– Allo…, oui, allo, c’est bien vous ?
– En personne !
– Vous êtes invité à assister à un évènement planétaire…
– Enchanté, tous le plaisir est pour moi.
– Une Rolls Royce est toujours un monument automobile, n’est-il pas ?
– Assurément, oui, c’est même plus ou moins certain…
– Alors imaginez la Rolls du futur, celle qui incarnera les valeurs de la marque dans 100 ans !
– Oui, bonne idée, mais j’ai toujours une Bentley Turbo R dont je ne sais plus quoi et que faire…, un échange est-il possible ?
Et me voilà parti à Crewe, bastion de Rolls-Royce pour de nouvelles aventures
Mind the gap, je n’arrive plus à me sortir cette phrase de la tête…, entendue et réentendu à chaque station de métro, répétée à chaque station…, Mind the Gap between French and British cultures !
Oui, un fossé sépare les Français de leurs cousins Grands Bretons…, même si nos histoires se sont mêlées et entremêlés, même si une heure d’avion nous sépare, les Froggies connaissent mal les Rosbifs, et les rosbifs se foutent des Froggies.
D’abord, j’ai failli ne pas partir, grève surprise, normal, la grève, c’est notre culture, 2 heures d’attente dans un avion low-cost Irlandais, serré comme des fish & chips en attente d’autorisation.
Arrivée à Standsted, queue à la douane, Brexit oblige, un douanier qui ressemble à une douanière et qui me regarde avec des yeux de Teckel malade et qui fait la moue quand il comprend que je ne comprends pas ce qu’il baragouine dans son anglais natal.
Première surprise, où sont les anglais ?
J’ai vu beaucoup de chinois, de japonais, de coréens, des indiens, des Paki pas cher, des ricains, des australiens, des italiens, des serveurs Brésiliens, mais très peu d’Anglais…
J’ai bien croisé un pochetron qui avait avalé une immonde barquette de viande-frite avant de ronfler dans le tube après un curage de pif en règle, mais il n’était probablement pas représentatif du genre.
Deuxième mauvaise surprise Londonienne, le café anglais, après en avoir bu, on n’a qu’une seule envie, repartir…, bref, à Londres, j’ai rencontré moins d’anglais que d’écureuils gris.
C’est bizarre Londres sans Anglais et sans chien (Blacky était gardé 48 h chez notre comportementaliste canine préférée), j’ai croisé maxi dix chiens et pas une crotte…, 4 jours à Paris et on pue la merde de chien pendant 6 mois…, ici, j’ai croisé plus de squirrel que de chiens, mais pas de dentiste, d’opticien, de cabinets médicaux, l’économie fonctionne bien, mais leur système de santé est très malade, sans parler des personnes de plus de 70 ans qui travaillent encore.
Selon un article paru récemment dans une revue scientifique, il y a si peu de dentistes en Angleterre, c’est que les gens s’arrachent eux-mêmes les dents !
Bref, pubs, bière, Earl Grey, Buckingham, Big Ben, la Tour, le Bridge, Hyde Park, la city et son cornichon magique, le métro de Coven Garden et ses escaliers interminables, les bus Anglais, ligne 31, Camden Town et finalement, un coup de foudre à Nothing Hill, sur Portobello Road pour une punkette à la crête rose.
Londres et ses charmes, difficile de comprendre l’intérêt des robinets anglais, l’eau est toujours froide, sauf pour le thé, les prises électriques sont inutilisables, les chambres d’hôtel sont miteuses et coûtent le prix d’un palace, le service et le ménage ne sont jamais fait, dans les pubs, faut tout faire soi-même et payer le service en plus…
Côté bouffe, je ne peux pas dire grand-chose de la cuisine anglaise, c’est comme pour les anglais et les chiens, pas vu, pas pris…
Des restos Indiens, Paki, chinois, mexicains, italiens, Espagnol, Palestiniens, Mongoliens (véridique) mais pas un resto Anglais pour déguster la célèbre panse de brebis farcie qui me faisait rêver !
Côté vin, c’est encore pire, dans un resto indien, le Paki qui faisait office de sommelier a bien essayé de me refiler une bouteille, mais je l’ai vite refroidi avec un crochet militaire pour lui demander s’il n’y avait pas une possibilité pour qu’il me prenne pour une buse en me refilant un australien de coopérative pour le prix d’un grand bordeaux.
La bérézina, j’ai vite viré vers la Bière Cobra 75cl…, pour être franc, j’ai bu un Rioja moyen dans un Espagnol et un Prosecco encore plus moyen dans une pizzéria où j’ai rencontré le seul serveur anglais, sympa et qui parlait Français.
Ce qu’il y a de terrifiant avec les Anglais, c’est que soit ils sont méprisants, soit ils sont super sympa…, y’a pas de demi-mesure.
Mind the Gap between French and British cultures, un gap d’intellect…, en France, la pensée, la philosophie, sont tenues en grande estime, en Angleterre, la pensée semble n’avoir aucune valeur, si elle n’est pas une plus-value économique.
Grâce à Voltaire, Rousseau, Hugo, l’homme est plus important que l’économie, il semble que les anglais aient oublié cela.
Mind the gap, faites attention à l’espace, faites attention à l’espace au-dessus de vos épaules, Douglas Harding, philosophe anglais, utilisait avec humour cette expression à la fin de ses ateliers, Mind the gap, pour lui, cela signifiait : “faites attention à ne pas oublier l’ouverture à partir de laquelle vous vivez”.
Après tout cela, j’abrège…, ce fut une belle surprise de découvrir la Rolls Royce Vision Next 100…, six mètres, des roues avant carénées et la calandre digne de l’univers des robots Transformers…, les roues touchent évidemment le sol, Rolls Royce fait le pari que dans cent ans les automobiles ne voleront toujours pas…, contrairement à ce que les constructeurs américains nous promettaient dès les années 1950 via leurs dreamcars.
Pourtant, tout le reste de la carrosserie semble léviter telle une coque de bateau, l’effet est saisissant et allège sensiblement l’auto, cela lui confère une majesté sans égale…, mais au-delà de cette silhouette qui rend hommage aux grandes heures de la carrosserie des années ’30 et ’50, la révolution s’opère à bord.
La coutume veut que dans une Rolls, les meilleures places se trouvent à l’arrière…, c’est pourquoi le concept-car Vision Next n’est doté que de places arrière.
Les places avant ont été purement et simplement escamotées…, la porte gauche, dont la partie basse s’ouvre vers l’arrière comme sur un cabriolet Drophead Coupé, est surmontée d’un vitrage d’un seul tenant avec le pavillon, qui s’ouvre lui à la manière d’une porte papillon.
La montée comme la descente, sont dignes d’une cérémonie…, les dirigeants de la marque évoquent précisément la naissance de Venus peint par Botticelli…, il y a pire référence.
A bord, l’agencement est celui d’un cocon douillet…, le plancher est parfaitement plat et devant les deux occupants de l’auto trône un écran haute définition…, un point c’est tout.
Ne cherchez pas le volant, ni de quelconque commandes, il n’y en a pas…, cette Rolls du 22 ième siècle offre une conduite autonome en toutes circonstances…, dans 100 ans, l’arrière-arrière-petit-fils de votre actuel chauffeur se retrouvera sans emploi…