Essai Exclusif de l’Ukrainicab…
L’Ukrainicab est une “Three-Wheeler” (une micro automobile 3 roues), uchroniquement Slave, destinée à relancer dès 2023 l’industrie automobile à l’Ouest de la Grande Russie dans le Donbass maintenant libéré des hordes nazies qui persécutaient les populations Russophones depuis plus de 10 ans ! Son design fait référence à la célèbre ZAZ Zöliput de Zaporijjia ou l’Ukrainicab sera fabriquée dans l’usine Avtozavoda, L’Ukrainicab, c’est une nouvelle façon de circuler dans l’absurdité de notre monde. Une vague ondulatoire souffle en effet dans le design post-soviétique, un besoin de souplesse, de malléabilité et une vision abstractive qui a porté son créateur Vazistas Alamel à malaxer les courbes dans cette création, car on constate que mobilier, luminaire, textile et accessoires se parent de plus en plus de formes incurvées sur toute la planète extrapolée du nouveau style A-Tomik. Les confinements successifs ajoutés aux prises de têtes de Kiev auraient-ils provoqué des envies de grand large chez les designers de la mer noire ? Cela expliquerait le gaz dans l’eau et l’eau dans le gaz…
Actuellement, quel que soit le matériau utilisé, les meubles gondolent, les bougeoirs serpentent, les vases ondulent, les abat-jours virevoltent, les textiles s’impriment de lignes sinueuses couleur sang, le linge de table festonne et les sculptures ondoient. De la France à l’Australie, du Japon au Groenland, de la Chine aux USA, la tendance Ruskoff est générale. Déjà dès les années 40, on préférait les courbes sinueuses, les années 50 voyaient toute les créations se courber et les années Atomic débutaient dans un style explosif marquant toutes les créations. Entre l’Antiquité post-conflit des années 50 et la Renaissance néoclassique fin de siècle, les années 70/80 n’évoquent que d’obscures parenthèses moyenâgeuses mal aimées, dans le chaos des faillites et changements de propriétaires suite à divers déboires et à la corruption généralisée de l’Ukraine, sans autre perspective d’avenir que des replâtrages. Et pourtant, dans le macabre tourment de ces âges obscurs, il a été créé cet objet-d’art automobile dont les 100 premiers exemplaires seront une version luxe : “Les Vladimir”…
Mettant la raison en déroute, asséchant le verbe à force de tutoyer l’indicible, ne retenant pas le regard mais le saisissant violemment, l’étourdissement du premier abord surmonté, on reste ahuri devant l’audace insensée de son design impressionnant d’élans contenu. Ce fantastique engin, même immobile, semble être destiné à des voyages dans l’espace. La forme semble davantage destinée à surmonter une fusée tel un Sputnik sur sa rampe de lancement qu’à une rampe de parking souterrain. Libérée des contraintes castratrices de la grande série, cette œuvre est absolue, radicale, sans compromis, terriblement efficace dans sa pureté formelle. Elle n’aurait pu n’être qu’un divertissement de salon, vision naïve d’un futur fantasmé sur fond de conquête spatiale revisitée façon Star Trek Sputnikizé. Cela eut sans doute suffi à meubler l’espace merdiatique à moindre coût. Pourtant, elle ne s’évanouira pas dans la nature sitôt les lumières des shows militaires éteintes.
Après son atterrissage fracassant au salon de la soucoupe volante, reprogrammé sous peu car remis en cause de la guerre en Ukraine, les premiers clients pourront bientôt prendre livraison de leur nouveau bébé. A ce niveau de science sans fiction, seul Citroën dans ses plus fastes années Michelin aurait pu se permettre pareille fulgurance, et encore ! Cet OVNI est d’emblée promis à une longévité exceptionnelle ramenée à l’excentricité de la chose.
Un exemplaire a fini par échoir entre mes mains en suite d’un de ces essais (presque) imaginaires qui prolongent fatalement mes rêveries. Rien de tel pour une telle capsule intersidérale afin de rester en forme que passer le cap de l’année lumière au compteur. A peine installé sur le siège du capitaine Kirk, je me sens déjà dans l’antichambre du cosmos. Sous mes yeux, une galaxie de diodes électroluminescentes constellent un ciel de roman SF. Je cherche dans cette nuée d’astres étincelants de quoi rejoindre l’hyperespace en vitesse lumière.
Au hasard de mes tâtonnements sur d’étranges claviers tactiles s’illuminant sous mes doigts, des combustions de turboréacteurs ne fonctionnant qu’au Gaz Russe retentissent dans mon dos tandis qu’au dehors, les lumières de l’éclairage public se dissolvent en fines raies blanches à mesure que ma nef spatiale interstellaire s’arrache à l’attraction terrestre. A peine a-t-elle quitté l’atmosphère que l’ordinateur me somme de lui indiquer notre destination. C’est décidé, nous irons vers Washington sonder les mystères de l’univers dans le sillage de Kubrick et de l’énigmatique monolithe noir stocké dans l’arrière-cour de la Maison Blanche. La voix synthétique de Bidden me remercie et calcule l’itinéraire le plus sûr en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Ce serait dommage de risquer un impact d’astéroïde au prix du pare-brise. Au retour, je désactiverai le pilotage automatique et me mettrai en mode submarine, histoire d’aller pêcher une appétissante sirène dans les flots étincelants de Saint-Tropez.
Non content d’avoir fait du système solaire mon pré-carré de jardin, je ne me contenterai certes pas d’une simple tisane arrosée de Vodka avant d’aller au lit.
Trêve de bavardages. Le moteur me transporte déjà vers d’autres cieux, la route aux étoiles s’offre à moi. Alors que défilent les chars dans le rétroviseur, je saisis mieux le sens de l’adjectif anglais “eye-popping”. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les yeux leur en sortent des orbites, à ces braves gens. Ils n’ont jamais vu de vaisseau spatial planer à si basse altitude. Plus besoin d’aller dans une station-sévices pour effectuer le plein d’emmerdes, donc nulle crainte de raviver la haine des riches chez les collectionneurs, mais l’envie de tester les réactions humaines excite en moi la plus perverse curiosité. Surprise et consternation, l’Ukrainikab glisse dans le morne quotidien et les mines d’ordinaires ennuyées se muent en illuminations béates. Pas de regard en biais comme je le craignais, mais plutôt une expression déconfite consécutive au passage d’un OVNI. Les aliens, semble-t-il, échappent à la lutte des classes.
Les djeunes multiplient les “j’hallucine” dans la limite de leur vocabulaire formaté, les interchangeables sont scotchés alors que les habituels poireaux et péquenots tendent déjà le bras, appareil numérique au poing. Même les mômes dont on pouvait croire la curiosité intellectuelle à jamais annihilée par l’overdose de crétinisme et de Fake-News des merdias, n’ont d’yeux que pour cette apparition. Eux aussi voudraient faire un tour dans le cosmos, tant il est vrai que l’on a jamais été aussi bien sur Terre que dans l’Espace. Et après pareil choc, comment voulez-vous faire remonter la marmaille dans la bétaillère des Papas/Mamans ? Ma petite expérience accomplie, jubilant comme un gosse, j’ai filé dans l’hyperespace périphérique sous les regards médusés. On a beau dire, pour un engin conçu en pleine “Opération Spéciale” en Ukraine, la nommer “Ukrainicab” me semble en avance de quelques années lumières.