues qui vous filent des colliers de fleurs à chaque déhanchement obscène de votre part pour éviter des tirs de lasers relativement dangereux… Voilà l’affaire… C’est de la même eau visqueuse…
Oui voila, on y est presque, ce Psycho-Rod c’est un marché de niche qui a de l’avenir, vous allez pouvoir sécher vos larmichettes de ne plus avoir les moyens de vous en payer un semblable, car il a été acheté plus d’un million de dollars… Son style et surtout sa finition vont s’avérer en tout cas plus pernicieux mais tout aussi pervers que le film “Blanche-Neige et les sept nains”, dans une sorte d’hypnose reptilienne, une plongée dans une initiation qui ne se fait pas trop prenante pour ne pas bouffer et empiéter sur son importance !
Impossible de regarder ce Hot-Rod sans prendre le risque de partir en courant, en se demandant qui a bien pu être assez fou pour financer un truc pareil. (Certes, en lisant cet article, le brouillard ne se dissipera pas rapidement)… et vous serez encore loin du compte, le traumatisme n’en sera que plus grand… Mais il est clair (et c’est l’une des premières fois dans ces pages) que conseiller de copier ce Hot-Rod est tout simplement financièrement suicidaire.
Personnellement, je suis fasciné par la démarche de son propriétaire complètement flingué, le tout respirant le déséquilibre mental et l’hallucination à plein nez… Beaucoup le vivront comme une agression, comme une invitation effrayante à basculer dans la folie, c’est à éviter absolument…., certains autres y verront un exercice stérile et sans queue ni tête…., j’ai toutefois risqué ma vie, pour vous, en l’essayant virtuellement durant toute une journée…
Petit à petit, il muait, j’y percevais une faible mélodie grésillante, fébrile, quoi dire, qu’à part la peur du vide abyssal de la bêtise humaine, qu’elle transpirait la tristesse, à son bord, j’entendais le vent envelopper mes oreilles, puis (la mélodie) s’est faite un peu plus appuyée, muant, se transformant en opéra beau comme la mort, grave, qui pétrifiait… Bordel, quelle mélodie… Elle me hérissait les poils, tant elle semblait belle dans sa tour d’ivoire.
Coup de grâce, une plénitude absolue… et vu comment le démarrage s’était effectué, je me suis laissé aller, fermant les yeux (un œil, rassurez-vous !)… et le tout m’a emplit d’un désespoir absolu… Le V8 crachait l’une des mélopées les plus belles qui m’avait été donné d’entendre, c’était fascinant, touchant, brillant… J’étais littéralement saisi par le tout… Des vagues de sonorités se déroulaient, effaçant, pour un temps, les soupirs angoissés de mon âme bienveillante qui m’accompagnait depuis le début.
Puis ce moment d’extase va prendre un tournant, avant de basculer dans une noirceur cauchemardesque… J’avais l’impression de vivre un instant trop rare, alors j’ai profité de la moindre parcelle de cette fresque, j’ai décortiqué le tout sans jamais m’ennuyer… Ensuite tout s’est calmé, s’est effacé lentement et puis c’est reparti… Tout se mélangeait, s’emmêlait !
A cause de cette sublime mélodie du moteur, tout d’abord, dont la beauté était un vrai tour de force à elle toute seule, une espèce de nappe froide, froissée, accueillante et effrayante à la fois, qui semblait retranscrire une longue chute dans le ciel, le vent frappant mes oreilles, c’était inexplicable, cela écrasait mon putain de cœur, me faisait froid dans le dos, une sensation inexplicable, un courant qui résonnait dans mes membres… Tout semblait différent, comme si mon corps se baladait dans un monde, et ma tête dans un autre, parallèle… Cela pouvait effectivement faire peur, c’était si loin de l’habituel…
On n’a pas toujours le temps de s’investir dans ce genre d’engin… Beaucoup reculant devant l’ampleur de ma tache et le caractère presque contraignant de l’histoire, d’autres ne s’intéressant même pas une seconde à ce Hot-Rod par peur de l’ennui… Il n’est franchement pas accessible au final, plus dans la forme que dans le fond d’ailleurs… Certes, on ne l’utilisera clairement pas tous les jours, même rarement, les vraies occasions dans le genre ne sont pas si fréquentes… Mais cela en est de même pour toutes les voitures exceptionnelles ?
Il n’y a pas plus simple, le reste ne rentre au final même pas en compte… Je ne vais pas m’éterniser plus longtemps, ce Hot-Rod est unique dans le fond comme dans sa forme, c’est un véritable trésor, une claque monumentale qui fait frémir, qui fascine, qui hypnotise, par sa maîtrise, par sa splendeur… C’est un Hot-Rod “de luxe” qui ne transpire toutefois pas l’époque des seventies, l’époque des deux bikers de Easy Rider, libres, magnifiés en héros d’une société américaine en soif de transgressions, voulant échapper à un monde de contraintes en hurlant “liberté” tout en prenant la fuite.
Sur les “highways” du monde civilisé, au milieu des gens “politiquement-corrects”, cette attitude dérange le monde sécuritaire fait de règles liberticides, en ce qu’il doit se situer entre un début et une fin, rejetant l’hystérie épanouie consistant à faire abstraction de toutes les règles dès lors que le départ vers nulle-part est pris, définitivement…
Envisager l’infini, s’accaparer des grands espaces pour jouir de la liberté dans son absolu malgré les flash-backs qui surgissent dans la tête lors de cette course effrénée, ne sont que des appels à repères pour comprendre le présent, de toute façon indiscernable tant il est fulgurant et régit par une urgence libertaire… L’initiation est question de retour sur soi même, sur ce qui a précédé l’initiation, en un sens donc, l’initiation est sans cesse un retour sur elle-même… Les flash-backs résonnent comme des songes aux échos des rencontres, les évènements ne peuvent pas rester… et dans cette course acharnée vers le néant, qui peut écrire en fait des histoires, des poèmes, des narrations !
Cette dynamique fait appartenir les rencontres dans des questions d’immanence, de rites et lieux de passages, autant d’étapes symboliques qui comme des tableaux inventent l’Eve de la nouvelle ère, la religion lâchant littéralement les vipères ou les paranoïaques de l’exclusion créés par la société, les laissés pour compte, sur le bord de la route.
Dans l’initiation, tout est fulgurance, il ne faut donc jamais s’arrêter…, sauf pour faire le plein des sens…, prendre de l’essence, ou même de l’eau…, la route, comme telle, est aussi la limite de déplacement, dans sa trajectoire, elle constitue aussi le tracé de la règle…, elle est ce qui fait communiquer les villes entre elles, la route étant la ligne organisée qui prolonge la règle, la norme.
Aussi, c’est bien en considérant cela que l’on constate que l’objectif de départ n’est qu’un prétexte, car en quête de liberté, on quitte les sentiers battus, les chemins tracés, calculés et organisés par la norme…, c’est d’ailleurs hors des routes qu’on se perd et rencontre d’autres personnes de la marge, car la route dans ce qu’elle a d’organisé, reste le cadre limité et indépassable de ses organismes.
La règle, donc, attend dans son cadre délimité que les assoiffés de libertés resurgissent du néant, sur ces mêmes routes car les gens de la norme savent que hors des délimitations personne n’a pas grandes chances de survivre… C’est l’habituel rapport de force qu’il y a entre l’organisation et les individus.
Ce n’est jamais que lorsqu’on est perdu dans le rien, c’est à dire le non-organisé, le non-calculé, qu’on s’arrête… Car la règle est alors annulée dans ces no man’s land, elle n’existe plus, ne prends pas effet, l’organisation, ne sortant jamais de ses propres délimitations car obéissant à sa propre règle, ignore l’existence de micro-sociétés presque tribales en marges de son fonctionnement… Un Hot-Rodder devrait ainsi être un cavalier errant entre les réalités, pas totalement l’individu de la marge, insoupçonné par la société… et pas totalement l’acteur qui au contraire les transgresse.
Alors, vecteur de son propre déplacement non motivé par une fin en soi, le Hot-Rodder devient le médian de ces deux sociétés qui font avec les limites…, qui composent avec une marge.., mais ignorent cette même marge… Le Hot-Rodder la dépasse puis en revient, détourne les tracés, brouille les indications, met fin à la rectitude, à l’organisation, incite même symboliquement les autres à emprunter la route, à s’évader du monde comme on s’évade d’une prison et de ses barreaux…, un appel à la liberté en somme.
Et bien, ce Hot-Rod, c’est tout ça et son contraire, son concepteur revient sur les traces du Hot-Rodding, comme s’il traçait une croix sur le sol, une croix n’évoquant aucune autre croix symbolisant quelque dogme spirituel que ce soit, ce n’est pas même un guide dans l’errance servant à retrouver la voie d’un passé qui n’existe plus, c’est un engin de millionnaire, destiné aux rares rêveurs de libertés qui se sont transfigurés dans un business.
C’est un véhicule extraordinaire, un ensemble de finitions hors normes qui ne mène qu’à un merveilleux néant… qui conduit à la perte de tous repères et donc à l’ennui…, on n’y retrouve aucune voie menant à cet esprit “Hors-la-loi”..., on l’emprunte pour mieux la quitter par la suite, et si voie il y a, c’est en fait un dialogue induit !
De toute manière, lorsqu’on décidé d’accéder à l’infini (à savoir qu’il faut aussi bien considérer la disparition indicible du début et la destruction matérielle et humaine de la fin) ce sont bien tout les types de personnages de la société que l’on retrouve autour de ce fantôme, ceux et celles qui y voyaient la projection d’un échappatoire, un véhicule hors-la-loi, découvrent un objet de grand-luxe qu’on n’utilise que pour des célébrer des messes à la gloire des vanités, observant ce qui a été, ce qui est, et ce qui aurait du être… Certains, certaines avec tristesse, d’autres avec soulagement…
Quoiqu’il en soit, tout ne dure qu’un temps, là est bien l’image qui tranche, c’est le contrepoint, l’insouciance et l’apaisement, la naïveté, l’oubli de tout schéma pré-calculé, l’accès à une certaine liberté, le Hot-Rodding, c’est la force d’un seul, face à tous les autres… Je le confirme à Jésus : “Ne viens plus sur terre, Dieu doit rester dans l’éther, énigmatique, s’il devient réel, les imbéciles ne savent plus inventer d’histoires et tenir leurs ouailles dans les ténèbres de l’imbécillité”...