Miki Hamano, playmate…
-Miki Hamano, vous êtes une playmate qui venez de poser devant une ancienne Corvette. Présentez-vous aux internautes qui lisent Playboy, King et www.GatsbyOnline.com !
-Patrice De Bruyne. D’abord merci de cet interview pour votre magazine Gatsby et votre site-web GatsbyOnline ainsi que pour Playboy votre partenaire avec King, ainsi que l’agréable séance photo ! Je suis venue aux États-Unis en tant qu’étudiante quand j’avais 19 ans. Jusque-là, je n’avais jamais été en dehors du Japon. Quand on est jeune, on peut tout faire. Je suis d’abord allé à Palm Désert pendant trois ans, puis j’ai déménagé à San Francisco et j’ai obtenu mon diplôme en affaires. C’était vraiment difficile parce que je ne parlais pas très bien anglais, mais en même temps, c’était une aventure, alors j’ai adoré. J’ai appris tant de leçons de vie que je suis devenue beaucoup plus forte mentalement. Pourtant, je ne pense pas que je pourrais le refaire maintenant !
-Vous posez nue avec une franchise rafraîchissante. Vous retrouvez nue dans un magazine est-ce un excitant visuel, ou la transgression d’un tabou ?
-Cela renvoi les lecteurs à leur propre expérience, à leurs propres choix et aux difficultés psychiques auxquels ils ont pu être confrontés. Pour les lectrices, il s’agit d’une illustration sensible de la force de la pulsion sexuelle masculine.
-Les figures populaires de la pornographie sont souvent méprisées en cause des codes et de la représentation politiquement correcte de la féminité.
-En fait, on reproche aux femmes ce que les hommes aiment voir. Elles doivent obéir aux regards libidineux des hommes, et en même temps, pour ça, elles incarnent à jamais la mauvaise fille, la pécheresse, la salope. Certaines femmes plus faibles de caractère ont en conséquence une vie parfois tragique en cause du penchant pour le mauvais goût de certains photographes et magazines.
-La déclinaison franco-française est “cagole”. Même bilan : une expression pas franchement positive pour parler des femmes qui aiment ce qui brille et sont rapidement qualifiées d’écervelée. C’est d’ailleurs un adjectif qu’accole sans grand scrupule !
-Avec leur anatomie singulière, mines de trop, mine de rien, les bimbos révèlent une oppression politique à large échelle. Tout est dit !
-Que voulez-vous faire dans les 10 ans qui viennent ? Qu’est-ce que vous voulez être ?
-Je ne sais pas. Je ne fais pas de plans de vie. Je vis chaque instant comme il vient. Ce qui est censé arriver arrivera.
-Peut-être que vous ne le savez pas maintenant, mais que vous aurez d’autres idées plus tard ?
-Plus tard c’est peut-être trop tard. Je pense que mes pensées super positives vont m’aider. Je me dis constamment que ça ne pourra qu’être meilleur, que ce sera bien et bon. C’est dans le cerveau. J’avais l’habitude d’être dure avec moi-même et de me comparer à d’autres personnes. Toutes les filles de Los Angeles sont si magnifiques que j’ai immédiatement voulu devenir comme elles. J’y ai travaillé constamment. J’avais l’impression d’essayer d’être quelqu’un d’autre. Maintenant, j’ai travaillé pour avoir la liberté d’être moi-même au naturel. C’est pourquoi chacun devrait pouvoir s’exprimer sans crainte. Être à l’aise dans ma propre peau ne signifie pas que je veux être objectivée, ça veut dire que je m’aime moi-même ! La technologie à laquelle nous avons accès maintenant facilite le partage de nos idées, et les bonnes sont partagées beaucoup plus rapidement. C’est incroyable de voir des femmes et des hommes forts du monde entier, qui parlent pour ce en quoi ils croient ! Cela a un impact énorme sur des questions existentielles depuis probablement toutes les générations avant la nôtre. Je suis reconnaissant de vivre dans un temps et un endroit où les gens peuvent s’exprimer si librement.
-Il est relativement récent que les gens ont commencé à parler de féminisme.
-Oui ! Nous avons encore un long chemin à parcourir, tout cela prend du temps.
-L’Indépendance ?
-Quand j’étais petite, mes parents étaient toujours occupés, donc je ne les ai jamais vraiment vus ! J’ai appris à être autonome à un jeune âge. J’ai toujours été indépendante. Je ne m’attends pas à ce que quelqu’un fasse des choses pour moi. Je veux juste être moi-même, c’est l’objectif. Ma vie est ici maintenant. Je ne veux pas retourner au Japon. D’où je viens, c’est juste beaucoup d’arbres et il ne se passe rien. Mais j’aime toujours la nature ! San Francisco est ma future maison. Je veux un chien et une grande cour entourée d’arbres. Je veux des pommiers et un jardin. C’est toute ma vie. J’apprécie vraiment l’art, et j’ai beaucoup de respect pour les artistes. Je ne suis pas une très bonne peintre ou sculptrice, mais j’ai tout fait.
-Vous avez simplement besoin de quelque chose que vous aimez, de quelque chose dans laquelle vous êtes sublime.
-Chacun d’entre nous peut trouver ce quelque chose. J’aime ne pas pouvoir tout voir. Je suppose que je suis encore un peu nerveuse parfois, donc je préfère ne pas voir les expressions faciales de tout le monde. Je peux juste faire mon propre truc, aller dans mon propre monde.
-Que pouvez-vous dire sur le réel ?
-Les gens se sentent mal à l’aise avec les mamelons, mais nous avons tous des mamelons.
-Je ne m’attendais à… cela… à… cette réponse !
-Ils sont beaux mes seins et mes mamelons en font parties. J’espère que les gens se sentiront plus à l’aise avec ce que nous avons toutes et tous. Je ne me sens pas mal à l’aise d’être nue. C’est naturel. C’est apaisant quand ma peau nue touche la terre, ça me rappelle ce qui est réel.
-Que pouvez-vous dire concernant les possessions terrestres ?
-Je ne possède pas de choses chères. J’ai peur de les perdre.
-Qu’avez-vous à dire sur les icones ?
-Quand je pense à ce qui est sexy, j’imagine Marilyn Monroe, c’est un idéal classique. C’est le genre de “sexiness” que je n’ai pas et c’est parfaitement bien. Je me contente d’être moi-même. J’aime les gens simples, intelligents et gentils avec les autres. Pour moi, le terme sexy n’est pas seulement la façon dont vous regardez les autres, mais cela reflète combien on est connecté à votre vrai moi. Je me sens sexy quand je suis fidèle à moi-même et je suis heureuse de vivre ! Mais, c’est à mon tour de vous poser quelques questions ! Pourquoi le magazine Playboy montrait-il des femmes aux tailles étroites et aux hanches larges dans les années 1960 ? Regardez-moi, j’incarne l’exact opposé ! Je suis Japonaise, petite, fine !
-L’évolution des tours de hanche varie selon la conjoncture économique ! L’évolution de l’image de la femme dans les médias en dit long sur les rapports entre le sexe et les modes au fil des décennies. L’image de la femme jusque dans les années soixante a été dominée par un canon bien connu : une taille de guêpe, parfois accentuée par un corsage, et des hanches généreuses qui produisent l’impression recourbée d’une bouteille avec un goulot d’étranglement.
-Sympa cette image… Lorsqu’on examine les archives de cette époque et que l’on regarde les magazines d’aujourd’hui, on est frappé par le contraste : les modèles contemporains sont moins marqués sur le plan de la taille et des hanches. Le corset est bien entendu banni, mais même les morphologies des mannequins sont parfois plus rectilignes : les hanches sont généralement moins larges, et la taille un peu moins étroite. Le fameux galbe est moins net que par le passé.
-Des psychologues se sont penchés sur cette question à travers Playboy. Ils ont mesuré le rapport taille/hanche des playmates de chaque année, celle qui représente le canon absolu pour les lecteurs masculins sur un intervalle de temps bien précis, d’une année. Ils ont constaté que le rapport taille/hanche subit des fluctuations permanentes, mais qu’il a globalement tendance à augmenter entre 1960 et 2000, les tailles se faisant moins étroites et les hanches moins larges.
-L’effet goulot de bouteille ? C’est réducteur comme explication !
-Les playmates passent progressivement d’une physionomie en goulot de bouteille à une conformation plus rectiligne. Parallèlement, ils ont calculé sur toute la période de 1960 à 2000 un indice de prospérité économique reflétant le niveau de vie des Américains et des Européens. Un tel indice prend en compte le pouvoir d’achat des ménages, les chiffres du chômage, de l’inflation, et du produit intérieur brut par habitant.
-C’est affreusement psychologique. La femme est donc un objet sexuel !
-Oui, sans aucun doute ! Les psychologues ont ensuite comparé les évolutions des rapports taille/hanche des playmates à celles de l’indice de qualité de vie, pour s’apercevoir que les évolutions étaient parallèles sur les années 1960 à 2000.
-Quelles interprétations sont à donner à ces savants calculs ?
-Le rapport taille/hanche reflète la fécondité d’une femme : plus il est faible, plus la femme est féconde. Ainsi, les magazines présentaient un idéal de femme aux hanches larges et aux tailles étroites qui correspondaient à un idéal de fécondité. Toujours selon ces auteurs, les hommes seraient préférentiellement guidés par un souci de procréation lors des périodes de prospérité économique, et moins lors des périodes de morosité économique ou de crise…
-Les enfants seront plus difficiles à nourrir ? C’est cela ?
-Oui, les hommes seraient inconsciemment attirés par des femmes fécondes (d’où le faible rapport taille/hanche) lors des périodes prospères, et moins pendant les années plus difficiles.
-Playboy se serait fait le miroir de cette fluctuation des désirs ?
-Bien évidement. Ainsi, les silhouettes attirantes les plus véhiculées par les magazines, la télévision et le cinéma, on se rappelle les tailles de guêpe des actrices des années 1950 et 1960 comme Claudia Cardinale ou Monica Vitti… Elles répondaient en partie à un ajustement du désir masculin aux conjonctures économiques.
-Une telle interprétation de l’attirance sexuelle doit s’inscrire dans une branche de la psychologie !
-C’est le cas, c’est la psychologie évolutionniste, où les comportements humains sont expliqués par une logique de procréation et de survie. Ainsi, dans cette même étude, les scientifiques ont révélé que la taille relative des yeux des playmates par rapport au reste de leur visage était également proportionnelle à l’indice de qualité de vie.
-Quel rapport ?
-Cela est interprété par le fait que la taille relative des yeux par rapport à la surface totale du visage est liée à la jeunesse d’une personne : plus une femme est jeune, plus ses yeux sont grands par rapport au reste de son visage. Et comme la jeunesse est corrélée à la fécondité, on retombe sur l’idée que les playmates fécondes sont plus attirantes lors des booms économiques !
-Vive la prospérité sexuelle et économique alors !
-Les médias qui font du corps de la femme leur principal argument de vente reflètent les évolutions des attentes sexuelles des hommes dans un contexte économique fluctuant.
-Ce raisonnement peut être appliqué au choc pétrolier des années 1970, concomitant du début des modes de mannequins très maigres ?
-Inversement, la relative prospérité économique actuelle correspond à un retour à des hanches plus larges et à un regain de natalité en France.
-Il faut relativiser ces approches, car mille autres facteurs sociaux sont probablement tout aussi déterminants !
-Vraisemblablement ! Dans tout le règne animal, des signes extérieurs de dominance, encore nommés caractères sexuels secondaires, décident des luttes d’influence pour l’accès aux femelles. Ces caractères sexuels secondaires car les caractères sexuels primaires sont les organes sexuels à proprement parler, prennent la forme d’une queue chatoyante chez le paon, de canines imposantes chez le gorille qui est pourtant un animal végétarien, ou d’une dent unique et démesurée chez le narval. De tels signes extérieurs de dominance permettent aux mâles d’établir des hiérarchies, car ils reflètent la force et la vitalité des individus.
-Ils permettent aussi aux femelles de faire leur choix, sachant qu’elles cherchent à sélectionner les mâles ayant la meilleure vitalité.
-Exact ! Dans l’espèce humaine, l’automobile joue un tel rôle. Il est frappant de constater que la publicité pour les automobiles active le schéma de domination entre mâles pour l’accès aux femelles à travers des scénarii d’une limpidité confondante. L’activation d’un tel schéma mental est de nature à entrer en résonance avec l’activation du striatum ventral des mâles !
-De nombreuses publicités pour automobiles s’expriment sur ce registre de la domination et de la séduction. La domination entre mâles pour l’accès aux femelles est un puissant moteur du comportement animal et humain. Même dans une société égalitaire, l’héritage du passé reste ancré dans les neurones et laisse cet instinct s’exprimer ! Le mix belles femmes/belles voitures constitue bien entendu une telle stimulation. Il faut s’interroger d’autant plus sur ses effets pervers que l’être humain recèle une réelle et ancestrale potentialité de domination !
2 commentaires
des photos magnifiques !
Bandantes les photos !
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