2022 Dodge Charger SRT Hellcat Widebody Biber 717 cV, 340km/h…
Il est des temps de décadence où s’efface la forme en laquelle notre vie profonde doit s’accomplir. Arrivés dans de telles époques, nous vacillons et trébuchons comme des êtres à qui manque l’équilibre. Nous tombons de la joie à la douleur, le sentiment d’un manque infini nous fait voir pleins d’attraits d’avenir et de passé. Nous vivons ainsi dans des temps écoulés ou dans des utopies lointaines, cependant que l’instant s’enfuit. Sitôt que nous avons conscience de ce manque, nous nous efforçons d’y parer.
Nous languissons après une présence, cherchant d’autres réalités, prêts à nous précipiter dans la glace, le feu ou l’éther pour nous dérober à l’ennui. Comme toujours là où le doute s’accompagne de plénitude, nous faisons confiance à la force ! N’est-elle pas l’éternel balancier qui pousse en avant les aiguilles, indifférentes au jour et à la nuit ? L’instant où nous nous mettons à rêver de force et de puissance et de formes qui, s’ordonnant intrépidement, marchent l’une sur l’autre, l’une dans l’autre, l’une contre l’autre, dans le combat de la vie, nous rendant fous, prêts aux désastres comme aux triomphes.
Et nous les étudions avec joie, comme on observe les corrosions qu’un acide dépose sur les sombres miroirs des métaux polis. Telles sont nos caves de survies sur lesquelles sont bâtis les fiers châteaux de nos tyrans, au-dessus desquels nous voyons monter l’encens de leurs fêtes : puantes, d’un genre sinistre, où de toute éternité l’engeance réprouvée se délecte lugubrement à souiller la liberté et la dignité humaines. Alors se taisent les muses et la vérité commence à vaciller comme un fanal dans un souffle mauvais. On voit les faibles déjà céder, quand les premiers brouillards à peine s’élèvent.
Mais la caste des guerriers est prise d’hésitations sans cesses renouvelées, lorsqu’elle voit le peuple des larves monter des profondeurs à l’assaut de ses bastions, tant il est vrai qu’en ce monde le courage guerrier n’est guère que de second rang et que seuls les plus grands seulement d’entre nous, osent pénétrer jusqu’aux foyers des épouvantes. Devinant que toutes ces images ne vivent que dans nos cœurs, ils s’avancent parmi elles, comme parmi des reflets sans substance, vers de fières portes qu’ils espèrent triomphales. Tout pour eux découvert, est comme un nouvel éveil.
Je reste toutefois semblable aux enfants dont les mains vont tâtonnant, quand la lumière qui naît dans leurs yeux fait retour au monde extérieur. Je vais, je viens, cherchant des mots ou des images où saisir l’éclat des choses dont je suis seul ébloui. Jamais je ne me suis douté que rêver puis écrire pût à ce point tourmenter, et, cependant je n’aspire pas à retrouver une existence ingénue. Quand je pense m’envoler, mon bond maladroit m’est plus cher que la marche la plus sûre en un chemin tout tracé…
Qu’extrapoler d’autre de voir cette effarante Dodge Charger SRT Hellcat Widebody Bader, résurgence hautaine et décalée des Kustom-cars des débuts de Chromes&Flammes magazine (1979 en France, 1982 en Allemagne et 1983 dans toute l’Europe, la Russie et les USA), qui se présente hautaine, avec morgue, en pleine crise énergétique Européenne créée par l’imbécilité crasse et la corruption totale de nos dirigeants, comme est l’une des berlines les plus puissantes et rapides de l’univers des automobiles décalées et inutiles.
Présentée presque en noir et blanc dans le gris de friches industrielles, inspirant davantage la désolation de la fin d’une époque que le la résurgence de rêves enfouis, ses géniteurs prétendent qu’elle peut aisément rivaliser avec certaines supercars, du moins en termes de puissance et d’accélération… A pleurer… Quoique… L’image semble illustrer une évidence : “Comment surnager dans la merditude ambiante en faisant un doigt d’honneur au destin ?”… Soudain, elle est alors comme mon image dans un miroir, un vieux fou qui se croit encore jeune et pirouette encore grâce à une certaine (quoique !) capacité d’écriture…
Faut-il être lu, encore ! Toute la vie est un suicide ! Mais même une montre arrêtée indique l’heure exacte une fois par jour… Même dans l’écriture il faut se résoudre à n’arriver nulle part ! “Natura deficit, fortuna mutatur, deus omnia cernit”. La nature nous trahit, la fortune change, un dieu regarde d’en haut toutes ces choses, maintenant que sont passées les années de méfiance, de confusion et d’hésitation, et qu’a disparu le sentiment du provisoire et que nous avons cru, Européens, trouver notre place dans le nouvel ordre des choses.
Les gens avaient du travail, des occasions de faire du profit, ils vivaient dans la sécurité relative, juste à peine suffisant pour que la vie ait pris la voie du perfectionnement et du progrès, tout le reste étant refoulé dans les régions obscures, à l’arrière-plan de la conscience, où vivent et fermentent les sentiments élémentaires et les croyances indestructibles des diverses races, religions et castes… Et Patatras ! Bien qu’apparemment morts et enfouis, ils avaient préparé pour notre avenir, des bouleversements et des catastrophes insoupçonnées, sans lesquelles, apparemment, les peuples ne peuvent vivre.
En particulier dans nos contrées, aucun n’avait l’ouïe assez fine pour entendre tourner les rouages énormes des moulins secrets qui commençaient déjà à moudre la Grande Finalité. Ahhhhhh ! Enfin ! Ce cerveau qui, jour et nuit, pendant presque trois quarts de siècle, n’a pas cessé une seconde d’associer les unes aux autres des pensées, des images, voilà qu’il va se bloquer à jamais. Le cœur aussi. Mais l’arrêt de la pensée parait autrement saisissant car pareille à un moteur fou, tournant, tournant dans la tête, assemblant sans répit les incohérentes visions de kaléidoscope nommées “rêves”,…
Lorsque la mémoire, au passage, en a retenu quelques bribes, un jour, par bonheur, ce zèle épuisant cesse net, délivrant du tourment de penser. Le silence, enfin, le repos dans le silence ! Au fond, il en est peu qui sachent encore, dans la fin de leur vie, comment ils ont bien pu en arriver à ce qu’ils sont, à leurs distractions, leur conception du monde, leur moitié, leur caractère, leur profession et leurs (in)succès ; mais ils ont le sentiment de n’y plus pouvoir changer grand-chose. On pourrait même prétendre qu’ils ont été trompés, car on n’arrive jamais à trouver une explication pourquoi les choses ont ainsi tourné !
Elles auraient aussi bien pu tourner autrement ; les événements n’ont en effet été que rarement l’émanation des hommes, la plupart du temps ils ont dépendu de toutes sortes de circonstances, de l’humeur, de la vie et de la mort d’autres hommes, ils leur sont simplement tombés dessus à un moment donné. Dans leur jeunesse, la vie était encore débordante de possibilités et de vide, et depuis midi déjà voici quelque chose qui est en droit d’être désormais votre vie, et c’est aussi surprenant que le jour où on est assis là tout à coup qu’on voit que la vie s’est acclimatée en soi.
Il est arrivé ce qui arrive aux mouches avec le papier tue-mouches : quelque chose s’est accroché, ici agrippant un poil, là entravant les mouvements, quelque chose qui nous a lentement emmailloté jusqu’à ce qu’on soit ensevelis dans une housse épaisse qui ne correspond plus que de très loin à notre forme primitive. Dès lors, on ne pense plus qu’obscurément à cette jeunesse où il y avait eu en nous une force de résistance qui tiraille et siffle, qui ne veut pas rester en place et déclenche une tempête de tentatives d’évasion sans but ; l’esprit moqueur de la jeunesse, son refus de l’ordre établi, sa disponibilité à toute espèce d’héroïsme, au sacrifice comme au crime, son ardente gravité et son inconstance, tout cela n’est que tentatives d’évasion.
Celles-ci expriment simplement, en fin de compte, qu’aucune entreprise juvénile ne paraît issue d’une nécessité intérieure incontestable, quand bien même elles l’expriment de manière à laisser entendre que toutes ces entreprises étaient urgentes et indispensables… Mais certains trouvent toujours et encore le moyen d’aller encore plus loin, et c’est le cas du préparateur allemand Sébastian Bader, qui a recréé l’extravagance avec sa Charger SRT Hellcat. La version Widebody (déjà plus large d’une dizaine de centimètres par rapport au modèle classique) a été encore élargie pour atteindre 2m10 mde large.
Mais, avec ses 5,10 mètres de longueur, la voiture est davantage taillée pour les longues et larges routes américaines plutôt que pour les étroites rues du Vieux Continent. Bader a ainsi ajouté des extensions d’aile ajoutant 6 cm de largeur à l’avant et 9 cm à l’arrière. Le kit comprend également un nouveau splitter et de nouvelles jupes latérales. À l’arrière, un aileron façon “queue de canard” a été installé au prétexte d’améliorer l’aérodynamisme, tandis que le capot est celui de la variante Dodge Redeye, avec deux prises d’air pour permettre au moteur d’inutilement mieux respirer la pollution généralisée.
La partie mécanique a également subi quelques modifications, à commencer par des pneus 295/35 ZR21 à l’avant et 355/25 ZR21 à l’arrière, soit à peu de choses près la même monte que la Lamborghini Aventador. Des cales de 25 mm ont été installées pour “pousser” les roues au ras des passages, tandis que l’ensemble de la carrosserie a été abaissé de quelques millimètres grâce à un kit suspension réglable issu de chez Eibach. Enfin, le monstrueux V8 6,2 litres Hemi de 717 chevaux et 881 Nm a reçu une nouvelle dose de testostérone avec un autre système d’admission, un nouvel échappement et un différentiel modifié pour encaisser ce déferlement de puissance. Le 0 à 100 km/h réclame moins de 4 secondes, la vitesse maximale dépasse 300 km/h…
Comment appeler cela ? Une attitude vitale ? Une forme dans laquelle l’être intérieur se répand comme le gaz dans un ballon de verre ? Une ex-pression de l’im-pression ? Une technique de l’être ? Ce peut être une nouvelle taille de moustache ou une nouvelle pensée, c’est du théâtre, mais tout théâtre a un sens, et dans l’instant, comme les moineaux sur les toits quand on leur lance des miettes, les jeunes âmes se jettent là-dessus. Ce n’est pas difficile à comprendre : quand au-dehors pèsent sur la langue, les mains et les yeux un monde lourd, cette lune refroidie qu’est la terre, des maisons, des mœurs, des tableaux et des livres, et quand il n’y a rien au-dedans qu’un brouillard informe et toujours changeant, n’est-ce pas un immense bonheur que quelqu’un quelque-part vous propose une expression dans laquelle on croit se reconnaître ?
Quoi de plus naturel si l’homme passionné s’empare de cette forme nouvelle avant l’homme ordinaire ? Elle lui offre l’instant de l’être, de l’équilibre des tensions entre le dedans et le dehors, entre l’écrasement et l’éclatement. Il n’y a que les fous, les dérangés, les gens à idée fixes qui puissent persévérer longtemps dans le feu de l’âme en extase ; l’homme sain doit se contenter d’expliquer que la vie, sans une parcelle de ce feu mystérieux, ne lui paraîtrait pas digne d’être vécue… Le prix de l’engin, le prix de sa transformation, le prix des taxes et emmerdes, le prix de l’essence, de l’assurance et des taxes, sans oublier les amendes, l’inquisition fiscale, les dégradations pour cause de jalousie en sus de la possibilité d’un choc salvateur, forment les aléas du rêve…