“Exemplar One” Buick Riviera Gran Sport 1967
A l’approche angoissante des dates Pascales du retour saisonnier des lécheurs de glaces sur le port de Saint-Tropez, les premières cohortes moutonnières d’automobiles grisâtres qui commencent à envahir le village, me poussent dans mes retranchements privatifs afin de m’ éviter les multiples et incessantes interrogations parasitaires sur ma situation indéfinie et indéfinissable à Saint-Tropez entre Bernard, Brigitte et divers iconoclastes politiquement incorrects.
Les automobiles “consommables” qui déboulent et s’agglutinent dans les parkings en obstruant jusqu’aux échappatoires, se meuvent en files interminables, à pas d’homme sous la pression des cris et gesticulation. Les flonflons du consumérisme tintamarrent comme un rappel de l’inconscient collectif, qui ramène sans ménagement chaque “Vulgum Pécus” à ses conditionnements primaires selon leur sexe, soit acheteuse compulsive soit d’inséminateur ordinaire.
Cela m’excite et me fatigue… Que faire ? Le lot commun des mâles nécessaires prêts à ensemencer autant de ventres sur pattes, sont les bétaillères à mioches qui sentent le talc tiède, les tétines humides et les couche-culotte usagées. Et s’il s’agit ici de considérations vécues par d’autres, c’est surtout au sens des scènes de ménage, là où théières aériennes et soucoupes volantes viennent déchirer le beau ciel bleu des amours pliant sous le poids des chaînes.
N’en doutez pas un seul instant, mes Popu’s, en ces temps où l’ordre moral semble devoir balayer l’esprit de sédition, je ne me laisse pas enchaîner sans combattre. Les constructeurs ont beau aguicher leur imaginaire actuel d’un futur électrique de masse, leurs automobiles m’apparaissent trop complexes d’ingénierie et fadasses de design éculés, donc aussi peu envoûtantes qu’elles se vendent à des montants stratosphériques.
Quoiqu’entre ces objets de consommation courante, déboulent aussi quelques Supercars vrombissantes avec dans chacune un bellâtre cousu d’or au volant et à son coté une plante carnassière et vénéneuse engoncée toutes jambes nues dehors depuis les doigts de pied jusqu’à leur nombril orné d’un diamant, dans le siège à puputes, le corps à cran, la crinière et les seins au vent, pour consumer avec le conducteur émérite le reste de jouvence qu’il lui reste.
Dame Nature saura leur rappeler, ce pour quoi elles n’ont pas été conçues… Enchanteresse et mère pondeuse ne sont que les deux facettes de la même médaille et chaque mâle heureux redoute le jour fatal où une muse lui suggèrera, entre le creux de l’oreille et celui de l’oreiller qu’il sera papa. Cette fonction biologique accomplie en finale d’une journée de labeurs accomplis, l’inexorable chute survient à l’évocation de la rente alimentaire….
Combien de géniteurs désemparés doivent céder aux exigences consuméristes alors que rien ne les obligeait à se reproduire… Il est préférable, à mes sens parfois extravertis, d’utiliser son temps à butiner quelques vraies raretés féminines ET automobiles en cherchant les perles rares plutôt que de se faire alpaguer… J’ai de la sorte découvert un legs de la Carrozzeria Coggiola de Turin, qui ne saurait se résumer aux raz des fesses de quelques cache-misères.
La belle qui est vedette de cette nouvelle chronique, vient d’échouer à l’instant ou je tapote ce texte, à 450.000$, le prix de réserve n’étant pas atteint. En dehors d’une esthétique pour le moins rococo, cette rareté peut-être considérée (et je ne me mouille ni ne me noie en affirmant ceci), comme la Buick la plus défendable ayant été construite. Mieux encore, sous forme d’une question existentielle, laissant miroiter que le juste prix espéré était au million de US$
Diantre et morbleu, tant de dollars pour une Buick Riviera Gran Sport de 1967 recarrossée en Italie… Et si cette authentique représentante de l’anti-retro-design cristallisait actuellement l’un des meilleurs compromis entre l’exotisme et les rigueurs… Véritable bombe sexuelle sur roues, fuselée à la hache, elle est actuellement bannie par les meutes politiquement correctes, fatalement condamnée par le diktat des carrosseries baroques et intérieurs funèbres.
Les enquêtes lui attribuent un niveau de fiabilité quasi surréaliste, bien que légèrement extra-terrestre par endroit… et, si la motorisation V8 frisant de peu les 450ci semble plus prédestinée aux coups de sang financiers qu’aux promenades digestives tranquilles, j’accorderais une mention particulière à son look et aux grondements sourds de son moteur qui ne sauraient laisser de marbre tout érudit. Il fallait oser la faire en pleine année punk…
1967, l’année érotique de Serge Gainsbourg et Jane Birkin. Porno partouze et création de cette Buick Riviera Gran Sport parée de matériaux inhabituels tel le cuivre en sus d’une baroquerie dégoulinante en réceptacle de tout ce que compte l’Amérique en clichés automobile. Elle s’affiche comme un pastiche au nom du grand bon en avant capitaliste. Les industriels se sont définitivement immunisés contre le ridicule en affirmant que le ridicule ne tue pas…
Ce même ridicule qui, non content de ne pas tuer, peut encore rapporter gros. ll faut toutefois produire et reproduire encore, consommer sinon consumer, l’Amérique n’a que trop montré les voies du progrès aux peuples tiers, lesquels veulent prendre part à ce grand projet de civilisation. Alors, qu’il faille au besoin changer une voiture familiale en bombe perverse pour cause de bond en avant industriel, si elle n’eut été unique on aurait tutoyé le pathétique.
Elle a atteint 450.000$ aux enchères ce lundi, elle devait atteindre le million… Trop c’est trop… Les putsch et les révolutions, les complots et les intifada ne nous ont pas davantage marqué que les centaines de milliers d’heures de flonflons lèche-cul au pas de l’homme ni les centaines de milliers de kilomètres de traversée du désert au pas de charge. L’aptitude occidentale à changer de régime sans brusquer l’allure a forgé des amitiés à briser vingt fois des carrières.
Salis à l’or noir, les politiciens se blanchissent maintenant en fonds propres grâce aux vaccins, aux masques, puis au matériel de guerre et enfin via les retours sur dons de charité. Le donneur Gouvernemental donne des milliards de l’économie du pays et reçoit en privé sur un compte secret off-shore, jusqu’à 50% des dons en remerciement, tout ça en télé publique et en couvertures de magazines avec minauderies, baisers, embrassades et rires convenus…
Pourquoi voudriez-vous que l’aide à l’Ukraine et à Israël stoppent ? Complice des bourreaux, nos Gouvernements libèrent les martyrs sous les acclamations. Nos absences totales de conviction nous ont conduit à nous vendre mille fois, mais pas à n’importe quel prix, les bassesses pécuniaires ne s’abaissent pas au point de tout donner pour presque rien ! Après tant de compromissions, comment garder nos créations industrielles en haute estime en hautes sphères ?
Main de fer dans un gant de velours et merde dans un bas de soie, si l’essence de la politique réside dans l’art de conserver sa tête au gré des changements de régime, gageons que l’Occident est champion du monde… Dans ce corps-à-corps à quitte ou double avec la force centrifuge, nos chefs s’envoient en l’air à chaque virage. La lutte pour l’honneur les a envenimés, les emportant dans de sublimes absurdités. Esthétiquement, l’automobile a déjà réussi son coup…
Toutes échappent aux accusations de filouteries et autres pires encore, voyez VW créée par Porsche et Hitler s’engouffrer à l’aide de l’Ukraine. Bref, j’en reviens à cette Buick surnommée curieusement “Exemplar One”... Les Cassandres pourront lui reprocher un style un peu chargé, qui prend le risque de continuer à se démoder. Quoiqu’il en soit, l’ayant pilotée, les têtes se dévissaient à mon passage et je pense que c’était pour admirer mes beaux yeux verts…
Pour ma part, la finition flatte l’oeil. Du point de vue de l’habitabilité, elle se situe très bien, le coffre est volumineux et l’intérieur en cuir rouge est capable d’accueillir cinq personnes. Entendons-nous bien elle n’est pas pour autant la championne des familles. Les grandes tailles touchent le ciel de toit à l’arrière et le coffre se montre peu modulable. Les rangements ne sont pas non plus très nombreux. Un bon point tout de même pour la boîte à gants offrant du volume.
Une fois installé au volant, j’ai loué la position de conduite et l’excellent maintien offert par les sièges. J’ai direct attaqué, mordant méchamment la corde, j’ai tendu ma trajectoire sur toute la générosité d’une ample courbe. A la reprise en sortie, mes élans lyriques m’ont propulsé dans des états d’euphories orgasmiques. “Hurle, vocifère, rends-moi fou ô ensorcelante catin d’acier incandescente aux senteurs érogènes” ! Pied à la planche, le coup de grâce : 178km/h…
Point de limitation autres que celles fixées par la faucheuse. Les commandes tombent au hasard… Le concert de louanges s’arrête là. La route me paraît déjà trop étroite quand les bordures de platanes referment sur moi leur cercueil de verdure. Je touche l’absolu du pied droit tandis que mon existence défile jusqu’à ce que sonne l’hallali, là-bas, au bout de la ligne droite. Contempler la mort au plus près du gouffre, quelle incommensurable vanité d’oisif blasé…
Je crains l’embardée. Je sens un soudain flou dans ma tête, mais que m’arrive-t-il ? Mes forces s’amenuisent. Il me semble tourner sur place ! O rage, ô bitume ennemi, ma zone rouge est redescendue dans des abîmes de médiocrité agricole ! Je n’entends plus que le râle déchirant d’un veau qu’on étouffe. Plus rien au dessus de quatre mille tours. Je pars dans le décor alors que je me déhanche comme un landau et que mes pneus éreintés me crient d’achever leur supplice.
Ma tenue de cap confine au flou artistique. J’ai dû crever. L’angoisse du louvoiement s’empare de moi. Il faut tout arrêter. Au moindre coup de frein, mes pauvres plaquettes semblent déjà partir en fumée. Ça sent le roussi, mon terrain de jeu favori n’est plus qu’un chemin de croix. Par miracle, je parviens à achever ma course en un seul morceau, je ne trouve que la platitude désopilante d’enlaidisseurs ceints de misérables galettes. Consternation et bouche bée.
Comment cela se peut-il… ? Retenant un cri, je m’écroule à même le sol sous le poids de la confusion. Au bord de la crise de nerf, j’ose encore regarder ma mutante dans les phares, laquelle ne me renvoie qu’une expression idiote de cétacé inoffensif… Cette “Exemplar One” est toutefois une automobile unique façon “carrosserie italienne”! Elle est basée sur une Buick Riviera Gran Sport de 1967, qui n’est pas la même base 100% américaine que pour les Stutz !
Celles-ci (seconde génération) utilisaient la Pontiac Gran Prix… Cette “Exemplar One” a été commandée par la ‘Bridgeport Brass Company’ et par la “Copper Development Association” (50/50) pour modéliser les applications potentielles du cuivre, du laiton et du bronze dans la conception et l’ingénierie de voitures en très petites séries. Cette Buick est dotée d’une carrosserie en cuivre conçue par Mario Revelli de Beaumont et construite par la Carrozzeria Coggiola.
La voiture a fait ses débuts publics au Salon de l’auto de New York en 1968 et a ensuite fait une tournée aux États-Unis pendant deux ans avant d’être mise hors service et destinée à être détruite en 1970 pour des raisons fiscales. “Cela aurait été dommage de détruire une telle automobile”, a expliqué par la suite Herman Steinkraus, directeur de la “Bridgeport Brass Company”, qui l’a entreposée au secret dans un hangar jusqu’en 1990.
Il n’a pas eu l’occasion de l’utiliser puisqu’il est décédé et que ses héritiers ont vendu cette voiture à un collectionneur du Connecticut qui l’a fait rénover/restaurer en 2015 dans le but de l’exposer au Concours d’élégance d’Amelia Island 2016 ou elle a gagné un prix d’estime, ce qui est mieux que rien… Le collectionneur a re-exposé la bête dans son garage mais est décédé en 2023… Elle a été vendue par les héritiers début avril 2024 à un collectionneur.
Cette “Exemplar One” était le deuxième concept-car soutenu par la “Copper Development Association” après la mythique Mercer Cobra de 1964 basée sur un châssis Cobra et munie d’un V8 427ci Ford. Toutes deux avaient été commandées en partenariat avec la “Bridgeport Brass Company” de la “National Distillers and Chemical Corporation”. Le style de cette “Exemplar One” avait comme je l’ai déjà écris deux fois, été confié à la Carrozzeria Coggiola de Turin, en Italie.
Cette carrosserie avait reçu une Buick Riviera Gran Sport de 1967 qui a ensuite été habillée d’une carrosserie unique avec “un profil delta” créé par Mario Revelli de Beaumont. Tout en conservant le groupe motopropulseur Buick standard V8, la conception utilisait des alliages de cuivre dans de nombreuses capacités esthétiques et techniques dans le but d’inspirer une utilisation élargie de ce matériau par les constructeurs automobiles.
La carrosserie est toujours finie dans la teinte crème originale du concept et présente des détails visibles en cuivre et en alliage de cuivre, ainsi qu’une calandre en bronze flanquée de panneaux assortis dissimulant des phares escamotables, des pare-chocs en acier recouvert de bronze et des persiennes de lunette arrière en laiton, ainsi que quantités de pièces en bronze : carrosserie, couvre-bas de caisse, garniture de ceinture de caisse, rétroviseurs latéraux…
Ne pas oublier les poignées de porte escamotables, les garnitures de vitrages et autres choses… Les caractéristiques supplémentaires comprennent deux panneaux de toit en verre, une lunette arrière à dégivrage électrique et les badges “Exemplar One”. La littérature d’époque décrit un revêtement protecteur transparent sur les éléments en cuivre et en alliage de cuivre. Les jantes à rayons de 16 pouces sont plaquées laiton et cuivre.
Les jantes sont enveloppées de pneus Michelin Latitude Tour HP 235/60 avant et 255/65 arrière. Une roue de rechange est logée sous le capot, à l’avant de la voiture (c’est unique au monde). Les freins hydrauliques assistés intègrent des rotors en cuivre ventilés à l’avant et des conduites hydrauliques en cuivre ainsi que des tambours à ailettes à l’arrière. La cabine est garnie de cuir rouge et abrite une paire de sièges baquets avec réglages électriques 4 directions.
La banquette arrière est dotée de dossiers à réglages électriques. Les accents en cuivre comprennent la garniture de la console et du tunnel central, les protections latérales des sièges, la garniture des portes et du tableau de bord, les bouches d’aération, le levier de vitesses à étriers, les cadres des panneaux de toit et diverses autres garnitures et appareils de commutation. Les caractéristiques supplémentaires pourraient presque remplir 100 pages…
Elles comprennent un revêtement de tableau de bord rembourré noir, une garniture de pavillon noire plissée, la climatisation, des vitres électriques et une radio. Le volant Nardi cerclé de bois est rehaussé de cuivre et se trouve devant un tableau de bord en cuivre à deux niveaux abritant un compteur de vitesse à tambour de 140 mph et des compteurs auxiliaires. Le V8 GM 430ci dispose d’un carburateur à quatre corps sous un couvercle de filtre à air en cuivre.
S’y trouvent les initiales de la “National Distillers and Chemical Corporation”, tandis que les cache-soupapes en cuivre comportent l’inscription “Exemplar One”. Deux échangeurs de chaleur en cuivre disposés en V gèrent les systèmes de refroidissement et de climatisation du moteur, tandis que le cuivre est également utilisé pour le vase d’expansion du liquide de refroidissement, la quincaillerie et le tampon du capot, le carénage pare-feu et divers composants.
La puissance était évaluée en usine à 360 chevaux et 475 lb-pi de couple. La transmission automatique dispose de 3 vitesses et envoie la puissance à un Positraction d’un rapport 3,42:1. Le châssis utilise la suspension de série de la Riviera GS équipés d’amortisseurs pneumatiques réglables. Une plaque apposée dans le compartiment moteur porte le numéro 6749467, qui est répertorié comme numéro d’identification de la voiture sur l’immatriculation USA.