CADILLAC V-16 CABRIOLET 1934
La Cadillac V-16 (parfois appelée Cadillac Sixteen) était l’automobile haut-de-gamme depuis son lancement en janvier 1930 jusqu’à ce que sa production ne s’arrête début 1940 à cause de la guerre en Europe. Toutes les voitures produites étaient pré-commandées personnellement par les clients en conséquence seulement 4.076 exemplaires en 10 ans ont été commandés/fabriqués/vendus. La majorité de ceux-ci dans la seule année 1930, avant que la Grande Dépression ne prenne le pas sur les ventes. C’était la première V16 produite aux États-Unis (et dans le monde), dessinée par Harley J. Earl.
En 1926, Cadillac a commencé le développement d’une nouvelle voiture multi-cylindres selon l’exigence d’un client très fortuné qui rêvait d’avoir une Cadillac propulsée par un moteur à la fois plus puissant et plus fluide que toute autre disponible. Le développement s’est déroulé dans le plus grand secret au cours des années durant lesquelles un certain nombre de prototypes ont été construits et testés lors du développement de ce nouveau moteur V16, tandis que le Big-Boss de Cadillac, Larry Fisher, ainsi que le styliste de GM, Harley Earl, faisaient le tour de l’Europe à la recherche de l’inspiration des meilleurs carrossiers européens. Contrairement à de nombreux constructeurs de voitures de luxe, qui vendaient des châssis nus à habiller par des entreprises de construction de carrosseries extérieures, General Motors avait acheté les carrossiers Fleetwood Metal Body et Fisher Body pour maintenir toutes les activités en interne. Un châssis Cadillac nu pouvait toutefois être acheté si un acheteur insistait, mais l’intention était que peu de gens en aient besoin.
Un concessionnaire Cadillac en Angleterre, à savoir Lendrum & Hartman, a commandé au moins deux de ces châssis dans une configuration de conduite à droite, encore plus rare et a fait construire par VandenPlas en Belgique, d’abord une élégante limousine-landaulet (#702297), puis une berline sportive avec des ailes inhabituelles et des plaques de marche rétractables au lieu de marchepieds (#702298), qui a été présentée avec succès lors de divers Concours d’élégance en Europe avant d’être acheté par le jeune Nawab de Bahawalpur. Ces deux voitures ont survécu. Un troisième châssis conduite à droite a été commandé par le Maharajah indien d’Orccha (Bhopal) et envoyé à la carrosserie Farina en Italie, en juillet 1931, (#703136). Ce n’est qu’après le krach boursier de 1929 que Cadillac a annoncé au monde la disponibilité de la Cadillac la plus coûteuse, la nouvelle V-16 Series 452, présentée pour la première fois au salon de l’automobile de New-York le 4 janvier 1930. Malgré le mauvais timing et son prix élevé, et bien que les ventes baissaient considérablement, le lancement a dépassé les aspirations les plus chères de Cadillac. Lors de sa présentation, la nouvelle Cadillac a été présentée de manière élogieuses par la presse, créant une énorme attention du public.
La production de janvier a atteint peu à peu vingt-deux Cadillac V16 par jour. En avril, 1.000 avaient été construites et en juin, 2.000 ! Les Cadillac pouvaient être commandées avec une grande variété de carrosseries. Le catalogue Fleetwood pour la V-16 de 1930 comprenait 10 styles de carrosserie de base, et était joint une enveloppe contenant une trentaine de dessins de conceptions supplémentaires. À partir de juin 1930, cinq Cadillac V-16 participaient à une tournée promotionnelle dans les grandes villes européennes, dont Paris, Anvers, Bruxelles, Amsterdam, Utrecht, Copenhague, Stockholm, Berlin, Cologne, Dresde, Francfort, Hambourg, Munich, Nuremberg, Vienne (où elles ont gagné des prix), Berne, Genève, Lausanne, Zurich, Madrid, Saint-Sébastien, La Baule et Angers. Au retour d’Espagne, la caravane des V16 s’est également arrêtée dans le village Français Cadillac situé dans le sud-ouest de la France pour marquer l’amitié Franco-Américaine, bien que ce village n’avait aucun lien avec la marque, si ce n’est son nom ! Après quelques mois en 1930 (2.428 Cadillac V16 jusqu’y compris juillet), la Grande Dépression s’est fait sentir d’un coup chez les riches clients, 7 Cadillac V16 en août 1930, O en septembre 1930, 54 en octobre 1930, seulement 6 en novembre 1930 et 5 en décembre 1930, soit un total de 2.500 commandées/construites/vendues en 1930 !
Les chiffres les plus bas en 1931 pour ces mêmes Cadillac V16 type 452/452A de 1930–31 étaient 7 en août 1931 et 6 en novembre 1931, pour l’année 1931 seulement 750. La production minimale s’est poursuivie pendant le reste de la décennie, avec 300 en, 1932 et seulement 49 par année entre 1935 et 1940 jusqu’u jour de l’attaque Japonaise sur Pearl Harbour. Sans surprise, Cadillac a estimé qu’ils avaient perdu de l’argent sur chaque V-16 qu’ils vendaient.
Avec un empattement de 154 pouces (3.912 mm) et un poids à vide de 6.600 livres (3.000 kg), les Cadillac V16 furent les plus grandes voitures de série jamais produites aux États-Unis. Les V-16 “Series 90” et V-12 avaient été fusionnées en 1938 avec l’introduction du nouveau V-16 à tête en L. Le moteur de 7L1 (tête plate) comportait un angle en V de 135° plus large, des carburateurs doubles, des pompes à carburant doubles, des distributeurs doubles, des pompes à eau doubles et un vilebrequin à neuf roulements principaux (par rapport au précédent à cinq roulements de l’OHV V-16 mais ces moteurs produisaient les mêmes 185 chevaux (138 kW) que les versions ultérieures du V-16 d’origine avec encore plus de douceur, surtout les “Sixteens” de 1938/39/40 qui réputées comme ayant l’accélération la plus rapide de toutes les voitures du monde de l’époque, quel que soit le poids, avec en prime une économie de carburant par rapport aux OHV V-16. De plus ce moteur était presque silencieux au ralenti et fonctionnait en douceur. L’empattement a été réduit à 141 pouces (3.581 mm) mais la carrosserie est resté à 222 pouces (5.639 mm) de longueur totale. Les “Sixteens” (comme Cadillac les appelait) étaient essentiellement des Cadillac de la série 75 avec le nouveau moteur V-16, bien qu’elles avaient plusieurs différences de finition.
En 1930, Cadillac a tiré la salve d’ouverture dans la soi-disant guerre multicylindre entre les sociétés américaines de voitures de luxe. Le nouveau V16 à soupapes en tête était inégalé en puissance et en prestige, et les concurrents de Cadillac se sont démenés pour réagir, certains pariant – et perdant – leur existence même. Avec peu de pairs, la Cadillac V16 était l’une des voitures de luxe les plus recherchées d’Amérique, offrant 175 chevaux avec un raffinement exceptionnel. Nommée pour sa cylindrée en pouces cubes, la série 452 V16 a été convenablement mise à jour avec un châssis et un train de roulement plus robustes pour gérer la puissance du moteur. Le moteur était plus que à la hauteur de la tâche de propulser une carrosserie suffisamment grande et lourde, généralement sous la forme de limousines et de berlines élaborées et richement garnies des principaux fournisseurs de carrosserie de GM, Fleetwood et Fisher. Cependant, quelques clients sélectionnés ont opté pour quelque chose de tout à fait plus sportif, et un nombre relativement faible de roadsters plus flamboyants et de coupés décapotables ouverts ont trouvé leur chemin vers des propriétaires soucieux de leur style.
Cadillac voulait que le V16 reste au sommet du marché et le mettait à jour chaque année. Pour 1934, toute la gamme Cadillac avait été redessinée avec un magnifique nouveau style influencé par la période Art-Déco et Streamline-Moderne. Le nouveau design donnait l’illusion que les Cadillac étaient plus basses et plus longues qu’auparavant, avec des ailes ponton, des phares intégrés et des détails propres et linéaires. Des touches complexes comme les fabuleux pare-chocs biplan ont ensuite révélé l’inspiration de l’aviation. Mécaniquement, le V16 a été porté à 185 chevaux dans un châssis massif à empattement de 154 pouces. Pourtant, l’Amérique était encore en proie à la Grande Dépression, et malgré toute la splendeur visuelle et l’excellence de l’ingénierie, les ventes déclinaient. Cette V16 Cadillac unique à couper le souffle illustre l’élégance et la grandeur de l’ère classique et est une pièce étonnante du design précoce du Streamline. Selon les dossiers de construction et les recherches d’experts qui l’accompagnent, son châssis #51-44 a été commandé par le concessionnaire Randall-Donaldson Cadillac de Brooklyn, New York. La fiche de construction spécifie l’inspiration de Fleetwood pour la magnifique carrosserie du coupé convertible 2 portes Victoria-Fleetwood.
La Cadillac dispose d’un coffre intégré, ainsi que d’un porte-bagage extérieur démontable pour encore plus de rangement. Les autres options comprennent une radio, un volant banjo, des enjoliveurs chromés, une mascotte déesse argentée et une seule roue de secours montée sur le coffre. Les dossiers indiquent qu’elle a été commandée par le financier new-yorkais Allan J. McIntosh, qui n’en a jamais pris livraison, laissant son “Ticket” à Hugh McLeod Fenwick, dont les initiales ont été gravées dans le moyeu du volant ! Héritier d’une fortune amassée par son père bûcheron californien M. Fenwick était un aviateur expérimenté et agent de vente européen pour Vultee Aircraft (qui est devenu plus tard Convair). Le rôle de Fenwick nécessitait de fréquents séjours prolongés en Europe, et sa magnifique Cadillac l’accompagnait souvent en soute des paquebots. Hugh Fenwick est rentré “at-Home” en 1940, avant de prendre sa retraite à Aiken en Caroline du Sud. Alors qu’il était de coutume pour les riches propriétaires de changer régulièrement de voitures pour rester à la mode, Hugh Fenwick était une exception notable, il a conservé sa Cadillac Fleetwood jusqu’en 1970 ! C’est alors qu’un passionné de voitures basé au Nouveau-Mexique nommé Robert Friggens a eu vent de l’existence de cette Cadillac V16 proposée par un garagiste en Caroline du Nord.
Sa chasse a d’abord impliqué un voyage à Chicago d’où il s’est envolé pour Washington, D.C., a fait de l’auto-stop à 400 miles au sud-ouest jusqu’à Hickory, en Caroline du Nord. et de là, il s’est rendu au nouveau Mexique, a trouvé le vieux bâtiment délabré du vendeur dans lequel se trouvait un tas de voitures à vendre dont la Cadillac V16. Le responsable de la vente pour compte de Hugh Fenwick, Joe Smart, lui a demandé un paiement de 6.000 US$ pour la V16 et, en retour, a donné à Friggens un reçu (pour un “chat de 16 sil”) et des indications pour se rendre chez le notaire de la succession de Hugh Fenwick à 200 miles de là ! Fenwick qui croyait mourir était de nouveau en bonne santé et debout pour saluer était là pour les saluer, et ils ont finalisé l’accord. Il était particulièrement heureux que la voiture parte en de “bonnes mains”, car il avait une profonde affection pour sa Cadillac V16 après en avoir pris soin pendant toutes ces années. Des photos prises immédiatement avant et après l’acquisition de Friggens montrent que la Cadillac était exceptionnellement bien entretenue, tout en montrant son âge. La peinture noire était d’origine, la carrosserie complète, droite et les garnitures intactes jusqu’aux pare-chocs biplan notoirement délicats.
L’intérieur était d’origine, y compris la sellerie des sièges en cuir, entretenue avec amour par Fenwick. Une fois l’affaire conclue, Friggens est parti par la route et a ramené la Cadillac V16 chez lui. Elle n’avait que 80.000 milles à l’époque et n’était en aucun cas une automobile usée, un témoignage de la qualité de la Cadillac Série 452D et des soins qu’elle avait reçus de M. Fenwick. Friggens effectua une vaste restauration et, après trois ans sous ses soins, à court de liquidités, a vendu à contrecœur la Cadillac. Les propriétaires suivants sont bien documentés jusque vers 1980 où Jon Freeman de l’Illinois a chargé Fran Roxas d’effectuer une restauration méticuleuse. Il a par la suite obtenu plusieurs premiers prix (100 points) dans divers concours de l’ACCJE au début des années 80 et est apparu sur la pelouse du Concours d’élégance de Pebble Beach en 1982, remportant le prix “Best in Class”. Jerry Moore de Houston, Texas a acheté la Cadillac, puis l’a vendue au célèbre collectionneur William Parfet de Hickory Corners, Michigan. Après l’époque de Parfet, la Cadillac a été présentée par James Raisbeck au Concours de Pebble Beach en 2002, puis il a vendu la Cadillac à M. Steven Plunkett de London, en Ontario.
M. Plunkett avait créé l’une des plus grandes collections mondiales de Cadillac, les exposant dans son célèbre domaine Fleetwood Acres, et cette V16 a servi de pièce maîtresse de sa collection superlative. Il a fréquemment exposé cette Cadillac, obtenant un “Best in Show” au Hilton Head Concours 2017. Pendant le mandat de Plunkett, les travaux mécaniques et le rafraîchissement cosmétique ont été confiés à des experts renommés dont RM Restorations en Ontario. Le propriétaire le plus récent a acquis la voiture de Plunkett en 2018, et elle a continué à récolter des prix et des éloges. Cette extraordinaire Cadillac est présentée en superbe état, avec une restauration de classe mondiale qui reste remarquablement fraîche. La Cadillac a été restaurée avec précision selon ses spécifications d’origine, à l’exception d’un changement de couleur du noir au marron et de l’ajustement de jupes de passage de roue arrière façon époque, qui améliorent subtilement le design Streamline-Moderne. La sellerie en cuir bordeaux et la capote en toile noire complètent l’élégante présentation.
Cette Cadillac est proposée à la vente pour 1.575.000 US$ par Hyman Ltd – 2310 Chaffee Dr. St.Louis, MO 63146, USA