1953 Cunningham C-3
Imaginez l’incompatibilité du moment présent où j’écris sur cette automobile dont vous n’en avez pas plus “à faire” que moi ! Nous sommes de plus en plus enfermés dans un horizon unique de l’histoire, entraînés vers l’uniformisation du monde et l’aliénation des individus à l’économie, condamnés à en ralentir les effets sans avoir de prise sur leurs causes. L’histoire apparaît d’autant plus souveraine qu’avec les réactions guerrières de ceux qui jouent nos vies dans un conflit, nous venons après 3 semaines de folies, de perdre l’illusion de nous gouverner nous-mêmes. Mais comme toujours, il faut réagir contre ce qui prend un air de fatalité alors que ces sortes d’évidences collectives sont éphémères.
Les forces qui travaillent à l’universalisation du monde sont si puissantes qu’elles provoquent des enchaînements de circonstances et de situations incompatibles avec l’idée des lois de l’histoire, a fortiori des prévisions possibles. Comprendre et expliquer le passé n’est déjà pas si simple. Coucher sur le papier ce qui se trame analytiquement dans le cerveau, c’est l’art de l’écriture, une façon d’aller à la rencontre de soi, seul ou en groupe, c’est un moyen de commenter l’inavouable des réalités inhumaines. Ça rend sauvage l’écriture, elle est en effet souvent associée à la douleur des autres et de soi-même, c’est paralysant pour certains, rédempteur pour d’autres.
Un mystère se produit quand quand mes doigts pianotent sur le clavier pour écrire. L’instant est alors sublime quand il est littéraire, salvateur et nécessaire ! Ahhhhhhhh ! Souvent sacralisée, l’écriture est aussi être un moyen simple d’aller mieux. Si publier une histoire n’est pas à la portée de toutes et tous, aligner ses pensées sur une feuille en aiderait plus d’un et une… J’en viens à la Cunningham C-3 de 1953 et je sais d’avance que ça va être trop long à lire pour les indolent(e)s et les tristes imbéciles qui agissent avant de penser. Je suis en accord avec moi-même en écrivant vulgairement “qu’on en a rien à foutre de c’te bagnole moche pour friqués-connards de merde”...
Il existe des magazines et sites-web’s qui “tournent à donf” parce qu’ils sont crétins, simplistes et brefs, même en commentaires minimalistes, ceux-ci sont pré-hachés et mâchés en légendes-photos ! Sous une jante, il y est indiqué “jante”, pareil d’un volant et de tout ce qui constitue la voiture présentée. Question essai, il se résume à résumer (sic !) que c’est “super” et que les accélérations sont “fabuleuses”… Je n’y arrive pas, il m’est impossible de tomber si bas dans la fange ! C’est donc, pour les illétré(e)s le moment de vite “mater” les photos et d’aller faire pareil ailleurs. Merci aux autres… e texte leut est donc dédié, réservé, avec tous les honneurs. Installez-vous confortablement, ça commence ici…
La Cunningham C-3 n’avait strictement aucune autre utilité que d’avoir été imaginée puis construite par Briggs Swift Cunningham II, né le 19 janvier 1907 et mort le 2 juillet 2003. Il était un joueur de tennis très compétitif, le “freineur” de l’équipe olympique de bobsleigh, un skipper-marin-navigateur, pilote et propriétaire-constructeur d’automobiles de course. Il a débuté en compétition automobile dans les années 1930 et commencé la construction de voitures de sport dans les années 1940. Il s’est fait connaître par la mise au point de combinaisons de constructions hybrides (un moteur d’une marque et un châssis d’une autre). Ses premiers honneurs sont arrivés lors de l’épreuve inaugurale du Grand Prix de Watkins-Glen avec une seconde place en 1948.
Exalté par ce succès, alors qu’il n’en avait aucun autre que de vivre dans l’aisance, son but sera alors de participer aux 24 Heures du Mans et d’y faire gagner une équipe américaine avec des pilotes américains. Sa première participation aux 24 Heures du Mans a lieu en 1950 mais ses “Fordillacs” d’apparence Cadillac avec des moteurs Ford sont refusées par l’Automobile Club de l’Ouest et remplacées par des Cadillac à moteur Cadillac. La première voiture, un Coupé de Ville, termine 10e et la seconde, un prototype surnommé “Le Monstre”, termine 11e. Entre 1951 et 1955, Briggs Cunningham obtient deux troisièmes places en 1952 et en 1954, une quatrième place en 1953, et une cinquième place en 1955.
Malgré un grand professionnalisme et énormément de dollars dépensés, l’écurie ne remportera jamais l’épreuve. Mais, durant la même période, les victoires s’enchaînent sur le sol américain avec huit victoires au Grand Prix de Watkins Glen entre 1951 et 1962, dont celle de Briggs Cunningham lui-même, en personne, au volant en 1952… et trois victoires aux 12 Heures de Sebring consécutives entre 1953 et 1955. Un hommage sera rendu à ses trophées en nommant “Le Cunningham” l’un des virages du circuit de Sebring… Grâce à John Fitch il avait préalablement obtenu le tout premier titre du championnat Sport de la SCCA 1951, toutes catégories, Fitsch s’imposant ensuite lors des 12 Heures de Sebring 1954 grâce à Cuningham sur l’une de ses voitures.
Entre autres pilotes ayant encore évolué dans son écurie sont à citer Phil Walters (2 victoires à Watkins Glen, 2 autres à Sebring), Walt Hansgen (triple victoire consécutivement en championnat Sport SCCA pour la catégorie C-modifiée, et 4 victoires à Watkins Glen, dont 3 pour Cunningham), Bill Lloyd (1 victoire à Sebring), Sherwood Johnston (1 victoire à Watkins Glen), Charles Moran (championnat SCCA Sport 1955 de catégorie B-modifiée), Augie Pabst (Road America 500 1961), et pour l’Angleterre Stirling Moss et Mike Hawthorn, tous deux vainqueurs à Sebring. Nota : Cunningham s’était auto-sacré (lui-même, en personne, sic !) “LE” Champion des États-Unis des voitures de sport SCCA en 1954 dans la catégorie F-modifiée…
Nous en arrivons donc (enfin) à ce que je vous cause de la C-3 dont les photos sont partouzes dans cet article que je m’en veux d’avoir débuté (car ça m’oblige à le terminer). Elle n’a jamais été conçue pour être rentable à fabriquer car outre que Cunningham était riche “de famille” sans qu’on puisse en savoir plus, ce qui suppose des “secrets-inavouables” que je vais mentionner ci-après ! La Cunningham C-3 a été créée pour répondre à l’exigence d’homologation de 25 voitures pour participer aux 24 Heures du Mans dont j’ai fait état ci-avant (excusez la complexification)… Donc, Cunningham était de l’avis de tous, un pilote de course incroyablement talentueux, également le fils d’un très riche financier milliardaire américain et héritier de la fortune de l’emballage de viande Swift.
Cela signifiait qu’il avait des fonds presque illimités pour poursuivre ses rêves de concourir au Mans dans une voiture américaine. Le Mans deviendra donc une obsession de toute une vie pour Cunningham. Il a participé à l’épreuve neuf fois de 1950 à 1963 avec un écart de quatre ans de ’56 à ’59. En 1950, il y a piloté la très inhabituelle Cunningham “Le Monstre” basé sur une Cadillac Série 61 avec une carrosserie personnalisée. Cela a amplifié son appétit pour la course avec ses propres voitures, il a donc fondé la B.S. Cunningham Company pour construire des voitures personnalisées spécifiquement pour la course au Mans. Il a ensuite piloté ses propres voitures au Mans en ’51, ’52, ’53, ’54 et ’55. Plus tard, il pilotera une Corvette et plus tard encore une Jaguar Type-E.
Pour courir au Mans, le règlement obligeait à fabriquer au moins 25 versions de production d’une voiture, une exigence d’homologation destinée à empêcher les gens de construire des prototypes extrêmes. Étant un homme de moyens, Briggs Cunningham a simplement fondé sa propre usine en tant que constructeur automobile et a construit les 25 voitures requises qui sont toutes encore comptabilisées et font parties de diverses collections, cotées actuellement au delà d’un million de us$. En bref ! La Cunningham C-3 a été développée pour répondre à la limite d’homologation de production minimale de 25 voitures pour participer aux 24 Heures du Mans. En fin de compte, il y aura cinq cabriolets et vingt coupés produits.
Cunningham avait établi sa nouvelle marque à West Palm Beach, en Floride. Le châssis “maison” a été achevé et envoyé à la Carrozzeria Vignale de Turin pour y faire monter/assembler les carrosseries conçues par le célèbre designer automobile italien Giovanni Michelotti. La C-3 n’a en réalité jamais été conçue pour courir, mais pour exister afin d’obtenir une homologation de course d’une autre voiture portant le même nom… C’est une escroquerie “légale à l’américaine” ditspécialisés dans ce genre d’entourloupes. Bien qu’il s’agisse d’une voiture dite “de haute performance” pour son époque avec une excellente maniabilité et une puissance “suffisante” fournie par le moteur V8 Chrysler Hemi qui a été réglé pour produire 220 chevaux (180cv en configuration d’usine).
Le style classieux de la C-3 lui a valu de nombreux fan’s qui ne pouvaient se permettre de l’acquérir pour les 10.000us$ de l’époque, soit l’équivalent de 200.000us$ en 2022. L’intérieur de la voiture était magnifiquement garni de cuir, il disposait d’un volant à bords en bois, d’une radio, d’un chauffage et d’une suite complète d’instruments logés dans un tableau de bord gainé de cuir. En tant que modèle spécial d’homologation, la Cunningham C-3 était destinée à ouvrir la voie à Briggs Cunningham et à son équipe pour remporter une victoire américaine au Mans, au volant d’une voiture construite aux États-Unis.
La C-3 a été construite sur un châssis “maison” de fabrication américaine, équipé de nombreux composants de voitures de production américaines d’époque, comme des pièces de suspension et de frein, des moteurs, des essieux et des transmissions. Cunningham a choisi d’utiliser le puissant nouveau V8 FirePower Hemi 331ci de Chrysler surmonté de quatre carburateurs Zenith à un seul corps. Dans la version de série de Chrysler, ce moteur produisait 180 chevaux, mais après une certaine attention des hommes de Cunningham, il produisait 220 chevaux avec 300 pi lb de couple, un chiffre de puissance prodigieux pour les années 1950. Une fois le châssis roulant terminé, celui-ci a été expédié chez Vignale en Italie, une entreprise de carrosserie qui avait également construit de nombreuses Ferrari dans les années 1950. Vous avez noté les similitudes entre les carrosseries de la Cunningham C-3 et de la Ferrari 212 Inter !
Une fois que Vignale a installé la carrosserie, la voiture a été renvoyée aux États-Unis pour être achevée et vendue, avec des prix variant d’un peu moins de 10.000 $ à plus de 13.000 $ US, bien au-delà de 100.000 $ en dollars américains de 2022. Cunningham et son équipe ont construit une version spéciale du V8 FirePower Hemi 331ci Chrysler avec quatre carburateurs Zenith à un seul corps qui produisait 40 chevaux de plus que le moteur d’origine. Malgré leur coût important, les 25 voitures ont été construites et vendues (cinq cabriolets et vingt coupés). Aujourd’hui, ces voitures se vendent généralement autour de la barre du million de dollars lorsqu’elles sont (rarement) mises en vente.
La voiture que vous voyez ici est un cabriolet Cunningham C-3 de 1953, acheté neuf par le collectionneur de livres rares Irving Robbins et présenté au Concours d’élégance de Pebble Beach en 1956, 1957 et 2015. Lorsqu’elle a été livrée pour la première fois aux États-Unis avec sa nouvelle carrosserie Vignale, cette voiture, châssis 5441, a été exposée chez Alfred Momo à New York. Quand Irving Robbins a acheté la voiture, il l’a échangée partiellement avec sa Cunningham C-2 endommagée en course. Au cours des années qui ont suivi, cette voiture a traversé trois collections privées très respectées, dont l’une a soigneusement restauré la voiture.
La fille de Briggs Cunningham, Lucie, achètera plus tard la voiture pour en profiter avec sa mère, et elle l’a présentée au Concours d’élégance de Greenwich en 2013. La voiture est restée en excellent état et elle à traversé le bloc d’enchères RM Sotheby’s le 5 mars 2022 , l’estimation était annoncée entre 900.000 et 1.200.000 $, elle a été vendue 1.215.000 $… NOTA : L’écurie de Briggs Cunningham fut une des premières à participer aux courses automobiles gagner avec des voitures blanches décorées de bandes bleues longitudinales depuis la calandre, en passant sur le capot et le coffre ! Ces couleurs ont été immédiatement considérées comme les couleurs nationales des États-Unis et seront reprises par Shelby !