1967 Shelby GT500 Fastback #67401F5A024475 /400.000$
Si je m’étais vraiment donné pour tâche de définir stricto sensu la Shelby GT500 Fast back 1967, j’en aurais donc fait une définition assez précise. Cependant il faut ajouter un autre paramètre: ce modèle a été institutionalisé comme une œuvre d’art à but consumériste lucratif dont l’objectif premier est de générer un max de dollars. De façon indirecte, on a donc inclus tous les moyens régissant la médiation, considérant les voitures dites “de collection” comme un espace-temps, ou toutes les informations qui peuvent y contribuer doivent conditionner l’appréhension esthétique, la lecture de leur histoire et l’interprétation au sens large de tout ce qui y contribue.
La médiation culturelle joue un rôle capital pour produire de la signification dans le paradigme de l’art de faire de l’argent. Une des fonctions est de créer des liens entre les spectateurs et les objets automobiles qui sont figés dans une logique politique et institutionnelle cohérente pour proposer un espace-temps pour leur réception intellectuelle atemporelle résultant d’une artialisation. C’est le pendant des produits pharmaceutiques et du médical qui se situe hors des conventions basiques et sort des lois. Dès qu’une automobile devient une œuvre d’art même par auto proclamation, elle est intouchable, même fiscalement elle est auto-protégée.
En marquant une césure entre le quotidien et le temps de l’appréhension esthétique, ce qui est atemporel devient statique et ce qui est actuel devient dynamique. De ce fait, a été inventé un dispositif permettant d’archiver le présent en lui retirant conséquemment sa qualité de présent pour le soumettre à un autre régime temporel. Le régime atemporel du passé qui est vécu au présent de facto. Une spécificité “espace-temps” servant de passage entre Chronos et Aiôn… D’après Chronos, seul le présent existe dans le temps. Dès lors, passé et futur ne sont que deux dimensions relatives au présent dans le temps. C’est dire que ce qui est futur ou passé par rapport à un certain présent (d’une certaine étendue ou durée) fait partie d’un présent plus vaste.
C’est à dire d’une plus grande étendue ou durée. Il y a toujours un plus vaste présent qui résorbe le passé et le futur. La relativité du passé et du futur par rapport au présent entraîne donc une relativité des présents eux-mêmes les uns par rapport aux autres. En ce sens, le présent dans Chronos est corporel. Le présent, c’est le temps des mélanges ou des incorporations, c’est le processus de l’incorporation même. Tempérer, temporaliser, c’est mélanger. Le présent mesure l’action des corps et des causes. Le plus grand présent résulte d’un grand mélange, résorbant l’unité des causes corporelles entre elles. Ce plus grand présent n’est pas illimité: il appartient au présent de délimiter, d’être la limite ou la mesure de l’action des corps.
Mais il peut être infini sans être illimité: circulaire en ce sens qu’il englobe tout présent, il recommence, et mesure une nouvelle période après la précédente, identique à la précédente. Le problème qui se pose est donc celui de la mesure et/ou de l’unité. Est-ce un bon ou un mauvais mélange ? Cette question ne trouve sa réponse que dans l’indifférenciation des deux termes, car le statut de la vertu dépend d’un autre temps : Aiôn contre Chronos… D’après Aiôn, seul le passé et le futur insistent ou subsistent dans le temps. Au lieu d’être un présent qui résorbe le passé et le futur, c’est un futur et un passé qui divisent à chaque instant le présent, qui les subdivisent à l’infini en passé et en futur, dans les deux sens à la fois.
Ou plutôt, c’est l’instant sans épaisseur et sans extension qui subdivise chaque présent en passé et futur, au lieu de présents vastes et épais qui comprennent les uns par rapport aux autres le futur et le passé. Si la profondeur esquive le présent, c’est avec toute la force d’un “maintenant” qui oppose son présent affolé au sage présent de la mesure et si la surface esquive le présent, c’est de toute la puissance d’un “instant”, qui distingue son moment de tout présent assignable sur lequel porte et reporte la division. Ainsi, rien ne monte à la surface sans changer de nature. Aiôn est le lieu des événements incorporels, et des attributs distincts des qualités. Il est peuplé d’effets qui le hantent sans jamais le remplir.
Alors que Chronos était limité et infini, Aiôn est illimité comme le futur et le passé, mais fini comme l’instant. Toujours déjà passé et éternellement encore à venir, Aiôn est la vérité éternelle du temps : pure forme vide du temps, qui s’est libérée de son contenu corporel présent, et par là a déroulé son cercle et s’allonge en une droite illimitée dans les deux sens. Pour le dire de façon moins jargonneuse, Chronos est le temps présent, celui de la quotidienneté ou la temporalité. Mais dès qu’une automobile de collection est exposée, elle change de nature par la médiation qui génère un espace-temps spécifique : par exemple, un autre regard est posé sur elle. Elle n’agit plus comme un objet relatif. Sa réalité se fige, devient statique et aspire à devenir atemporelle.
Le langage de l’œuvre ne peut être saisi qu’en rapport à un passé-futur car le pur présent ne fournit pas d’unité de mesure stable… Ahhhhhhhh ! Que de manipulations dans le consumérisme… C’est en écoutant “c’est quand le bonheur” que je me suis dit que je n’aimais pas la variété française, que je n’étais pas converti aux sucrailleuses mélopées de Delerm, Bénabar, Biolay, Cali, Camille, Pokora et consorts quand il pleut. Je suis un traitre à ma patrie musicale, je déteste la chanson française actuelle, un peu comme tout le monde, au fond, mais en pire, comparé à moi, les Khmers rouges sont des humanistes de centre-gauche. En subissant cette chanson, je me suis aussi dit que je ne croyais pas plus au bonheur qu’à la philosophie du bonheur.
Je ne crois pas à tous ces marchands de bien-être, de développement personnel, de psychologie positive et taoïste qui nous persuadent que le bonheur ne dépend pas de l’état du monde réel mais du regard que l’on porte sur lui. L’idée que le sage est heureux partout, c’est aussi con qu’une bonne publicité. Peut-on être heureux dans un monde malheureux ? C’est une putain de bonne question. Pas besoin de faire 30 ans de philo pour comprendre que nous fuyons la douleur, le mal, la solitude et les cons. Que nous préférons tous la joie, les potes, les gueuletons et les petits coups à boire. Le problème, c’est que nous sommes parfaitement capables de définir le malheur et totalement incapable de définir le bonheur.
Le malheur peut prendre les traits de l’annonce de votre licenciement, d’un médecin qui vous annonce le décès d’un proche ou d’une merde de caniche sur laquelle vous avez ruiné vos chaussures. Le monde dans lequel nous vivons est incroyablement narcissique, souriez dès le matin, faite de votre corps un violon, positivez, faite du yoga, recentrez-vous sur votre nombril, bullshit… La recherche du bien-être intérieur est une fuite de la réalité, rien de moins. Certains essayent même de nous persuader qu’il suffit de souhaiter fortement quelque chose de positif pour que cela se produise. C’est ainsi que les gens sont accros aux jeux de hasards et croient pouvoir spéculer sur les Renault 4L, Toyota Corolla et Citroën Visa…
C’est parce qu’ils sont incapables de faire de même avec une Mustang Shelby GT500… L’Univers serait à notre disposition et on peut commander tout ce qui est censé satisfaire nos désirs et nos caprices. Si seulement c’était aussi simple. Le bonheur, c’est de passer une bonne heure, c’est de petits morceaux de rien, une partie de Baiseries, un apéro basque, une côte de cochon bien grasse et quelques bouteilles pas piquées des hannetons. Enfin, tout ça pour dire qu’on ne philosophe pas le ventre vide. Le yoga n’amène pas au bonheur, mais la bouffe et le pif, quand c’est bon, ça peut y contribuer. Parfois, le bonheur, c’est simple comme un coup de pif… Bien… Ceci écrit pour ma postérité, je peux vous présenter plus librement cette Mustang Shelby GT500.
Elle s’avère être dans une spécification impressionnante et rarement vue, signalée par les experts de la marque Shelby comme l’un des six exemples de la GT500 produite pour 1967 avec une transmission manuelle à quatre vitesses, la climatisation “usine” et la fameuse peinture Dark Moss Green, dont seulement trois sont connues pour survivre dans cette couleur étonnante avec un intérieur en vinyle noir. Alimentée par un V8 428ci Cobra, première année d’utilisation par Shelby pour le big bloc très convoité. La restauration, primée, a été exécutée par des spécialistes de la marque, d’ou un “Prix d’or au Concours SAAC 47 en juin 2022”, vraisemblablement offert compte-tenu du montant stratosphérique que le proprio a du payer au carrossier/restaurateur…
Seuls trois propriétaires ont enregistrés depuis 1972, accompagnés de la documentation SAAC, le “Deluxe-Marti-Rapport”, et le “Rapport du Groupe de recherche Shelby”… délivrés également à prix d’or… Tout se paye… L’année 1967 a apporté unr carrosserie Mustang légèrement reconvertie (Amen) conçue pour accepter les V-8 de 390ci et 428ci de Ford. En réponse, Carroll Shelby a ajouté une admission à double “gluculation” (gag !) créant le haut de la ligne GT500. Bien que contrôlée à 355 chevaux, ce qui en comparaison des 1.000 chevaux des Supercars actuelles (2023), sa production réelle était plus proche de 400 chevaux, avec un couple impressionnant de 420l/p question d’assurance… Une escroquerie de plus de Caroll…
La GT500 avait un nez spécial avec une sorte de cuillère-mesure unique dans sa Gueule/Calandre et des feux de route montés au dedans de la calandre, ce qui a offert à la Shelby Mustang un comportement inoubliablement agressif, limite dangereux… À l’arrière, un becquet a été ajouté. En outre, des entrées d’air d’air ont été ajoutées dans les flancs en avant des roues arrière. Ils ne servaient qu’à l’esthétique dit “de la complexification”... Des ceintures d’insécurité avec des harnais d’épaule en rouleaux d’inertie ont complété l’arôme de compétition “potentielle” de la voiture. Un pur piège à cons, dans lequel je suis tombé plusieurs fois… Cette GT500 de 1967, fraîchement restaurée et primée, est finie dans sa combinaison de couleurs originales Dark Moss Green…
L’intérieur en pur vinyle noir est par contre rarement vu comme étant une distinction exceptionnelle, sauf par les collectionneurs de ces modèles… Le dossier fourni à l’appui de la vente Sotheby’s comporte les correspondances de plusieurs experts de la marque Shelby notant que cette voiture est l’une des 43 construites en 1967 avec une transmission manuelle à quatre vitesses et une climatisation montée en usine, dont six seulement ont été peintes cette couleur étonnante et dont trois sont censés rester existantes. Pour se plier aux lois du consumérisme, est indiqué que la configuration de la bête est “impressionnante” car bénéficiant en outre d’options d’usine détaillées répertoriées sur une copie d’accompagnement de son ordre de vente original.
Celui de Shelby American, daté du 7 juin 1967, délivré au garage Johnny Bolton Ford de Maitland, en Floride. Les sélections notables comprennent une radio AM, des roues de luxe, des harnais d’épaule, un refroidisseur d’huile, une direction assistée, diverses décorations intérieures, un pare-brise teinté et des freins à disque avant, ainsi qu’une climatisation de marque “Selectaire” dont plus aucun gaz n’est compatible en 2023… Les documents du Shelby American Automobile Club Registry énumèrent quatre propriétaires enregistrés depuis les précédents nouveaux, ce qui en bon mathématicien indique qu’au moins 8 propriétaires se sont succédés en dehors des garagistes….
De manière assez étonnante, cette GT500 est restée assez longtemps sous les soins du même passionné de Shelby basé en Californie de 1972 à janvier 2017, quand il a été acquis par son dernier propriétaire précédent et a déménagé en Floride. En 2021, l’avant dernier propriétaire de la voiture a fait appel aux spécialistes de Shelby Mustang à Tri-City Mustang à St.Charles, Michigan pour une restauration complète et précise “à la rôtissoire” aux spécifications d’origine. À l’issue de l’achèvement, la qualité exceptionnelle et l’attention portée au détail de l’effort global ont été immédiatement confirmées lorsque cette GT500 a remporté un prix convoité du prix d’or au concours 47 de la SAAC en juin 2022.
Les chiffres présents sur la carrosserie et le moteur confirment que le bloc moteur est authentiquement celui d’origine suite au numéro «7C31». Maintenant proposée par Sotheby’s pour la première fois aux enchères, cette GT500 1967, récemment restaurée et uniquement spécifiée, serait selon Sotheby’s un trophée formidable et remarquable pour tout collectionneur cherchant à découvrir l’expression la plus pure et la plus ancienne de la Mustang de Carroll Shelby enfermée dans son garage/écrin… Surement… “Vanitas vanitatum et omnia vanitas” (traduction dans la Vulgate de Havel havalim, hakhol havel dans la Bible hébraïque) est une locution latine qui se traduit en français par “Vanité des vanités et tout est vanité”.
Tout comme le “Rien de nouveau sous le soleil”, la phrase est tirée de l’Ecclésiaste, un des livres sapientiaux de l’Ancien Testament, où elle apparaît en deux occurrences (Ecc. 1:2 et Ecc. 12:8). La formule redondante “vanité des vanités”, calque de l’hébreu (havel havalim) a en réalité une valeur superlative comme souvent les répétitions dans l’hébreu biblique. Une traduction plus juste serait sans doute “vanité entre toutes les vanités” ou “la plus grande des vanités” (de même, “le Cantique des Cantiques” devrait se comprendre comme “le Cantique entre tous” ou “le plus grand de tous les Cantiques”, “le Saint des Saints” serait le (lieu) saint entre les (lieux) saints).
C’est par cette formule que s’ouvre et se clôt le long discours de l’Ecclésiaste (aussi appelé Qohélèt d’après son nom hébraïque), lequel discours constitue les douze chapitres du livre homonyme. L’Ecclésiaste, un homme sage, après avoir exploré chaque aspect de la vie terrestre, y expose en effet la conclusion à laquelle il est arrivé que “tout est vanité et poursuite de vent”...