Carroll Shelby Cobra Super Snake 427s/c 1966 7L0 800cv #CSX3015
Voici en exclusivité la Shelby Cobra 427 Super Snake de 1966 à double suralimentation (compresseurs Paxton), châssis CSX 3015, construite pour l’usage personnel de et par Carroll Shelby ! Elle a été vendue par Barrett-Jackson en 2007 avec Carroll Shelby venu spécialement présenter sa Cobra suralimentée. Elle règne toujours depuis lors, comme la Shelby la plus chère vendue durant une Auction. C’est Ron Pratte qui a obtenu cette merveille, pour un montant stupéfiant de 5,5 millions de dollars (incluant les frais). Il prétend actuellement (en mai 2022) que même pour 20 millions de US$; il refuse de la vendre !
“Cette Cobra CSX 3015 est l’une des voitures de sport américaines les plus emblématiques et les plus importantes jamais construites”, m’a déclaré Craig Jackson, PDG de Barrett-Jackson… “En 1968, le magazine américain Road&Track l’avait appelée “The Cobra To End All Cobras”, et elle a plus qu’été à la hauteur de cette norme. Carroll Shelby était là lors de l’Auction et y a raconté comment il s’est fait arrêter par une patrouille routière du Nevada à 190 mph dans la voiture”... Cette vente a établi un record du monde pour tous les véhicules Shelby vendus aux enchères. 5,5 millions de US$ ! Fabuleux ! Le Great Carroll Shelby disait souvent : “Faites l’histoire, puis répétez-la”, et c’est exactement ce qui s’est passé. Cette voiture se démarquera à jamais de toutes les autres dans l’histoire des voitures de collection…
La Cobra CSX 3015 a été construite à l’origine par l’équipe Shelby comme une voiture de course pour la saison 1965, c’est l’une des 31 type 427s/c Cobras 620cv de compétition produites. Un an plus tard, elle a été transformée en Super Snake ultra-performante pour l’usage personnel quotidien de Carroll Shelby qui a ajouté deux compresseurs Paxton au V8 427ci (7L0) et l’a accouplé à une transmission automatique à 3 vitesses qui seule pouvait gérer sa nouvelle puissance massive de 800cv en rue, la voiture est ensuite devenue une icône culturelle !
Une seule autre Super Snake (la CSX 3303) a été construite par Shelby American spécialement pour son ami Bill Cosby, qui fut donc le premier sur les rangs pour l’acheter “à un prix d’ami” ! Mais lors du premier essai la puissance lui a tellement fait peur, qu’il a renoncé à cette Cobra qui n’avait pas été développée pour un usage privé. C’est Tony Maxey qui l’a achetée mais lui et sa Cobra CSX3303 ont été pulvérisés une semaine plus tard lorsque Tony a raté un virage sur Pacific-High-Way en haut d’une falaise et sont tombés de 100 mètres dans l’océan Pacifique.
Sans aucune fonction d’aide à la conduite, cette King Cobra a frappé les imaginations avec des chiffres qui sont aussi fantastiques aujourd’hui qu’ils l’étaient dans les années soixante ! La Shelby Cobra Super Snake est une voiture classique emblématique. C’était la voiture de sport la plus folle des années ’60. L’une des caractéristiques qui distingue cette Shelby Cobra Super Snake est l’énorme renflement de capot. Bien que cela donne à cette Super Snake un aspect plus méchant, le véritable but était de créer de la place pour les 2 massifs compresseurs Paxton que Shelby y avait rentré “au chausse-pied” sous le capot…
La déjà monstrueuse Shelby Cobra 427s/c, en cette suite, disposait de 800cv. Carroll Shelby a opté pour une transmission automatique à trois vitesses, la Super Snake atteignait ainsi 60 mph en 3 secondes et réalisait une vitesse de plus de 200 mph. La Cobra Super Snake avait vu le jour en 1965 en tant que modèle de compétition Cobra 427 explicitement conçu pour les pistes avec son V8 produisant 620 poneys. Manquant la saison de course 1965, les modèles de compétition invendus ont été transformés en versions homologuées pour la rue connues sous le nom de modèles s/c.
Une caractéristique qui distingue cette Super Snake des autres Cobra’s est l’absence de grille de calandre élargie. En regardant le trou béant, vous pouvez voir les ventilateurs et une partie de la transmission du véhicule. Bien que les fixations des mini pare-chocs étaient toujours en place, la Super Snake n’avait pas de pare-chocs appropriés. Les performances exceptionnelles de la Super Snake résultent d’un rapport puissance/poids de 0,20 qui dépasse ce dont la plupart des supercars pouvaient se vanter dans les sixties.
En comparaison, la Bugatti Veyron produisant 1182cv, a un rapport puissance/poids de 0,29, la Lamborghini Aventador a 0,22, tandis que la McLaren Senna a 0,26. Généralement, comme un rapport plus élevé signifie une vitesse plus élevée, il n’est pas surprenant que le Super Snake soit une telle bête ! En plus d’être la plus rare de toutes les Shelby Cobra’s, cette Cobra Super Snake est également l’une des “classiques américaines” les plus rares. Sur un total de 998 Cobras construites, tandis que 56 unités sont devenues des modèles de compétition, 31 unités sont devenues des modèles s/c, et seules deux unités sont devenues des Super Snakes.
Shelby devait garder le design aussi minimaliste que possible pour réduire le poids global et obtenir des performances supérieures. Étant donné que la Super Cobra était d’abord une voiture de course devenue une voiture de route, la priorité de Shelby était de savoir comment la rendre aussi rapide que possible tout en étant “safe”… Des panneaux de porte minimalistes aux sièges basiques et du tableau de bord plat au simple tunnel central, tout était axé sur la sportivité. Aussi effrayant que cela puisse paraître, cette Cobra n’était pas équipée de ceintures de sécurité, un grave défaut de conception s’il en est.
Un peu plus d’histoire avant d’en finir… Ayant arrêté la compétition automobile en 1960, à 37 ans, pour cause de santé, le pilote texan Carroll Shelby voulait développer une voiture américaine capable de battre les Ferrari en catégorie GT. Sa quête d’un châssis va l’amener chez AC, firme anglaise qui construisait en petite quantité des voitures de sport, les AC Bristol qui combinaient une carrosserie ressemblant à la Ferrari 166 et à la Talbot-Lago T26GS Le Mans. L’AC figure très honorablement en compétition : en 1959, l’année-même de la victoire de Carroll Shelby et de Roy Salvadori sur Aston Martin au Mans, AC s’y classe septième au classement général et remporte la victoire en catégorie 2-litres, la puissance étant fournie par un moteur six-cylindres en ligne de 2 litres Bristol, dérivé du BMW 328 d’avant-guerre…
Bristol étant sur le point d’arrêter la production des moteurs 2-litres, AC monte des six-cylindres Ford provenant de la Zephyr anglaise. Le succès commercial est mitigé et les frères Hurlock, propriétaires d’AC, accueillent très favorablement la proposition de Shelby qui souhaite leur acheter des châssis pour y monter le nouveau V8 Ford de la Ford Fairlane, dont il négocie au même moment la mise à sa disposition avec Ford. Après quelques modifications du châssis par AC, à qui Shelby a fait parvenir un groupe moteur/boîte, il présente la première AC Cobra, la 260 (4,2 litres). La Cobra montre très vite son potentiel sur les circuits américains, notamment face aux Chevrolet Corvette, beaucoup plus lourdes. Son succès est immédiat, le mythe Cobra est né !
Après les moteurs V8 de 260 c.i. (environ 4,2 litres), elle passe très vite, dès 1963, à une motorisation de 289 c.i. (4,7 litres) qui lui donne une puissance allant de 271 chevaux, pour la version homologuée pour la route, à 360 chevaux pour la version FIA de course. À partir de 1965, Shelby lance la Cobra 427 avec un châssis dont le diamètre des deux tubes maîtres passe de 3 à 4 pouces, des voies élargies, des ailes gonflées pour accueillir des pneus plus larges, et surtout de nouvelles suspensions, à bras superposés et combinés ressorts/amortisseurs, en remplacement des ressorts à lames transversaux des 289. Elle est équipée d’un moteur V8 de 427 pouces cubes, soit 7 litres, développant 410 chevaux et un couple important pour un poids assez faible. La version la plus puissante de la voiture atteindra les 485 chevaux La version Super Snake de 1966 (seulement deux exemplaires) reprendra son moteur de 427 c.i. mais gonflé à 800 chevaux à l’aide de deux compresseurs Paxton.
La production totale fut d’environ mille voitures, réparties comme suit :
– 1962 : 75 Cobra 260 ;
– 1963 à 1965 : 580 Cobra 289 ;
– 1965 à 1967 : 348 ou 356, selon les sources, Cobra 427 ;
– 1966 à 1969 : une trentaine de 289 Sports produites par AC (châssis et caisse de 427 avec moteur 289 (4,7 litres)).
Les modèles 1965 et 1966 sont équipés du moteur Ford 427 c.i. deux carburateurs Holley quadruple corps et d’une boîte de vitesses à trois rapports alors que les modèles 1967 sont équipés du moteur Ford 428 c.i. avec un carburateur quadruple corps Holley et une boîte de vitesses à quatre rapports. Les roues passent de 8,15 × 15″ à 8,50 × 15″. Environ six coupés Daytona (championnes du monde en GT en 1965), seront produites ainsi qu’une dizaine de “divers” !
C’est aujourd’hui la voiture de sport la plus répliquée, parfois avec une exactitude totale y compris par Carroll Shelby lui-même, sous forme de fausses “continuations” après l’épisode de l’AC Mark IV produite à la fin des années 1980 jusqu’au milieu des années 1990 par Brian Angliss, qui avait acquis les droits et l’outillage d’AC. On trouve aussi de nombreuses répliques livrées en kit. C’est en catégorie GT que la Cobra a gagné sa réputation, notamment en Europe, aux circuits en général plus favorables à ce type de voitures :
– 22 Mars 1964, trois premières places en GT aux Douze heures de Sebring, et 6 classées dans les sept premières ! (1: Holbert-MacDonald; 2: Spencer-Bondurant; 3: Schlesser-Hill; 5: Keck-Scott; 6: Gurney-Johnson; 7: Hitchcock-Tchkotoua .
– Gurney-Grant arrivent 2° à la Targa Florio, mais Gurney-Bondurant sont premiers aux 24 Heures du Mans le 21 Juin 1964.
– Le 9 Août 1964 Bondurant est premier à Freibourg et le 29 Août 1964 : Gurney, Sears et Olthof sont aux trois premières places du Tourist Trophy.
– Déception au Tour de France Auto 1964 (trois abandons) mais le 20 Septembre 1964, le retour aux US est lumineux à Bridgehampton avec les quatre premières places (Miles; Bucknum; Johnson: Parsons).
– Le Championat du Monde des Constructeurs échappera en 1964 à Shelby (sur des manœuvres douteuses de Ferrari (Lire : Carroll Shelby P.237, “Des Cobra aux Ford du Mans”) mais ce sera acquis en 1965.
– 24 Heures du Mans 1964, en catégorie GT +3 L, vainqueur de sa catégorie, quatrième au général, Daytona Coupé
– Championnat du monde des voitures de sport, Catégorie GT – Division III, vainqueur en 1965 et vice-champion en 1964 avec la Daytona Coupé
– Trofeo Juan Jover 1965 avec Francisco Godia Sales
– 500 miles de Brands Hatch 1966 avec David Piper et Bob Bondurant, pour The Chequered Flag.