Le tragique, le baroque et le grotesque réunis…
Ils le sont, réunis… Réunis dans le traitement artistique “destroy” de ce Coupé Chevrolet Stylemaster’48, dans sa présentation mise en scène photographique, mais aussi dans mon errement scriptural textuellement décadent… Un ensemble reflétant le pourrissement général du monde dans lequel nous survivons toutes et tous… Le tragique, le baroque et le grotesque sont des formes de l’imaginaire qui expriment la condition humaine avec son cortège d’ambivalences, d’intranquillités, de déséquilibres et vertiges, de même que l’énigme et le labyrinthe qui la constituent qui annoncent un destin secoué par le vertige du fragmentaire, du marginal, révélant le caractère visqueux, sinueux, vacillant et labyrinthique de la condition humaine… Etant donné que la vie ne connait pas de fondement certain, qu’il restera toujours des territoires inconnus et que les identités sont instables.
Les formes de l’imaginaire ne peuvent qu’exprimer une vie qui ne connait pas de répit et ou le tragique, le baroque et le grotesque sont des figures opposées a l’idée de totalisation de l’existence, ce qui veut dire qu’il s’agit de figures contraires a l’idée que nous nous faisons de la perfection et de l’harmonie humaine. En tant que figures qui, de faits, déclinent notre condition fragmentaire, marginale, mondaine et profane, elles exposent aussi le caractère visqueux, sinueux, vacillant et labyrinthique de cette condition. Nous expérimentons la sensation de ne plus vivre dans une société heureuse et providentielle. Le vertige, la crise, le risque et la fin, voilà les mots qui identifient l’atmosphère de notre époque. L’effondrement des universels (notamment les idées de bien, beau et juste) et d’autre part la constatation que la société actuelle s’est transformée en une société de communication généralisée.
Et ce, au moyen de l’implantation globale de multiples réseaux de communications électroniques, fait que les technologies de l’information et de la communication nous investissent et en conséquence nous vivons le vertige d’un temps accéléré, d’une mobilisation totale infinie. Nous vivons donc la mort du réel et sommes persuadés que nous sommes perpétuellement en situation de crise. Le paysage médiatique des réseaux électroniques de la communication exprime cette crise d’une existence diabolisée, ontologiquement pervertie, qui nous précipite dans l’immanence, amenant à ce que nous nous révoltions d’un sentiment de perte de ce que nous n’avons jamais eu et n’aurons jamais… Ce sentiment est la conséquence de notre lobotomisation “merdiatique” nous amenant à une vision, à une conception contemporaine du monde sans fondement.
La perception de la crise et les sentiments de perte et d’attente qui l’accompagnent sont mélancoliques, puisqu’ils ont un sens tragique, c’est-a-dire le sens d’un problème sans solution. Notre condition est, en effet noyée dans la contemporanéité faite d’abattements et de malaises. Nous vivons le sentiment de ne plus être capables de nous garantir un fondement solide, un territoire connu et une identité réelle. Nos pas sont aujourd’hui incertains, ambivalents et “intranquilles”, nous vivons dans le déséquilibre et l’inquiétude, figurant la condition humaine comme une énigme labyrinthique, dans le mouvement permanent d’un voyage de traversées sans fin. Toute l’histoire de la culture occidentale est un parcours organisé par le logos, une parole qui est aussi la raison pré-établie par la symbolique, une parole qui réunit ce qui se trouve structurellement dispersé.
La révolution des images, commencée avec les machines optiques au XIXe siècle et conclue avec les machines informatiques et électroniques au XXe siècle, a déplacé la civilisation occidentale de la parole vers l’image d’un monde séparé et dispersé dans une multiplicité. Ce malaise de civilisation qui comprend des menaces, des peurs et des risques, se décline en divers thèmes, ceux de la crise et de la fin. Tout au long des dernières décennies, nous avons été régis par ces vertiges qui ont pris Ie nom de “Crise de la raison historique”, “Crise du sens”, et enfin “Crise de l’humain”, avec l’effondrement des croyances traditionnelles et un processus de délégitimation de l’autorité générale. Nous entendons parler aussi d’autres vertiges : Crise des grands récits (Lyotard)… Fin des idéologies (Bell). Crise de la vérité (Heidegger). Adieu au corps (Le Breton) et Avènement du dernier homme (Fukuyama).
En même temps, l’idée de crise de l’humain s’est accentuée au fur et a mesure qu’on nous parlait de vie artificielle, de fécondation in vitro, de mères porteuses et de clonages, de réplicants et de cyborgs, de l’adieu au corps et a la chair, du post-organique et du trans-humain… Et, au fur et a mesure que l’interaction humaine par ordinateur se développe, avec l’Internet, les jeux électroniques et les nouveaux réseaux asociaux, les figures traditionnelles de la famille et de la communauté deviennent instables et sont reconfigurées en permanence. Par-dessus tout, nous nous rendons compte que ce qui est en train de rendre problématique l’humain, c’est la complète immersion de la technique dans l’histoire et dans les corps. Les expressions majeures de cette immersion sont les biotechnologies et l’ingénierie génétique, outre le développement de la culture cyberspatiale.
Dans ces circonstances ou bios et techno s’amalgament et ou la figure même de l’homme devient problématique, la parole en tant que logos humain est également entrée en crise. L’homme n’est plus un “animal de promesse”, comme l’avait défini Nietzsche, parce que sa parole n’est plus capable de promettre… Aujourd’hui, il s’identifie surtout aux figures qui accentuent sa condition transitoire, tâtonnante, contingente, fragmentaire, multiple, impondérable, nomadique et solitaire. Ce malaise du temps nous renvoie a un imaginaire tragique, baroque et grotesque. Le tragique est une figure que nous voyons normalement associée a la littérature. Le baroque est une figure qui signale un mouvement et un moment de l’histoire de l’art occidental. Le grotesque est une figure qui exprime une sensibilité esthétique.
En tant que formes de l’imaginaire, le tragique, le baroque et le grotesque sont toutes les trois des figures qui expriment la condition humaine : son ambivalence et ses intranquillités, son déséquilibre et ses vertiges. La grande énigme de l’univers et le labyrinthe intellectuel qui la constituent sont les formes d’une vie qui ne connait pas de répit. Le tragique, le baroque et le grotesque sont des figures opposées a l’idée de totalisation de l’existence, ce qui veut dire qu’il s’agit de figures contraires a l’idée de perfection et d’harmonie humaines en tant que figures qui déclinent notre condition fragmentaire… La suite c’est le pourrissement, l’usure de la vanité, et de la vacuité (ce qui revient au même). Cette manière étrange par laquelle les personnes s’induisent en erreur, se trompent elles-mêmes, en finissant par duper tout le monde.
Le Pourrissement, c’est la constatation en suite d’observations du dépérissement des sentiments énormes et dévorants, qui consument l’esprit et rongent les corps. Le Pourrissement, c’est juste une histoire, qui n’aura eu d’importance pour personne d’autre que nos nous-mêmes et qui, en à peine la moitié d’années qu’elle aura duré, sera devenue comme un souvenir fuyant. Ou même moins, le souvenir d’un rêve éveillé dont le sommeil ne saurait être l’échappatoire. Une fiction, pour ainsi dire. Le pourrissement, c’est juste un écoulement du temps, une forme particulière de sa décomposition. Du point de vue du pouvoir, grèves, manifestations, boycott, procès, obstruction de l’opposition dans les assemblées, opérations escargots de ralentissement des transports, envois massifs d’e-mails sur les messageries officielles, vacarme, insultes, pamphlets, etc. sont autant de tactiques destinées à pourrir la vie.
C’est qu’il y a des gens qui sont contre tout pour que vous n’apparaissiez pas comme bien, le pourrissement est le concept qui permet au pouvoir de stigmatiser les autres. Si on fait quelque chose de bien, il y aura toujours des gens pour le dénigrer auprès des populations pour que ça ne puisse pas porter ses fruits. Sur la moitié des gens qui interviennent, les arrière-pensées sont politiciennes. Le pourrissement n’est donc pas entendu dans le sens passif de laisser pourrir une situation, mais dans le sens actif d’un pouvoir de nuisance. Les avantages de faire passer les luttes politiques pour des tactiques de pourrissement sont multiples. Il y a d’abord la connotation négative du terme qui permet de faire passer les opposants pour des emmerdeurs et les décideurs pour des héros éclairés. Loin de déstabiliser le pouvoir, les tactiques du pourrissement ne peuvent que le rendre plus fort et déterminé.
Certes, les élus se disent désemparés face aux oppositions citoyennes que rencontrent les projets qu’ils tentent de réaliser. Mais loin d’amener le pouvoir à s’interroger sur ses pratiques, le pourrissement est le concept qui permet au pouvoir de stigmatiser ses opposants. Le syndrome Nimby… “Not in my backyard” (pas de ça chez moi), est un concept inventé aux États-Unis pour décrédibiliser les mouvements d’opposition en renvoyant leurs motivations dans le domaine du psychopathologique. La volonté de rationalité du débat se heurte ainsi à des résidus fantasmagoriques contre lesquels on ne peut pas lutter ce qui légitime l’emploi de la manière forte en ultime recours. Il ne faut alors pas avoir peur d’exagérer dans le même style des chaines de désinformations que je caricature en BDSM-TiVi, les chaines des fake-News authentiques… La situation est très grave car on touche à la démocratie.
Tocqueville avait prévu que la démocratie allait engendrer des dérives individualistes qui la bloqueraient. Quelles sont les réponses aujourd’hui ? Il faut éduquer nos concitoyens. Il restera toujours des fantasmes qui doivent être tranchés par le courage. Ça me fait penser à La mort du loup d’Alfred de Vigny. A la fois héros et victimes, voici les boucs émissaires. Splendeur du pourrissement qui blanchit les “Elus” en victimes sacrificielles, sacralise leur fonction et encense le courage de l’autoritarisme. Deuxième avantage du pourrissement : déplacer les débats des fins aux moyens, du fond à la forme. Des revendications légitimes pourront ainsi être ignorées ou attaquées sur la forme parce que les moyens employés seront dénoncés comme illégitimes. On comprend alors mieux la fonction du pourrissement.
Il s’agit de montrer ou de faire croire que le pouvoir n’est pas si désirable, alors qu’il l’est évidemment pour ceux qui s’y accrochent, puisqu’ils sont prêts à y sacrifier jusqu’à leur vie privée pour le conserver. Le Pourrissement quotidien devient un principe aristocratique et darwinien de sélection politique. Donc pourquoi voulez-vous que des esprits brillants se tournent vers la politique ? Pour qu’ils viennent se faire pourrir à longueur de temps ????? La réponse est simple : Si les politiques résistent si bien au pourrissement quel qu’en semble le prix, c’est que le pourrissement est non seulement inhérent à l’exercice du pouvoir, mais qu’il en est à la fois la limite et la condition d’efficacité. Ceux qui succombent au pourrissement sont les faibles qui n’ont pas l’étoffe des hautes responsabilités. Le pourrissement devient un principe aristocratique et darwinien de sélection politique.
Cela doit contribuer à éprouver la force des décideurs sur le mode nietzschéen du : Ce-qui-ne-tue-pas-rend-plus-fort... Il est singulier que les tactiques du pourrissement soient à ce titre vécues, par les décideurs, sur le mode des métaphores guerrières, au vocabulaire et aux valeurs si spécifiques. Les pratiques de pourrissement qui gangrènent nos vies amènent ces derniers à devenir des gens qui savent gérer les conflits, les situations hyper-compliquées, avec des attitudes qui n’expriment plus de l’intelligence ou une vision stratégique à long terme, mais une vision purement tactique : Faire de la défense-attaque en permanence. La légitimité des revendications portées par le pourrissement n’est alors plus la question. Qu’un décideur revienne sur sa décision, le registre guerrier de la politique fera passer son geste pour un signe de faiblesse, jamais pour la sage ou modeste reconnaissance de ses erreurs.
Il fera dire que le décideur s’est laissé aller au découragement, a cédé aux pressions, fait marche arrière. C’est déchoir du politique au politicien. La théorie du pourrissement est donc une culture de la virilité politique. Rien de mieux que l’indifférence et le déni du mal pour alimenter le ressentiment, car le temps est en réalité interchangeable, substituable à lui-même, allant et revenant comme bon lui semble. Le temps linéaire, est un temps qui part d’un point A pour atteindre un point Z. Il a bien fallu cette trouvaille pour pouvoir imaginer la fin du monde… Pour pouvoir parler d’un temps encore vert, d’un temps éphèbe, d’un temps ferme, d’un temps blet, et enfin d’un temps pourri. Car il en va des temps mûrs comme des fruits, après avoir mûri, ils pourrissent. L’histoire est pleine de temps pourris.
Celle de l’Europe en particulier, puisque nous avons décidé, depuis Hérodote, de consigner tous les temps pourris dans des manuels d’histoire pour que les générations futures sachent à quoi s’en tenir. Avons-nous inventé l’histoire pour organiser le temps ? Ou avons-nous inventé le temps pour organiser l’histoire ? L’histoire est une chose compliquée. Il y a une histoire positiviste, une histoire quantitative, une histoire dialectique, une histoire comparée, une histoire connectée, une histoire totale. Il y a aussi l’histoire contemporaine et l’histoire du temps présent. Quelle est la différence ? Si l’on se fie à l’Encyclopaedia Universalis, l’histoire du temps présent est plus restrictive, car délimitée par la mémoire vive, c’est-à-dire par la présence de nos contemporains qui ont vécu ceci ou cela à un âge où ils étaient déjà dotés de raison.
L’Universalia parle d’une séquence de soixante ans. Soixante ans d’une vie raisonnable est donc l’âge de la retraite historique. De porteurs d’une mémoire nous nous transformons en archives. Je suis donc l’archive de mon temps de vie, raison pour laquelle j’écris comme mes mémoires… J’ai l’âge, bientôt 75 ans, le 16 mai 2024, j’ai plus d’histoires vécues que d’histoires encore à vivre. Personnellement j’ai tendance à considérer l’histoire comme une braderie de destins humains que quelque chose unissait autrefois mais qui aujourd’hui composent un tas plus ou moins informe. Comme un roman virtuel édificateur écrit par des historiens pervers. Comme une pièce de théâtre absurde. Comme une tragicomédie avec des personnages au parler anachronique sortis de chez eux en arborant d’étranges costumes. Que fait-on des temps qui à force de mûrir sont devenus pourris ?
Nous savons que le pourrissement est un procédé de décomposition. Le synonyme de putréfaction. Alors, les temps, aujourd’hui, ne seraient-ils que mûrs ? Et dans ce cas, mûrs pour quoi ? Ou bien sont-ils déjà pourris ? Et dans ce cas, que devons-nous en faire ? Où se trouve le bac à compost où l’on pourrait déposer nos résidus ? Jusqu’ici, notre bac à compost, notre garantie de survie, la promesse de refertilisation de notre espace vital étaient incarnés par l’idée d’une quelconque transcendance. De quelque chose qui soit indépendant des faits. Qui soit extérieur aux consciences. D’un élément transversal et sacré, sachant que le sacré n’est pas synonyme de religieux. La France, où je vis à Saint-Tropez entre Brigitte et Bernard, avait en son temps proposé une nouvelle sacralité, tout en gardant, par ailleurs, les dogmes chrétiens, l’universalisme, le sacrifice, la foi guidée par la raison et le cœur.
Mais les personnages avaient changé. Est apparue la déesse République. Dieu le Père avait été transformé en Peuple. La couronne du Christ en bonnet phrygien. La croix en gouvernail. Les processions de fidèles en défilés populaires. Les temps mûrs sont les temps de l’utopie. Quitte à ce que tout cela soit suivi d’une gueule de bois, d’une fin des temps, d’une fin d’un monde ou d’une fin du monde. On nous a tellement menti, notamment sur les vaccins et les guerres qui ne sont que coloniales et génocidaires, il y a toujours eu tellement de désillusions au cours de l’histoire, que nous n’avons plus d’illusions à opposer aux désillusions. Plus aucun mythe. Plus aucune fiction qui permet à l’histoire de continuer. Et aux gens de vivre. Eh oui ! En perdant la capacité de nous imaginer comme des personnages de fiction, nous avons perdu jusqu’à notre réalité.
Une société sans fiction est amenée à disparaître. A se dissoudre. A se putréfier. Vue sous cet angle, la société européenne semble avoir dépassé le stade des temps mûrs, nous sommes en train de crever… Macron est notre Napoléon qui nous entraine vers notre disparition après avoir revécu la Bérézina et Waterloo… Mais ! J’ai fait des recherches : au cours du XXe et de ce début du XXIe siècle, la fin du monde est déjà advenue une cinquantaine de fois. Youpeeeeee ! J’en termine avec quelques mots et phrases sur la Chevrolet Stylemaster’48 dont les photos illustrent cet article, non pas “légendées” mais pour réaliser une décoration… Son moteur est un V8 350ci associé à une transmission automatique à quatre vitesses 700R4.
La voiture porte une finition “Destroy” imitation vieille patine et rouille de surface… L’intérieur/habitacle personnalisé comprend un revêtement en vinyle rouge, la climatisation, un siège conducteur à réglage électrique, un volant cerclé de bois, des vitres électriques et une unité “infodivertissement” compatible Bluetooth. L’équipement supplémentaire comprend des jantes Boss de 20 pouces montées avec des pneus Fullway HP108 245/30 à l’avant et 275/30 à l’arrière, des freins à disque avant et tambours arrière, une direction assistée et un système de suspension pneumatique réglable. Le numéro de châssis est partiellement illisible.
Le NIV indiqué sur les documents correspond toutefois à une Stylemaster de 1948 construite à l’usine d’assemblage de Kansas City, dans le Missouri, en avril de la même année. Voilà, voilou, j’en ai ici et enfin terminé… La longueur du texte découle du nombre de photos… Il y a trop de photos, donc de texte… Rares sont “ceusses” qui liront tout… Sachez que j’en pense que c’est décourageant, les gens ne lisent plus et lorsqu’ils écoutent, ne comprennent rien. Me reste à ranger et faire cohabiter le long texte qui totalise environ130 lignes, avec les 23 photos de la bagnole qui n’a rien à y faire sauf l’ambiance… soit une photo par 5 ligne et demi… Simple… Et ça tombe pile-poil… OK… Je vais dîner…