Cette narration s’ouvre sur un multimilliardaire qui rêve.
Alors…, me diras-tu, mon Popu…, à quoi ça ressemble, un rêve de multimilliardaire ?
Hé bien le bougre rêve de son enfance et de comment il a paumé une de ses petites voitures sous le canapé…, un drame, donc, qui prouve qu’un canapé est une sorte de trou noir qui n’a de cesse de faire disparaître des choses…, enfin, avec ses limites, hein mon Popu : essaye avec le cadavre d’une ex, ça va juste sentir très fort…
Réveillé de ce terrible songe et du souvenir brûlant de la perte de sa petite voiture, le multimilliardaire (bellâtre de son état), décide d’aller faire autre chose, comme par exemple, une balade au concours d’élégance automobile de Peeble-Beach…, ce qu’il fait, accompagné de son coach, avant de s’ennuyer passablement lorsqu’il tombe sur un vieux coureur rabougri mais encore vert qui fait la retape pour Lamborghini qui expose sa nouvelle bricole…
Le multimilliardaire se pose alors tout un tas de questions comme : “Pourquoi suis-je si malheureux ? Ma vie est-elle vide ? Pourquoi ai-je envie de me déguiser en canapé et de m’enfoncer des petites voitures dans le rectum ?”..., que de questions, si peu de réponses.
Mais heureusement pour lui, tout va basculer.
Car le bougre tombe nez-à-seins sur ceux d’une journaleuse : un tourbillon de longs cheveux châtains, de membres pâles et de bottes brunes…, qui passait là pour réaliser un reportage sur la nouvelle Lambo Centenario,
Bien…? Je vous laisse juger de quoi il retourne :
Soit le multimilliardaire est face à une créature informe pourvue de multiples appendices velus et bottés…, soit il est face à une beauté rare qui provoque un sérieux trouble chez notre lui…, voire diverses redirections sanguines.
C’est de cette seconde possibilité qu’il s’agit, d’ailleurs le multimilliardaire ressent tout plein de désirs brûlants dans son slip, mais se retient !
La beauté sublime sentant la proie potentielle, lui dit être journaliste et être là pour couvrir l’évènement, ce à quoi le multimilliardaire rétorque :
– Les journalistes, pour la plupart, jugent le malheur plus intéressant que le bonheur. Mais tous ne peuvent écrire des comédies, des tragédies… écrire sur le bonheur se révèle bien plus difficile, parce qu’il est insaisissable…
Et la con-versation s’engage…, il lui dit, filou-sophe
– Il existe trois types de bonheur. Il y a tout d’abord le bonheur fortuit qui doit beaucoup au hasard, à la bonne fortune et qui joue un rôle notable tout au long de la vie. Des événements favorables vous arrivent de manière imprévue. L’ouverture d’esprit peut donner des ailes au hasard favorable, lui donner une chance, même s’il reste impossible de disposer de lui. Un deuxième type de bonheur a toutefois une signification encore supérieure pour l’homme moderne : le bonheur du bien-être. Dans le monde contemporain, quand les gens cherchent le bonheur, ils entendent le plus souvent par là une volonté de se sentir bien, de s’amuser, de faire des expériences agréables, de ressentir des envies et des plaisirs, d’avoir du succès, bref: de vivre tout ce qui est considéré comme positif. La société moderne de l’amusement eût été parfaitement impensable sans quête du bonheur entendue dans ce sens. Non qu’il puisse être répréhensible d’éprouver des plaisirs et d’être libéré de ses douleurs. Le problème est que ce genre de bonheur ne dure jamais longtemps. Il a son temps, le «bon temps» d’un bonheur, il réserve des instants heureux pour lesquels l’individu doit se garder ouvert. Une tasse de café qui sent bon et a bon goût est un moment de bonheur de ce type. Ce bonheur a sa signification. Il est judicieux d’en faire usage…
– Mais seul l’art de vivre philosophique est capable d’éviter à un homme de résumer toute sa vie à un unique bonheur de bien-être.
– Il le prépare en temps utile au fait qu’il y aura d’autres temps, que tout ne peut pas être à tout moment empli de plaisir et que l’on ne parvient jamais à être totalement libéré de la douleur physique et psychique. Lorsqu’on a compris cela, on peut rechercher un bonheur plus durable que j’appelle bonheur de la plénitude et qui passe par la quête de sens…
– Un indice du bonheur national brut a été créé par l’ONU. Le bonheur peut-il se mesurer ? A-t-il la même signification dans tous les pays ?
– Le bonheur ne peut évidemment pas se mesurer de manière générale, d’autant plus qu’il est très subjectif et que ses représentations varient selon les cultures. Par exemple, dans le bouddhisme, le bonheur signifie être en accord avec son destin, alors que dans la culture moderne occidentale la recherche du bonheur implique au contraire de corriger son destin.
– Ces deux visions du bonheur sont tellement contradictoires qu’on ne peut pas les comparer.
– L’un des problèmes du bonheur de bien-être est l’excès dans l’attitude d’attente : plus l’espoir d’une vie positive est grand, plus il devient difficile de vivre avec une réalité négative.
– En fait de réalité positive, la firme de Sant’Agata exploite le filon des séries exclusives avec une déclinaison roadster de sa dernière supercar produite à 20 unités déjà toutes vendues.
– Ah oui ! Je suis ici par hasard, je m’ennuyais, vous me parlez de cette chose grise là ?
– Oui, c’est la Lamborghini Centenario, annoncée dans la foulée de la révélation du coupé lors du salon de Genève de mars dernier.
– On dirait une Batmobile, doux Jésus qu’est ce qu’elle est laide !
– Question de goût. La série de vingt déclinaisons roadsters de Centenario est déjà entièrement consommée. Contre un chèque de 2 millions d’euros hors taxes, cette nouvelle édition apporte un supplément d’âme à un modèle censé célébrer le centenaire de la naissance de Ferruccio Lamborghini, le fondateur de la marque. Les collectionneurs et les amateurs de la firme italienne vont accéder à un véhicule qui est ni plus ni moins que la variante décapsulée de la Centenario dont les formes, dans la lignée des dernières séries spéciales, avaient fait sensation à Genève. On retrouve donc ces lignes extravagantes et taillées à la serpe marquées par la présence d’une lame aérodynamique à l’avant, de bas de caisse latéraux, d’un aileron arrière mobile et d’un diffuseur vraiment impressionnant. Ces appendices aérodynamiques participent à l’efficacité de ce roadster capable d’atteindre 350 km/h, selon Lamborghini.
En tout cas, le dialogue a débuté… et voici qu’après avoir quasi épuisé le sujet Lamborghini, viennent les diverses questions bateau du style :
– Que pensez-vous d’Hillary Clinton et de Donald Trump ?
La belle envoie une grosse roquette dans le museau du multimilliardaire en lui demandant si dis-donc, des fois, il n’aimerait pas le “Contrôle de la bête”… et lui de sentir son slip rétrécir alors qu’il reste extérieurement de glace, son assurance de chef d’entreprise à succès émanant de lui avec un naturel déroutant, appuyant ainsi un peu plus son charisme de jeune loup… et ce malgré, malgré la reconstitution intégrale de Pompéi dans son slibard au même instant.
La beauté suave, elle, lui pose des questions dignes de Michel Drucker, du genre :
– Et sinon, vous aimez les Lamborghini ?…
Et comme oui, il aime les Lamborghini…, elle embraye :
– C’est votre cœur qui parle…
– Un cœur ? Moi ? Et non, bébé. Mon cœur a été massacré jusqu’à en être méconnaissable il y a bien longtemps…
Quel homme mystérieux que ce multimilliardaire…, tu te demandes bien quelle femme va le guérir et lui redonner goût à la vie, hein, mon Popu ?
Ah… merde, Popu…, nous n’en sommes qu’au début et tu devines déjà la fin.
Bon, et puis cette expression “Bébé”..., un homme qui utilise encore “Bébé” pour draguer est soit seul chez lui à se demander pourquoi…, soit seul dans une cellule avec 20 ans de prison pour pédophilie…
Le multimilliardaire, lui, continue de repousser les frontières du retard mental en s’interrogeant intérieurement pendant que la beauté rare poursuit son oeuvre :
– Dérivée de l’Aventador, le roadster repose, comme le coupé, sur une cellule monocoque en carbone. La carrosserie est également en carbone. Grâce à l’utilisation de ce matériau léger, le poids a pu être contenu à 1.570 kg, soit à peine 50 kilos de plus que le coupé. Cela lui permet d’afficher un impressionnant rapport poids/puissance de 2,04 kg/ch. Comme le coupé, cette version découverte accueille le V12 6,5 litres atmosphérique poussé à 770 chevaux en portant le régime moteur à 8 600 tr/min, au lieu de 8 350 tr/min, et toujours associé à la boîte robotisée à simple embrayage et 7 rapports. La Centenario roadster revendique un 0 à 100 km/h en à peine 2,9 secondes !
– Passionnant…
– Reste que la véritable surprise provient de l’absence de toit…
La con-versation se poursuit, puis s’achève, avec la beauté rare un peu faussement effarouchée qui n’essaie pas de se barrer toute “chose” (mouillée) devant l’insistance toute turgescente du multimilliardaire, qui aimerait que la damoiselle change son itinéraire du jour et finisse chez lui, tout comme c’est le cas de ses flux sanguins, il est chaud comme une patate braisée, aussi tourmenté qu’un slip dans un lave-linge…
Mais il ne compte pas en rester là…, aussi subtil qu’un char Tigre dans une cour d’école, il décide de d’acheter une Lamborghini Centenario pour épater la jeune beauté… qui est la cause de sa sévère crise de priapisme… qui pourrait à elle seule relancer la mode des joutes médiévales… le romantisme, ce n’est pas trop son truc…, les fleurs, les chocolats, tout ça, pfffffffffou, pourquoi s’embêter quand on peut plutôt s’insérer des trucs dans les machins assis dans une Centenario de 2 millions d’euros ?
De toute manière, l’alcool a raison d’elle… et la belle s’effondre comme une quiche, ce qui n’émeut personne, pas plus que quand le multimilliardaire la charge sur son épaule pour quitter les lieux sans que personne ne trouve rien à redire à ce type qui embarque une fille inconsciente sans qu’aucun des amis de ladite fille ne réagisse… j’imagine qu’ils font juste coucou pendant ce temps…., le multimilliardaire emmène donc la bougresse jusqu’à un hôtel, où (puisqu’elle sent un peu les restes de tacos pré-digéré), il l’aide à se déshabiller avant de la glisser dans le lit…
À son réveil, la beauté suave s’étonne un peu d’être nue dans le lit d’un hôtel qu’elle ne connaît pas, le tout avec un type à qui elle n’a rien demandé (sic !) mais tout espéré…. elle s’enquiert donc rapidement de savoir si cette nuit, elle n’aurait pas fait une connerie, comme par exemple faire l’amour ou prendre un abonnement à Canal+.
Après avoir été rassurée sur ces deux points (même si pour Canal, personne n’est pas bien sûr), elle constate tout de même que le multimilliardaire est un peu bougon, tout en le soupçonnant de lui avoir fait “des trucs”… il lui propose de venir faire un tour d’hélicoptère pour l’emmener jusqu’à sa somptueuse résidence personnelle…, alors évidemment, elle est (de nouveau) toute excitée parce que bon, l’hélicoptère, ce n’est pas pour tout le monde, quand même…, il faut avouer que ça a du panache…
Et la con-versation reprend…., le multimilliardaire lui susurrant :
– Dès le Ier siècle après J.-C., Sénèque écrit : “Tous les hommes recherchent le bonheur”… Le bonheur est-il revendiqué depuis toujours, ou sa quête effrénée est-elle symptomatique de notre époque ?
– Les gens ont toujours cherché le bonheur, mais pas toujours avec la même intensité. L’époque contemporaine se caractérise par la recherche immédiate et permanente du bonheur par le bien-être, notamment dans les relations amoureuses. Malheureusement, cet état de bonheur permanent est impossible à atteindre. Les gens sont donc déçus et se séparent. Les gens modernes ne sont pas préparés aux périodes ordinaires de la vie, ils ont du mal à affronter les périodes tristes, grises, quotidiennes dans lesquelles le plaisir doit retrouver des forces. L’un des problèmes du bonheur de bien-être est l’excès dans l’attitude d’attente: plus l’espoir d’une vie positive est grand, plus il devient difficile de vivre avec une réalité négative. L’autre problème que pose le bonheur du bien-être est la minimisation de la douleur qui débouche sur une tentative visant à l’éliminer : les douleurs doivent disparaître de la vie humaine. Vouloir les évacuer peut cependant mener non seulement à la perte de l’expérience du contraste qui, seule, rend le plaisir sensible, mais aussi à la perte totale des points de repères dans l’existence. Toutefois, les guides du bien-être se multiplient et le thème du bonheur est devenu un véritable marronnier dans les médias.
– Etre heureux est-il devenu une injonction morale ? Peut-on parler de tyrannie du bonheur ?
– Oui, on peut effectivement parler de tyrannie du bonheur. La plupart des thèses et articles sur le bonheur ne précisent pas qu’il ne peut être présent tout le temps. Ils taisent qu’il est également possible de rencontrer le malheur dans le bonheur. Dans l’ère moderne, le manque de bonheur n’est pensable que comme une sorte de maladie qui doit être soignée par tous les moyens sous peine de mort, avant tout de mort sociale, car personne ne veut avoir autour de soi des gens qui n’ont pas la pêche. Il est toutefois possible que cette conception du bonheur rende justement malheureux, voire malade. Les gens peuvent tomber malades en raison de concepts qui fixent à l’existence des normes tellement élevées que la vie, face à elles, est condamnée à l’échec. La notion moderne de bonheur est l’une de ces normes qui poussent systématiquement les gens dans le malheur.
– Dans le rapport sur le classement du bonheur par pays, il est précisé que les plus heureux gagnent plus d’argent. L’obsession du bonheur est-elle liée au fonctionnement de l’économie ? Sans verser dans la théorie du complot, celle-ci est-elle entretenue volontairement pour nourrir la société de consommation ?
– Je ne suis pas contre la recherche du bonheur dans la consommation. Mais pourquoi oublier les gens malheureux ? Eux aussi ont besoin de produire. C’est également bon pour l’économie.
– Très longtemps, le bonheur a été proscrit et la foi voulait qu’il ne puisse être trouvé que dans l’au-delà. La recherche du bonheur durant son existence n’est-elle pas un progrès malgré tout ?
– D’une certaine manière, la représentation du bonheur comme bien-être vient de la représentation du paradis où les gens sont censés être totalement heureux dans l’éternité. L’individu moderne voudrait le paradis sur terre tout de suite et maintenant . Cela ne fonctionne pas comme ça. Le paradis est toujours dans l’au-delà, jamais ici…
Voilà, voilou… @ pluche…