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La préposée du train me réveille à 5 h pour l’arrivée à Lvov deux heures plus tard, elle veut que tout le monde soit bien prêt, pas d’anarchie dans les comportements, la paresse et faire attendre : c’est antisocial ! Le train n’a pas roulé vite mais les aiguillages sont durs… Je débarque à 7 h le matin, le jour est levé mais il fait frais, la gare s’ouvre sur un hall monumental comme un palais 19ème. Malgré les promesses démagogiques au peuple, tout est presque à l’abandon, mais le hall est éclairé de grands lustres de cuivre et verre taillé comme un effort pour ressembler au métro de Moscou. Les alentours sont par contre très prolétaires. Les trains drainent des travailleurs et travailleuses venu(e)s d’ailleurs et des paysans et paysannes ployant sous des paquets destinés à leur famille ou au marché. Il y a aussi des retraités dont la pension a fondu avec l’inflation postcommuniste et qui survivent de piécettes en balayant tout et rien pour mettre du beurre dans leurs orties (les épinards sont trop chers)…,
Au dehors de la gare, le réseau des tramways de Lvov se compose de 75kms de voies en mauvais état et d’environ 220 tramways de type KT4, produits en République tchèque par Tatra, qui s’avèrent tous être comme des épaves, toutes rafistolées de bricks et de brocks… Comme j’ai du temps à perdre, je pars à pied vers le centre et croise des automobiles modestes, antiques et pourries, des restes de l’industrie soviétique, des Volga, Moskvitch, Lada et Faz de l’époque Brejnev… Parfois quelques voitures neuves passent en trombes, en général des grosses allemandes, BMW ou Mercedes. Je passe devant une église uniate et y entre, c’est pour moi une découverte que ce rite particulier… Trois archevêchés ont été installés à Lvov dans l’histoire, le catholique romain, le grec orthodoxe et l’arménien orthodoxe… Il y eut aussi des protestants à partir du 16ème siècle… Lvov est devenue évêché sous Casimir-le-Grand, puis archevêché de rite latin en 1412. Les Uniates sont des Orthodoxes qui reconnaissent le Pape Vladimir, qui a converti l’Ukraine…
Attention ! Pas Vladimir Poutine mais le roi Vladimir 1er…. Tous ont été baptisés selon le rite Romain en 987… L’église est ornée dans les deux styles, orthodoxe et catholique. Chaque petit matin, des gens agenouillés devant un Christ grandeur nature sur sa croix marquent une ferveur inusitée, il est dommage que le dit Christ ne soit qu’un papier découpé et collé sur du contreplaqué, mais c’est le symbole qui compte. La ville de Lvov compte 830.000 habitants. Danilo de Galicie l’a fondée en 1256 au nom de son fils Lev, qui signifie “le lion”…, le centre est aujourd’hui protégé par l’UNESCO. La ville n’est qu’à 70 km de la frontière polonaise et a porté, dans l’histoire, le nom allemand de Lemberg entre 1772 et 1918… Devenue polonaise entre les deux guerres, Lvov et sa région furent par la suite incorporées dans l’Ukraine, la plupart des Polonais furent expulsés ou terrorisés par les milices pro-Nazies se revendiquant de Stepan Andriïovytch Bandera, (né le 1ᵉʳ janvier 1909 dans la province de Kalouch et mort assassiné le 15 octobre 1959 à Munich).
Il fut un nationaliste ukrainien pro-Nazi qui prit une part active dans la mise en œuvre de la Shoah et voit son nom affiché dans bien des rues, avec ceux d’autres collabos génocidaires nazis. Personne n’ose relayer cette incongruité car la ville de Lvov est devenue un centre de résistance ukrainienne-pro-Nazie. Je réussis à trouver un café ouvert près du centre, l’établissement est ouvert 24 h sur 24, comme indiqué sur l’enseigne, c’est un comportement importé de l’ouest, de travailler aussi longtemps qu’on veut, sans l’obligatoire couvre-feu social de l’ère soviétique, mais le sens du service est loin d’être encore acquis, le client demeure un “emmerdeur de guichet”, celui qui vient déranger parce qu’il quémande quelque chose, même s’il paie le salaire. L’attitude des cafetiers et des serveurs est empreinte de cette rudesse administrative faite d’agacement et de brusquerie que quiconque a fréquenté, en France, les guichets de la Poste ou de la Sécurité Sociale avant les années 1990, connaît bien…
C’est le style : “Parlez devant l’hygiaphone ! Qu’est-ce que vous voulez ? Y en a pas ! Zavez pas la monnaie ?”… Même les toilettes sont payantes, comme dans les cafés parisiens de haute époque, ils ne coûtent qu’un demi-kopek mais il faut trouver la bonne pièce et ils ne semblent nettoyés qu’une fois par mois. Le robinet du lavabo est branlant, exigeant de le tenir à deux mains pour ne pas le desceller. Pour se voir dans la glace, il faut être grand, quant à l’étroitesse du lieu, elle condamne toute aisance aux obèses qui ne peuvent même pas entrer. Le papier toilette, au cas où vous auriez oublié le vôtre, se prend au comptoir avant d’y aller : pas question de faire confiance aux camarades en régime de pénurie, le savon, de même, est coincé dans une coupelle plastique derrière le robinet et seuls les astucieux peuvent y accéder, ils prennent d’ailleurs un malin plaisir à le remettre tel quel pour laisser les autres emmerdés. Si la disette a disparu, si les prix des articles de première nécessité sont bas, le comportement administratif subsiste bel et bien.
Ce comportement est si connu dans la Russie d’avant Poutine, qu’il existe un mot Russe pour ça : “komandirovka”… Malgré ses velléités d’indépendance, l’Ukraine reste ultra soviétique dans sa mentalité. Le comportement administratif est le versant réel de ce collectif idéal tant vanté par les socialistes : surtout en France. Je visite l’église de Boris et Gleb, puis l’église de la Résurrection, les rues de la vieille ville sont en restauration, j’enjambe partout des travaux en cours, contourne des pavés en tas, du sable passe sous les échafaudages, des tonnes de plâtras et de gravats attendent la benne salvatrice qui les portera hors de la ville. Les engins de chantiers sont antédiluviens, les camions rouillés, beaucoup d’ouvriers sont requis pour effectuer la moindre tâche mais ils sont tellement incapables que rien ne fonctionne. On est ici un demi-siècle en arrière question efficacité et délais… La restauration des vieux quartiers avance lentement mais semble mal lancée, tout le centre ville est industrieux mais désastreux.
Les seules façades terminées et les beaux bâtiments dans le style ancien sont en général des banques, les seules qui peuvent payer. La ville se prétend verte d’écologie, en réalité c’est une décharge à ciel ouvert, on n’y construit pas de grands ensembles de style “perspectives Staliniennes”..., les fantasmes sont “Perretistes” (du nom de l’architecte Français bétonnier des années’50) mais ils n’ont pas cours comme au Havre, dans un pays qui a subit l’Ukrainisme-soviétique et son mauvais goût je-m’en-foutiste durant plusieurs générations. Les arbres des parcs sont toutefois préservés, des bancs y accueillent les passants, les gens s’y promènent et s’y reposent, les trottoirs sont très propres, les bouteilles sont consignées et parfois données à des plus pauvres, les SDF appelés ici BMJ (non, ça ne veut pas dire Bordel Mondial pour la Jeunesse, pas plus que SDF ne veut encore dire Scouts de France)… Lvov ; Lviv en ukrainien, Lwow en polonais, Lemberg en allemand, Léopol en français, fut longtemps de culture polonaise.
Partie successivement de la Pologne, de l’Autriche-Hongrie, puis à nouveau de la Pologne entre les deux guerres, annexée par l’Union soviétique lors du pacte germano-soviétique en 1939, elle fut occupée de 1941 à 1944 par l’Allemagne nazie, puis reprise par les Soviétiques après la Seconde Guerre mondiale et rattachée à l’Ukraine. La vieille ville, entourée de murs, se situait au contrefort du Haut Château (une colline haute de 409m) et de la rivière Poltva… Au 13ème siècle, cette rivière servait au commerce et au transport, début 20ème siècle, elle était si polluée qu’il fut décidé de la recouvrir pour la faire passer sous la vieille ville. L’artère centrale de Lvov, l’avenue de l’Indépendance (Prospect Svobody), ainsi que l’opéra, se trouvent juste au dessus de la rivière souterraine… Un marché aux livres est en train de s’installer en plein air, sur une placette desservie par un arrêt de tram, comme il y a peu de programmes télé intéressants et qu’Internet est encore peu répandu, les Ukrainiens lisent toujours. Donc achètent ou volent journaux et magazines.
Chromes&Flammes version Tchèque qui servait de trait d’union avec l’édition Ukrainiène stoppée par la guerre, est presqu’intégralement volée et les exemplaires de la version Russe sont brulés… Les versions Web s’en sortent mieux du fait du système de traduction automatique et de la modération (implacable) sauf que les Ukrainiens ne sont pas branchés niveau population, alors que ce sont devenus des artistes informatiques de l’espionnage numérique et de la création des pires virus… Pour ce qui est des magazines “papier”, les problèmes s’amoncellent toutefois puisque c’était imprimé à Vilnius pas loin de l’enclave Russe qui devient un bastion sévèrement gardé… De toutes façons le temps n’est plus à la construction de Hot-Rod’s et Kustom’s… Je corrige dans l’humour noir (de circonstance) : le temps n’est plus guère (double sens assez pathétique avec guerre, je le reconnais avec joie) à ce que les populations fraternisent dans le Hot-Rodding et le Kustomizing, ce qui aura malgré tout duré quelques dizaines d’années… Bref…
Le marché se tient sous la statue en bronze d’un géant barbu musculeux, un prolétaire en bottes cosaques mais torse nu façon socialiste, ce symbole de synthèse entre tradition et communisme tient un lourd ouvrage relié sur son bras gauche, le pesant savoir des dogmatiques. La littérature proprement ukrainienne est rare et peu traduite, le début de la langue littéraire, en ukrainien, ne date que du début 19ème et tout le vocabulaire abstrait est emprunté au polonais, l’attraction russe et la persécution des particularismes, d’abord tsariste puis soviétique, ont rendu la langue ukrainienne très proche du russe (Qui se souvient que Gogol s’appelait Hohol parce qu’il était ukrainien ?)… Taras Chevtchenko (1814-1861) est le grand écrivain national, peintre et poète, patriote et démocrate, antitsariste et antiservage parce lui-même né serf, il est l’auteur du poème sur l’insurrection paysanne contre les Polonais en 1668, les Haïdamaques, l’un de ses livres “L’Hérétique Jean Hus”, attaque l’église Romaine et l’impérialisme germain ; il en appelle à l’unité des peuples slaves.
Son poème le plus connu : “Le Testament”, est devenu l’hymne national ukrainien. Les vacances scolaires ont lieu une seule fois dans l’année en Ukraine, elles durent trois mois, choisis parmi les plus chauds : juin, juillet et août, aucune semaine de congé n’est prévue entre, sauf les jours fériés ordinaires, les adultes ont le droit de prendre 24 jours calendaires dans l’année, soit une dizaine de moins que les Français (qui raisonnent en jours ouvrables). Le salaire moyen est de 200 hryvnias par mois, mais l’usage veut que des primes soient distribuées au noir (vieil héritage communiste favorisant les clientèles)… et les bonus (importation américaine récente) sont désormais forts répandus, en fonction des résultats de la société ou de la boutique. Hors paysans autarciques (il en reste bon nombre), le salaire moyen net du pays tourne autour de 600 à 800 hrv, soit de 90 à 120 €, ce n’est guère faramineux, mais les prix payés sont à l’avenant (15 centimes d’euros pour un verre de thé, 40 centimes d’euros pour une bière de 33 cl, mais nul terrain n’est à acheter, qui sont propriété d’État).
Après ma visite, je reviens vers l’opéra, ou j’ai rendez-vous à midi précise avec un dénommé Vassili qui est lecteur assidu de la version Chromes&Flammes destinée aux pays de l’Est et de www.GatsbyOnline.com qui dispose d’un traducteur automatique incorporé. Vassili a tout fait pour m’attirer en Ukraine, à Lvov, pour me présenter deux engins qu’il a créé et voudrait commercialiser. Le monument central, lieu du rendez-vous est aisément repérable, élevé au bout de la perspective Svobody (Liberté), il a été construit en 1900 par l’architecte Gorgolevski… J’achète une bière (3,25 hrv) pour la déguster, avec un verre en plastique (0,5 hrv), sur l’avenue bordée d’arbres, des enfants passent en rollers, une jeune femme s’assoit en face de moi, non pour apaiser sa curiosité mais pour me proposer une baise à l’Ukrainienne… “Moi Natacha, moi faire jouir toi fort”... Deux vieux retraités discutent un peu plus loin en riant. Un guide local me propose un tour de ville façon : “Pas de problème, j’ai beaucoup adresses de belles femmes en attente d’amour“…, il parle, comme Natacha, “toutes les langues”…
Moi, j’attend… Soudain, un bruit sourd qui va en s’amplifiant, un engin dantesque inspiré de la rarissime 1955 Gaylord Gladiator… mixé au plagiat d’un Prowler, apparait et stoppe devant moi dans un grondement apocalyptique, un bonhomme hirsute sort la tête de l’habitacle en agitant les mains et me crie : “Montez dans ma BMW Spéciale, je vous emmène chez moi à une cinquantaine de kilomètres d’ici, vous pourrez essayer mon 4X4 prototype à votre aise… En route, je vais vous parler de ce que je connais le mieux, le Donbass pro-Russe, car je vois que vous n’allez pas forcément vous attarder à Lvov qui est une putain de sale ville remplie d’Ukrainiens-Polonais-nazis fanatiques de Stepan Andriïovytch Bandera. Faites gaffe aux putes Ukrainiennes capables de vous couper les couilles”… Waouhh ! L’état des routes est dantesque par moment, il faut prévoir le nécessaire pour réparer…, On ne parle plus de nids de poule mais bien de trous d’obus…Parfois, l’état de la route fait qu’il est impossible de passer à 2 de fronts. Les passages à niveau sont assez physique, il pleut et c’est la route qui devient un torrent.
Cela explique que beaucoup de gens roulent en 4×4… et je comprend pourquoi, le bas coté est souvent plus praticable ! Question conduite, les Ukrainiens sont de grands malades, manifestement, ils n’ont pas la même conception de conduite qu’en France, ici c’est du grand n’importe quoi…, Par moment entre les vieilles Zil et les camions des années 70’s de conception soviétique, dont la vitesse de croisière n’excède pas 30 km/h, qui partagent la route avec des X6M qui roulent à tombeau ouvert, on croit qu’on va mourir ! Autre obstacle de taille: la Militsia… C’est assez folklorique : “Ils sont souvent postés aux carrefours stratégiques et leur mission est de faire cracher quelques billets pour des infractions imaginaires. En principe, aucune perception en direct n’est autorisée, mais c’est difficile de se sortir du traquenard une fois qu’on y est… Une règle d’or : moins on côtoie la police, moins on a de problème, ils ne servent à rien et surtout pas à protéger les gens… C’est simple, moi je ne m’arrête plus, même s’ils me le demandent, ça ne les choque pas outre mesure”
Il est fou et je le suis aussi d’être venu en Ukraine ! Il ajoute : “Ils arrêteront le prochain et se concentrent sur les pauvres gens en bagnoles hors d’âge, on ne sait jamais, ce serait fâcheux d’arrêter un ami du chef local comme moi… Après, je ne connais pas leur attitude face aux motos qui sont assez rare lorsque l’on sort des villes”… Je lui demande ce qu’il y a à voir dans le Donbass et à Dnipro…, il me répond : “Ben franchement, c’est la guerre la bas, il n’y a que des Russes, il n’y a plus rien qui mérite vraiment le détour, c’était une région minière de charbon, et très industrielle, sidérurgie, industrie lourde, armement… Bref, du glamour à l’état pur… Tout a été détruit, rasé… Donetsk était une ville très propre, bâtie selon les standards occidentaux, un stade, des buildings clinquants et autres hôtels de luxe… Tout explosé… L’ambiance est assez irréelle, on avait avant l’impression que c’était une ville construite pour une poignée de privilégiés avec de larges avenues et peu de monde dans les rues… Maintenant c’est une cité de défavorisés… Des fantômes… Culturellement et architecturalement parlant, y a jamais rien eu là d’exceptionnel, à part les églises orthodoxes… Par contre sexuellement, vous pouvez faire de belles rencontres, les gens cherchent de l’argent par tous moyens, mais ils meurent tous”…
Devant ma moue qui reflète ma stupéfaction, il ajoute : “Méfiez-vous de ce coté-ci de l’Ukraine, des pièges à touristes avec la jeune étudiante de 20ans en talons aiguilles et mini jupe qui vous drague, ce ne sont que des arnaques. Notez que les plus vieilles sont pourries de maladies vénériennes. Je ne sais pas pourquoi l’OTAN veut incorporer l’Ukraine tous les militaires occidentaux seront contaminés de maladies vénériennes et autres saloperies”… Il fait maintenant frais et humide, le revers positif est que chaque couleur ressort vivement sous le gris diffus du ciel… Arrivé chez Vassili, je suis hypnotisé par sa copine, Lounya, qui est occupée à confectionner un gros bouquet de fleurs des champs, destiné à orner somptueusement la table du dîner dans une bouteille servant de vase la jeune femme a de beaux yeux et une poitrine généreuse… Sa tête est prise dans un foulard aux couleurs du drapeau jaune et bleu, elle dépose près de moi nombre d’assiettes fleuries de tranches de tomates, de concombres, de saucissons, de fromages et de poivrons jaunes en lanières : “Après dîner, vous pourrez dormir dans la grange avec moi qui vous aime déjà pour baiser d’amour”…
Le foin odorant, sur une large épaisseur, m’avait tenté pour une nuit lubrique “à l’Ukrainienne”, comme je craignais les petites bêtes, j’ai décliné l’offre… mais j’ai été plutôt dérangé par les grosses en-dessous : deux veaux, deux chiens, sans parler d’un coq et de ses poules…, Tout ce petit monde remuait, grognait, caquetait et émettait des odeurs diverses très campagne. Par contre, le chat roux et blanc vu hier soir, le poil angora avec une tache sur le nez, pourtant très familier, n’est pas venu ronronner sur mon duvet…. Dès Potroon_Minet du matin, Vassili m’a propose la BMW Z4 qu’il avait modifiée ainsi que son étrange 4X4 extrapolé d’une Nissan Maxima pour 8.000€ en cash…, Il m’a proposé d’en réaliser un essai et m’a expliqué le chemin à parcourir au soleil : “La descente jusqu’à la rivière est suivie d’une remontée sur la colline en face, les prés sont très fleuris, bien plus qu’en vos contrées, me semble-t-il… Vous pourrez voir des pensées sauvages… Vous reconnaitrez les campanules des Carpates à leurs corolles lilas en pentagone, des bleuets, des marguerites mais il n’y a pas de coquelicots”…
Des scabieuses poussent du col leurs fleurs chiffonnées bleu pâle ; le millepertuis fait bouffer ses pistils pubescents sur leurs cinq pétales jaunes ; la véronique dresse ses fleurs en goupillons, des roses trémières sont comme de végétaux relais de téléphone mobile…, je trouve aussi la mauve, l’arnica, la camomille… et ces petits edelweiss aux feuilles d’argent veloutées. Une laiterie d’altitude, près du chemin, attire ma curiosité, le nom ukrainien de cette sorte de cabane est kolyba…, le fabricant de fromage garde les bêtes des autres sur le pré, les surveille et les protège, il se paie sur la bête en faisant usage pour lui-même du lait…, il le caille à la présure d’estomac, le cuit lentement dans un gros chaudron sous lequel le feu, alimenté par le bois des forêts alentour, ne doit jamais s’éteindre de tout l’été, cela porterait malheur. Une fois caillé, le lait solidifié est mis à égoutter, puis à sécher à la fumée du feu qui monte à l’étage…, les grosses boules blanches sont alignées sous le toit…, avec le petit lait résultant de l’égouttage, le laitier fabrique un autre fromage, plus frais.
La route que je reprends monte dans la forêt de pins, appelés Smereka, la pluie de la nuit a rendu la voie boueuse…, J’arrive à la crête, mais il s’agit toujours de la suivante, vieille tactique “à la russe” de dompter les groupes militaires… En plein vent au sommet de la dernière crête, j’ai une vue entière sur le village où je vais, des vaches à clarine broutent alentour. Des maltchiki me jettent des regards de curiosité (maltchik : jeune garçon en russe), l’un de ces ados en goguette n’a pas de selle sur son VTT et il pédale en danseuse… Le tube menaçant directement ses fesses n’est pas pour effrayer ce petit mâle “à la russe” ; ses ancêtres ont vu pire avec les pals mongols… Son copain, un peu plus grand mais guère plus âgé, pédale en seul jean, peau halée, regard clair et cheveux blonds coupés courts, il offre l’image d’un scout allemand des années trente. Vassili m’attend là, déjà…, il est tout sourire et me crie : “Il faut toujours essayer une voiture, un produit ou une recette au moins 2 fois, de même, il ne faut pas juger un livre d’après sa couverture et se fier uniquement à sa première impression”…
Je lui demande le pourquoi du comment il répond : “Oui, sinon on risque de passer à côté de superbes expériences. Le 4X4 a été construit à Biysk, la carrosserie est celle d’une Nissan Maxima, le moteur est un diesel 3000cc. J’en demande 1,5 millions de Roubles. La BMW Z4 est une autre création que je vends avec le 4X4. Prix d’ami 8.000€ pour les deux.“… Je lui rétorque que sa BMWZ4 a tout d’une Audi… Mais il ne répond pas… Au décollage du 4X4, il faut mettre énormément de pression sur la pédale pour le faire avancer…, Peut-être est-il expressément conçu pour des travailleurs de chantier qui portent des grosses bottes à bouts d’acier, mais pour les déplacements ordinaires, l’effort requis pour le mouvoir est fatigant. Ce qui m’énerve aussi, c’est le long délai entre l’enfoncement de l’accélérateur et la poussée qui s’ensuit, sans parler de la boîte de vitesses qui tombe automatiquement en 1re et provoque un léger à-coup. Étant donné les évènements qui se déroulent en Ukraine, je savais que je devais essayer cet engin étrange sans tarder…
Mon premier contact me rend perplexe et je me demande si j’ai raté quelque chose car l’expérience de conduire ce bitza me laisse sur mon appétit, sur la route, je l’ai senti très lourd, notamment en raison d’un accélérateur très lent à réagir, mais je l’aime quand même… La suspension semble incapable de gérer la plupart des imperfections des routes et ce, peu importe la vitesse à laquelle on roule, les ressorts “bi-étagés multi-lames” à l’arrière aident l’engin à masquer les petits défauts, mais on dirait que la suspension ressent le besoin urgent de se décomprimer dès que les roues mangent 5 centimètres de débattement…
Bien sûr, le châssis est extrêmement rigide et donne l’impression de pouvoir sortir indemne d’une collision avec un mur de brique, cependant, il est inacceptable que les mouvements du châssis soient aussi mal contrôlés lorsqu’on roule sur un asphalte abimé… Le moteur diesel s’anime à partir de 500 tours/minute et pousse sans effort ni relâche jusqu’à 3.500 tours/minute… Pour ce qui est de la BMW Z4 rien à en dire tout y étant dans le look…
L’apéritif est à 19h pour un dîner prévu une demi-heure plus tard et il se met à pleuvoir… Le dîner est l’occasion de discuter avec Vassili du prix minimum auquel il est disposé à me vendre ses deux bitza… De 1,5 millions de Roubles chaque, nous en sommes maintenant entre 10.000 chacun soit 20.000 euros la paire en cash… J’offre 8.000 euros cash pour les deux et rien de plus, je lui promet un article extraordinaire dans GatsbyOnline qui va lui attirer des commandes du monde entier, je lui conte que j’ai maintenant la possibilité de confirmer mon expérience de l’attitude soviétique… Lui me dit avoir découvert un peu mieux qui est le Boss de GatsbyOnline, assez loin des stéréotypes qu’on lui avait inculqué… Il se lance dans un discours, “à la Russe”, tant le rituel de ces années Staline continue de marquer la dernière génération élevée dedans…. et ne voilà-t-il pas qu’il me remet une médaille pour être le premier occidental à lui acheter son 4X4 révolutionnaire.
Le communisme adorait les médailles, façon de distinguer au mérite sans faire bouger d’un pouce le pouvoir politique, me voici donc méritant. Vassili a apporté une vodka maison dont il verse de généreuses rasades qu’il est de bon ton de boire cul sec “à la Russe” toujours, mais je m’en garde bien, le libéralisme m’a appris la prudence et à réfléchir avant de faire bovinement tout ce que fait tout le monde. Vassili et son amie Lounya, portent des toasts à plein de choses telles : leur improbable 4X4, leur BMW Ukrainisée, l’amour à-la-cosaque, les cuisinières du dîner de ce soir, les roulés au chou réussis (golubsky)… Leur objectif : me faire descendre un litre de vodka en quelques minutes et me faire payer au moins 10.000 euros de plus… Il aussi apporté aussi une bouteille de vin de Crimée, un genre de Vino Sancto rouge et sirupeux, très agréable au goût, favori des dames et très rare ! A la suite de ces libations, nous dévorons la salade de chou au concombre assaisonné d’aneth frais, les goloubsky au chou et les vareniki, sortes de gros raviolis au fromage blanc…
Ensuite nous nous mettons d’accord pour le prix de 8.000 euros pour les deux engins payables lorsque je passerais la douane européenne… Mais, pour des raisons fiscales et parce que c’est une manière de pouvoir déclarer n’importe quoi à un prix ridicule sans qu’on pose de fâcheuses questions, Vassili me dit qu’il faut traverser la Moldavie jusqu’à la Roumanie et pas aller directement en Roumanie… J’entrevois la fin de mon périple paysan chez les Goutsouls d’Ukraine. Le lendemain à 12 h 15 : nous passons sans encombre la douane Ukrainienne en direction de la Moldavie, puis nous arrivons à la douane Moldave ou Vassili et Lounya se font contrôler. Et de mon coté, les papiers de chaque bitza me sont demandés : certificats d’immatriculations provisoires, facture de 2 X 150€ pour l’attestation des transits et mon passeport… Après une attente de 45 minutes, en cause d’une enveloppe secrète que Vassili a donné au chef de la douane, les papiers reviennent.
Le douanier me montre qu’il a apposé le cachet de la douane Moldave sur les certificats d’immatriculations et sur les factures de 150 euros du 4X4 et 150 euros de la BMW : nous pouvons donc repartir… et deux heures trente plus tard, Vassili, Lounya et moi nous traversons le Prut (affluent du Danube), qui sépare la Moldavie de la Roumanie : c’est la porte d’entrée de l’Europe contrôlée par la douane Roumaine… Le plan de Vassili fonctionne parfaitement pour déclarer un minimum… 15 h 30 : on nous demande tous les papiers (véhicules et personnes)… Les véhicules sont inspectés pour vérifier si nous possédons des cigarettes et de la vodka achetés en Moldavie… La loi est en effet très claire : 2 bouteilles d’alcool fort et 2 paquets de cigarettes par personne… Le douanier demande en anglais à Vassili pourquoi il m’a vendu son 4X4 et sa BMW seulement 150 euros chacune et Vassili lui explique que c’est pour une restauration/fusion… Le douanier sourit et dit que c’est beaucoup trop cher…, et met les documents dans sa poche en faisant un clin d’œil…
Tout semble passer comme une lettre à la Poste jusqu’au moment où… Un autre douanier demande à Vassili les certificats d’immatriculations et les factures. J’explique que nous les avons déjà donnés au premier douanier qui procède à l’enregistrement et que nous les attendons…, Le douanier ronchonne et m’explique qu’il fallait se renseigner avant d’acheter de tels engins en Ukraine pour les passer en douce en Moldavie et qu’il y a maintenant de nouvelles procédures à respecter pour que de tels engins puissent entrer en Europe… Tous les papiers sont rendus par le premier douanier et nous pouvons donc donner les papiers au deuxième douanier…, Il les regarde et dit que tous ceux-ci ne valent rien… Il plie les certificats d’immatriculations, les mets dans sa poche de chemise et me rend les factures. Un troisième douanier intervient et m’explique en français qu’il y a un problème avec le 4X4 et la BMW qui est en réalité une Audi qui en utilise des papiers surement volés…et qu’il faut maintenant passer par un transitaire…
Vassili lui montre que cela a été fait à Chisinau en Moldavie…, mais le douanier répond que c’est valable en Moldavie mais pas en Europe… Vassili demande si les papiers de transit peuvent être faits sur place… et le douanier répond : “Bien sûr, ce n’est pas un problème. Faites marche arrière, passez de l’autre coté du bâtiment, du coté des camions, garez-vous et allez faire vos papiers de transit. Il y a plusieurs entreprises de transit à votre service”… Enfin une réponse positive… Vassili redemande les certificats d’immatriculations que le deuxième douanier avait gardé et nous partons nous garer…, Puis nous entrons dans le bâtiment avec 300 euros en poche, pour payer, au cas où… On se sait jamais… Nous sommes accueillis par un quatrième nouveau douanier, très souriant, qui nous présente les trois bureaux de transitaire ouverts et nous dit que ceux de l’étage sont fermés… Vassili lui demande lequel des bureaux choisir et le douanier répond, en français : “Faut choisir. Demandez lequel qui est pas trop cher. Alors, par lequel commencez-vous ?”…
Nous choisissons le premier qui est tenu par une femme souriante…, Vassili lui explique qu’il nous faut un papier de transit pour convoyer un 4X4 et une BMW/Audi prototype en France… La femme perd aussitôt son sourire et nous explique que ça cause beaucoup trop de problèmes depuis la guerre en Ukraine et qu’il y a de nouvelles directives : elle explique qu’elle a déjà failli perdre son travail avec une affaire semblable la semaine dernière avec 4 chars d’assauts lourds que des soldats Ukrainiens voulaient revendre en Espagne ! Elle a dû payer une très forte amende : “C’est ce qui se passe quand la marchandise n’est pas présentée à la douane à destination. Je préfère travailler avec des professionnels”… Nous allons donc vers le deuxième bureau : ici le transit est possible, mais il faut déposer une garantie en liquide de 20.000 euros, récupérable à destination en présentant les voitures au bureau de douane du Havre, le seul qui est reconnu par la Roumanie pour les voitures venant d’Ukraine.
Impossible d’accepter ce qui qui semble être pour le transitaire, une arnaque typique Ukrainiènne “Le troisième bureau” ! Vassili commence à peine à expliquer notre cas que le troisième transitaire nous répond qu’il ne veut pas travailler pour des particuliers… Il nous demande de sortir et de fermer la porte… Et bien… Nous voici dans de beaux draps ! Nous décidons de retourner au bureau numéro 2, pour obtenir plus de précisions… Là, le transitaire nous sort un gros classeur dans lequel une simple feuille comporte un tableau d’estimation des montants de la taxe et du dépôt de garantie en fonction des valeurs du matériel, selon ce document, un 4X4 prototype n’est pas répertorié, et il n’existe pas de BMW-Audi, mais, crayon en main, sur un bout de papier déchiré, il fait une estimation “amicale” des montants à donner pour passer la frontière vers l’Europe au moment ou les douaniers ferment les yeux et l’addition tombe : 20.000 euros pour le dépôt de garantie et 10.000 euros pour la taxe !
Nous expliquons au douanier que c’est de l’arnaque…, mais, il répond qu’une arnaque en appelle une autre et que c’est son dernier prix… C’est la douche froide… Que faire ? Faut-il abandonner le 4X4 et la BMW/Audi à la douane ou payer la somme exigée ? Vassili, énervé par cette situation, décide que nous devons rencontrer le chef du service de douane pour arranger la situation… Nous partons tous les deux à sa recherche… Nous finissons par le trouver et nous lui expliquons nos problèmes… Il dit comprendre la situation et décide de parler avec le transitaire. Après un quart d’heure d’altercation, le chef de douane ressort du bureau et nous explique qu’il a tout fait pour arranger la situation mais que le transitaire est très rigide… Nous lui serrons la main pour le remercier et il repart à son poste… Nous patientons trois quarts d’heure, quand soudain le transitaire sort de son bureau et nous demande les papiers du 4X4 et de la BMW/Audi…, Vassili et moi nous regardons un peu surpris : aurait-t-il eu pitié de nous en nous voyant attendre ?
Ou bien se serait-il fait remonter les bretelles par le chef de la douane ? Nous patientons à l’extérieur du bureau dans le hall d’accueil… Pas besoin de comprendre le Roumain : la tension monte entre les deux hommes et une longue dispute commence…,Vassili m’explique que le chef de douane soupçonne le transitaire de gonfler ses tarifs pour alimenter son coffre-fort en ne reversant un minimum aux douaniers… et qu’il lui dit que ses tableaux d’estimation des valeurs marchandes sont inadaptés aux produits. Nous le suivons dans son bureau et il remplit tout un formulaire sur informatique en demandant un tas d’adresses et d’informations… Vingt minutes plus tard 5 voitures de police déboulent, escortant un camion-plateau porte-voiture… en quelques minutes le 4X4 et La BMW/Audi sont embarquées, Vassili et Lounya menottés et jetés à l’arrière d’une des voitures de police… Et le convoi repart… Je reste là, interloqué… Crayon en main sur un bout de papier déchiré (pareil qu’un des transitaires), le douanier en chef est en train de calculer combien il va m’en couter !
Pour passer la frontière, une nouvelle addition tombe : cette fois, c’est 100 euros d’amende pour en finir définitivement : “Vous alliez être victime d’une escroquerie, ces gens sont des Ukrainiens, tous les mêmes, ils veulent faire un max d’argent avec les européens, sans reverser un pourcentage équitable…, Maintenant tout est arrangé, on a fait en sorte qu’ils ne recommencent plus. Il y a un bus qui se rend dans la capitale. Prenez-le et bon vent”… Bof, ce qui est fait ne sera plus à faire… Je propose de le payer en Leu ; mais ce n’est pas possible… L’atmosphère se détend… Le paiement effectué, le douanier établit un procès-verbal et imprime un reçu pour l’amende de 100 euros que je lui ai versé… et je peux monter dans le bus après un contrôle de mes bagages… Je n’ai plus jamais entendu parler de Vassili, de Lounya, de leur 4X4 prototype et de la BMW/Audi…, mais comme je ne payais les 8.000 euros qu’une fois en Roumanie, toute cette histoire se termine très bien, presque trop bien…
Qu’en est-il de l’Ukraine ? C’est pourri de pourri… Depuis 1991, les États-Unis financent des groupes politiques pro-européens en Ukraine par l’intermédiaire d’ONG comme la Fondation Carnegie pour la paix internationale. La diplomate américaine Victoria Nuland, représentante du Bureau des affaires européennes et eurasiennes à Washington, avait alors indiqué que ce financement dépassait les 15/20 milliards de dollars entre 1991 (date de l’indépendance de l’Ukraine) et 2013, ce montant était en réalité un financement aux groupes politiques pro-européens. Alors que l’Ukraine était proche du défaut de paiement et qu’elle enregistrait en plus une récession de 2 % en 2013, il lui restait, fin novembre 2013, 18,79 milliards de dollars de réserves de change et elle devait en 2014 payer 17 milliards de dollars de facture de gaz naturel à la Russie. Toutefois, en tant que “Pays-Frère”, le 18 décembre 2013, le président russe Vladimir Poutine annoncait la levée des barrières douanières entre l’Ukraine et la Russie pour aider l’Ukraine…
Il soulignait aussi que son intention de baisser le prix de son gaz et proposait au gouvernement ukrainien un prêt de 15 milliards de dollars supplémentaires, soit une dette de 32 milliards. Lors des négociations entre l’Union européenne et l’Ukraine, le premier ministre ukrainien Mykola Azarov a demandé, en plus à l’Union européenne un prêt de 20 milliards d’euros, portant la dette à 52 milliards… Les Ukrainiens sont des putes qui créent des problèmes pour en tirer profits. Cette façon d’être et de faire les pousse à créer des conflits gigantesques. C’est le pays le plus corrompu du monde ! Le Donbass est peuplé d’une forte majorité russe en plus des ukrainiens russophones héritage de l’attraction qu’offrait cette région riche en industries et emplois du temps de l’URSS (environ 2/3 des Ukrainiens sont russophones). Les manifestations financées par les USA naissent de l’échec des négociations entre l’Ukraine et l’Union européenne qui est contrainte de suivre, d’autant plus que les commissions en retour des dons grimpent à 50%…
Il suffit de voir la mine réjouie de la Présidente de L’UE et du Président de l’Ukraine pour comprendre… Nous sommes victime de leurs jeux ! Maintenant l’Ukraine nous pompe un max de milliards qu’on ne reverra jamais, a monté un système de retour des dons de charité à chaque donneur sur des comptes off-shores indétectables, et aucun des chefs d’Etats membres de l’Otan ne sait plus reculer de crainte qu’un scandale éclate… La méthode Ukrainienne est en marche… La guerre atomique d’un Poutine excédé va finir par nous anéantir…