Alfa-Romeo Montréal 1972 – Version Soft
Si vous ratez la mise en marche de l’Alfa-Roméo Montréal un lundi matin (par exemple) vous devrez attendre jusqu’au lendemain ! Et si ça capote encore, soit vous attendez un jour de plus, soit vous retentez votre malchance trois jours plus tard. Alors ce sera une suite d’abominations à vivre qui vont dégrader votre santé psychique, que vous allez contre-balancer en donnant des coups de pieds dans les pneus puis les bas de caisse, la portière conducteur et en faisant des sauts “Pogo-Stick” sur le capot ! Une crise de nerf première classe avec prise de médicaments pour calmer un début de dépression nerveuse et de crise cardiaque. Le début de la fin de votre couple amoureux et autres horreurs va suivre !
L’Alfa Roméo Montréal est une merde. C’est mon avis irrespectueux d’ancien propriétaire meurtri, c’est sans appel, c’est la suite de plusieurs mal-vécus avec 6 Alfa Montréal. Vous savez, du genre qu’on est persuadé qu’on est tombé sur un “mauvais exemplaire” mais que la suivante sera “un bon numéro”… Et ainsi de suite jusqu’à la sixième ou enfin vous comprenez que vous avez été baisé bien profond parce que vous êtes aussi victime de vous-même. Car elle est belle comme une garce qui fait “pute de luxe de la haute”, sexy comme une plante carnivore vénéneuse et plus couteuse que l’entretien annuel d’une troupe de danseuses du Moulin-Rouge, sauf que c’est vous qui payez les tickets et les frais !
Notez qu’il y a pire avec la DeTomaso qui si elle “s’allume” plus facilement, chauffe comme une cocote minute sans soupape de sécurité, tient la route comme une machine à laver la vaisselle, rouille pire qu’une AlfaSud. Son coffre avant est figuratif, il n’abrite que du vent, son capot arrière pourrait contenir un moteur diesel de sous-marin, il ne contient que du vide… et l’habitacle, positionné n’importe comment entre les deux, semble avoir été imaginé pour des nains bossus avec de longues jambes arquées d’inégales longueurs !
Ce n’est, de plus, pas la marque la plus réputée lorsqu’on parle d’automobiles sportives… Non, la De Tomaso Pantera, avec son V8 en fonte Yankee-bourrin positionné sans logique avec le design de la carrosserie au look folklorique, est une crétinerie atypique et kitch qui fut immédiatement boudée par les puristes, puis haïe par ceux qui ont eu le malheur d’en avoir acheté une (j’en suis, une douzaine m’ont possédé… et j’en reste marqué et traumatisé, remerciant le ciel de ne pas être sorti ruiné de cet épisode de ma vie aventureuse)…
L’alfa Roméo Montréal et la DeTomaso Pantera sont adorées des carrossiers véreux et vénérées par les garagistes sans scrupules pour qui leurs tendances naturelles à pourrir et à exploser leur mécanique a représenté (et ça dure encore, quoiqu’elles disparaissent peu à peu) un fond de commerce important et régulier qui en a sauvé quelques-uns de la faillite… Je ne vais pas d’emblée vous dévoiler mon ressenti qui est basé sur mes multiples expériences avec ces engins diaboliques…, j’ai en effet été possédé une douzaine de fois par diverses DeTomaso Pantera et une demi-douzaine de fois par des Alfa Roméo Montréal, à chaque fois achetées avec l’argent gagné au péril de ma vie…
A chaque (très mauvaise) expérience, je me disais que j’étais sûrement tombé sur un mauvais numéro…, je comptabilisais mes pertes (parfois des montants atroces qui auraient mis toute personne “normale” en situation de crise, de faillite voire de banqueroute), le “truc” pour “m’en sortir” étant de mentir à chaque vente pis qu’un arracheur de dent ou qu’un vendeur de Ferrari, affirmant qu’il s’agissait d’une automobile extraordinaire qui n’avait que des qualités, mais que je devais vendre la mort dans l’âme pour mille raisons : ma mère malade…, ma famille nombreuse…, un divorce…, une sur-imposition fiscale…, ma maîtresse partie avec mes cartes de crédit et les codes…, divers imprévus…, une maladie rare, grave, incurable et inguérissable nécessitant une cure sur l’Ile de Pâques… et une ré-incorporation obligée de 5 ans dans la marine, section sous-marins nucléaires…
J’ai ensuite trouvé un autre moyen : les ventes aux enchères… ou les acheteurs ne connassent jamais rien des vendeurs, mais ou le risque de ne pas être payé par la maison de vente est latent (j’ai du faire quasi un procès à chacune, il en est un qui dure encore contre Coys qui me doit 35.000 euros depuis presque 15 ans)… Je suis donc co-responsable des malheurs d’une douzaine et demi de pauvres hères dont très peu se sont remis et dont certains me cherchent encore pour me faire subir mille tourments…
Spermettez-moi d’être Biblique, là, d’un coup avec l’Alfa-Roméo Montréal, presque en tuant Isaac (c’est la partie de l’Ancien Testament qui m’a toujours le plus dérangé depuis mes études chez les Jésuites) est que Moïse n’arrive jamais à la Terre Promise. Après tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il a traversé, le pauvre gars ne peut même pas mettre les pieds dans le pays du lait et du miel ! Non. Moïse a mis Dieu en colère, et Dieu ne l’a pas laissé entrer. Et cela semble tellement injuste. Je mentionne cela parce que l’Alfa Romeo Montréal conçue par Bertone n’a jamais été disponible à l’achat dans sa ville homonyme, Montréal. Ni nulle part au Canada, et cette abomination n’a jamais été mise en vente aux États-Unis non plus.
La faute “officielle” est l’évolution des lois sur les émissions et la sécurité, aux luttes ouvrières en plus d’une prudence juridique de la part d’Alfa Romeo qui savait que des procès concernant la vente de voitures impropres à tout usage routier (comme la Montréal) peuvent coûter des centaines de millions de dollars. Cela ne veut pas dire qu’Alfa en a vendu beaucoup ailleurs, car la Montréal n’a été produite qu’à 3917 unités. Il y a toutefois actuellement environ 100 Montréal presque toutes oubliées aux États-Unis dont les malheureux propriétaires prient chaque jour qui passe qu’un connard d’ailleurs (un Français) viendra leur acheter. Ce bébé rouge que vous voyez ici se trouve être l’un d’entre eux. Merci, euh, Dieu et le propriétaire de l’engin qui a dépensé un max pour réaliser des photos “Hot” (réservées à la version sexy)!
En 1967, Alfa Romeo avait apporté un coupé de luxe sexy à l’Expo de Montréal. L’engin n’avait pas de nom, c’était juste un concept Alfa qui était censé représenter “la plus haute aspiration de l’homme dans le domaine automobile” (sic et gag !). Les éléments de châssis et de suspension étaient identiques à d’autres Alfa plus basiques et courantes, comme la Giulia ou la GTV. Mais le show car avait un as dans sa manche, un jeune homme travaillant chez Bertone nommé Marcello Gandini l’avait conçu. Les “cognoscenti” de voitures “à-la-con” parmi vous, savent sans doute que Gandini a ensuite conçu des chefs-d’œuvre hors-de-prix et mal foutus, quasi-inconduisibles, comme la Lamborghini Countach et la Lancia Stratos.
Cependant, ces deux-là sont apparus dans les années 1970 une époque ou les vapeurs des fumettes faisaient croire en Dieu. Le design qui a vraiment mis Gandini sur la carte de l’enfer est la Lamborghini Miura de 1966, une voiture qui, pour certains, est la beauté personnifiée. Elle brûle facilement ! Maintenant, jetez un coup d’œil long et dur sur la Montréal et vous pourrez y voir une Miura à moteur avant. La ligne est comme un mauvais calque, où les évents des montants B et la forme générale de la serre (sic !), annoncent haut et fort que les deux italiennes sont en fait des parents assez proches mais d’un autre lit.
Il convient également de noter les cils mobiles façon pute au-dessus des phares de la Montréal, qui sont similaires dans le style aux cils noirs de la Miura. Petit fait amusant : Le seul endroit sur toute la voiture où le mot Montréal apparaît est sur le couvercle du cendrier. À quel point est-ce incroyablement cool ? Personne n’a jamais reçu de réponse ! Notez cependant que le mot “Montréal” se trouve sur le carnet de bord explicatif de la voiture ainsi que le carnet d’entretien et le manuel technique !
Bien qu’il ne fasse aucun doute que la Montréal est un design de Gandini, plus vous regardez l’engin longtemps, plus vous réalisez à quel point l’arrière ressemble à un mélange d’une Datsun 240Z et d’une Saab Sonnet III ! Partant de là, la Montréal est vraiment un produit “Disco” de son temps. Plus tard, Alfa Romeo a décidé d’exposer la première version de production de la Montréal en mars au salon de Genève 1970, aux côtés de ses putes automobiles de luxe concurrentes bien évidement : la Citroën SM et la Mercedes-Benz R107 SL (et plus tard la SLC).
Alfa a simultanément promis que la voiture serait en vente pour juin de la même année, mais des troubles syndicaux ont englouti l’industrie automobile italienne et Alfa Romeo et Bertone ont traversé huit mois de grèves et d’incendies de pneus. Finalement, dans la seconde moitié de 1971, les premières Montréal ont commencé à apparaître. Cependant, à ce stade, il est devenu très clair pour Alfa-Roméo que le riche marché américain était hors de portée. Des lois plus strictes sur les émissions polluantes et la résistance à l’impact signifiaient que, telle quelle, la Montréal devrait être repensée de A à Z.
La bestiole venait de sortir en Europe ou elle se vendait mal. C’est donc direct une histoire triste car la décision a été prise de ne pas officiellement vendre la Montréal aux États-Unis et au Canada, le condamnant à de petites ventes et à l’obscurité glauque de l’Europe. L’Amérique était là où se trouvait l’argent. En d’autres termes, alors qu’elle était en production depuis deux ans de moins, Citroën a vendu près de 14.000 SM sur les deux continents, contre moins de 400 Montréal. C’est sans doute un miracle pour Citroën !
Vient maintenant le moment où je vais vous commenter la conduite. Comme Gatsby est partenaire avec PlayBoyFrance, c’est en Californie que les photos ont été réalisées ! Le malheureux propriétaire m’a de suite dit qu’un candidat acquéreur avait failli exploser le moteur en changeant de rapport (sexuel ?) à 3000 tr / min, alors que je me préparais à emmener l’Alfa Montréal sur Potrero Road à Hidden Valley, en Californie accompagné d’une plante vénéneuse destinée à embellir les photos.
L’avertissement du malheureux propriétaire m’a laissé nerveux, du coup j’ai du dialoguer du danger constant que l’on doit vivre à bord ! “Eh bien, à quels nombre de T/M devrais-je changer?” que j’ai demandé, craignant que sa réponse ne me limite à me brancher à 40 mph maxi ! “Eh bien, il faut utiliser juste les oreilles et ne pas se fier aux instruments qui indiquent n’importe quoi, mais 6000 tr/min doit être à peu près juste pour pas que ça explose !” Mon visage s’est du coup (l’émotion) illuminé d’un sourire alors que je regardais le décolleté de la plante vénéneuse. J’ai ensuite passé 20 minutes avec l’accélérateur grand ouvert, à courir de haut en bas à travers la boîte de vitesses ZF à cinq vitesses de cette Montréal. La synchro sur 2 était un peu bancale, mais à part ce hoquet presque dénué de sens, je n’étais pas rassuré mais certain que cette bêtise roulable n’était pas le paradis absolu de l’automobile.
Pourquoi la Montréal fait un bruit de crécelle est toute une histoire. Une idée fausse commune au sujet de son V8 de 2,6 litres est qu’il ne s’agirait que de deux moteurs Alfa 1290cc I-4 DOHC combinés et réunis autour d’une sorte de manivelle commune. Erreur! Le moteur de la Montréal est en fait une version désaccordée du V-8 que l’on trouve dans la folle et rare 33 Stradale et dans la voiture de course Tipo 33, avec des têtes et un alésage ainsi qu’une course différents, portant la cylindrée de 2,0 à 2,6 litres. (Bien sûr, il y avait un V8 de 2,5 litres dans le Tipo 33/2 qui est également lié).
La nouvelle course est très courte de 65 mm, tandis que l’alésage est de 80. Comparez ces mesures à la course presque carrée de 75 mm et à l’alésage de 74 mm du moteur de 1290 cc, et vous voyez que le V8 de la Montréal ne ressemble pas à un basique Alfa Romeo I-4 typique. Cela dit, le train de soupapes est très similaire, et c’est probablement de là que vient une partie de la confusion. Le reste provient de la façon dont 2,6 se divise en 1,3 litre, plus le fait qu’Alfa a placé deux pompes à carburant de Giulia sous le capot.
Bien que le moteur ait quatre cames comme tous les autres V8 à DACT, ce sont quatre cames uniques. Cela signifie que vous ne pouvez pas simplement téléphoner à votre sympathique fanatique garagiste Alfa du quartier et demander n’importe quel vieil arbre à cames de Montréal, oh, non. Vous devez savoir précisément lequel vous avez besoin. Juste pour garder les choses compliquées et coûteuses, la came d’échappement du passager entraîne le distributeur; l’arbre à cames d’admission passager n’entraîne rien, la came d’admission du conducteur entraîne le système d’injection de carburant SPICA, tandis que l’échappement du conducteur, comme l’autre came d’échappement, ne conduit rien !
En d’autres termes, 3917 Montréal ont quitté l’usine et seulement 3917 de chaque arbre à cames ont également quitté l’usine. Je suis sûr qu’ils n’ont pas fait de pièces de rechange dans le but d’économiser, mais encore une fois, bonne chance pour en retrouver une. Le carter d’huile est en magnésium, tout comme les couvercles de came. Les soupapes d’échappement sont remplies de sodium et un carter sec gère toute l’huile et les contrepoids du vilebrequin sont en tungstène. Même le distributeur est étrange : au lieu d’utiliser un distributeur plus grand pour gérer huit “bouchons”, ou même une configuration à double distributeur comme celle des pompes à carburant, Alfa a regroupé deux distributeurs en un seul.
Le rotor a un contact en haut et un autre en bas, positionné en diagonale de celui en haut. Il y a quatre points de contact sur le côté supérieur du boîtier du distributeur et quatre sur le bas, décalés de 45 degrés par rapport au quatuor supérieur. Toute cette asymétrie mécanique et ce sous-régime peu orthodoxe explique que la procédure de démarrage est comme le calvaire de Jésus avant de décéder sur la croix ! (si vous y croyez tant pis pour vous). La pompe à eau est entrainée par la chaîne de distribution, donc lorsque le joint claque, tout tombe en panne, le remplacement étant aussi coûteux que l’auto complète. Mais si vous vous détendez 30 minutes jusqu’à ce que le moteur et l’huile soient chauds, cela devrait durer plus longtemps !
Il pétille en bavardant, il gargouille et gronde comme n’importe quel V-8 approprié, mais il est plus haut d’une octave, plus un riff de guitare éclatant qu’une ligne de basse solide. Au fur et à mesure que je pousse plus fort avec mon pied droit, le son devient non seulement plus fortissimo, mais plus frénétique, plus sauvage, plus brut, semi-cacophonique. Si je possédais encore uneMontréal, je laisserais mes oreilles faire tout le changement. Même au ralenti, le V-8 miniature est grumeleux. De plus les cames bosselées susmentionnées font vibrer et danser les compteurs.
La meilleure façon d’approcher ces aiguilles est de tenir les deux mains devant votre visage avec vos doigts écartés et de remuer vos mains de haut en bas pendant qu’un chœur italien crie dans votre oreille ! Du moins, c’est ce que je retiens. Quant à la façon dont la voiture va sur la route, eh bien, c’est assurément un produit mal foutu de la fin des années 1960. La Montréal est pire qu’une GTV au bout du rouleau. La GTV était la drogue d’entrée Alfa, ce qui signifie que la Montréal est un pur morceau de stupéfiant italien.
Moteur 158.3-cu-in/2594cc. DACT V-8 SPICA injection de carburant à port mécanique. Puissance et couple (SAE brut) 227ch @ 6500 tr/min, 199 lb-pi @ 4750 tr/min. Transmission manuelle à 5vitesses. Freins avant disques ventilés, arrière disques ventilés. Suspension avant : bras de commande, ressorts hélicoïdaux, barre anti-roulis; Arrière: essieu moteur, ressorts hélicoïdaux, barre anti-roulis. Dimensions L: 166,1 po, L: 65,8 po, H: 48,8 po. Poids 2810 livres. Performance 0-60 mi/h: 8,0 sec, quart de mile: 16,6 s @ 90 mi/h. Prix à l’état neuf aux usa : 6000 $
Ça fait des lustres et des lampadaires que je n’ai pas répondu au courrier des lecteurs, ce qui est normal puisque je n’ai pas de lecteurs, ni de lectrices, mais des internautes, des webbiens et webiennes, sauf toi, évidemment, toi mon Popu qui vient te perdre ici quand tu ne sais pas quoi faire d’autre…, je parle bien de courrier des lecteurs et non pas des mails d’insultes qui “s’accumoncellent” sur mon bureau virtuel en ronce de pendu, que je préfère au ronce de noyé qui a un tantinet tendance à mouiller mes papiers.
Le premier mail qui me tombe dans l’œil est aussi bref que court et émane d’un certain Phil de Bourre la Reine : “Bonjour Psykopat de mes deux, je te lis avec attention depuis des années et je constate que tu as enfin publié un billet objectif sur la huitième merveille du monde qu’est la sublimissime Montréal”.
Le second est plus long et vient de Bretagne : “Mon cher. La Montréal est une catastrophe, un drame planétaire, dire qu’elle serait sublimissime fait froid dans le dos et m’oblige à me gratter les couilles. Je ne dirais pas que c’est astringent, je dirais que ça irrite (le fion aussi), que ça pique avec une impression d’être baisé bien profond avec une hallebarde rouillée, un engin comme ça, lorsqu’il était neuf, aurait du être livré avec une notice de mise en garde et des contre-indications médicales. Je dois reconnaître que si on aime les conneries, on est servi et même bien servi et c’est bien là le problème. Mon cher”…
Le troisième mail est également assez bref et émane d’un certain Pepito Micorazòn, un Turc-mexicain : “Pourquoi c’est toujours les voitures italiennes qui s’en prennent dans la calandre pleine de dents, faut arrêter, espèce de rigolo, je voudrais que t’arrêtes. Je dois reconnaitre que je reste sans voix devant tant d’éloquence, de verve, et de verbe contenus, devant tant d’inspiration. Si, si, ça me fait plaisir. Je suis heureux que de plagier Jorge Luis Borges et te dire que je n’écris pas pour une petite élite dont je n’ai cure, ni pour une entité platonique adulée qu’on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue, j’écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps”.
L’être humain est masochiste…, toute la journée il est pressé, il court, il veut que tout aille vite sans problème…, l’ordinateur qui rame l’insupporte ; les ampoules à économie d’énergie qui mettent du temps à s’allumer le rendent fou ; la voiture qui tombe en rade est son pire cauchemar…, pourtant il est nostalgique et regrette les choses de l’ancien temps…, que fait-il donc pour retrouver sa jeunesse perdue ? Il abandonne le confort de la technologie moderne, en oublie jusqu’à son besoin obsessionnel de fiabilité et ressort des placards ses plus beaux souvenirs…, comble du vice, il trouve même des semblables pour échanger sur “ce qui était mieux avant”…, certains les appellent passionnés, je persiste à dire qu’ils sont masochistes.
Lors de mon essai, la Montréal n’a plus réussi à démarrer…, le démarreur fonctionnait, la pompe à essence tournait, l’allumage se faisait mais la Montréal refusait de partir, je l’ai suppliée mais rien n’y faisait… C’est à ce moment que la véritable essence du monde des voitures anciennes a fait surface… C’était, certes très masochiste de me lancer dans une telle épreuve avec ce véhicule hors d’âge dont la fiabilité est très discutable…, mais c’est ce qui rapproche tous les abrutis dans une espoir de la même solidarité spontanée qui fleurissait il y a longtemps sur les routes, à une époque où peut-être le facteur aléatoire des transports rendait les gens moins pressés.
J’ai donc appelé au secours en quémandant un spécialiste… Deux hommes se sont présenté une heure plus tard et l’un des deux m’a demandé : “Carbu ou injection ?”… Je les ai regardé abasourdi en rétorquant que les Montréal étaient en injection Spica… Grimaces… Les deux hommes sont repartis, dépassés par cette machine anachronique. Après plus d’une heure, j’ai fini par trouver enfin quelqu’un (d’autre), il a plissé les yeux devant la voiture, sans un mot, il a ouvert le capot et hoché la tête d’un air entendu, il est reparti puis est revenu avec un Chevy chargé d’outils, la bataille entre l’homme et la machine pouvait commencer.
Le mécanicien a farfouillé dans ses caisses, a tiré un aérosol, défait le cache de la casserole qui renfermait le filtre à air, il m’a chargé d’actionner le démarreur et d’appuyer sur l’accélérateur en rythme, sous ses ordres experts, et… contre toute attente, la Montréal a crachoté une première fois ! J’ai demandé au magicien quel produit il utilisait et il m’a répondu : “C’est du dégrippant pour freins”… Après quelques minutes passées à pulvériser le liquide, le moteur a fini par mourir…. J’ai laissé échapper une exclamation de joie sauf le messie mécanicien qui a rangé sa bombe aérosol en lâchant : “Ce sont sûrement les pastilles qui sont collées”… d’où le dégrippant pour freins… logique…
La quasi majorité des voitures présentées à l’époque dans mes mag’s Calandres et AutoChromes (C&F), et maintenant www.GatsbyOnline.com, je les ai possédées, payées de mes deniers de capitaliste décadent… je les ai utilisées quotidiennement puisqu’après tout, c’est la vocation d’une automobile… et j’ai subi tellement de déboires, essuyé tellement de contretemps fâcheux (et coûteux) qu’il m’a semblé intéressant de les faire partager à nos lecteurs. Cela écrit, lorsque j’ai l’opportunité d’essayer une voiture hors du commun de quelqu’un d’autre, c’est gratuit !
Tout cela va vous spermettre à tous de relâcher quelque peu la soupape, de décompresser et de faire le point, car il s’agit de voir l’automobile sous son angle le plus controversé : prendre le parti d’en rire (ou d’en sourire) plutôt que de faire les sempiternelles courbettes à des marques adorées, adulées des masses parce qu’elles (les masses) n’en n’ont qu’une vision superficielle, parce qu’elles (les masses) n’en n’ont aucune connaissance réelle, aucune expérience personnelle !