Bosley MK1 & MKII 1953/1960…
Aux confins (ruraux) de l’absurdie, existences humaines et éternités inhumaines s’interpénètrent jusqu’à donner l’illusion de s’échanger leurs propriétés !
Ainsi veut-on croire que la vie s’y écoule comme à l’ombre des cocotiers et qu’on y jouit sans cesse dans une imperturbable immuabilité, au gré d’un quotidien dont personne ne veut reconnaître que tout en chacun/chacune, agonise, s’érode, s’évanouit, malgré l’émolliente illusion d’une pérennité des éléments qui le composent.
Pleins de cette candeur, il en est qui mènent une vie tissée d’ennui tranquille, de labeurs et d’extases physiques sirotées au milieu des ordures ménagères et sociétales…, s’y exerçant la nuit jusque très profond dans leurs orifices…
De temps en temps, il y a une échappatoire pour aller dorer au soleil le corps enduit d’agent bronzant de fortune, quitte à tomber, un jour, sur un os…, suite radieuse des vanités et méditation éthérée sur l’impermanence de toute chose.
Nombre de personnes arrivées fortunées à leur grand âge, finissent par s’échouer, sous les lumières citronnées…
Retraite passagère d’où elles émettent des cartes postales aux teintes rétro en guise de bulletin de santé annuel…, le soleil a toujours brillé plus intensément pour les vieux jours de certaines gens…
Offertes au luxe d’une crédulité insouciante, toutes les passions et les ferveurs y gravitent autour de jeunes invitées en fleurs, enluminées telles des héroïnes du muet par les scintillements…, elles sont parées d’airs soignés d’illuminées fausses ingénues, qui, moyennant salaires, ou dons visionnaires, se mettent aux sévices de leurs hôtes.
Duperie…, ces expertes en enfumage et prestidigitatrices virtuoses de profession pour mystifier via les seuls prodiges de leurs charmes…
Le métaphysique est à l’œuvre, autour de la foi qu’il s’agit de prêter ou non à la transcendance, à l’ordre magique et mystérieux du monde.
Pour avoir été déjà tranchée mille et une fois par d’autres, aucun questionnement sur le pourquoi et le comment ne présente a priori plus guère d’enjeu, sinon sa capacité à inlassablement se reformuler avec plus ou moins de fringance.
En l’occurrence, épousant les dehors patauds d’une dissertation au cheminement tout tracé, récitée telle une partition exténuée pour piano mécanique qui jouerait tout seul sa sentencieuse ritournelle… et si l’on ne se passionne guère pour ces leçons de magie et de cynisme…, machinalement faisant leur synthèse mi-matérialiste mi-sentimentale, on peut y trouver une séduisante métaphore…
Cette tension qui sculpte pareilles surfaces désaffectées est aussi celle chevillée au cœur, qui en dicte depuis toujours ou presque les excès, par des flux et reflux de doutes teintés d’aigreurs et de croyance en leurs propres pouvoirs d’illusion.
Dans ce délire, ces cacochymes, pour se payer ces “sportives” du sexe de haut vol…, s’affichent dans diverses sportives de luxe, coûtant (parfois) moins au final (toujours repoussé)… et aussi avec quelques beautés à la subtile incarnation qui ravivent le feu et la foi en les chairs mortes d’un monde vieillissant lorsque celui n’entend plus croire en rien, sinon aux jeunes femmes : un tour de prestidigitation jamais percé qui serait : la grâce…
Effets de cocktails Coke-Caviar-Viagra truffés sur le bien-être intérieur…, de la psychanalyse de comptoir…, le genre qui fait des couvertures de newsmag’s sur l’emprise des pervers narcissiques…, de toute idée surfaite de la liberté très nouveau riche acquise à la force de millions…
De telles inclinations à la dépense flambarde ne sont pas l’apanage de mâles odieux et néanmoins affriolant cherchant à capter diverses futures suppliciées…
Consentantes, ces suppliciées…, à se plier en définitive, corps et âme, à leurs manières de bourreaux, simulant la rumination introspective pour faire surtout feu de toute fascination à leur endroit, toutes entières dévolues au panache clinquant et aux caprices de ceux qui, entre deux leçons de choses, se présentent comme Maîtres du monde…
Même s’ils crashent leur jouet au terme d’une course à vive allure qui aura tout dévoré, tout bouffé et asphyxié au gré de sa surchauffe…, ce n’est pour eux s’ils restent vivant, qu’un ultime point de rupture (comme une métaphore donnée clés en main de la fin d’une récré sadomaso) !
Que leur importe l’état de compression terminale d’une épave contractée d’un rutilant véhicule où ne saillissent plus que les lignes redondantes et les boucles de nerfs en entrelacs binaire de roucoulades et d’esclaffades grasses, de portes claquées comme autant de tartes à la gueule, de rixes et crises suraiguës et de vagissements sexuels…
Les autres, qui ne sont pas eux-mêmes, ne servent que de faire-valoir, pour faire le nombre des utilités quand on les sonne…, cela achève ainsi de saturer l’espace à l’air raréfié d’une expérience de mort-vie plongée dans un bain crapoteux merdiatique.
Mais, en dépit de leurs accents cyniques et ramasse-tout, la part la plus embarrassante de ces gens, tient dans ce que leur entreprise n’en paraît pas moins sincère…, peut-on vénérer pour autant ces automobiles millionnaires qui n’existent que parce qu’ils et elles existent ?
Voici l’histoire de deux d’entres-elles, les Bosley MKI et II…
Richard Bosley, un horticulteur de Mentor, Ohio, USA, n’avait jamais construit de voiture d’aucune sorte…, mais à ses 21 ans en milieu 1952, il a décidé qu’il voulait construire sa voiture de rêve qui surpasserait n’importe qu’elle voiture de sport sur le marché de l’époque.
Il faisait partie de la caste de ceux caricaturés en chapeau de cet article, sauf qu’il était fils de l’un d’eux…
Il avait les moyens de Papa… mais il avait aussi un certain génie du design automobile…
Il possédait une Jaguar XK 120 Roadster et une Olds Rocket 88 coupé…, mais, ne s’inspirant nullement du châssis de ses deux voitures “chaudes” pour l’Amérique, quoique “classieuses”…, il en a construit une “à la manière de”…
Il a construit sa Bosley, façon voiture de course…, en y adaptant des trains roulant AV et AR d’une Ford Mercury 1948 re-équipés de freins récupérés d’une Lincoln 1949…, les jantes en magnésium à verrouillage central étant les seules pièces neuves de l’ensemble mécanique, si ce n’est la boite manuelle 5 rapports, car le moteur était le V8 Hémi d’une Chrysler accidentée !
Cote de l’ensemble (à l’américaine) : empattement 102″…, longueur totale 168″…, 48″ de hauteur, voies de 58″ avant et 60″ arrière, le tout pesant 3360 lb avec 10 gallons de carburant dans son réservoir de 55 gallons.
Richard Bosley s’est superbement distingué en surpassant les meilleurs designers automobiles naissant en Italie (dont Pininfarina), réalisant de lui-même une carrosserie époustouflante de beauté, réalisée de fibre de verre, les instruments, les phares avant et feux arrière et le pare-brise, ayant été “chiné” dans des casses sur diverses voitures des années ’30 et ’40.
L’attention aux détails et la finition générale dépassaient même la plus chère voiture européenne de son temps.
Richard a appelé sa création de son nom de famille ; Bosley…
Et c’est ainsi, en tant que Bosley MKI qu’il l’a présentée dans le monde (des automobiles), en mai ’53 aux USA, et en juillet ’55 en Angleterre.
Len Frank (le journaliste), ayant réalisé des essais sur route et sur piste, a déclaré dans son article que cette Bosley était la plus belle et la plus excitante de toutes les voitures au monde, magnifiquement proportionnée et d’une forme qu’il n’avait jamais vu.
De retour aux USA, le magazine Hot-Rod va en faire un article dithyrambique sur de nombreuses pages en octobre ’55…
Strother McMinn, directeur du Pasadena Art Center College of Design, a déclaré en 1955 que la Bosley était tellement avant-gardiste que son design a changé la pensée de ses élèves à ce moment-là…
Même Enzo Ferrari a secoué Sergio Pininfarina en lui disant que la Bosley aurait du être une Ferrari…
De tout cela, Richard Bosley n’obtiendra qu’une seule commande…
Voulant garder le premier exemplaire comme étant son rêve enfin réalisé par lui-même, il va commencer à construire “sa” seconde Bosley MKI, durant 5 ans, avec assez bien de difficultés pour retrouver les mêmes composants mécaniques….
En 1960 elle n’était pas terminée…, elle ne le sera jamais totalement…
Bosley a toutefois voulu aller naviguer au-delà de toutes limites auto-imposées, il a utilisé sa “première” MKI durant environ 100.000 miles… et l’a ensuite échangé à un certain Dick Doane, une célèbrité dans les courses SCCA et aussi concessionnaire GM…, pour une unique Sebring Corvette SR-2 qui allait constituer la base de son rêve encore à améliorer, la Bosley MKII Interstate…
Mais celle-ci était moins “spontanée”, moins innovante, moins tout…
Richard va regretter amèrement sa belle MKI…, à tel point qu’il ne va plus rien faire, car il n’avait plus rien à faire que d’attendre… sans qu’il sache quoi… seulement vivre de l’argent familial…
Né le 9 mars 1928 à Mentor/Ohio, Richard Bosley est décédé dans sa même ville le 5 avril 2009…
C’est un certain Ron Kellogg, qui a racheté la Bosley MK1 à Dick Doane et contribué à sa restauration, qui va durer 2 ans chez Vintage Prep. à Santa Ana/California.
La voiture sera ensuite cédée au Musée Petersen, après avoir remporté en 2011 la seconde place au concours d’élégance de Pebble-Beach…
La Bosley MKII Interstate, réalisée en 1960, également un modèle unique, restée inconnue du public durant presque 50 ans, va dès-lors réaparaitre dans le cadre de la succession de Richard Bosley…, vendue incognito, elle est toujours en cours de restauration !
C’est à partir de là, que la Bosley qui ne valait rien, s’est mise à valoir beaucoup, c’est à dire plus d’un million de dollars…