Trump : America first !
L’industrie automobile américaine ou l’incroyable tromperie de Donald Trump !
Par Marcel PIROTTE
Le locataire de la maison blanche rue à nouveau dans les brancards et ce de manière inquiétante tant pour l’avenir du commerce mondial que pour la pérennité des entreprises américaines !
Après mis ses menaces à exécution depuis le 1er juin dernier de taxer les importations d’acier et d’aluminium à hauteur de respectivement 25 et 10 % en provenance de pays asiatiques mais également de l’Europe sans oublier ses voisins directs que sont le Canada ainsi que le Mexique, ce dossier prend des dérives très inquiétantes au niveau mondial.
Mais ce n’est encore rien à côté de ce que mijotent Trump et son administration de s’en prendre désormais à l’ensemble de l’industrie automobile européenne et asiatique.
Brandissant le spectre de taxer les voitures importées aux States à hauteur de 25 %, car en fait “elles menacent la sécurité nationale américaine”…
Des propos tenus par ce multimilliardaire de président, passionné de belles voitures étrangères ( il possède dans sa collection une Mercedes SLR, une Lamborghini Diablo VT, deux Rolls Royce dont une Silver Cloud de 1956, une Mercedes Maybach Pullman de 2016 et une Mercedes SLR…) absolument farfelus, fantaisistes, simplistes à l’extrême, mais qui cachent en fait une autre et dure réalité : la perte de compétitivité de l’industrie automobile américaine face à ses concurrents européens ou asiatiques qui eux font beaucoup mieux tant au niveau de la technologie, de la qualité, de la fiabilité et surtout du service après-vente.
En fait avec ces nouvelles déclarations assorties de menaces, Trump veut absolument rassurer ses “fabuleux constructeurs US”, une de ses expressions favorites, à mourir de rire et par la même occasion ses électeurs, mais certains analystes et spécialistes ne sont pas dupes, le message est tout simplement biaisé.
De plus, taxer les voitures étrangères dès leur entrée sur le sol américain, cela pourrait lui revenir (à Trump bien évidemment) par la voie d’un boomerang lancé à pleine vitesse au beau milieu de la tête, cela lui ferait sans doute très mal tout en espérant que son cerveau comprenne enfin que gérer un tel pays que l’Amérique n’a rien de comparable avec la construction d’immeubles et de tours les plus hautes.
Cela provoquerait également à terme un véritable tsunami sur les exportations de voitures “made in USA” et à fortiori sur l’emploi aux Etats-Unis.
Décryptage d’un dossier tout simplement explosif !
Petit regard dans le rétroviseur pour mieux comprendre ce dossier.
Dès le début de ce nouveau siècle, l’automobile américaine est en perte de vitesse.
Entre 2000 et 2008, le secteur a perdu plus de 50 % de ses effectifs, la part du marché domestique des “Big Three” (General Motors, Ford et Chrysler) est passée de 65 à 48 % alors qu’en 2007, Toyota ravit la première place de constructeur mondial à GM et celle de second à Ford sur le marché américain.
En fait, ces trois grands fabricants n’ont pas su s’adapter aux nouvelles exigences du consommateur moyen américain qui au sein des constructeurs étrangers y trouve son bonheur avec notamment des véhicules hybrides, des moteurs de faibles cylindrées consommant peu… et surtout l’incroyable fiabilité qu’il ne retrouve plus dans les constructeurs locaux.
En fait, après le second choc pétrolier de 1979, les constructeurs japonais se sont rués à l’assaut de ce marché américain gigantesque, les constructeurs locaux n’ont rien vu venir, restant fidèles à leurs gros V6 et V8 grands consommateurs de carburant, protégeant leur industrie automobile dominée par le tout-puissant syndicat UAW ( United Auto Workers ) qui depuis les années cinquante fait la loi, octroyant du même coup des privilèges énormes au niveau des retraites, des soins de santé et autre protection sociale qui coûtent les yeux de la tête aux constructeurs américains.
Un véritable âge d’or, l’eldorado automobile du côté de Detroit, ça ne pouvait plus durer !
Les consommateurs ont aussi acheté massivement à crédit, à des taux proches de zéro, cela va leur jouer de bien vilains tours.
Avec en prime des modèles américains médiocres au niveau de la qualité, je pense à ces petites familiales Saturn proposées par GM qui ne valaient pas tripette ainsi qu’à une certaine Ford Pinto, elles arrivaient tout juste à la cheville de modèles produits à l’époque dans les pays de l’Europe de l’Est, c’est tout dire.
En entretenant en plus des réseaux de concessionnaires pléthoriques, les Big Three n’ont fait que retarder l’échéance alors que leurs usines utilisaient des ouvriers nettement plus âgés et surtout moins flexibles.
Dans les “factories” des Big Three, le coût horaire d’un ouvrier est d’environ 59 dollars… et de 35 chez Toyota !
Il n’y a pas photo.
C’est dans ce contexte que les différents boss des Big Three ont posé leurs jets privés sur le tarmac d’un des aéroports de Washington au cours de l’année 2008 afin d’aller quémander de l’argent au gouvernement fédéral.
La presse américaine s’est littéralement déchainée contre ses patrons qui n’avaient toujours rien compris…, du coup, ils ont été priés de réduire leur train de vie et de faire profil bas.
Alors que Ford s’en tirait de justesse sur ses fonds propres, GM et Chrysler au bord de la faillite sont allés tendre la main au Président Obama…, tout en se mettant sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites, c’était la solution la plus simple visant à réorganiser ces deux entreprises, GM dépendant à 60 % du gouvernement fédéral américain et Chrysler prié de trouver au plus vite un repreneur, ont été obligés de réduire leur dette, leurs réseaux de concessionnaires et leur cout du travail sans oublier la fermeture d’une vingtaine d’usines et 30.000 nouvelles suppressions de postes.
Avec 85 milliards de dollars prêtés par le Trésor américain qui avec les intérêts ont permis de réaliser une belle plus value, GM et Chrysler évitaient la faillite mais le mal était fait et bien plus profond qu’on ne l’imaginait.
Dix ans plus tard, l’automobile américaine a-t-elle changée, s’est-elle adaptée ?
Pas tellement !
Si l’on voulait résumer brièvement la situation, les constructeurs américains ont en fait renoué avec leurs vieux démons, ne sachant pratiquement construire aux States que de très gros pick–up et d’imposants SUV’S à moteur V6 ou V8.
Avec cependant l’une ou l’autre exception comme les voitures de sport ou GT du nom de Corvette, Camaro ou Mustang…, une dure réalité qui n’a pas fait progresser la technologie d’un iota, au contraire, l’administration Trump veut relever les seuils de pollution automobile.
General Motors qui l’an dernier a vendu 9,6 millions de véhicules dans le monde, s’est séparée de marques emblématiques et locales comme Oldsmobile, Pontiac, Saturn, Hummer, alors qu’à l’étranger, elle a littéralement sacrifié la marque suédoise Saab, pompant au passage toute sa technologie turbo ainsi que la maitrise de la traction avant alors que tout récemment, elle a jeté l’éponge face aux pertes abyssales d’Opel, entré dans le giron de la GM en 1929, racheté par le groupe français PSA.
Les activités d’assemblage de Holden en Australie ont aussi été supprimées, ne subsiste que la partie commerciale alors que cette marque emblématique du continent australien qui occupait durant de très nombreuses années la première place est reléguée loin derrière les constructeurs nippons.
Aux Etats-Unis, la marque Chevrolet est avant tout très rentable grâce aux très nombreux SUV’s de haut de gamme qui inondent le marché sans oublier le pick up Silverado vendu l’année dernière à plus de 660.000 exemplaires.
Avec la Bolt, Chevrolet fait une entrée remarquée au sein de la voiture électrique mais avec seulement 25.000 ventes, ce n’est pas encore très rentable.
Ses modèles familiaux compacts sont eux étroitement dérivés de modèles conçus en Europe ainsi qu’en Corée, un héritage de la marque Daewoo aujourd’hui disparue au profit de Chevrolet sans oublier des dérivés de modèles Opel !
Heureusement que les versions GT Corvette et Camaro (33.000 et 75.000 ventes en 2017) témoignent du passé sportif de GM, mais elles sont pratiquement inconnues en Europe, respectivement 600 et 1.600 ventes sur le vieux Continent.
A ce propos, la Corvette est assurément la voiture de sport par excellence de la production américaine…, moins chère mais nettement plus fiable que ses concurrentes huppées, Ferrari, Maserati, Aston…, elle pourrait leur en remontrer à l’occasion.
Dans le cas de la Camaro, GM a fait une très bonne action en la réintroduisant en 2011 sur le marché européen, mais à l’inverse de la Ford Mustang (un succès sur toute la ligne), la Camaro n’a pas poursuivi sur sa lancée.
On se demande un peu à quoi sert GM Europe basé à Zurich alors que sa mission devrait être de booster sur le Vieux Continent les ventes de Corvette, Camaro et de Cadillac… et pourquoi pas de Buick en plein renouveau !
Quant à Cadillac, la marque de prestige US par excellence, en progression de 15 % par rapport à 2016, elle aura vendu dans le monde un peu plus de 355.000 modèles, le marché chinois étant très demandeur où il fait mieux que sur le sol américain.
En Europe un peu plus de mille Cadillac ont été vendues l’an dernier, peanuts.
Quant à Buick, ses ventes ont été boostées à 1,4 millions d’unités, les SUV’S occupant la plus grande part de ses ventes.
A noter qu’avec quatre millions de véhicules fabriqués en Chine, GM fait mieux que sur le territoire national où elle en a écoulé un peu plus de trois millions d’unités.
Le monde à l’envers d’autant que certains modèles, la Cadillac CT 6 Hybride de très haut de gamme ainsi que la Buick Envision sont uniquement fabriquées en Chine pour ensuite être réexportées vers les Etats-Unis.
Cela doit faire plaisir à Trump…
Quant à Ford, 6,3 millions de véhicules vendus l’an dernier, ses dirigeants financiers sont un peu à mettre dans le même sac que ceux de General Motors, ils ne savent pas compter car à chaque revente de marques étrangères passées dans le giron Ford, l’entreprise à l’ovale bleu y aura laissé de fameuses plumes, des pertes abyssales !
Cela a été le cas avec Land Rover et Jaguar, deux marques acquises en 1989 avec Jaguar ainsi qu’avec Land Rover rachetée en 2000 à BMW.
Elles ont été revendues à perte près de dix ans plus tard à l’indien Tata qui aujourd’hui en a fait un groupe “premium”.
C’était la meilleure chose qui puisse leur arriver, aujourd’hui le groupe Land Rover Jaguar se porte comme un charme !
A Detroit, impossible également semble-t’il de gérer à distance des filiales européennes…, autre acquisition, celle de Volvo cars en 1999, Ford a déboursé plus de six milliards de dollars pour racheter la division voitures au holding Volvo…., pour la revendre dix ans plus tard au groupe chinois Geely contre 1,8 milliards de dollars, aucun commentaire sur cette perte historique.
Après avoir crée le “premium Group” englobant les marques Jaguar, Land Rover, Volvo et Lincoln, Ford y inclut Aston Martin rachetée en 1987 mais revendue dix ans plus tard, n’ayant pas su sortir cette marque mythique de son isolement britannique alors que les chiffres de production étaient et de loin déficitaires.
Aux States, Ford peut s’appuyer sur son expertise européenne afin de créer des modèles Fiesta et Fusion adaptées spécialement aux normes US, mais réalise surtout des bénéfices très rentables avec de très gros SUV’S ainsi que son fameux pick up F 150, leader mondial des ventes de voitures en 2017 avec plus d’un million d’unités au compteur.
Chez nous, la voiture US par excellence a été un retour en force de la Mustang d’une toute nouvelle génération bien adaptée aux acheteurs européens avec notamment un étonnant quatre cylindres 2,3 l Ecoboost, mais rappelons que la marque Mercury est elle aussi passée à la trappe et que seule la division de prestige Lincoln fait un peu mieux que se défendre, mais avec 175.000 unités vendues dans le monde, cette marque a perdu de sa superbe, sa splendeur fait désormais partie du passé.
Et le groupe FCA, Fiat Chrysler Automobile ?
En fait, il n’est plus tout à fait américain dans la mesure où ce groupe a son siège social aux Pays-Bas et son siège financier à Londres, mais pour cause de Brexit, ça devrait changer à brève échéance.
Pour les constructeurs typiquement américains, mieux vaut donc évoquer les “Big Two” que sont GM et Ford.
FCA n’est pas facile à gérer malgré l’habileté d’un Sergio Marchionne qui depuis 2004 manage ce grand machin…, cet italo-canadien, un habile financier à moins que ce ne soit un joueur de poker très chanceux, n’hésite pas à annoncer des objectifs de ventes qu’il ne parviendra pas à tenir.
Qu’à cela ne tienne, les boursicoteurs l’adorent, le vénèrent, la famille Agnelli aussi, il ne peut rien lui arriver sauf de quitter la groupe l’année prochaine par limite d’âge.
Son coup le plus habile avant l’introduction de Ferrari en bourse, c’est le rachat du groupe Chrysler pour une somme tout à fait dérisoire, du moins à l’échelle d’un aussi grand constructeur automobile : 4,3 milliards de dollars, c’est donné.
En 2017, FCA a vendu dans le monde 4,74 millions de véhicules issus de pas mal d’usines un peu plus de 130 disséminées aux quatre coins de la planète.
Mais ce chiffre n’inclut pas Ferrari qui l’an dernier a vendu 8400 voitures de sport et dont l’action en bourse a plus que doublé depuis 2015, la capitalisation boursière de Ferrari dépasse actuellement celle du groupe FCA tout entier, du jamais vu et depuis peu Ferrari est le champion des marges, plus de 32 % sur chaque voiture vendue !
Aux Etats-Unis, la marque Chrysler n’est pas en très grande forme, à peine 200.000 unités reposant sur une vieille berline 300 remise au goût du jour, sans oublier la version modernisée du monospace Voyager Pacifica qui ne parvient pas à décoller.
Heureusement qu’il y a Jeep pour mettre du beurre dans les épinards, un peu plus de 1,4 millions de “recreational Vehicle” vendus dans le monde, cette année avec la venue de Compass et de la nouvelle Wrangler, cela devrait repartir de plus belle.
Dodge a aussi réussi à écouler 579.000 grands SUV, mais également 692.000 gros pick–up du genre RAM.
Mais pourquoi diable, le management ne pense-t’il pas à une version “une tonne” de ce pick-up qui pourrait être développée par Dodge RAM et vendue en Europe ainsi que dans les pays émergents ?
Aujourd’hui, Mitsubishi perçoit des royalties sur une version légèrement remaniée de son L200 vendu en Europe sous le nom de Fiat Fullback.
En Europe, Fiat sauve les meubles et fait mieux que se défendre avec 1.520.000 modèles 500, Tipo, Panda et autres versions Abarth à raison de 25.000 unités.
Les deux marques convalescentes italiennes du groupe FCA, Maserati et Alfa commencent enfin à retrouver des couleurs, Maserati occupe le terrain avec 45.000 unités, un petit SUV dérivé de l’Alfa Stelvio devrait venir compléter la gamme de même que des versions sportives coupé et roadster de la nouvelle Alfieri.
Alfa double ses chiffres de 2016 avec Giulia et Stelvio, finissant 2017 avec 115.000 unités au compteur.
Dernièrement, le boss vient d’annoncer la venue de versions sportives 8C et GTV mais la gamme MiTo va passer à la trappe alors que Giulietta serait revue à brève échéance, un coupé Giulia serait aussi prévu mais pourquoi pas un break ?
Marchionne veut aussi faire de Maserati et Alfa des marques très rentables dotées de marges importantes, mais il ne faudrait pas perdre trop de temps…
Les voitures américaines n’ont pas tellement évolué au niveau technologique, les belles promesses de 2009 se sont vite envolées.
Tout au plus GM a bien lancé des véhicules hybrides avec Chevrolet Volt et sa cousine Opel Ampera mais commercialement, ça n’a pas pris.
L’entreprise tente de se refaire une nouvelle santé avec Bolt mais il faudra du temps pour convaincre la clientèle américaine qui s’est pourtant ruée sur les modèles hybrides Toyota, Lexus et Honda.
Ford avait de beaux projets quant aux voitures électriques mais on n’a pas vu venir grand-chose.
En revanche, un tout nouveau constructeur automobile, Tesla est venu jeter le trouble en 2003, produisant de manière assez révolutionnaire des modèles électriques qu’il vend très cher, beaucoup trop cher mais soutenus dans pas mal de pays par des incitants fiscaux.
Cette entreprise qui ne parvient toujours pas à tenir ses engagements donne l’impression d’avoir été bâtie sur du sable et qu’elle jongle un peu trop avec la bourse…, ce qui fait hurler tous les cabinets spécialisés qui prédisent à court terme une faillite pure et simple.
Jalousie ou intox, l’avenir nous le dira mais avec seulement une production un rien supérieure à 100.000 unités l’an dernier, Tesla ne fait vraiment pas le poids à côté d’autres fabricants chinois de voitures électriques.
En revanche, l’aventure Tesla a été bénéfique dans la mesure où elle a obligé tous les grands constructeurs de la planète à électrifier leur gamme à brève échéance.
Le patron de Tesla, Elon Musk, peut aussi remercier VW et son fameux “diesel gate” d’avoir provoqué à court terme la mort du diesel sur les voitures particulières alors qu’il n’a jamais été aussi propre… mais le mal était fait, difficile pour les politiciens de changer d’avis.
Et certains pays d’encourager par des incitants fiscaux la vente de ces Tesla électriques dont les prix élevés ne justifient vraiment pas une technologie somme toute assez basique : deux ou quatre moteurs électriques, pas de boîte de vitesse, un châssis quelconque, quatre roues motrices, des aides à la conduite que l’on trouve partout ailleurs tout comme les systèmes multimédia, bref, c’est le minimum syndical au niveau technologique, on a déjà vu mieux.
Mais comme c’est dans l’air du temps et que ces voitures ne rejettent aucune pollution, les politiciens ont fait leur devoir…, sans trop se poser de questions sur la provenance de l’électricité qui doit recharger les batteries toujours assez couteuses il est vrai, mais de nouvelles avancées technologiques devraient sérieusement faire baisser les prix.
L’an dernier, plus de 17,2 millions de véhicules ont été vendus aux Etats-Unis dont un peu plus de 8,7 millions ont été importés (ce qui aurait fait perdre quelque 120 milliards de dollars à l’industrie automobile américaine) principalement de ses voisins directs, le Canada ainsi que le Mexique qui produisent à raison de 22 % des voitures de conception américaines mais également du Japon sans oublier l’Europe mais également la Corée du sud.
Alors que depuis le début de cette année, la part des voitures produites et vendues aux USA n’arrêtent pas de baisser pour se stabiliser à 50 %, les “Big Three” réussissent tout de même à ce que pas mal de voitures vendues par leurs concessionnaires ont bel et bien été fabriquées sur le sol américain, à raison de 80 % pour Ford, 60 % pour GM et seulement 55 % pour le groupe Fiat-Chrysler.
Mais il n’y a pas que les constructeurs automobiles américains qui produisent aux States, il y a tous les autres.
En gros, 8,5 millions de véhicules ayant été assemblés sur le sol américain en 2017 dont 3,38 millions rien que pour les constructeurs nippons.
Avec en tête de liste, le groupe Toyota qui grâce à 36.000 personnes travaillant dans ses dix usines produisent 1,2 millions de véhicules tout en vendant sur le sol américain plus du double, soit 2,43 millions d’unités.
Chez Toyota, la pilule passe d’autant plus mal que ce géant nippon qui dispose de 1.500 concessionnaires US tout en occupant 136.000 employés de Los Angeles à New-York vient de s’associer avec Mazda afin de produire dès 2021 quelque 300.000 véhicules chaque année dans une onzième usine située en Alabama.
Derrière Toyota, Honda ne fait pas non plus dans la dentelle, quatre usines ont permis l’an dernier de fabriquer quelque 1,24 million d’unités vendues aux Etats-Unis, mais comme la demande dépasse l’offre, il a fallu importer 400.000 Honda supplémentaires en provenance du Japon et de la Chine.
Le troisième larron japonais n’est autre que Nissan qui avec deux usines a produit l’an dernier un peu plus de 939.000 unités tout en vendant aux States un peu plus, 1,6 million de véhicules tous modèles confondus…, en y ajoutant Infiniti, la marque de prestige de Nissan.
Il n’y a pas que les Japonais qui fabriquent sur le sol américain. Il faut aussi compter sur les européens qui ont assemblé 800.000 unités en 2017…, avec le champion toutes catégories, BMW qui dans une seule méga-usine située en Caroline du sud réussit à produire plus de 370.000 SUV de haut de gamme, vendant sur le sol américain quelque 305.000 unités, tous modèles confondus.
Mercedes n’est pas loin non plus, trois usines y ont assemblé quelque 286.000 unités mais plus de 337.000 modèles “premium” ont été écoulés aux Etats-Unis.
VW, empêtré sur le sol américain dans son affaire du “diesel gate”, possède une usine située dans le Tennessee d’une capacité de 150.000 unités par an (chiffres de production non communiqués) et réussit tout de même à vendre l’an dernier près de 340.000 versions.
Quant aux autres marques “premium” allemandes du groupe VW, si elles ne possèdent pas d’usines aux States, elles ont pourtant réussit à vendre à des clients hautement satisfaits quelque 226.000 Audi, mais également quelque 55.500 Porsche, à la grande fureur de Trump qui constate que les constructeurs américains ne peuvent faire aussi bien.
Que représentent en effet les marques “premium” américaines Cadillac et Lincoln face à des voitures allemandes de très haut de gamme, Mercedes, Audi, BMW, Porsche misant sur un contenu technologique que seul les ingénieurs d’Outre-Rhin sont les seuls à proposer ?
Entre finalement une Lincoln Navigator V6 de 450 chevaux ainsi qu’une Porsche Cayenne V6 3 l de 440 chevaux, que faut-il choisir ?
Deux SUV de haut de gamme !
Les acheteurs ont donc le choix entre un “véritable light truck” 5/7 places de 5,33 l de long pesant au bas mot 2,7 tonnes animé par un V6 turbo 3,5 l de 450 chevaux avec boite auto 10 rapports ainsi qu’une Porsche Cayenne V6 3 l turbo de 440 chevaux de 2 tonnes avec là aussi une transmission intégrale permanente et boîte robotisée 7 rapports.
Entre les deux, aucune comparaison possible !
La Lincoln, c’est un véritable camion à conduire mais elle en impose, la Porsche Cayenne, c’est un SUV de sport qui puise ses racines dans une certaine 911, avec en prime des capacités “off road” insoupçonnées !
A vous de choisir …
Tout en ne laissant pas de côté pas Jaguar, Land Rover mais également Volvo qui eux aussi proposent des modèles haut de gamme très prisés par une certaine élite américaine.
Et ça, Trump ne parvient pas à le digérer, tout comme d’ailleurs les marques nipponnes et coréennes qui écrasent tout sur leur passage, se voulant moins chères, plus fiables, consommant moins que les réalisations américaines comparables.
Il suffit de suivre l’un ou l’autre feuilleton américain, on ne voit pratiquement que des voitures étrangères.
A New-York, les taxis “Yellow cab” au nombre de 13.000, les antiques Checker et autres Ford Crown Victoria, ont depuis longtemps déjà été remplacés par des monospaces asiatiques et à l’avenir on verra de plus en plus de Nissan NV 200 électriques.
Les seuls organismes à encore utiliser des véhicules américains sont bien évidemment les instances fédérales ( ça serait la fin des haricots ), comme le FBI avec leurs gros GMC noirs, les différents corps de police qui ont l’obligation d’acheter des produits US…, et bien évidemment le Président qui roule en Cadillac blindée, the Beast, la bête, basée sur un châssis de camion, elle pèse 8 tonnes et n’atteint même pas 100 km/h en pointe, tout cela avec un V8 de 445 chevaux.
Quant je vous disais que l’industrie automobile est en perte de vitesse…, même la voiture du Président n’avance pas !
Avec l’aide des constructeurs étrangers, les exportations automobiles US ont carrément doublé durant la période de 2009 à 2017, passant de 74 milliards à plus de 150 milliards de dollars tout en générant un peu moins de 800.000 emplois.
Et ce n’est pas fini puisque Volvo envisage lui aussi d’implanter une usine aux States tout en mettant en garde le gouvernement américain de retarder ou de supprimer sa mise en œuvre s’il persistait dans cette voie.
Notons enfin que les voitures fabriquées en Europe doivent acquitter des droits de douane de 2,5 % sur le sol américain alors que les véhicules américains exportés vers l’Europe sont taxés à hauteur de 10 %…, ce qui aurait en plus provoqué la fureur de Trump qui ne mesure pas toutes les conséquences de taxer les voitures étrangères à raison de 25 %.
D’autant que l’industrie automobile américaine ne demande strictement rien et que pendant ce temps-là à Pékin, on vient de réduire de 10 % les droits de douane sur les voitures étrangères, passant de 25 à 15 %.
En fait, Trump réaffirme son slogan “America first” mais du coup se tire une balle dans le pied.
Avouez que pour un Président soutenant ouvertement le lobby des ventes libres d’armes dans n’importe quel magasin, ce n’est pas bon signe…
Marcel PIROTTE