A la recherche du Hot-Rod Hi-Boy Citroën Traction Avant, le St-Graal est détruit…
Il y a quelques mois, j’ai résolu de me remettre en chasse de cet engin mythique, que j’avais perdu à Saint-Laurent-du-Var, dans le milieu des années ’80, auprès d’un garage, chargé de réparer quelques bricoles mécaniques, dont le propriétaire est décédé peu de temps plus tard… emportant ma voiture, tout comme ses secrets, dans l’au-delà…
Chaque année, en mai, lorsque je descendais à Monaco pour les ventes aux enchères Coys et Bonhams, je visitais mes amis locaux et je leur reposais toujours la même question : “Souvenez-vous bien ! Qu’est devenu mon Hot-Rod Citroën Traction Avant jaune… Hein, qu’est-il devenu ? Essayez d’y penser”…, ce à quoi, invariablement, on me répondait : “Putain, fait chier, pas que ça à foutre, je sais plus, là, putain, et qu’est-ce que ça peut bien te faire ? Ca fait des années qu’il a disparu ! Qu’est-ce qu’on a à y gagner ?”…
Ca fait plus d’un temps de bagne en enfer que c’est comme ça… et chaque année qui passait diminuait mes chances d’obtenir une information… (pour en savoir plus : Le Hot-Rod Hi-Boy Citröen Traction Avant, 25 ans après… )
Il y a deux ans, “on” m’a envoyé une photo…, ma voiture n’avait pas été perdue pour tout le monde, “on” l’avait vendue peu après le décès du garagiste…
Qui ?
Combien ?
De qui à qui ?
Comment ?
Pourquoi ?
J’ai regardé… et ai tenté de décrypter… cette seule et unique misérable et minuscule photo de mon ex-engin (excusez ce double-sens involontaire), prise devant une sorte de boutique…
“Tyuca France”…, Cannes et St-Tropez…
Le nom était repris sur les flancs du Rod…
Rien sur ce nom !
J’ai tapoté sur Google…
J’ai ensuite vu un point sur le premier jambage du “Y”…
J’ai tapoté “Tijuca France” et j’ai eu une seule réponse… : daniella@tijuca.fr
J’ai envoyé un émail…, adresse inconnue !
Pas de bol…
J’ai persévéré et finalement, j’ai localisé cette Daniella Tijuca à Rio de Janeïro, Brésil…
OK !
Pourquoi pas !
J’ai téléphoné à Raymond Asséo, une connaissance, perdue de vue, qui vivait là bas…, je lui ai causé de cette Daniella… et, du Hot-Rod jaune…
Il a dit qu’il connaissait…
Incroyable…, le Hot-Rod était donc au Brésil ?…
Il suffisait d’y aller…
L’avion avait de l’avance…., le taxi m’a déposé devant chez Raymond Asséo presque une heure avant le rendez-vous prévu.
Sur le trottoir, il m’a semblé reconnaître l’homme qui s’apprêtait à traverser la rue.
Je l’ai appelé par son prénom, il s’est retourné, c’était bien lui.
Je ne me souvenais qu’à peine de son visage car je ne l’avais rencontré à Genève qu’une ou deux fois.
Il se différenciait de la masse des photographes de presse, toujours présents sur les “coups” (tous relatifs… et tout relatif aussi), de la vie Genevoise.
Il semblait se souvenir de ses clichés en noir et blanc, plutôt sombres, un rien intellectuels…, il avait travaillé pour moi, écrit quelques textes pour mes anciens magazines Chromes & Flammes… et de mon coté, j’avais sollicité de lui des illustrations…, son nom et son personnage étaient encore présents dans ma mémoire, trente ans après.
L’homme était plutôt petit et frêle, portant cheveux et barbe plus sel que poivre, le tout en assez grand désordre.
Son splendide nez de vieux sage juif (d’origine séfarade, il était né à Nice et avait passé plus de 30 ans en Suisse avant de choisir le Brésil) lui servait de support à des lunettes dont le reflet ajoutait au brillant du regard.
Raymond était un tendre discret et…, assez renfermé, manifestement, ma visite lui faisait plaisir.
Nous sommes d’ailleurs passé illico au tutoiement.
L’immeuble où il vivait à Rio avait conservé des années ’30 ou ’40, période vraisemblable de sa construction, le faste assez froid, post-colonial, de cette époque entichée d’Allemagne hitlérienne, la rue était peu passante, largement arborisée…, un endroit privilégié, même si Raymond affirmait n’avoir pas payé très cher son appartement, après en avoir habité quelques autres dans le quartier.
La porte métallique ajourée de verre était gardée par un vigile, comme c’est l’habitude ici…, le hall était grand, l’ascenseur plus petit…, au 5ème, plusieurs portes de bois, avec une ouverture de conversation à hauteur de visage.
Ici, on se méfie de tout… et Malba, la femme de Raymond, avait vu surgir un jour chez elle un groupe armé qui, en quelques minutes, s’était emparé de bijoux, montres, valeurs….
Bref…
A cette heure, Malba n’était pas encore levée.
Raymond m’a confectionné un excellent café, du jus d’orange… et a coupé le pain qu’il venait d’aller chercher…, puis ce fut le petit déjeuner dans un coin du salon, vaste et bien éclairé.
Au mur, des peintures et des photos sous cadre…, sur une table, des sculptures de bois et de bronze…., la plupart des œuvres de lui…
Chaleur extrême, 36 ou 37 degrés au lever du jour.
Raymond m’a parlé de son nouveau travail…, Chromes & Flammes, c’était bien loin dans le temps…, il avait développé une forme originale de photographies, partant de tirages noir blanc, il se servait d’agrandissements effectués sur un papier assez poreux pour restituer artificiellement aux lieux et personnages à la main, les couleurs de son choix…., ce n’était rien d’autre que la chromographie de l’entre deux guerres… mais l’effet était surprenant.
Raymond se servait de pigments qu’il prélevait sur la pointe des mines de crayons que lui offrait Caran d’Ache…, les répartissait du bout du doigt sur les surfaces voulues, les laissait imprégner pendant quatre heures dans les sels d’argent du tirage photo, puis fixait le tout grâce à des mélanges chimiques.
Le résultat : une vision un rien surannée, qui donnait aux images le climat des années trente…, une manière de dire que ce que nous voyons sera tôt ou tard du passé et pourrait même ne plus être, à l’heure où l’homme s’apprête à une vie extra-terrestre.
Le soir, invitation chez Eunice Khoury et son compagnon italien… qui racontait les derniers potins de Rio….
– “TV Globo diffusait depuis de longs mois un feuilleton dans le style des stupidités américaines, plus violentes et retors à la fois…., or, depuis quelques semaines, fiction et réalité se mêlaient dans une histoire de crime, de sexe, d’argent et de célébrité… Daniella de Tijuca, fille de la femme du scénariste Gloria Perez, était aussi le rôle féminin principal du feuilleton”…
– “Etait”… j’ai crié cela comme un damné qui savait avoir perdu ce qu’il était venu chercher…
– “Oui, était… elle est morte, je vous raconte l’histoire… et Eunice Khoury s’est lancée…“Vie multiple et dissolue à l’écran, à la vie peut-être aussi. Son partenaire homme, Guilherme, l’embrassait à l’écran”.
– “L’embrassait-il à la ville” ?
– “Dans le scénario, leur histoire d’amour se terminait, Guilherme quittait la vie de Daniella et aussi, du coup, perdait son emploi. Dans la réalité, Guilherme venait d’assassiner Daniella avec la complicité de sa femme Paula…., tout un symbole et, qui sait, le sujet d’un prochain feuilleton”…
– “C’est une catastrophe”…, je suis arrivé à dire ces mots avec un nœud dans la gorge…
– “28 décembre : découverte du corps de Daniella Perez dans un terrain vague de Barra de Tijuca, près de Rio.
Jean’s, basket, chemisette noire, elle semble avoir été étranglée mais porte aussi 15 blessures à vif sur le thorax.
On pense à une agression mais, rapidement, Guilherme de Padua, qui joue avec elle dans le feuilleto “De Corpo e Alma”, avoue avoir exécuté le crime. Il dit qu’après avoir terminé l’enregistrement dans les studios de Globo, il voulait se rendre dans un supermarché pour rejoindre sa femme Paula mais qu’il a été rejoint par Daniella, qui en d’autres temps lui avait affirmé vouloir tuer Paula et l’écarteler sexuellement en enfonçant ses bras dans son vagin et son anus jusqu’à ce qu’elle suffoque, puis en enfouissant les éléments du corps qu’elle voulait découper à la hache en divers endroits, pour les séparer de son âme…., Daniella a aussi montré à Guilherme des traces de coups que lui aurait donnés son mari Raoul Gazola. Après qu’elle aurait pleuré et qu’ils se seraient battus, Guilherme l’aurait étranglée avec sa cravate”…
– “Attendez, là…, vous venez de dire qu’elle se nomme Daniella Perez…, or je cherche Daniella Tijuca”…, que j’ai dit à Eunice…
– “Oui, elle se nomme Perez, mais on la surnommait Daniella de Tijuca, parce qu’elle vivait à Tijuca”…, me répondit-elle…
– “Mais…, ce n’est sans doute pas la même personne”…
– “Je pense que oui, parce qu’elle avait une Citroën cabriolet”…
– “Ahhhhh, bon, vous êtes certain ?”
– “Oui, laissez-moi terminer”…
Et Eunice continue…
Deux jours plus tard, nouvelle version : Daniella aurait été la victime d’un crime rituel…, lors des répétitions de la pièce “Blue Jean’s”, selon d’autres acteurs, Guilherme faisait des oraisons à un mage nommé Pai Chicao…, des ossements d’animaux auraient été découverts près de la victime, à coté de la carcasse d’une Citroën Traction Avant…, preuve qu’il aurait pu s’agir d’un crime rituel…
Bref, mauvaise piste… Daniella de Tijuca s’avérait une impasse, il ne me restait qu’à rentrer en Europe…, l’énigme de la disparition de ma Citroen Hi-Boy Traction Chromes & Flammes restait entier…
Coup de théâtre…
Je retrouve sa trace en mai 2017 via des commentaires sur Facebook d’un dénommé Christian Guerpillon qui écrit l’avoir retrouvée en parfait état dans une maison abandonnée de Cannes et que bientôt elle sera présentée au monde entier (sic !)…
Je tente d’obtenir des renseignements, sans succès…, mais je finis par localiser les coordonnées de l’auteur des commentaires sur Facebook grâce à une petite annonce “perdu mon chat” publiée dans “LeBonCoin” par la même personne.
J’envoie des messages, tente des appels téléphoniques : Pas de réponse.
Je contacte la Gendarmerie et un gradé me répond que les faits sont trop anciens, que je ne peux que faire une procédure civile contre X…
J’en parle dans différentes expositions d’automobiles anciennes et, à celle de Châteauneuf-le-rouge…, ou un dénommé Louis-Alexandre G. me dit qu’il avait vu ma voiture dans un garage de Marseille, Boulevard de Maillane dans le 8ième, il y a de nombreuses années.
Un garage qui n’existe plus.
Le dénommé Louis-Alexandre-G. m’écrit en juillet 2017, être “tombé” sur une annonce “LeBonCoin” publiée par une personne inconnue (Charles) demeurant dans l’Isère, à Saint-Paul-de-Varces 38760… qui vend le capot en polyester, les 4 ailes et le siège double de ce qui est décrit comme étant “Le cabriolet réplique Hi-Boy des années 84/85, construit sur la Cote d’Azur et vendu par la suite à Cannes”…
Est joint la même photo d’époque “cannoise” ou ma voiture est immatriculée 06 avec la pub de l’établissement sur le (les ?) flanc(s)… Tijuca France… qui n’existe plus !
Je ne sais ce qui s’est passé durant les 30, ans passés…, sauf que selon les informations obtenues, ma Citroën Traction Hi-Boy va se retrouver en vente dans un garage de Marseille ou elle va être vendue à je ne sais qui…
A ce moment d’il y a environ 10 ans (2007)… elle est toujours dans sa livrée “Hi-Boy” jaune, immaculée…, c’est le Saint-Graal du Custom-Franchouille, la rareté ultime…
Je vais donc m’occuper de l’annonce “pièces” parue sur “Le Bon Coin” et c’est Charles Tomba qui me répond que les pièces selon photos : une banquette, 4 garde-boues style moto et le capot avant…, sont à vendre pour 500 euros… et il m’explique la provenance des dites pièces, disant que c’est un belge installé à Antibes qui va découvrir à Antibes (sic !) et non à Marseille au garage qui n’existe plus… la Citroën Chromes&Flammes… et va s’en proclamer propriétaire…, mais comme il n’en a cure de son histoire, il va en refaire une réplique de Citroën Traction Avant semblable à un des modèles authentiques…
Outre que cette “prise de possession” de ma voiture disparue il y a plus de 35 ans n’a rien de normal ni de légal… c’est également un crime contre l’inhumanité franchouillarde qui date d’environ 10 ans (soit vers les années 2006/2007) que de mettre ma Citroën Hot-Rod Hi-Boy en pièces pour en refaire une réplique plastique de cabriolet Traction…,, c’est surréaliste…., et c’est totalement fou dans le sens ou ce bonhomme récupère une voiture mythique dans sa forme de Hot-Rod Hi-Boy, pour en faire une réplique plastique de Citroën Traction cabrio !!!
Et tout ça avec de faux documents puisque j’ai toujours ceux d’origine de l’époque (de l’épopée) Chromes&Flammes…
Il demeurera à jamais impuni, sauf le jour du jugement dernier ou le dieu du Custom sévira en donnant tout pouvoir aux Satans et Belphégors ainsi que Belzébut 4 à 0… à interdire l’usage des voitures transformées en Franchouille…
Le Saint-Graal du Hot-Rodding franchouille a été irrémédiablement détruit par un hérétique…
Et c’est Saint-Charles-Tonda-Martel de 38760 Saint-Paul de Varces (situé près de Grenoble) qui a racheté les pièces polyester qui ne s’accordaient plus avec la reconstruction en réplique d’une fausse Traction Avant Cabriolet “d’Usine”, c’est-à-dire le capot, les 4 ailes (style moto) et la banquette…
Ce Saint-homme me dit aussi comme pour s’excuser qu’il pensait reconstruire un second Hot-Rod Citroën quasi identique…, mais qu’il n’a pu poursuivre la réalisation de ce projet et a mis les pièces en vente pour 500 euros sur “Le Bon Coin”…
Que faire ?
C’est le souk !
500 euros pour n’avoir que des pièces-souvenir…, oui et non… oui si transport possible, fait-il encore les entreposer et quoi en faire ?
Un bureau ?
Pour mettre ou ?
Finalement Chales Tonda soudain pressé parce que se rendant compte qu’en fait j’étais toujours propriétaire de la Traction Hi-Boy (sans doute a-t-il pris contact avec le belge d’Antibes)… m’envoie un émail hyper court disant avoir vendu les pièces…, ce qui quelque-part m’a soulagé pour lui…
Au moins n’ai-je pas sombré dans le fétichisme…, mais… j’avais deux photos-souvenirs et donc, c’était prétexte à un article purificateur !
Vraisemblablement que “le Belge” d’Antibes à changé l’apparence de ma Traction Hi-Boy parce que sous cet aspect en circulation ou dans un show, j’aurais été prévenu…, tandis qu’en re-version réplique… avec d’autres “papiers”… pas de soucis (on en revient aux dires du gradé de la Gendarmerie, les faits sont trop anciens)…
Voilà… Ite Missa Est, la messe est dite !
Quant à Christian Guerpillon c’est une sorte de lanceur d’alertes foireuses (sic !) et c’est indirectement à cause de lui (malgré qu’il n’y est pour rien, quoique…) que j’ai finalement appris tout ce que je viens de vous narrer…
Une messe noire a été célébrée dans une boite échangiste d’Antibes en souvenir de ce mythe automobile…, Christian Guerpillon n’y a pas été sodomisé…
N’allez pas en paix !