1965 Chevy Corvette land speed racing

Se retrouver hébété devant une Corvette 1965 transformée par des fous atteints de “la fièvre du sel” qui ne vivent plus que pour “faire la course à Bonneville”, engage qui s’y trouve confronté (moi) à participer à un acte ontologique pouvant aboutir à une catastrophe : l’inévitable dissolution de l’être, l’expérience de la mort au cœur de la vie… L’ontologie en philosophie, étudie l’être et les fondements de l’existence, c’est la science de ce qui est. Mais, par opposition à l’ontique, qui concerne plutôt les faits d’existence concrets, cela relève de l’être.

Par exemple, voici deux questions ontologiques : “Qu’est-ce que l’existence ?” et “Quelle est la nature fondamentale de la réalité ?”... Ce sont des questionnements cherchant à comprendre la structure de base de tout ce qui existe. Partant du concept d’Abschattung, d’esquisses : “Si la phénoménalité appartient à l’être (ce à quoi conduit en effet le rejet de la distinction kantienne entre phénomène et chose-en-soi) il semble nécessaire d’intégrer le flux d’esquisses à l’être même des choses quoiqu’il importe de distinguer la chose de ses esquisses car elle ne coïncide avec aucune des esquisses en particulier”...

Diantre mes Popu’s, vous allez devenir philosophes et vous situer dans l’espace objectif défini comme ne changeant pas, alors que les esquisses sont des vécus et changent sans cesse… Mais ce sont les esquisses qui se font des signes les unes vers les autres, l’objectivation d’une chose apparaissant comme en soi à l’attitude naturelle partant d’un flux d’esquisses ouvert, se forme la chose objectivée, démonstration que c’est bien la chose qui s’esquisse… Le résultat, du moins pour Wayne Yurtin, est la re-création d’une Corvette 1965, incroyablement détaillée et finement exécutée.

Les puristes de la Corvette frissonneront à la vue (et au son et à la fureur) de ce coupé “Split-window’s” prêt pour la course, mais une fois qu’ils prendront du recul et s’imprégneront de l’ingénierie, du talent et du design de cette Corvette de deuxième génération, le choc initial se transformera en un sourire et un hochement de tête approbateur. Pour ajouter à sa crédibilité, il faut savoir que Wayne Yurtin a deux casquettes, celle du propriétaire du garage “C2 Restorations LLC”, qui se concentre sur le retour des Corvette’s des années ’63 à ’67 et celle du juge principal de la “National Corvette Restoration Society”.

Donc c’est un gars qui connaît les Corvette’s. Cependant, après avoir acheté cette Corvette’65 qui avait été modifiée en dragster par son propriétaire d’origine, il a commencé à apprécier les modifications vintage et a poussé la NCRS a ajouter une classe Concours qui accueille les voitures modifiées avec des “mods” de type “day-two”... Wayne Yurtin à ses débuts était informaticien et travaillait dans l’industrie des logiciels ou il a développé accessoirement et sans aucun lien avec son job dans l’informatique, une passion pour la Corvette C2.

Il en a acheté une, et l’a restaurée. C’était une Split-Windows disposant de l’injection de carburant d’usine. Son Coupé-Vette’64 l’a amené à s’impliquer dans la NCRS et finalement à créer “C2 Restorations LLC”. Cependant, c’est un voyage à la “Speed Week” de la SCTA au Bonneville Salt Flats en 2022, qui l’a envoyé à plein régime dans les courses de vitesse. Wayne Yurtin est reparti de là avec l’intention de construire une seconde Vette’C2 pour les courses de vitesse. Il a rencontré Vance Kershner, PDG de “Labware”, qui l’a présenté à Aaron Brown, propriétaire et compagnon de course du “Garage Shop” en Caroline du Nord.

Il est spécialisé dans la construction de voitures de course en ce compris une paire de Hot Rod’s’34 qu’Aaron et Vance pilotent dans les classes Street Roadster. Après que Wayne et Aaron aient discuté de concepts et d’objectifs avec la v, la Corvette’65 de Wayne a été expédiée à l’atelier d’Aaron pour que le projet commence : “La Corvette était un autre type de voiture de course pour notre atelier”, a déclaré Aaron, ajoutant : “Nous savons comment construire des voitures de course, mais la voiture de Wayne est différente. Il s’agit toujours d’une Corvette d’origine. L’emballage allait être un défi”…

L’équipe de “Garage Shop” a scanné en 3D l’ensemble de la voiture et l’a essentiellement fait construire chez “Solid Works”. Cette étape était extrêmement importante en ce qui concerne les éléments sécuritaires. Aaron a expliqué que la cage a été conçue de manière à pouvoir être soudée complètement en soulevant la carrosserie du châssis d’environ 8 pouces. L’ensemble du tableau de bord a été modélisé d’après un assemblage d’usine, avec des compteurs Auto Meter qui surveillent le fonctionnement du V8 Big-bloc.

Wayne a insisté pour conserver le coté reconnaissable du tableau de bord qui descend jusqu’au panneau de commande, ou se trouvent le levier des vitesses, la commande du parachute et un interrupteur d’arrêt principal. Les panneaux de porte formés en métal sont en place ainsi que les poignées de porte, bien que tous les vitrages, y compris les aérations, sont en Lexan. L’habitacle reste indéniablement celui d’une Corvette. Depuis le début, Wayne s’était fixé pour objectif la classe Grand Tourisme de la “Southern California Timing Association” (SCTA) qui est spécifique aux voitures de sport deux places.

Les règles de la catégorie GT limitent les modifications de la suspension, de sorte que le garage a commencé avec le châssis d’usine et l’a renforcé pour gérer les vitesses élevées. La suspension avant a été mise à jour avec des bras de suspension “Strong Arm Ridetech”, complétés par des ressorts hélicoïdaux à double réglage Penske sur mesure. La suspension arrière indépendante d’usine a été améliorée avec une section centrale Ridetech de 9 pouces, des bras oscillants et des demi-arbres en chromoly de 3 pouces.

De même, les règles de classe dictent d’avoir une carrosserie “stock sans modifications”, et c’est exactement ce que vous voyez. Les pare-chocs, les boîtiers de phares, la calandre, les feux arrière et même l’écusson 396 en deux parties sont en place. S’il n’y avait pas le parachute et la barre de poussée à l’arrière, on pourrait penser que la Corvette est une voiture hommage, d’autant plus qu’elle est toujours peinte en bleu Nassau d’usine. Le coté “origine” est mis à mal par l’énorme filtre à air qui perce à travers le capot d’origine.

Tout cela mène à un Big bloc 427ci, une chose qui fait sourire les puristes de la Corvette, car la ’65 n’était proposée qu’avec le 396ci… Le moteur 427ci a été assemblé par le motoriste de NASCAR Jeff Collins et est basé sur un bloc Big-M doté d’un vilebrequin Eagle 4340, de bielles Oliver en billette, de cames à rouleaux Bullet et de composants de commande de soupapes Isky et Jesel. Les culasses et l’admission en aluminium Pro-Filer sont alimentées par un carburateur Brazwell 1000cfm, tandis qu’un système de lubrification à carter sec assure les régimes soutenus.

Les collecteurs personnalisés comportent un ensemble de tuyaux latéraux d’usine. Cette 427 entre dans la catégorie B/GT pour des cylindrées de moteur de 373 à 439 ci. Les deux dernières courses de Bonneville ont été annulées en cause des conditions météorologiques, mais Wayne a pu piloter la voiture à El Mirage, où il a atteint une vitesse de plus de 170 mph sur le parcours de 1,3 mile. Réalisant le besoin d’un aérodynamisme et d’une force d’appui mieux placés, Wayne a décidé de passer à la catégorie GT modifiée (B/MGT) qui permet d’installer un séparateur d’air avant, un sabot moteur et un aileron arrière.

L’objectif étant d’aller au-delà de 200 mph, et pour y parvenir en toute sécurité, la voiture a besoin d’appui et d’une aide aérodynamique. “Garage Shop” a opéré sa magie avec un sabot moteur, un retravail de l’avant et un aileron arrière qui devrait aider à conserver une maniabilité beaucoup plus sûre à grande vitesse. En fait, Wayne et Aaron ont récemment passé une journée à l’intérieur d’une soufflerie pour tester leur théorie et leurs conceptions. Maintenant, ils sont tous les deux excités à l’idée de mettre la voiture sur la piste dans sa nouvelle forme et sa nouvelle classe telle qu’elle apparait sur les photos.