Templeton Saturn 1952 : Buy 500$ Sold 1.000.000$
Les invités/visiteurs du 62e Concours d’élégance de Pebble Beach avaient pu assister à la naissance de la classe “Custom-Cars”… C’était “chocking”, “incongru”, “inconvenant”... C’étaient 9 voitures personnalisées qui portaient des noms fantaisistes tels : Comet, Maverick, Crow et Saturn… et elles ne ressemblaient à rien d’autre qu’à elles-mêmes… La foule s’est toutefois avançée pour contempler ces curieuses et merveilleuses automobiles construites sur des châssis “domestiques” modifiés ou construits à partir de zéro, équipées de moteursV8 américains, et revêtues de carrosseries uniques. Le “Custom” avait commencé à apparaître au milieu des années 1930, bien avant le Hot-Rodding. Dan Post les a toutes publiées dans son “Blue Book of Custom Re-styling”. Ensuite, les magazines automobiles Motor Trend, Road & Track, Speed Age et Motorsport, les ont présentés. L’un de ces cabriolets imaginatifs, conçu dans l’Iowa, a atteint une incroyable célébrité à Hollywood avant de retourner à son lieu de naissance. Elle était apparue pour la première fois en 1952, un an avant la première Chevrolet Corvette’53, deux ans avant la totalement folle Kaiser-Darrin’54… et trois ans avant la Ford Thunderbird’55.
Avant ces arrivées de nouveautés des fifties, si vous étiez américain y résidant et si vous aviez les moyens financiers adéquats pour acquérir une nouvelle biplace sportive, vous la construisiez vous-même où vous optiez pour acquérir des pur-sang importés d’Europe comme la Jaguar XK120 où l’Aston Martin DB2. Mais ces “étrangères” étaient chères et réservées d’avance par les millionnaires des parcs immobiliers réservés de Beverly Hills, Palm Springs et les Hamptons et certainement pas à Ames, dans l’Iowa, où cette histoire commence quatre ans plus tôt sitôt la guerre terminée par deux bombes atomiques balancées sur Hiroshima et Nagasaki qui n’étaient pas industrielles mais peuplées aux 3/4 de femmes et enfants… Terminer la guerre par un génocide atomique ne présageait rien de bon pour la génération d’après les carnages… Nous en subissons les conséquences actuellement. Mais à l’époque on ne pensait pas ainsi. Imaginez donc l’extraordinaire et hyper longue Cadillac biplace bleue qui faisait à l’époque la couverture des magazines “en situation”, garée nonchalamment sur la place principale d’une ville poussiéreuse du Midwest-Ricain…. Le public ne pouvait que rêver d’en posséder une même.
En effet, la réalité n’était alors que des suites discontinues de Ford et Chevrolet prosaïques qui bordaient les rues. Les camionnettes abondaient également. Quel impact cette longue biplace a dû avoir sur tous ceux et celles l’ayant vue… Lloyd Templeton, son créateur, était “un gars” d’une petite ville avec des rêves de grandes villes. En 1948, l’entreprise de Lloyd Templeton, un entrepreneur local en excavations diverses, construisait le système d’égouts de Fort Madison, dans l’Iowa, il pestait l’enfer qu’aucune voiture spéciale n’existait plus aux USA, Comme beaucoup d’amateurs de l’après-guerre, il rêvait d’avoir une voiture vraiment unique, différente de tout ce qui était vendu par les Big Three de Detroit. Il s’est décidé d’y remédier en la réalisant lui-même… Un vieux châssis Ford-Lincoln-Zéphyr, roulant, équipé d’un moteur Mercury V-8 avec une transmission à trois vitesses et un essieu arrière Columbia à deux variables, le tout en état de fonctionner était en vente à Hannibal, dans le Missouri….Templeton étant en mesure de négocier et payer l’achat du châssis du moteur et du reste a tout emporté puis apporté à un atelier de carrosserie situé à Des Moines, avec ses plans, ses croquis et son argent, suffisant pour commencer le projet.
A cette époque, Bill Jepson, journaliste-écrivain américain vivant à Boone, dans l’Iowa, a écrit “Iowa’s Automobiles”, un livre autoproclamé “remarquable” sur les constructeurs automobiles de l’Iowa (sic !) qui étaient jusqu’alors totalement ignorés de toutes les populations du monde en son entièreté… Vous seriez surpris du nombre de marques originaires de l’État de l’Iowa surnommées les “Hawkeye”, dont les noms étaient inconnus tels : Mason, Spaulding, Littlemac et Colby… Le livre de Bill Jepson a également fait la chronique de quelques voitures uniques et bizarres construites dans l’Iowa. réalisant surtout des recherches approfondies sur les efforts de Lloyd Templeton pour construire sa voiture unique. Probablement parce que sa Saturn a acquis un niveau de notoriété bien au-dessus de la célébrité éphémère qui a marqué la plupart des automobiles construites dans l’Iowa… Enquêteur acharné, Bill Jepson a même découvert le Graal des Graal automobiles, un tract nommé : “La saga de la Saturn”, écrit par Lloyd Templeton en personne, environ 25 ans après avoir construit son premier et unique roadster Saturn… Dans son livre, Bill Jepson a écrit qu’il avait eu beaucoup de mal à croire ce que racontait LloydTempleton…
Cela sera sans doute pareil lorsqu’on redécouvrira mes articles dans 100 ans… Il a retrouvé les deux fils de Lloyd Templeton, Don et Bob, qui avaient plus de 70 ans, pour voir s’ils pouvaient clarifier quelques faits. (Tous deux sont décédés depuis). Il en est sorti que la voiture de rêve de Lloyd Templeton avait été un cauchemar… Elle avait été construite sur une période de trois ans, lorsque l’atelier de carrosserie mandaté pour ce, n’était pas engagé dans des travaux plus rentables. Lorsque la Saturn a été achevée en 1952, ce fut un coup de massue. Elle n’avait plus les 112 pouces de la Ford ’39 d’origine, mais sa longueur totale était de 208 pouces et le haut du pare-brise n’était qu’à 48 pouces du sol. Le poids a été indiqué à 3500 livres… La voiture de rêve avait été une voiture de cauchemars… Une grande partie de la fabrication avait eu lieu, en utilisant des pièces obtenues dans divers chantiers de démolition. La carrosserie terminée était entièrement en acier et, selon les fils de Templeton et les récits contemporains, la partie avant du capot émanait d’une Chrysler de 1936 tandis que l’arrière était coupé de la poupe d’une chaloupe en récupération. Le pare-brise divisé était un composant Ford de la fin des années ’30.
Le capot s’étendait sur 90 pouces de long et était accentué d’un ornement de capot Nash de 1946. L’arrière pointu avait été fabriqué à partir du capot d’une Hudson de 1941. La calandre en forme de pain d’épice était une section réduite d’une Dodge de 1948. Anticipant peut-être l’ère des ailerons de la fin des années ’50, le détail de carrosserie le plus fantastique de la Saturn étaient ses ailes arrière entièrement “jupées’, préfigurant les ailes Cadillac de la fin des années ’50… dont les parties supérieures étaient formées à partir d’un quatuor d’ailes arrière Chevrolet de 1949. Une Pontiac de 1946 a fait don de deux énormes pare-chocs qui protégeaient aussi les flancs de la voiture très basse, que personne n’arrivait jamais à manœuvrer… Un cache roue de secours en acier de style continental complétait l’arrière. Il n’y avait pas de coffre malgré la taille démesurée. Une longue lance chromée montée bas sur chaque aile brisait “les côtés de la dalle”…. Les détails individuels de la carrosserie de la Saturn étaient un curieux mélange de courbes ondulantes et de longues surfaces planes, astucieusement soudées ensemble pour former un ensemble étrangement élégant.
Le poste de pilotage avait été déplacé juste devant l’essieu arrière. Il n’y avait pas de portes, et les seuils avaient près d’un pied de large, de sorte que l’entrée et la sortie étaient très difficiles. À l’intérieur, pas moins de 32 compteurs donnaient au conducteur et sa passagère de quoi se concentrer…. Les cadrans eux-mêmes étaient des instruments accessoires Stewart-Warner d’époque, blanc sur noir, et certains des boutons du tableau de bord provenaient d’une Ford de 1949. Longue et basse, avec seulement 5,5 pouces de garde au sol, la Saturn était finalement un obstacle à la circulation et il semble que Lloyd Templeton a été obligé d’admettre que sa Saturn était une voiture d’exposition et pas un “cruiser” sérieux… Lorsqu’elle a été photographiée dans l’édition du 15 août 1952 du magazine “Des Moines Register”, le coût de la voiture était de 500$ et le prix de vente avait été fixé à 4.500 $… Le numéro de janvier 1953 de Motor Trend montrait une photo de la Saturn avec un toit pliant noir et une courte légende notant que Lloydd Templeton avait dépensé 12.000 $ pour la construction de sa voiture de rêve, une somme extraordinaire pour l’époque. Pour mettre les choses en perspective, un cabriolet Cadillac de 1952 se vendait 4.144 $.
Le rédacteur en chef de Motor Trend, Bob Hoeppner, a cité Lloydd Templeton, parlant en son nom et en celui de ses fils, en ces termes : “Nous avons le sentiment d’avoir été bien récompensés pour nos efforts. La fierté d’être propriétaire d’une automobile unique au monde, signifie beaucoup pour nous”…. L’histoire persistera encore longtemps que Templeton a appelé sa voiture “Saturn” parce qu’elle dépassait toutes les autres voitures sur la route. Le moteur était un V-8 à tête plate (flathead) Mercury de 1948 modifié. Un examen récent a révélé qu’il était équipé des très rares culasses à haute compression à ailettes Speedway avec un collecteur d’admission double Fenton de faible hauteur ; deux carburateurs Stromberg 94 2-bbl ; des conduites de carburant Aeroquip plus contemporaines ; des collecteurs d’échappement en fonte de style hors-bord et un distributeur de bouchons de crabe (sic !) de style Ford ’42… Le levier de vitesses de la transmission avait été considérablement modifié car la boîte de vitesses était positionnée dans le châssis bien en avant du cockpit. Il y avait une petite pédale d’accélérateur, une autre paire de pédales au plancher pour le frein et l’embrayage, et un petit levier sur le côté gauche du cockpit…
Il aidait (il venait au secours du conducteur) à sélectionner la marche arrière…. L’arrière etait issu d’une Ford /Mercury, quoique l’essieu arrière Columbia à deux vitesses ne fonctionnait pas…. Des ressorts à lames semi-elliptiques transversaux, à l’avant et à l’arrière, et un essieu “à poutre” étaient des éléments Ford et Mercury des années 1940. Dans le pamphlet de Templeton, il est écrit que dans les années 1970, il a donné une description poignante du voyage inaugural de sa Saturn : “Bien que ce soit il y a 25 ans, mon souvenir de cette brillante journée de septembre est aussi clair que ce moment. Je me tenais là sous le fameux grand chêne étalé au sommet de la colline vallonnée de la ferme de Sunny Heights, J’ai pris une profonde inspiration et je l’ai retenue. J’étais en train de regarder l’accomplissement d’un rêve de quatre ans ! Ma Saturn, qui n’avait pas encore de nom, était née ! La rivière Skunk, serpentant dans la large vallée en contrebas, semblait cesser de couler. Le vent retenait son souffle. Mes deux fils, qui avaient travaillé avec moi à la production de cette voiture de rêve, ont également ressenti le silence. L’un d’entre nous a brisé le charme en courant aux toilettes pour une infernale diarrhée”…
La suite devient délirante : “Je suis monté sur le siège du conducteur et j’ai dit aux garçons de nous pousser en bas de la colline. Lorsque l”élan m’a semblé parfait, j’ai lâché l’embrayage et j’ai eu un frisson d’entendre le moteur Mercury de 200 chevaux s’animer…. Les huit orifices d’échappement lui donnaient un son étouffé qui lui était propre. Je me suis dirigé vers la route de la basse-cour, je l’ai facilement débouchée sur la route du comté et je me suis dirigé vers l’autoroute 69 de l’Iowa. La grande aventure débutait”… Il y a quelques années, Bill Jepson s’est entretenu avec Don Templeton au sujet de ce premier voyage idyllique, et ses fils lui ont dit que cette histoire était totalement inventée. Don Lloydd Templeton était au volant pour le voyage inaugural, pas son père, et le V-8 à tête plate (FlatHead) a rapidement lancé deux pistons à travers l’admission, ce qui a donné lieu à un essai plutôt lamentable avec bri du moteur…. Lloyd Templeton a affirmé que la puissance du flathead était de 200cv et que la voiture avait une vitesse de pointe de 140 m/ph…. Son fils Bob a dit à Jepson que le moteur n’était pas si puissant et a insisté sur le fait que la voiture était rarement conduite à plus de 60 mph.
Ce qui est certain à propos de la Templeton Saturn, c’est que sa couleur initiale était vert pomme métallisé brillant, et qu’elle a ainsi attirée beaucoup d’attention. Commentant son premier voyage à une station-service pour faire le plein, Templeton a déclaré : ‘Avant que le préposé n’arrive, les voitures quittaient la route pour s’approcher et regarder ma voiture”... Lloyd Templeton n’a pas perdu de temps pour présenter sa création dans de grandes expositions à la fois dans l’État et en dehors de l’Iowa. Lors du Speedarama Show de 1952 à Minneapolis, le roadster a remporté le prix de la plus belle voiture. La même année, la Saturn a été exposée pendant 10 jours en tant que “Voiture de demain”, dans une tente en face du parc des expositions de l’État de l’Iowa. Un panier de dons était bien en vue, ainsi qu’une pancarte sur laquelle on pouvait lire : “Faites un don pour d’autres améliorations à la voiture”. Don Templeton a rapporté que l’affluence était bonne et que beaucoup d’argent avait été recueilli. La Californie était l’Etat suivant. En novembre 1952, lors de la 3e édition de l’International Motorama, produite par le fondateur de Motor Ttend, Robert E. Petersen, et qui s’est tenue à Los Angeles, la Saturn était l’une des vedettes.
C’est illustré dans le programme de l’émission où la Saturn est décrite comme un roadster sportif radical… et indique qu’il a été construit à partir de zéro par Lloyd Templeton. Alors que la Saturn était à Hollywood, les Templeton l’ont apportée aux studios Paramount, où ils espéraient attirer l’attention. À cette époque, Bob Hope, Bing Crosby et Dorothy Lamour étaient en plein tournage de “The Road to Bali”. Des photos prises au domaine de Bob Hope à Toluca Lake, en Californie, montrent Lloyd Templeton et Bob Hope posant avec la voiture… Affirmant plus tard que la Saturn apparaitrait dans un prochain film de Bob Hope, une confusion est durablement née… Don Templeton a dit à Jepson que Hope avait plaisanté sur le fait qu’avec son long capot ouvert, la voiture “ressemblait à la bouche de Martha Raye”, une comédienne populaire à l’époque. D’autres célébrités qui auvaient vu la Saturn étaient l’acteur Dennis James, l’éminent chef d’orchestre et passionné de voitures Paul Whiteman, et l’actrice June Haver. La légende affirme que Bob Hope avait envisagé d’acheter la Saturn qui a en conséquence a été appelée “Bob Hope Roadster”. Mais Hope n’a jamais acheté la voiture, et Templeton l’a ramenée dans l’Iowa.
En 1953, l’élégant roadster est réapparu à Minneapolis, où il a réitéré sa Nième victoire dans la catégorie “Best Car of Show”. Les photos de la brochure Templeton montrent le roadster avec divers traitements de garnitures latérales, une calandre à barres droites et au moins trois combinaisons de couleurs différentes. La finition verte d’origine a cédé la place à un traitement de peinture bleu et blanc, utilisant une moulure en acier inoxydable pour diviser les couleurs. Ensuite, l’extérieur de la voiture a été peint en blanc, et plus tard, la Saturn a été entièrement finie en rouge. À l’origine, il n’y avait pas de portes. Lorsque celles-ci ont été fabriquées plus tard, la porte du côté gauche était très petite, comme une trappe pour clubs de golf… Tandis que la porte du côté droit s’étendait vers le bas comme un ensemble de marches de grenier… La voiture a été montrée avec et sans persiennes dans le capot, avec et sans lettrage Saturn, avec différents ensembles d’enjoliveurs de roues, et même un changement de volant. Templeton et ses fils ont été très occupés à modifier l’apparence de la voiture. Plus tard en 1953, la Saturn a été exposée à la Motor World Fair de Miami, en Floride, où elle a remporté le prix du public.
Le célèbre imprésario de divertissement et de salon de l’automobile Herb Shriner a vu la voiture en Floride et l’a invitée à apparaître à son Motor World’s Fair à New York. La Saturn a de même été conduite à de nombreux spectacles où elle est apparue, mais c’est difficile à évaluer. J’ai voulu en avoir le cœur net et à la première opportunité qui me fut offerte de la conduire, après une certaine expérience de quelques heures à son volant, j’ai trouvé la position de conduite totalement inconfortable, pire qu’une Zil Soviétique. C’était Cramped Cabin de partout, pour partouzeries acrobatiques…. Le grand volant était difficile à manœuvrer, les pédales étaient très mal placées, ce qui obligeait les jambes à être presque horizontales avec le volant contre la cage thoracique… Y entrer était acrobatique, en sortir était mission presqu’impossible . La tringlerie de boite de vitesses était alambiquée, avec un levier spécial indépendant pour la marche arrière situé à gauche du conducteur, ce qui rendait les vitesses très difficiles à changer. Cela écrit pour ma postérité comme ayant risqué ma vie dans des essais contre-nature, le V-8 démarrait péniblement avec des glou-glou et des bruits de contrebasse des deux échappements.
La Saturn accélérait comme un camion surchargé. Les virages devaient se prendre au ralenti… Rien en mouvement n’était relaxant, rien n’indiquait quel pouvait être “LE” point fort de cet engin… Il s’agissait strictement d’un cargo transformé pour avoir le look d’un Yacht… Mais il faisait quand même tourner les têtes. Bob Templeton a déclaré à Bill Jepson que la Saturn avait été transportée sur un camion porte-voiture de Minneapolis à la Floride, et que ce fut le seul moment de l’histoire de la Saturn durant lequel aucun problème n’est survenu… Un sans incident tenait du miracle… Notez que ce fut vrai jusqu’à ce que le bel équipage atteigne le Sunshine State. Apparemment, un camion d’agrumes s’est arrêté pile sans raison devant le camion qui transportait a Saturn. Et… la Saturn a continué, est passée à travers la cabine du camion transporteur et s’est encastrée dans la benne du camion d’agrumes qui s’est disloquée… D’autres dommages considérables ont été occasionnés lorsque la Saturn a atterrit dans le fossé…. Se souvenant de l’incident, Lloyd Templeton, toujours aussi descriptif, a déclaré qu’il “pleuvait des oranges”.… Lloyd Templeton et ses fils vont passer plusieurs années pour tenter d’arranger/réparer la voiture…
Au milieu des années 1950, un certain M. Hoversten, propriétaire d’un magasin de meubles à Ames, a pris possession du titre de propriété de la Saturn, apparemment en garantie d’un achat de meubles par Lloyd Templeton. Passionné de voitures, Hoversten était ravi de conclure cet accord inhabituel, alors lorsque Templeton n’ayant pas été en mesure d’effectuer les paiements, il a du céder sa Saturn…, Hoversten est devenu le propriétaire de la voiture, et le nom de son magasin a été affiché sur les ailes lors des défilés. Tout aussi miraculeusement, à la fin des années 1950, Lloyd Templeton a gagné le gros lot d’une loterie et a racheté sa Saturn… Comme il détenait à nouveau le titre de la voiture, la Saturn a recommencé son manège d’expositions diverses… Exposée à Winter Haven, en Floride, au milieu des années 1960, Lloyd y a rencontré Bob Woodburn, un banquier de Washington, D.C. devenu Précheur-Chrétien, né pour purifier l’Amérique… Templeton qui devenait dou (à cause de sa voiture) a ainsi eu une sorte d’épiphanie… Woodburn lui a cité plusieurs passages du Nouveau Testament après lesquels Templeton a réfléchi et vécu une illumination divine… Le début de la fin…
“Soudain, j’ai réalisé que la voiture et toutes les autres choses matérielles rouilleraient un jour ou seraient reléguées à la ferraille, et que moi aussi, je mourrais sans rien. C’était la fin de la préséance de la voiture de rêve dans ma vie. C’est là que j’ai confessé mes péchés, et j’ai demandé à Jésus-Christ de venir dans mon cœur et d’être mon Sauveur personnel”... Peu de temps après, Dieu lui ayant dit de déménager à Chicago, il y a emmené la voiture avec lui. Il a ensuite fréquenté l’Institut biblique Moody et est devenu évangéliste… Avec la Saturn comme appât, Templeton va essayer avec enthousiasme de convaincre tous ceux qui voulaient bien l’entendre dire des bienfaits du salut divin. Il a même attiré des sponsors pour l’œuvre du Seigneur et a affiché leurs logos sur la voiture. À cette époque, la Saturn était bleu foncé, avec des des enjoliveurs spéciaux qui indiquaient “La Saturn 1952 est la voiture de Jésus Christ” en grandes lettres blanches…. Lorsque Templeton a commencé à éprouver des problèmes médicaux liés à l’âge et à sa folie, quelques années plus tard, il n’était plus en mesure de continuer son chemin de croix avec la Saturn… La voiture a été reléguée dans un abri, exposée aux éléments, jusqu’à la mort de Lloyd Templeton le 9 janvier 1991.
Plutôt que de léguer la voiture à ses fils, Templeton avait pris des dispositions dans son testament pour léguer la voiture à un certain M. Dennis Severson, un diacre de son église. Severson avait déjà effectué des travaux mécaniques sur la voiture, jamais payés. Ce nouveau propriétaire n’a jamais pris physiquement possession du roadster, mais il est resté à l’extérieur de la maison des Templeton, sous l’abri pendant trois ans, se détériorant gravement, jusqu’à ce que Severson décide de vendre la voiture de Jésus Christ…. Le prix était de 500 $. Bob Templeton, le fils deshérité, chagriné parce qu’il estimait qu’il aurait dû hériter de la voiture en premier lieu, fut le seul acheteur. Après ces années de folies, la voiture avait besoin d’une refonte complète. Bob Templeton a commencé une restauration coûteuse au cours de laquelle il a fait de la publicité pour la Saturn dans Car Trader. Cela a attiré la restauratrice Francesca Roxas qui a remplacé la calandre provisoire d’Oldsmobile par le bon composant d’une Dodge de 1946, a aidé Bob à détailler le compartiment moteur et a supervisé la restauration intérieure avec du cuir véritable. Mais conduire la voiture, avec ses pédales d’oscillations s’avérait un chemin de croix…
Bob Templeton qui s’était mis en ménage avec la restauratrice a vendu pour,500$, la voiture à un escroc de premier plan : Joe Bortz, un collectionneur de concept-cars de la région de Chicago qui possédait plusieurs voitures issues du “General Motorama” . Il est devenu raide-dingue-fou de la Saturn… Bortz et son équipe ont re-restauré la Saturn et enlevé les portes “vestigiales” parce que ce n’était pas la façon dont la voiture était à l’origine. Bortz ayant des maux de dos épouvantable de la conduire, a décidé de la vendre, et il l’a présentée “à la manière d’un escroc” comme “un Concept-Car d’usine Mercury Custom de 1950 construite pour Bob Hope”... La voiture a donc été appelée “Bob Hope Special”... Le Roadster Saturn toujours mal foutu et inconduisible, affublé de tous les mensonges imaginés par Joe Bortz qui étaient pires encore que ceux de Lloyd Templeton, a été mise aux enchères chez RM Automobiles of Arizona en janvier 2009. L’enchère gagnante s’est élevée à 148.000 $ en faveur de Joe Bortz qui remportait ainsi presque 300 fois sa mise de 500 dollars… C’est Bill Grant directeur de PJ’s Auto World, spécialiste des voitures musclées, installé à Clearwater, en Floride (pjsautoworld.com) qui a remporté l’enchère…
Le directeur général de pjsautoworld.com , Bill Grant, a accompagné la Saturn au concours de Pebble Beach, où elle a attiré beaucoup d’attention. Et oui, la voiture de rêve de Bob Hope a ainsi été vendue 1,000,000$, soit 6 fois plus que les 148.000 payés à Joe Bortz et 2.000 fois plus que les 500$ de Joe Bortz… Si vous voulez quelque chose de vraiment inhabituel, envoyez un courriel à Bill Grant à pjauto@aol.com … Lloyd Templeton serait sans doute heureux d’apprendre que, quelques 60 ans après avoir manœuvré sa Saturn une pour la première fois, sa merveille a toujours le pouvoir d’attirer des gens qui n’ont aucune idée de ce que c’est. Tout ce qu’ils savent, c’est que c’est quelque chose de spécial qui vaut un million de dollars… 1948 Templeton Saturn Spécial Bob Hope Roadster / Moteur V-8 Flathead de 239ci – 3925 cm³, carburateurs Stromberg modèle 94 2×2 bbl / Puissance et couple (estimation brute SAE) : 150cv @ 4200 tr/min, 225 lb-pi @ 2500 tr/min / Transmission : manuelle 3 vitesses avec surmultiplication / Freins : avant : tambour hydraulique, arrière : tambour hydraulique / Suspensions : Avant via essieu plein, ressort à lames transversal, barre antiroulis / Essieu rigide arrière, ressort à lames transversal, barre antiroulis / Dimensions : L : 210,0po, l : 76,0po, H : 48,0po Perfos: 0-60 mph : 14,0 s ; Vitesse maximale 105 mph. Prix originel : 4.500 $ (Des Moines Sunday Register, 15 août 1952 / Prix actuel : 1 million de US$…
Compte tenu de l’époque où elle a été construite, le style de cette voiture était bien en avance sur son temps. Mais les gens sont horrifiés quand ils voient cet engin. Barry Meguiar, de Car Crazy, m’a dit : “J’ai conduit quantités d’automobiles de collection, également des musclecars, des voitures de sport italiennes, mais rien de tel que cette voiture. Le long nez qui serpente sur la route et sur le fairway est incroyable et c’est quelque chose dont je me souviendrai toujours. Les photos, les commentaires et les regards que j’ai reçus en passant devant elles étaient incroyables. Le lien avec Bob Hope est intrigant, je crois que ce fut une arnaque. Ce qui compte pour moi est que ce gros roadster arrête la circulation partout où il passe, ainsi les gens voient le nom Meguuiar Car Crazy et ça fait ma pub… La plupart des pièces du châssis sont Ford et Mercury, la calandre provient d’une Dodge, l’ornement du capot provient d’une Nash. Mis à part sa tôle personnalisée, une grande partie de cette voiture provenait de voitures américaines d’époque. Lloyd Templeton, d’Ames, dans l’Iowa, a tout misé sur la personnalisation comme passe-temps. Il en est devenu fou. C’est la seule au monde à avoir ce style si particulier aux États-Unis”….
Ce n’est pas une voiture pour un propriétaire timide. Les foules affluent autour d’elle chaque fois qu’elle est garée. Les badauds sont fascinés par son style radical. Les gens assez vieux pour se souvenir de Bob Hope sont très impressionnés. À la fin des années 1940, si vous vouliez un roadster américain sportif, vous deviez le construire vous-même. Les constructeurs automobiles nationaux ont cessé de produire des voitures à usage civil en février 1942 et n’ont repris qu’en 1945. Les trois grands de Détroit proposaient des cabriolets à quatre places, mais à l’exception de la Dodge Wayfarer en 1948-1952, de l’éphémère roadster Playboy et de la Crosley Hotshot – et jusqu’à la Corvette, la Kaiser-Darrin et la Thunderbird – les biplaces américaines ouvertes de production étaient en grande partie indisponibles… Les amateurs de voitures personnalisées restylaient des voitures plus anciennes depuis les années 1920. Cette pratique s’est accélérée après la guerre, car la personnalisation était beaucoup moins coûteuse que l’achat d’une voiture neuve rare, en supposant que vous puissiez même vous inscrire sur une liste pour en obtenir une.
Des praticiens californiens de la personnalisation de voitures comme Sam et George Barris, Gil et Al Ayala, Jimmy Summers, Link Paola et bien d’autres ont restylé des voitures américaines sur commande. Mais très peu de gens pouvaient s’offrir une voiture sur mesure. En guise de solution, un certain nombre de bricoleurs talentueux ont commencé à construire des biplaces très stylisées pour leur usage personnel, elles étaient généralement (mais pas toujours) construites sur un châssis de voiture de série. La tôle d’origine de l’usine était souvent si profondément modifiée que l’origine de la marque était pratiquement indéchiffrable. L’avènement de la fibre de verre au début des années ’50 a rendu encore plus facile pour un passionné d’arrière-cour de construire sa propre spéciale. Un délicieux livre de poche de 1944, “The Blue Book of Custom Re-styling”, a contribué à montrer la voie. L’auteur était le Californien Dan Post. Son livre présentait des dizaines de photographies de voitures personnalisées et de nombreux modèles entièrement restylés. De nombreuses images de Post proviennent de Strother MacMinn, qui a enseigné à l’Art Center School for Design de Pasadena et, jusqu’à sa mort en 1998.
Il a été un juge estimé du concours de Pebble Beach. “Mac” parcourait les rues de Los Angeles avec son Leica, photographiant les voitures élégantes qui l’intéressaient. Beaucoup d’entre elles étaient ce que Post appelait des “Sport Custom”. Le livre de Post contenait des dessins au trait qui montraient comment personnaliser les voitures, ainsi que des exemples de carrosseries imaginatives construites entièrement à partir de zéro. Geoff Hacker, fondateur du site Web Forgotten Fiberglass (forgottenfiberglass.com), définit une “Sport Custom” comme une voiture de boulevard, conçue principalement à des fins de tourisme et de spectacle, sans aspirations à la compétition… Hacker dit qu’elles ont été fabriqués à la main, en très petit nombre soit généralement seulement un ou deux exemplaires, en utilisant très peu de pièces de production. Certaines étaient des prototypes mort-nés que les constructeurs espéraient initialement produire en plus grande quantité. Vues aujourd’hui, les coutumes sportives représentent un triomphe de l’expression automobile individuelle. Peu d’entre elles ont survécu…