Alpine A 110 : Négociante en virages !
Il ne faut jamais désespérer !
On en revient toujours à ses premiers amours !
Les miracles existent bel et bien !
Un exemple, celui de l’Alpine A 110 qui pendant quinze ans, de 1962 à 1977, a fait les beaux jours de cette marque française, petite par sa taille mais très grande dans le cœur des amateurs de voitures de sport hors du commun.
Alpine, une marque absorbée par Renault, le numéro un français au milieu des années soixante-dix mais qui n’a jamais su entretenir ni profiter de l’aura distillée par des modèles hors du commun.
Elle a disparu du catalogue au milieu des années quatre-vingt dix, on pensait l’avoir définitivement enterrée… et puis miracle à la française, elle réapparaît en 2017 avec l’A 110 de la nouvelle génération mais conservant l’ADN Alpine, à savoir légèreté, maniabilité et des moteurs Renault boostés comme pas deux.
Alpine est née de la volonté d’un seul homme mais quel homme : Jean Rédélé !
Plus jeune concessionnaire Renault de France à Dieppe, diplômé HEC, amateur de voitures gonflées, fondateur en 1955 de cette marque mythique qui pour des problèmes financiers a été cédée au milieu des années soixante-dix à la Régie Renault, qui finalement, malgré les immenses moyens dont elle disposait n’a pas réussi à ce que cette marque prestigieuse de voitures de sport puisse enfin accéder au statut auquel elle avait droit.
Au milieu des années quatre-vingt dix, Alpine, c’est fini, l’usine de Dieppe n’assemble plus au compte-gouttes que des Renault sport, le spider et des R5 turbo…
Et puis miracle à la française, encore !.
Je vous l’avais bien dit, les miracles n’ont pas lieu qu’une seule fois !
Quarante cinq ans plus tard après l’essai en 1973 d’une berlinette A 110 1600 SC de 126 chevaux, sans doute la plus aboutie mais qui aujourd’hui se négocie au bas mot entre 80.000 et 90.000 € si pas plus, me revoilà enfin au volant de la toute nouvelle Alpine A 110 agrémentée de cette belle teinte «bleu de France» qui lui va si bien.
Elle revendique également tout comme sa vénérable grand’mère son statut de «négociante en virages».
J’ai beau me pincer, je ne rêve pas, du coup, je me sens rajeuni de 45 balais, c’est pas beau la vie ?…
Et de nous replonger au début des années soixante.
Quelle époque, une époque bénie des Dieux, l’industrie automobile mondiale retrouve des couleurs, oubliées les années sombres de la guerre et surtout de l’après-guerre, il faut vivre et surtout revivre, consommer sans la moindre modération.
Ces années douloureuses ont laissé trop de traces, plus de temps à perdre.
Là bas sur la côte normande qui a vu la libération de la France et surtout de l’Europe, un tout petit constructeur français de surcroit sort une berlinette à moteur Renault, A 110, c’est son nom.
Légèreté, maniabilité, facilité d’entretien avec des moteurs Renault, voilà les maîtres-mots de cette ultra-sportive avant l’heure… et le pari va réussir, bien au-delà de toutes les espérances, Alpine va même être sacrée championne du mondes rallyes en 1973 et décrocher la victoire aux 24 heures du Mans une paire d’années plus tard.
Propulsée avec bien évidement des mécaniques Renault boostées par l’équipe de Jean Rédélé, l’A 110 va évoluer au fil des années.
«Née en 1962, la berlinette Alpine deux places n’était pas simplement belle mais très belle, elle va dès lors traverser les époques avec élégance ainsi qu’un soupçon d’indifférence. Elle peut rager sur circuit ou se fondre discrètement dans le trafic. La reine de la fête peut être redoutable en compétition ou séduisante et agile en milieu urbain»…., cette introduction reprise du livre «60 ans d’Alpine à Dieppe, 1955-2015» résume à elle seule, comme ce coupé ultra-sportif est véritablement bien né, un coupé qui a bien évidemment accueilli au fil des ans des mécaniques Renault, de 50 à 200 chevaux.
Simple dans sa conception avec une carrosserie en polyester stratifié avec arceau de sécurité intégré, scellé sur un châssis-poutre en acier et bien évidemment le moteur Renault quatre cylindres en porte-à-faux arrière, l’A110 va évoluer au fil des ans et devenir ainsi une authentique voiture sport-passion tout en ayant obtenu un palmarès pour le moins impressionnant en rallyes comme en circuit.
J’ai eu le privilège d’en essayer quelques versions mais celle dont je conserve le meilleur souvenir est la 1600 SC, une véritable fille de la compétition dont la prise en mains s’est effectuée durant l’automne 1973.
Avec une précision importante, cette version bénéficiait déjà de la nouvelle suspension arrière avec triangles superposés de la nouvelle A 310 remplaçant ainsi très avantageusement les demi-arbres oscillants, garantissant un bien meilleur équilibre ainsi qu’une tenue de cap fameusement améliorée…, mais c’était encore loin d’être parfait !
A cette époque, valait mieux avoir une taille de «jockey» pour s’introduire dans le cockpit plutôt étroit de cette Alpine, (l’A 110 mesurait 3,85 m de long, reposait sur un empattement de 2,1 m, 1,13 m de haut et seulement 1,52 m de large, aujourd’hui, une Fiat 500 berline revendique 1,63 m de large), il fallait donc la mériter mais une fois installé dans les sièges baquets, cela se passait beaucoup mieux mais souplesse exigée.
A bord, petites et grosses déceptions, la finition ne correspond vraiment pas au prix demandé (38.000 FF de l’époque, une Ford Capri 2600 RS de 150 chevaux se négociait moins cher), le coffre à bagages relégué à l’avant est plutôt inexistant, le niveau sonore vraiment très élevé et de plus, ce moteur se signale par des relents d’huile et d’essence jusque dans l’habitacle ainsi qu’une ventilation plutôt déficiente ayant bien du mal à évacuer.
Mais de tout cela, le véritable amateur vous dira qu’il s’en tape royalement…, lui ce qu’il veut, c’est faire «vroom vroom» à toutes les occasions… et l’A 110 se prête volontiers au jeu.
Une berlinette 1600 SC, c’est presqu’un prototype, une machine remarquablement bien pensée par des ingénieurs de talent afin de relancer à chaque kilomètre cette passion pour le pilotage à l’état pur.
Rien que pour aller chercher le pain, la 1600 SC se la joue en étape de rallye.. et pourtant, la recette est simple, bloc quatre cylindres de la R 12 Gordini réalésé à 1605 cm3, 127 chevaux réels à 6250 tr/min, couple maxi d’un peu plus de 15 mkg à 5.400 tr/min, boîte 5 vitesses, quatre roues indépendantes chaussées de pneumatiques de 165HR13 et surtout un poids-plume un rien supérieur à 700 kg, d’où un rapport poids-puissance nettement inférieur à 6 kg/ch…, rien que du bonheur.
Petit volant gainé de cuir bien en mains, levier de vitesses tout aussi mini commandant une boîte à cinq rapports au plancher, ce n’est pas la précision ultime mais au moins on s’amuse.
Tableau de bord assez lisible et complet.., prêt, c’est parti.
L’A 110 n’attend que cela même si à grande vitesse (elle dépasse 200 km/h en pointe), la tenue de cap malgré les changements intervenus à l’arrière n’est pas exempte de louvoiements, les effets du vent latéral se font également ressentir.
Mais une fois en virages, de préférence de plus en plus serrés, c’est le nirvana, direction ultra-précise, freinage à quatre disques puissant et endurant, cette berlinette vous pardonne tout, du moins sur sol sec !
Elle virevolte de virages en virages à une allure pour le moins démoniaque, le 4 cylindres atmo s’en donne à cœur joie, il prend 6500 tr/min comme de rien.
Cette A 110 se jette de courbes en courbes avec une précision telle qu’il faut avant tout bien inscrire l’avant, l’arrière suit le mouvement avec une facilité déconcertante.
Evidemment à la limite et surtout sur sol gras ou sous la pluie, prière de savoir avant tout piloter mais dès qu’on l’a en mains, c’est fou ce que l’on peut se permettre avec cette berlinette qui mine de rien abat le km départ arrêté en un peu plus de 29 secondes tout en se contentant de 12 l/100 km.
Pour l’époque et compte tenu du prix plaisir-passion, il n’y avait pas mieux pour se faire plaisir.
En 1977, l’A 110 se retire sur la pointe des pieds après une production de 7176 exemplaires pratiquement tous différents les uns des autres…, d’où leur cote qui n’arrête pas de grimper en flèche…, la suite qui ne la connaît pas !
Triste fin de parcours pour Alpine qui a renié ses fondamentaux avec des versions V6 de plus en plus en plus puissantes mais aussi de plus en plus lourdes, de plus en plus chères et pas forcément plus maniables : A 310, V6 GT et turbo et enfin l’A 610 qui sonne le glas de l’aventure Alpine au milieu des années quatre-vingt dix.
Finie la belle aventure !
Jean Rédélé qui assiste impuissant à ce naufrage décède en aout 2007, il avait 85 ans !
Depuis 1955, un peu plus de 30.000 Alpine de route toutes versions confondues ont été produites, 26.666 à Dieppe mais également à l’étranger dont un peu plus de 4.150 unités.
Je me souviens avoir posé à plusieurs reprises durant les années 2000 la question suivante aux dirigeants de Renault : “Qu’en est-il avec Alpine ?”…
A chaque fois, la même réponse : “La nouvelle génération ne connaît la marque Alpine qu’à travers une marque audio”…, un peu court… et les anciens alors, ceux qui ne juraient que par Alpine et son aura !
Jusqu’au jour, ça se passe en 2011, où Carlos Tavares, ingénieur de formation, pilote amateur à ses heures, directeur général et numéro deux de Renault décide d’aborder avec son «boss», Carlos Ghosn qui lorgne vers le haut de gamme pour le groupe Renault-Nissan-Samsung, l’affaire Alpine.
Ghosn n’est pas très chaud, c’est un financier, tout en lui rappelant qu’Alpine appartient à Renault et qu’il y aurait sans doute lieu que ce diamant une fois poli, retrouve des couleurs dans un marché très porteur des voitures de sport de haut de haut de gamme qui représente 600.000 voitures par an !
Des arguments qui vont enfin convaincre le président de Renault-Nissan, avec un prototype présenté au grand prix de Monaco en 2012, l’A 110-50 forte de 400 chevaux.
Et d’annoncer dans la foulée un partenariat avec Caterham qui va tourner court…, à la plus grande satisfaction des amateurs d’Alpine qui va renaître tout d’abord avec une voiture de compétition ensuite sous la forme d’une berlinette qui serait construite à Dieppe, l’usine mythique d’Alpine.
Dès 2014, fin des accords avec Caterham, départ de Carlos Tavares pour prendre les rênes du groupe PSA, Carlos Ghosn constitue très vite une équipe chargée de l’étude, de la conception et de la production d’une nouvelle berlinette qui contre toute attente sera baptisée A 110.
S’il y avait une Sainte Alpine, il faudrait la vénérer chaque jour…
Entre 2014 et 2017, toutes les supputations vont bon train, la division marketing a entretenu le suspense jusqu’au bout.
A l’occasion des 24 Heures du Mans 2015, le concept car Célébration fait ses premiers pas, 60 ans d’Alpine, ça doit se fêter comme il se doit.
Les fanas de la marque de Dieppe commencent à y croire car en février 2016, présentation de l’Alpine Vision, très proche du futur modèle de série, fait ses premiers tours de roues à Monaco mais également dans le célèbre col du Turini, là, on ne rêve plus !
D’autant qu’à la fin de l’année, lancement des précommandes, 1955 au total sur internet, en 48 heures toutes les voitures proposées, des modèles de la première édition ont été vendues, 58.500 € avec un acompte de 2.000 €.
En mars 2017, lancement de la version définitive au salon de Genève, cette fois, c’est bien parti.
D’autant qu’à la fin de l’année, c’est le début de la production à Dieppe alors qu’en mars 2018, la première Alpine A 110 est livrée à Grenoble.
Le début d’une nouvelle aventure mais aussi le renouveau d’une marque automobile mythique, ça fait chaud au cœur.
Septembre 2018, je me retrouve enfin au volant de cette nouvelle A 110 pour cinq jours de bonheur, une version de la «première édition» affichée 58.500 € mais deux nouvelles définitions sont par ailleurs proposées à la vente, Pure (55.000 €) et Légende (58.800 €) avec un niveau d’équipement légèrement différent.
Recevoir la clef au demeurant pas très pratique de la nouvelle A 110, c’est quelque chose d’émouvant.
Près de 25 ans que j’attends ce moment.
Aperçue de nombreuses fois dans des salons, l’A 110 «première édition» est bien là devant moi, mignonne dans sa couleur bleu de France.
Impossible de la louper, c’est bel et bien une berlinette de la nouvelle génération, le style ainsi que le design en attestent, bon dieu que c’est bon de retrouver ce que l’on a adoré.
Les ingénieurs et designers n’en ont pas trop fait et surtout pas rajouté une couche de néo-rétro mais l’ensemble nous rappelle l’A 110 des années soixante-dix : quatre gros phares à l’avant, nervure centrale du capot, lunette arrière enveloppante rappelant les premières Alpine et feux LED à l’arrière, le rétro n’exclut pas la modernité.
Et là, cette nouvelle A 110 en a à revendre : La carrosserie ainsi que le soubassement en aluminium sont rivetés, collés et soudés de manière à assurer une excellente rigidité de la caisse tout en préservant la légèreté, l’A 110 ne pèse que 1100 kg, nettement moins que ses concurrentes à l’exception de la Lotus mais la française se veut nettement plus aboutie, plus homogène également, on le verra plus loin.
Sur une longueur de 4,18 m reposant sur un empattement de 2,42 m mais avec une largeur portée à 1,80 m ainsi qu’une hauteur de 1,25 m, cette nouvelle A 110 n’exige pas comme son aïeule de se contorsionner pour accéder à l’habitacle et surtout en sortir, tout cela avec aisance, à 76 piges, je peux en témoigner.
Du côté de la répartition des masses, les ingénieurs ont favorisé le report sur l’arrière avec 56 %, 44 % à l’avant avec le réservoir à carburant de 45 litres ainsi qu’un mini coffre de 100 litres de capacité, un autre à l’arrière étant un peu moins généreux, il faudra donc voyager léger.
Du coup et sans appendice aérodynamique, pas d’aileron ni de becquet, cette A 110 équipée d’un fond plat peut atteindre 250 km/h en pointe et revendiquer un excellent coefficient de trainée de 0,32, du beau travail.
Travail d’orfèvre également en ce qui concerne le moteur issu de la grande série (on le retrouve notamment à bord de la Mégane RS) : 1800 quatre cylindres, injection directe, turbo mis avec des composants sur mesure pour cette A 110 qui revendique dès lors 252 chevaux à 6.000 tr /min ainsi que 320 Nm de couple à partir de 2000 tr/min.
Placé en position transversale centrale arrière, ce bloc coiffé par une cache entraîne bien évidemment les roues postérieures par l’intermédiaire d’une boîte robotisée à double embrayage 7 rapports fournie par Getrag commandée par des boutons comme chez Ferrari… et des palettes au volant, l’échappement sport à sortie unique se charge des vocalises mais également de la musique surtout en mode sport.
En parlant mode de conduite, le conducteur ou plutôt le pilote a le choix entre un fonctionnement normal, sport ou track avec possibilité de «launch control»…, du coup, cette A 110 revendique un rapport poids-puissance de 4,3 kg/ch tout en pouvant accélérer de 0 à 100 km/h en 4,5 secondes seulement, nous n’avons pu faire mieux qu’un peu moins de 5 secondes mais chapeau tout de même à cet ensemble moteur-boîte qui me semble parfait et bien adapté à la philosophie de cette nouvelle berlinette, légèreté, compacité, performances élevées…, avec bien évidemment une direction assistée mis pas trop, très tranchante commandée par un adorable petit volant à jante épaisse, 2,4 tours de volant seulement pour faire un demi-tour complet, un système de freinage à quatre disques ventilés mis au point par Brembo sans oublier de belles jantes Fuchs de 18 pouces (fournisseur de la Porsche 911 à ses débuts) chaussant des Michelin Sport Pilot 4, des 205/40 à l’avant, 235/40 à l’arrière.
Voilà pour la fiche technique qui en dit déjà long sur ses prestations mais le meilleur est encore à venir.
Pas tellement au niveau de l’habitacle de cette première édition qui se targue cependant d’accueillir deux sièges baquets réglables avec une clef fournis par Sabelt recouverts de cuir fine-peau, un pédalier en alu mais également un badge tricolore bleu, blanc, rouge (cocorico) rappelant ses origines françaises, fixé dans l’habitacle et sur la carrosserie.
Pour le reste, cette Alpine aurait pu être un rien plus exclusive au niveau de la présentation, peu d’espaces de rangement…, Coyote et téléphone portable, on se demande où on va les mettre alors que certains plastiques et autres matériaux respirent un peu trop le bas de gamme.
Quant au système multimédia/navigation, il commence un peu à dater mais c’est suffisant sans plus.
La visibilité arrière n’est pas exceptionnelle non plus mais avec une A 110, on se concentre plutôt sur ce qui se passe devant !
Bouton de mise à feu, le quatre cylindres se réveille mais pas trop, prière alors de sélectionner le mode sport, Track, c’est pour le circuit.
Du coup, l’échappement sport commence à cracher… et là, on comprend d’emblée que ce n’est pas du «pipeau».
Dès les premiers tours de roues, surprise, l’A 1110 n’est pas du tout un tape-cul, les suspensions indépendantes à doubles triangles font de l’excellent boulot même sur de très mauvais revêtement, en outre la garde au sol permet d’évoluer sur des routes cabossées.
Pas non plus de crainte de racler le fond plat sur des gendarmes couchés et autres casse-vitesse dont les autorités raffolent…, il paraît que c’est bon pour une image sécuritaire, laissez-moi rire !En mode sport, l’A 110 c‘est un coupé tout à fait différent qui ne craint ni la ville où elle évolue avec beaucoup d’aisance et de facilité grâce à sa maniabilité diabolique mais c’est bien évidemment sur les petites routes qu’elle se révèle tout à son avantage.
A noter que contrairement à son aïeule, cette «new A 110» ne craint nullement l’autoroute et des déplacements à grande vitesse où elle se la joue de manière tout à fait imperturbable.
Mais une nouvelle fois, j’ai retrouvé avec cette A 110 une incroyable négociante en virages doublée d’une facilité déconcertante à inscrire la voiture, l’arrière suit le mouvement, pas besoin de corriger la trajectoire, la berlinette le fait d’instinct alors qu’on cherche vainement un autobloquant arrière, il n’y en a pas.
Et là, miracle, les ingénieurs ont visé une efficacité proche de la perfection tout en créant un coupé sport fluide, léger et surtout terriblement efficace… et ce dans n’importe quelle situation, on en redemande, tellement, c’est jouissif, enfin une vraie voiture de sport très abordable.
Ses concurrentes, elles s’appellent ;
– Lotus Elise de 250 chevaux, pas assez aboutie, un rien plus chère et finalement peu fiable…
– Alfa 4 C de 240 chevaux, une gueule d’enfer, des prestations incroyables mais difficilement utilisable au quotidien…
– Audi TTS de 310 chevaux, efficace au niveau de la motricité mais pas assez sportive et joueuse, trop lourde également…
– Porsche 718 Cayman de 300 chevaux, 235 kg en plus sur la balance mais sans doute la plus homogène du lot, très sportive et la plus aboutie mais à quel prix, surtout avec les options, la facture n’arrête pas de grimper…
Du coup avec ce petit comparatif, on se dit que cette Alpine A 110 est carrément une bonne affaire, très proche de l’homogénéité d’une Porsche 718, performante grâce à sa légèreté, jouissant également d’une motricité sans pareille mais surtout d’un plaisir de conduite et de pilotage qui se renouvelle à chaque kilomètre… et pour pas cher, 9,5 l/100 km, avec des performances aussi élevées, des montées en régime qui font grimper le taux d’adrénaline, aidé par une boîte robotisée ultra-rapide qui passe les rapports tant en montée qu’en descente avec une facilité diabolique, n’oubliant pas au passage, le double débrayage et les bruits et les borborygmes agrémentés de sensations extrêmes d’une véritable voiture de sport.
Du pur bonheur d’autant que l’entretien d’une Alpine, c‘est un peu à l’image d’une Renault de grande série, tout à fait abordable.
Un tout dernier mot !
Voilà enfin revenu le temps béni d’un coupé ultra-sportif abordable dans tous les sens du terme, utilisable au quotidien mais de préférence dans un enchainement de virages, c’est là qu’on l’apprécie encore davantage.
Avec en prime une direction ultra-précise, un freinage jamais pris en défaut ainsi qu’un modeste quatre cylindres qui donne de la voix à n’importe quel régime et qui propulse cette berlinette vers des sommets que certaines voitures de sport nettement plus chères ne sont pas capables d’atteindre.
La recette, la légèreté, Colin Chapman, fondateur de Lotus et Jean Rédélé avaient déjà compris le message, les ingénieurs Alpine ont bien retenu la leçon.
Cette new A 110 est décidément bien née, il y avait en effet très longtemps qu’une machine de sport n’avait suscité une telle émotion tout en revivant un incroyable plaisir de pilotage à l’état pur.
Pour moi, aucun doute possible, A 110, c’est la révélation de l’année, ma voiture de l’année 2018.
Avec cependant un léger bémol !
L’A 110 est victime de son succès d’où des délais d’attente pour les clients des futures versions «Pure et Légende» qui dépassent un an.
Alpine est conscient de ce problème et va tout faire afin de faire grimper la production journalière du type artisanal de 15 à 25 voitures/jour.
D’où une production de 6000 berlinette par an, le carnet de commandes étant bien fourni, 5000 clients ayant déjà réservé leur exemplaire, près de mille nouvelles A 110 ont déjà été livrées.
Marcel PIROTTE