Cobra 427 Backdraft Racing
La catapulte est une machine de guerre utilisée pour lancer des projectiles à grande distance, sans emploi d’aucun explosif. Semblable à une arbalète géante, elle projette de grandes flèches à l’aide d’un câble qui doit être tendu puis relâché d’un coup…
Le terme correspond à la forme latinisée du mot grec καταπέλτης “katapeltes”, dérivé de κατά “transpercer” et de πάλλω “bouclier”... La catapulte semble avoir été inventée en 399 avant JC à Syracuse en Sicile sous le règne du tyran Denys l’Ancien. 2422 années d’ici, c’est plus qu’un bail !
L’un des premiers utilisateurs de la catapulte aurait été Onomarchus de Phocis. À l’origine, le mot “catapulte” désigne un engin lanceur de flèches, alors que le terme “baliste” fait référence à une machine qui lance des pierres, mais la signification des deux termes a été intervertie à partir du IVe siècle de notre ère.
Le fait que le mot catapulte soit devenu un terme générique qui, à certaines époques désigne indistinctement tous les engins de siège de la Baliste au Trébuchet, obscurcit encore la terminologie… Parmi ces engins fonctionnant avec un ressort à torsion figurent notamment l’Onagre et la Baliste.
Ces armes étaient utilisées conjointement avec deux autres engins à contrepoids, le Mangonneau et le Trébuchet, incorrectement appelé catapulte qui emploie un contrepoids plutôt que la torsion ou la tension : il fonctionne essentiellement comme une fronde géante. Son invention date du Moyen-Age.
A cette époque, il a remplacé la catapulte en raison d’une meilleure précision des tirs. Toutes les catapultes ont été par la suite progressivement remplacées par des canons, au cours du XIVème siècle…
C’est pour célébrer “à l’Américaine”, avec un sans gène abyssal et un peu de retard d’avance en retard (sic !), les 2.500 ans de cette invention, que Backdraft Racing Inc a réinventé/mis-à-jour ce concept adapté au chausse-pieds à leur réplique de Cobra en janvier 2001, par les soins de Tony Martin et Reg Dodd.
Ces deux pilotes champions du monde sont des passionnés de courses et de Shelby Cobra. Le lien est constitué par l’idée que la Cobra démarre comme le projectile d’une catapulte… C’est osé et assez débile d’autant plus que ni le nom de la société ni le nom de la voiture n’ont un rapport avec “Catapulte” !
Cette uchronie n’a rebuté aucun américain, tous peu au fait de l’histoire du monde. Dans la tête des clients, ce sont donc les Grands-Parents des deux lascars qui ont inventé la catapulte ! Puis la Cobra ,qui a été copiée par Shelby (re-sic !)… La société a toutefois considérablement évolué ces 20 dernières années…
Elle est devenue leader de l’industrie des répliques clés en mains. Les roadsters Backdraft sont construits dans les installations ultramodernes de Backdraft sur 1.000 m². En plus, un tout nouveau siège social avec salle d’exposition nommé “Backdraft Park”, a été ouvert à Boynton Beach en 2012.
Backdraft s’est auto-nommé leader des “répliques authentiques” (j’aime ce concept de “répliques authentiques” qui est plus un total foutage de gueule qu’une prétention), toutes étant “de haute qualité sur mesure”, considérées aujourd’hui par le tandem des propriétaires, comme la première Cobra de l’ère moderne !
Datées et en fin de développement, elles ne font guère plus recette, surtout depuis la pandémie Covid et la guerre en Ukraine qui font croire aux Américains basiquement crétinisés, que les Russes vont reprendre l’Alaska et annexer la Californie…
Seulement voilà, tout cela est encore un peu trop faiblard pour pré-envoyer des bombes atomiques préventives sur Moscou… Le châssis, un peu limite, va être bientôt remplacé pour la production par celui de la Cobra de circuit (rien à voir avec le modèle qui sera commercialisé quelques années plus tard).
Le moteur amélioré/boosté en option, à 504cv et 536 lb-pi de couple, est soutenu par une transmission Tremec T-5 à 5 vitesses ! Ce roadster 427 Cobra RT4 évocateur et bien équipé, introduit un certain nombre d’améliorations dans la suspension arrière indépendante inspirée de la BMW M3 .
La bête est magnifiquement finie en bleu Guardsman avec des bandes racing Wimbledon White. Les options comprennent un différentiel de verrouillage de traction 3.55, un système “Big and Tall” améliorant l’espace du cockpit, la direction assistée, un film de protection-peinture intégrale, et un package “vintage”.
Immatriculée comme une Backdraft 1965 (inutile d’essayer ça en France sans risquer la prison pour faux et usage), elle est superbement réalisée, prête à faire vibrer et surprend par la pureté de sa ligne pompée sans vergogne ni retenue. Rien ne vient perturber son dessin d’une bestialité troublante.
Quand à la capote, elle utilise le système habituel des “barres de porte-manteau” et “tringles à rideaux” avec une lunette arrière souple. Il est préférable de rouler totalement décapoté, cheveux aux vents et lunettes en place. Dans tous les cas, la mise en place de la capote est une torture dont on se passerait bien.
À l’intérieur, comme souvent sur les Cobra’s artisanales, le meilleur (une tradition du conformisme British sauce Ketchup) côtoie le pire (un contre-sens de l’ergonomie). En résumé cela ne ressemble à rien de connu d’autre qu’une Cobra et nécessite un temps d’adaptation, voire d’apprentissage. C’est simple !
En fait, ça dégouline, le pire c’est une finition parfois scabreuse et l’utilisation d’éléments issus de la grande série dont l’intégration est pour le moins hasardeuse. Que penser ? Pas grand chose en fait, le grondement sourd délivré brutalement par l’échappement au démarrage fait oublier toutes ces futilités.
Se glisser derrière le volant d’une Cobra ne se fait pas sans une certaine appréhension. Devant ça gronde. La confiance d’un conducteur non initié risque de choir au plus bas. Démarrer le V8, pomper la pédale des gaz, enclencher la première (non sans mal tant la boîte est dure). Relâcher l’embrayage et Hop…
C’est parti en attente du moment ou la catapulte va déclencher soudainement toute l’énergie qu’elle a emmagasinée… Mais, bof ! Contrairement à ce qu’on attend la Cobra démarre avec douceur. Tout semble calme quoique la Borg & Warner T5 nécessite une poigne de fer pour verrouiller chaque rapport.
D’abord c’est relax par fainéantise, à la grâce du couple titanesque du V8… Pour marquer la fin de la tranquillité, une pression sur l’accélérateur libère le moteur qui se déchaîne brutalement passant du registre acoustique du borborygme de la digestion lente à celui du tonnerre accompagnant la foudre.
À ce stade il convient d’oublier tout ce que l’on sait sur la violence appliquée à l’automobile. Bruit, fureur, poussée, la Cobra n’a guère d’équivalent dans la production moderne. Lorsque la route tend à vouloir abandonner la ligne droite il convient d’aborder la suite des événements avec la plus grande humilité.
Il faut composer au rétrogradage avec la commande de boîte, à bout de bras, pour tenter de ralentir l’auto à temps, car évidemment on est catapulté bien trop vite dans la courbe. Si la direction non assistée permet de placer la Cobra avec la plus grande précision, la sortie de virage est un moment de bravoure !
La bête ne demande qu’à se dérober de l’attraction terrestre par tous les moyens mis à sa disposition. Pour corser le tout, en plus des roues arrières, ce sont aussi celles de l’avant qui abdiquent Il faut un peu de patience avant de libérer la cavalerie, bien en ligne, avant de se voir projeter dans le virage suivant !
Chaque ligne droite est réduite à sa plus simple expression tant l’accélération est vigoureuse, et, ce quel que soit le régime, la bête pousse sans discontinue de façon communicative. Voilà qui donne immanquablement le sourire à une époque où la plus sportive des autos se contente d’être bêtement linéaire.
Tout cela me fait penser de vous préciser que jusqu’à une époque récente, les catapultes ont été utilisées par les amateurs de sensations fortes voulant vivre l’expérience d’être catapultés dans les airs. La pratique a été abandonnée en cause d’accidents mortels, certains ratant le filet de sécurité.