1970 JAGUAR-E-BITURBO V8 Corvette LS2
Ni plus une automobile classique qu’un Hot-Rod-Kustom, cette Jaguar E-Type est dans la lignée typique des Street-Machines des années’70, et avec raison. Véritables classiques britanniques, les Jaguar E-Type sont le plus souvent fidèlement restaurées dans leur état primal en conservant leurs spécifications d’origine pour être conduites (et non pilotées) aussi calmement que possible aux normes de la Gentry. Etant iconoclaste par vocation, ce n’est pas vraiment mon affaire, mais chacun fait ce qu’il veut dans les limites de plus en plus restrictives de la vie en société, ce qui nous mène à faire le pas en avant exigé alors que nous sommes au bord du gouffre du puits sans fond de la bêtise humaine. Les évènement d’Ukraine que je ne commenterai pas ici, laissent présager le pire… Cependant, quoiqu’un ras-le-bol me submerge, c’est l’aspect ludique de réaliser un article “autre” qui m’amène à le tapoter avec le bonheur de déranger à la fois les purs et durs des Muscle-cars Yankees ET les inconditionnels des Anglaises de “bon-ton”.
Les lignes élégantes et classiques de la E-Type-Jag sont restées nettes, modernes et sportives, même selon les normes actuelles sous les contraintes de la guerre d’Ukraine et l’envolée du prix de l’essence. Mais ce n’est pas une E-Type ordinaire ! C’est probablement l’un des designs les plus évocateurs jamais construits, sur base duquel les limitations techniques britanniques traditionnelles des années 1960 amenaient à la fabrication de véhicules “ampoulés”, raides et chics… Certes, l’évolution des mœurs a amené les gens de Jaguar à modifier la version abâtardie de la E-Type en y positionnant un V12, mais cela n’en a pas pour autant transformé la belle en monstre de route. C’est avec cette lumineuse constatation en tête, qu’un fou a imaginé y placer un V8 de Corvette LS2 pour corriger quelques oublis d’ingénierie. Enzo Ferrari avait (réellement) dit à la première sortie de la Jaguar E-Type, bi-place, qu’elle était à ses yeux la plus belle voiture jamais fabriquée. La même en 2 + 2 avec le 6cyl en ligne a immédiatement perdu cette image pieuse et iconique qui ramenait son aura à une simple adéquation consumériste à destination des hypothétiques familles qui n’en avaient que faire…
La version V12 de la E-Type Coupé 4 places fut le début de la fin. Avec le temps passant inexorablement, les versions E-Type en 6cyl comme en V12 ne sont pas les plus recherchées ni cotées. Le héros de l’aventure que je vous narre, prénommé Geoff, s’est donc senti libre et relativement à l’aise de la mettre en pièces pour en faire une hybridation avec la mécanique plus “Fun” d’une Corvette LS2, un V8 6L0 équipé d’une paire de turbos Garrett GT2876R amenant à une puissance de 700cv. Des jantes Mazzi en 20×8 habillées de pneumatiques en 245/30 ont été positionnées avec l’appoint de freins à disques de Jaguar XJSV12 à 4 pistons. Une autre conception (astucieuse) concerne le réservoir de carburant permettant que la roue de secours (en 20X8) est cachée sous le faux plancher. Les aménagements intérieurs comprenant un écran tactile avec caméra de recul, la voiture a été reconçue pour s’adapter au moteur, l’étape suivante consistant à s’assurer que le conducteur était apte à s’adapter à la voiture ! Il est donc parti pour recevoir des cours de conduite avancés individuels. Un plan intelligent en effet, surtout si l’on considère le rapport puissance/poids insensé de son chef-d’œuvre rétrotech magnifiquement conçu…
Pourquoi la Jaguar E-Type a-t-elle encore autant d’impact aujourd’hui ? Est-ce parce que “Le Commendatore”, pépère Enzo Ferrari lui-même, l’appelait “La plus belle voiture du monde” ? Est-ce parce que son capot incroyablement long a souvent été considéré comme un moyen de compenser un manque d’érectibilité ? Le fait qu’elle soit devenue un emblème de la Grande-Bretagne des sixties, évoquant des coupes de cheveux hirsutes, les jupes courtes, la musique “casse-couilles” et des mœurs libérées, n’explique pas toutes les dérives ! Ou est-ce pour ses performances fulgurantes : 0 à 95 Kmh en moins de 7 secondes et une vitesse maximale de 240 Kmh ? Ou encore le fait qu’elle ait été élue voiture la plus sexy de tous les temps à de nombreuses reprises ? On pourrait presque croire que la E-Type est la voiture la plus marquante de l’histoire du monde et de Jaguar… Si vous n’êtes pas encore convaincus, voici 8 bonnes raisons d’adhérer au modèle.
1. Le Pep’s ! Il y a soixante et un ans, le 15 mars 1961, la toute nouvelle Jaguar E-Type était présentée au public lors du Salon de l’automobile de Genève. Jamais auparavant, et peut-être même depuis, une voiture n’avait suscité un tel enthousiasme. Les commandes se sont accumulées si rapidement que seuls les célébrités et les pilotes de course ont pu mettre la main sur un exemplaire. La E-Type avait en effet été développée par Jaguar en tant que voiture de route après les extraordinaires succès de la marque sur les circuits de course, en particulier les 24 heures du Mans, où les Jaguar C-Type puis D-Type ont remporté la victoire à cinq reprises dans les années 1950. La E-Type a un pedigree comme peu d’autres. Plus important encore, à son lancement, elle était classée sur le marché comme une voiture de sport de série relativement abordable (moins de la moitié du prix d’une Aston Martin et le tiers du prix d’une Ferrari). Vous auriez pu acquérir une E-Type pour 1.800 euros en 1961, à condition de ne pas hésiter à rejoindre la longue liste d’attente.
2. Une forme sensationnelle ! Sir William Lyons, était avant tout un homme d’affaires. Enzo Ferrari était davantage un fanatique de sport. Enzo Ferrari ne vendait ses voitures au public que pour financer ses courses, tandis que Lyons ne participait à des courses que pour promouvoir la qualité et la fiabilité de ses voitures destinées à la route. La E-Type est, en quelque sorte, le résultat des leçons tirées lorsque la D-Type et les prototypes E1A et E2A ont couru sur les circuits. Le designer en chef de Jaguar, le discret Malcolm Sayers, était un ingénieur aéronautique et un aérodynamicien qui s’était formé à la Bristol Aeroplane Company pendant la guerre. Il n’est pas difficile de voir l’influence de l’aérodynamique sur la forme sensationnelle de la E-Type qui avait été conçue à l’origine comme un Roadster (un véhicule décapotable à deux places, sans fenêtres latérales ou sans armatures de fenêtre, dont la mécanique et le design présentent des caractéristiques sportives), et c’est William Lyons lui-même qui a imaginé la version fermée du Coupé. On raconte que Lyons était dans l’atelier et regardait le modèle prendre forme avant de ramasser un long tube sur le sol, de le draper et de l’étendre du haut du pare-brise jusqu’à l’arrière de la voiture. Il s’est reculé et a dit : « Construisons-le ». Aujourd’hui, nombreux sont ceux, moi le premier, qui pensent que le premier coupé est le plus beau de tous les E-Type, mais il y aura toujours quelque chose de spécial à rouler le vent dans les cheveux, sur les routes de la campagne anglaise ou les autoroutes californiennes.
3. Elle est sportive et sophistiquée ! Au cours de ses treize années de production, la E-Type a été construite en trois séries distinctes. Certains insistent sur le fait que la première série, étant la première, est la plus pure et donc la meilleure. Au cours de la production de la première série, le moteur six cylindres d’origine a été agrandi, passant de 3,8 litres à 4,2 litres et la boîte de vitesses a été améliorée. Au cours des années suivantes, la E-Type a évolué d’une voiture de sport assez brute avec des liens évidents avec la D-Type vue sur les circuits, vers une voiture de grand tourisme plus confortable mais toujours sportive. Le plus grand changement est survenu en 1971, lorsque le robuste moteur 6 cylindres à double arbre à cames de la XK a été remplacé par un tout nouveau et très sophistiqué moteur V12 de 5,3 litres. La nouvelle série 3 de la E-Type était également plus longue, avait des passages de roues évasés et une nouvelle calandre chromée. La législation en matière de sécurité, principalement aux États-Unis, le plus grand marché de Jaguar, a commencé à altérer la pureté du design original, tout comme la crise du carburant sur les ventes. Il est intéressant de noter que pendant le boom des voitures classiques de la fin des années 1980, c’est le V12 de la série 3 de la E-Type qui était le plus prisé, alors qu’aujourd’hui les collectionneurs convoitent les tout premiers exemplaires. Jaguar a mis fin à la production de la E-Type en 1974 avec le lancement de cinquante éditions commémoratives.
4. Elle est plus abordable que n’importe quelle autre ! L’ironie du succès de la E-Type est qu’aujourd’hui, aussi belles et recherchées soient-elles-toutes, en termes de valeur, elles sont loin d’atteindre les 60 millions de dollars et plus qu’il faut pour acquérir la plus prisée de toutes les voitures de collection : la Ferrari 250 GTO. Seuls 36 exemplaires de la Ferrari 250 GTO ont été construits pour courir selon les règles de l’époque, alors que Jaguar a construit plus de 70.000 exemplaires de la E-Type série 3 sur une période de production de treize ans. La vraie question est donc la suivante : Si la E-Type avait été construite en nombre limité, quelle serait sa valeur aujourd’hui, ou, vice-versa, quelle serait la valeur d’une 250 GTO si Ferrari en avait fabriqué plus de 20.000 ? Les prix des E-Type destinées à la route varient entre 55.000 et 450.000 euros selon le modèle, l’état et la provenance. Les variantes de course et les exemplaires extrêmement spéciaux valent beaucoup plus. La légende veut que Cubby Broccoli, producteur de James Bond, ait initialement demandé à William Lyons d’utiliser la E-Type pour accompagner l’agent 007 dans ses aventures, mais ce dernier a refusé en disant que Jaguar n’avait pas besoin d’une publicité supplémentaire. L’Aston Martin DB5 est désormais la voiture la plus célèbre du monde !
5. De bons souvenirs (une maîtresse et un agent secret de bande dessinée) ! Cela fait maintenant plus de trente ans que je possède ma E-Type. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé les E-Type, depuis la première fois que je me suis assis et laissé conduire dans une à Londres (la Dame était effectivement superbe, l’amour dans le luxe rugissant)… Ensemble nous avons fait plusieurs voyages jusque dans le sud de la France. C’était “la macchina di Diabolik”, un agent secret élégant, tout de noir vêtu, personnage d’une bande dessinée italienne populaire qui conduisait une E-Type FHC. J’ai perdu la belle Dame de vue, elle m’a laissé sa E-Type en souvenir…
6. Un voyage pour les sens ! Même aujourd’hui, lorsque j’ouvre mon garage, j’ai une émotion furtive des jouissances vécues “à l’anglaise”. Une fois assis dans le siège en cuir souple, mes sens s’éveillent à des souvenirs de sexe pittoresques et d’aventures de lits. Le parfum du cuir de ses bottes et de l’essence d’une vie dissolue supplante les émois de la tenue de route, du changement des vitesses, les cadrans rappelant une pièce d’horlogerie de haute voltige, tout cela n’évoque que des bons souvenirs !
7. Ça vaut le coup ! Posséder sexuellement une femme “Cougar” c’est comme être l’esclave d’une Jaguar classiquement BDSM, c’est une joie ! Bien sûr, c’est parfois incommode financièrement, mais si on prend du recul pour apprécier les caractéristiques et les lignes parfaites, tout est pardonné. N’apprécions-nous pas les belles choses non seulement pour leur utilité de transmettre des émotions, mais aussi pour leur inutilité réelle ce qu’elles sont en elles-mêmes.
8. Sex appeal ! Alors qu’est-ce qui rend la E-Type si spéciale ? Son sex-appeal, tout simplement !