Alfa 4C Spider…
La “mini Ferrari” enlève le haut !
Par Marcel PIROTTE
Alfa semble avoir retrouvé des couleurs, les Alfistes se réjouissent, d’autant que dans quelques semaines, la nouvelle berline, une grande familiale, devrait être dévoilée. On évoque le nom de Giulia mais rien n’est moins sûr…, moi, j’opterais plutôt pour une appellation nettement plus prestigieuse, inédite… mais avant cet évènement d’importance, Alfa a décidé d’enlever le haut de son coupé 4C et de le transformer en spider encore plus désirable mais aussi nettement plus cher : 73.000 € prix de base, soit 10.000 € de plus que le coupé, ce qui n’est vraiment pas donné…
Une critique que partageaient la poignée de journalistes français et belges invités à cet évènement au départ de Balocco, l’ancienne piste d’essais Alfa au cœur du Piémont, aujourd’hui devenue le centre d’expérimentation européen du groupe FCA, Fiat Chrysler Automobiles.
Les dirigeants Alfa ont eu beau nous expliquer que ce Spider quatre cylindres de 237 chevaux (dévoilé en tant que concept au salon de Genève 2014) est le seul de sa catégorie à : proposer une coque en carbone tout en se montrant très léger (soit moins d’une tonne avec les pleins)…, être réellement compact (4 m de long ) et terriblement joueur…, la facture reste sur l’estomac… et ce malgré une ligne à damner un saint (les courbes sculpturales sont superbes)…
Bref, on voudrait faire passer cette machine pour une “mini Ferrari” (elle fait aussi partie du groupe FCA ) qu’on ne s’y prendrait pas autrement…, n’empêche que l’offre pour ces voitures d’égoïstes (deux places), vaut la peine d’être examinée, car pour le même prix, Lotus propose un roadster Exige S de 350 chevaux alors que Porsche affiche au catalogue son Boxster GTS de 330 chevaux, deux machines à moteur central six cylindres…, deux rivales toutes désignées, pas tristes du tout à conduire… et je ne vous parle pas de la BMW Z4 de 340 chevaux nettement moins chère et de la Mercedes SLK 55 AMG de 422 chevaux facturée 78.000 €… ces trois sportives allemandes se voulant nettement plus abouties et surtout utilisables au quotidien.
Comme on les rencontre à tous les coins de rue (sic !), elles ne peuvent revendiquer la même exclusivité que le Spider 4 C, très italien dans sa conception… mais comme il faut bien vous informer et de manière très objective : 73.000 €, c’est le prix de base… chez Alfa, on a aussi découvert les nombreux packs… et autres options qui font littéralement exploser le prix de la voiture.
N’allez pas croire que je vais blâmer les commerciaux de la marque au Biscone, pas du tout (quoique), si les clients sont prêts à payer très cher pour obtenir un spider personnalisé, c’est leur affaire…, dès lors, ce Spider 4C est aussi livrable avec une suspension ainsi qu’un échappement racing, des jantes de 18 à l’avant et 19 pouces à l’arrière (de série, ce sont des 17/18 pouces), des sièges en cuir, des étriers de freins colorés (gag !), des jantes encore plus spécifiques ainsi que des appliques de carbone disséminées ci et là… et à ce petit jeu-là, on approche très vite des 85.000 €… et de poser d’emblée une question pouvant être embarrassante : pourquoi acheter un spider Alfa 4C plutôt qu’un autre roadster ?
Pour sa ligne tout d’abord, c’est bel et bien une Ferrari en réduction, seuls les designers italiens sont sans doute capables d’éveiller une telle passion, une telle maestria dans l’art de dessiner de belles courbes et d’en faire une œuvre d’art (oui, je le pense sincèrement d’autant que le moindre arrêt de la voiture provoque d’emblée un mini attroupement, tout le monde veut voir, savoir et surtout photographier l’engin, sans compter les pouces levés tout au long du trajet d’essai qui nous a emmenés vers le lac de Garde).
La “simple” capote en toile semi rigide, grâce à six points d’ancrage et en moins de trois minutes (avec un peu d’habitude), s’accroche à la fois au montant en carbone du pare-brise ainsi qu’à l’arceau arrière… une fois repliée, cette bâche se loge dans un sac spécial qui empiète un peu trop la capacité du mini coffre arrière déjà pas très généreux, avec une capacité de 110 litres (dans les prochains mois, un toit rigide en carbone encore plus léger (de l’ordre de 4 kg) est aussi prévu).
Pour le reste, j’ai noté la présence de nouveaux feux bi-Xénon, de jantes spécifiques, d’un capot arrière (sur le coupé il permettait de voir le moteur) remplacé par un élément en SMC non transparent. Une fois dans l’habitacle, on se retrouve en terrain connu…, peu de différences, la finition semble avoir un rien progressé mais ça reste toujours aussi basique, tout comme d’ailleurs l’équipement de série proposant toutefois (et enfin) des sièges réglables, le conditionnement d’air ainsi qu’une radio (tout simplement inaudible, le bruit du moteur étouffant tout, comme dans un hélicoptère).
Les commandes font penser à une voiture des années ’80… à ce tarif-là, on espérait nettement mieux qu’une simple instrumentation numérique… et surtout une planche de bord un peu mieux agencée… iln’y a pas, non plus, d’écran multimédia… le GPS oubliez-le à moins d’opter pour une version nomade à coller sur le pare-brise… les espaces de rangement et autres petits détails vous facilitant la vie, vous pouvez aussi les oublier.. et pourtant, nous sommes bien en 2015…
Une fois le toit enlevé, l’accès à bord s’avère un peu plus aisé qu’à bord du coupé, mais pour en sortir élégamment, c’est une autre paire de manches, pas facile en effet, taille de jockey-nain et souplesse exigées… et sur la route, ça roule comme un coupé 4 C… à la différence près qu’une fois le toit enlevé, les remous apparaissent très vite dès 80/90 km/h, envahissant l’habitacle… tourbillonnant dans tous les sens…, empêchant pratiquement toute conversation…. pour une promenade à Monaco, sur la Croisette de Cannes ou bien à Knokke-le-mazout en bordure de la mer du nord, on peut bien évidemment rouler le coude à la portière, mais si l’on veut accélérer l’allure, mieux vaut remettre le toit en place… et là, ça se passe beaucoup mieux d’autant que ce quatre cylindres turbo placé transversalement en position centrale arrière livrant 237 chevaux et 350 Nm à partir de 2.200 tr/min, n’est pas du tout avare de sensations.
Avec un rapport poids/puissance inférieur à 4 kg/ch, il a de la ressource et de manière linéaire, entre 2000 à 6000 tr/min, ça pousse tout le temps, impossible de s’ennuyer une seule seconde…, d’autant qu’Alfa a installé également son système DNA pouvant sélectionner quatre modes de conduite : Natural, Dynamic, All Weather ou Race permettant de réaliser grâce au Launch control, des départs sur les chapeaux de roues, grâce à la boite robotisée TCT 6 rapports à double embrayage avec commande des rapports via des palettes situées derrière le volant, le conducteur pouvant bien évidemment changer manuellement les viteses ou s’en remettre à la gestion automatique de la boite au demeurant très rapide dans ses réactions et sans le moindre-à-coups lors des changements de rapports.
Pour encore mieux s’amuser, rien de tel que le mode manuel Dynamic… et là, ça déménage, ce Spider pointant à plus de 250 km/h… sur une portion dégagée d’une autoroute italienne, je me suis retrouvé très vite à plus de 220 compteur et il y avait encore de la réserve sous le pied… mais circuler sur autoroute à 120/130 km/h, ce n’est pas l’expresso favori de ce spider qui ne vit réellement que sur les petites routes sinueuses où le moindre déplacement se transforme en spéciale de rallye… là au moins, il peut s’exprimer, passer de 0 à 100 km/h en 4,5 secondes et surtout dépasser à une allure record les chicanes mobiles des gendarmes qui peuvent tout juste apercevoir les feux rouges LED de ce Spider terriblement agressif à la moindre pression sur l’accélérateur.
Côté performances, l’amateur sera donc servi mais au prix de quel chahut, car même avec l’échappement standard, ça pétarade tout le temps… le bruit de ce quatre pattes turbo étant omni présent et exaspérant…. mais tout comme le BDSM, c’est amusant, du moins jusqu’à un certain point, on en rajoute une couche, provoquant à l’envi le moindre double débrayage pour encore mieux l’entendre vociférer, la Scala de Milan, ses cymbales, ses cuivres, on n’en est pas loin.
A ces allures, le petit réservoir de 40 litres se vide comme par enchantement, comptez avec le couteau entre les dents entre 13 et 16 l/100 km… quant au confort, soyez plutôt indulgent, les suspensions font pas de cadeau, les moindres irrégularités sont ressenties de manière très ferme, les bruits de roulement sont omni présents, les sièges baquets manquent de soutien latéral. Les grandes courbes, la 4C les adore, les enroule à une vitesse démentielle, la voiture virant bien à plat, remarquablement campée sur ses quatre roues… avec en prime une incroyable motricité, l’autobloquant arrière à commande électronique faisant bien son boulot…., bémol au concerto…, si le freinage confié à quatre gros disques ventilés se veut puissant, progressif et difficile à mettre à genoux, en revanche, la direction ultra directe et précise relève du parcours du combattant… du moins à basse vitesse… et pour cause, il n’y a pas d’assistance (sic !), les manœuvres pour se parquer deviennent donc assez pénibles… mais une fois en mouvement, cela se passe beaucoup mieux… du moins si l’on sait que le train avant suit la moindre saignée de la chaussée (gag !) et que dès lors, mieux vaut tenir fermement cette direction afin de corriger constamment la trajectoire…, ce qui à la longue devient assez fatigant et éprouvant, on prend tout dans les bras…, la solution serait une direction électrique, dont l’assistance diminue au fur et à mesure de la vitesse, cela existe déjà…, ailleurs !
Quelques tours du circuit de Balocco m’ont aussi confirmé le caractère très joueur de cette deux places qui se jette d’un virage à l’autre avec une facilité déconcertante et qui accepte même de se mettre à l’équerre en engageant le mode “Race”… sans doute spectaculaire mais pas tellement efficace, ça permet au mieux de faire de belles photos (gag !)…, mais sur circuit seulement. Ce spider est avant tout une voiture virile pour machos-nains contorsionnistes bien nantis…, pas pour des fillettes nageuses russes… il est uniquement réservé à ceux qui ne jurent que par le caractère “vroum vroum” de l’engin spectaculaire à souhait… mais cher, trop cher… c’est le prix à payer pour sortir des entiers battus et pour s’offrir un merveilleux jouet pas raisonnable pour un sou dans la vie de tous les jours, difficilement utilisable au quotidien mais qui a pour seul but de conjuguer le plaisir de la conduite hyper sportive à tous les temps… et de faire grimper vers des sommets votre taux d’adrénaline…
Marcel PIROTTE pour www.GatsbyOnline.com
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Et pour ma part, j’avais publié un autre point de vue :
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Concernant la 8C, c’est pire :
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