’73 Mustang, dernière année avant la Mustanguette…
1973, dernière année de la “vraie” Mustang, devenue pachydermique, lourde, mal finie, patraque, louvoyante, sautillante… et assez laide, comme une éléphante vue de dos qui va accoucher d’une nouvelle génération…, car 1974 verra l’arrivée d’une Mustanguette insipide, une pachydermique naine !
1974, année foutraque…, année pétrolifère…, un président français bouffi d’orgueil va en remplacer un autre gonflé à la cortisone…, le sortant citait Eluard dans ses conférences de presse, l’autre va jouer de l’accordéon et se faire photographier en slip de bain par Paris-Match…, affirmant aimer Mozart, Maupassant, les œufs brouillés, les myosotis, les actrices à taches de rousseur, les speakerines auvergnates, les éboueurs au petit matin et la démagogie galopante d’un monde qui vacille…
Joli programme en perspective…
BB n’ayant rien perdu de son sex-appeal…, elle aura juste 40 ans, tirera sa révérence au cinéma, tout en posant seins nus dans “Elle”…
1974, majorité à 18 ans et atmosphère d’ancien régime à l’Elysée…, 1974 sera une année érotique également…, une ingénue hollandaise va se déshabiller sur grand écran sur une musique de Pierre Bachelet : Mélodie d’amour chante le corps d’Emmanuelle…
Et dieu créera une icône…
La tendance, pour la saison 1974, sera aux deux pièces en polyamide brillant…, les sous-vêtements seront coupés comme des maillots de bain…
C’est l’hebdomadaire féminin de référence qui le dira…, il annoncera même que black is beautiful en faisant poser cinq mannequins noirs : Grace Jones défilera dans un manteau orange signé Courrèges, un gros nœud lui cachant pudiquement les seins…
Courrèges habillera bientôt de blanc la Matra Bagheera…
Aux 24 Heures, c’est une Matra bleue aux couleurs Gitanes qui l’emportera…
Dans le ciel, un dirigeable Goodyear survolera la piste et observera cet étonnant ballet de bobs Ricard…
1974, dans la rue, les filles porteront volontiers des pulls longs en grosse laine…, elles voudront surtout la liberté comme Isabelle Adjani dans La Gifle…, elles crieront, elles pleureront, elles riront…, elles seront terriblement vivantes…, leur père ressemble déjà à Lino Ventura, leur mère à Annie Girardot et leur belle-mère à l’émouvante Nicole Courcel…
Sur la croisette, Marie-France Pisier commentera un film de Rivette en fumant…, les garçons enregistreront sa voix sur leur magnétophone et se la repasseront en boucle les soirs de cafard…
Belmondo l’aura mauvaise…, la critique ne l’aimera pas dans Stavisky… et lorsqu’Annie Duperey déploiera ses longues jambes sur la plage de Biarritz les gens se pameront avant de l’oublier…
1974, Ettore Scola se transformera en professeur d’histoire dans Nous nous sommes tant aimés…
Durant deux heures, l’Italie des trente dernières années déroulera ainsi son cortège de misère, de joie et de grandeur…
Kojak et L’homme qui valait trois milliards affolera le petit écran américain…
L’homme de demain sera chauve ou bionique…
Un soir, Zitrone nous annoncera la mort de Joe Dassin dans un restaurant de Papeete…, le présentateur précisant que le chanteur avait obtenu un diplôme d’ethnologie à l’Université du Michigan et qu’il préparait une comédie musicale qui ne verra jamais le jour…
1974, dans l’émission Ouvrez les guillemets, le magazine des livres et des idées, Pivot recevra du lourd en février : Hubert Beuve-Méry, Roland Barthes, André Castellot et…René Fallet, moustache touffue et accent du bourbonnais en héritage est venu vendre son dernier roman Ersatz où il sera question de la résurrection d’Hitler… qui ne serait pas mort…, Pivot ne goûtera pas l’humour de l’écrivain…, surtout que Soljenitsyne aura publié les deux premiers tomes de L’Archipel du Goulag…, et Malraux, toujours aussi inspiré, aura soutenu Chaban…
A Noël, les garçons commanderont une grue Joustra, un train électrique Jouef et des Majorette par milliers…, les filles une nouvelle poupée venue d’Amérique fabriquée par Mattel !
Mais pour les hommes, les vrais, les gros bras tatoués, il n’y aura plus de “vraies” Mustang !
1973 c’était la dernière année !
Profitant du nouveau restylage de la Mustang, toujours plus grand, plus large, plus lourd, plus moche…, la direction de Ford a revu complètement le style et les motorisations, voiture plus lourde et moteurs moins puissants…
Retour en arrière : l’année 1971 marqua une nouvelle ère pour la Mustang.
Le petit 302ci à carburateur 2 corps est standard et ceci : “dans le but d’élargir l’offre pour la clientèle” (sic !).
Du côté des équipements et de l’esthétique extérieure, les gogos ont toujours le droit à deux rétroviseurs “sports” couleur carrosserie, un bouchon de réservoir à ouverture “rapide” et à une calandre avec une structure nid d’abeille…, comportant deux projecteurs de route intégrés de chaque côté pour le “haut-de-gamme”…, de plus, elle troque le gros cheval et son corral contre un logo Mustang plus discret.
Celui-ci était un capot avec prise d’air NASA de série, des prises d’air non fonctionnelles (sic !) mais qui pouvaient le devenir si vous choisissiez l’option “dual ram air induction”.
Les nouveautés ne se limitaient pas à ces fumisteries…, la carrosserie recevait d’autres modifications débiles par rapport au modèle standard de 1971, à commencer par le capot.
Il était en partie peint en noir mat ou argent suivant la couleur de carrosserie choisie et disposait de verrous de sécurité, les mêmes que la Mach1 de ’70.
Autres parties de la carrosserie à recevoir du noir mat ou de l’argent, étaient les bas de caisse ainsi que la partie basse de l’avant et l’arrière de l’auto.
Des baguettes chromées étaient posées à la limite de la partie peinte afin de mieux la souligner.
Ce qui devenait une option était en revanche les bandes latérales de décoration, c’étaient les mêmes que sur la Boss de ’71 : un lettrage “Mach 1 Mustang” pouvait être apposé sur les ailes avant entre les passages de roues et la portière.
Les baguettes d’extrémité d’aile et de capot étaient aussi peintes couleur carrosserie afin de ne pas dénoter avec le pare-choc peint.
Le pare-choc avant de la Mustang n’était plus un pare-choc chromé standard, il était en plastique et était peint de la couleur de la carrosserie.
L’intérieur “luxury” était devenu une option plastique mal formé, ou plus exactement la finition deluxe…, qui comprenait une console centrale pré-gondolée, un volant “deluxe” à 3 branches, des applications de faux bois en vrai plastique peint…, deux sièges “confortweave” à haut dossiers et un combiné d’instruments supplémentaires.
De série on n’avait le droit qu’aux sièges à haut dossiers standards ainsi qu’à un volant deux branches, on était loin de l’équipement des millésimes ’69 et ’70 !
Disparition également des enjoliveurs en inox style de 1970, devenus une option aussi, ils étaient remplacés de série par des jantes tôle avec couvercle “casserole” en plastique dur, des jantes minimalistes que beaucoup d’amateurs changeaient à leurs frais pour des jantes “Cragar” alu .
Les changements les plus notables étaient planqués sous le capot et concernaient cette fois l’ensemble de la gamme Mustang’72 : les motorisations.
Il y eu peu de changements pour 1972, le même abominable équipement de série fut repris, à l’exception du bouchon d’essence à ouverture “rapide”, qui devenait moins rapide…, il restait disponible toutefois en option.
Exit les big blocks, ne restaient que l’ensemble des small blocks mais dépollués, ils n’avaient plus du tout la même âme que ceux rencontrés les années précédentes…
1973 sonnait le glas de la “vraie” Mustang, avec peu ou pas d’évolution et des moteurs toujours moins puissants, sans oublier la crise pétrolière débarquant à grands pas.
En revanche pour toutes les séries basiques, plus de peinture de bas de caisse, ceux-ci étant désormais de la couleur du reste de la carrosserie.. et puisque plus de peinture de bas de caisse, plus de baguettes chromées de séparation !
Seule la Mach1 s’offrait tout de même un léger restyling avec une nouvelle bande de décoration latérale plus large incluant un monograme Mach1 au niveau de l’aile arrière, juste avant le passage de roue.
Le pare-choc avant était toujours en plastique mais plus gros que les ’71 et ’72, afin de satisfaire à une nouvelle norme de crash test à… 8 km/h !
Le pare-choc arrière restait chromé d’origine, mais ses supports étaient modifiés afin de le faire ressortir de quelques centimètres plus en arrière : toujours cette histoire de nouvelle norme de crash test.
1974, quand la Mustang II a remplacé la “vraie” Mustang, cela en a dérouté plus d’un, surtout les amateurs de “Pony Car”.
C’est la fin…
Mais Ford se justifiait en précisant qu’avec le (premier) choc prétrolier, c’était la voiture idéale.
La motorisation était bien différente avec un quatre cylindres de 2L3 et 83 chevaux ou un V6 d’origine Ford Allemagne de 2L8 et 105 chevaux.
Cette nouvelle génération de Mustang, qui sera produite de 1974 à 1979 est horrible, l’esprit initial des années ’60 n’est plus là et elle disparaîtra sans grands regrets.
La caisse était un Notchback proche du Fastback précédent, mais ne délivrant plus que 2 petites places à l’arrière (plutôt 2+2 que 4 places), avec un coffre à ouverture classique (le Hatchback, lui, offrait un hayon à l’arrière).
Toutefois, 1977 verra l’appparition de la version V8-Cobra (option à $535) sous le nom de Cobra II.
J’en termine là, je vais vomir en ayant une arrière pensée émue pour tous les gogos qui se sont endettés pour acquérir des voitures de cons…