Hennessey Hypercar Venom F5 1.842 CV
La seconde fois qu’il fit passer la bande de gaze autour de la cuisse de Bob Snow, il aperçu sur la face interne le petit trou par lequel le boulon avait pénétré, une plaie ronde, froncée, de la taille d’une pièce de monnaie frangée de bleu et au centre noir, à l’endroit où le sang coagulait. L’infirmier saupoudra cette plaie de sulfanilamide et continua à enrouler la gaze autour de la jambe de Bob Snow, jusqu’à ce que la compresse fût bien serrée. Puis il coupa le bandage avec la paire de ciseaux et glissa l’extrémité entre deux épaisseurs. Il accomplit tout cela très vite. Le bandage était réussi, il le savait, et il s’assit sur ses talons, fier de lui, essuya son front couvert de sueur et se sourit à lui même d’un travail bien fait.
– “J’ai froid”, gémit Bob Snow. “J’ai froid”...
– “Ça va aller”, lui assura l’infirmier en lui tapotant le bras. “Tout est en ordre maintenant, mais la Hennessey Hypercar Venom F5 n’est plus qu’une épave” !
Bob Snow secoua faiblement la tête. Maintenant, il s’en foutait totalement de l’Hennessey Venom F5 de 1.842 chevaux...“J’ai froid”… répéta-t-il. Ses yeux étaient ternes, vides. “J’ai froid”…
– “Là, là”, fit l’infirmier, dont l’effroi et la peur grandissaient… “Là, là… L’hélicoptère va arriver dans un petit moment pour vous amener à l’hôpital. Ca va aller, on va s’occuper de vous”…
Mais Bob Snow s’obstinait à secouer la tête. D’un mouvement imperceptible du menton, il finit par attirer l’attention de l’infirmier sur son aisselle. Celui-ci se pencha pour regarder et aperçut une tache d’une couleur bizarre qui s’étendait juste au-dessus de l’emmanchure de sa veste. L’infirmier sentit son cœur s’arrêter, puis se mettre à battre si violemment qu’il en eût le souffle coupé. Bob Snow était blessé à l’intérieur même de ses vêtements. L’infirmier arracha les boutons de la chemise de Bob Snow et s’entendit hurler de terreur en voyant les tripes de Bob Snow qui dégringolaient sur ses jambes en une masse pâteuse, dégoulinante. Un morceau de l’Hennessey Hypercar Venom F5 de plus de six centimètres avait pénétré de l’autre côté, sous son bras et transpercé de part en part en emportant avec lui des quartiers entiers du malheureux à travers le trou gigantesque creusé dans ses côtes.
L’infirmier hurla de nouveau et se cacha les yeux derrière ses mains. Il claquait des dents. Malgré l’horreur, il se força à regarder encore. “La vie s’étale, s’écoule ainsi devant moi”, dit-il amèrement… Foie, poumons, reins, côtes, estomac, plus les morceaux du hamburger que Bob Snow avait mangé au déjeuner qui fêtait le début de la journée d’essai de la voiture la plus rapide du monde ! Une boucherie ! L’infirmier eut un malaise, se détourna et vomit, les mains crispées sur sa gorge brûlante. L’intrépide pilote qui n’était qu’un journaleux ayant gagné, dans sa rédaction, le premier prix pour aller tester la voiture la plus rapide du monde, reprit connaissance pendant que l’infirmier vomissait, le vit et s’évanouit derechef, épuisé de douleur et de désespoir, sachant qu’il allait crever comme un connard… Sans force, l’infirmier se demanda par où, non pas commencer pour essayer de le sauver, mais d’en finir…
–“J’ai froid”, murmura Bob Snow. “J’ai froid”...
Vingt minutes plus tôt Bob Snow regardait John Hennessey plastronner en présentant son chef-d’œuvre : “C’est l’automobile la plus rapide au monde aujourd’hui, ce monstre produit 1.842 chevaux avec son moteur V8 “Fury” biturbo de 6,6 litres”...
Les employés de Hennessey Special Vehicles avaient retiré le toit de l’hypercar Venom F5 tandis que John Hennessey ajoutait 900.000 $ au prix déjà surréaliste de 3 millions de dollars, pour créer la Venom F5 Roadster, décrite comme plus performante qu’une fusée balistique !
La société basée au Texas affirmait que le Roadster avait les mêmes spécifications techniques que le coupé dévoilé l’année précédente, y compris son V8 “Fury” biturbo de 6,6 litres quoique développant 1.842 chevaux en cette version ! La bête pouvait selon John Hennessey, atteindre le chiffre ahurissant de 483 km/h en vitesse de pointe… La petite pénalité de poids de 45 kg par rapport au coupé n’affectait pas selon lui (donc pas vraiment fallait-il en déduire), les performances folles de cette américaine dantesque. Il faut dire que la masse globale du Roadster s’en tenait à pas grand chose de réaliste. Comme la Venom F5 Coupé, la version Roadster était construite autour d’un châssis en fibre de carbone sur mesure.
Selon John Hennessey : “Ce châssis nécessitait peu de modifications, car une version cabriolet faisait partie du dossier de conception d’origine. Le toit, comme les autres panneaux de carrosserie, est fabriqué en fibre de carbone et est maintenu en place par quatre boulons à dégagement rapide et une paire de loquets conçus pour résister à des vitesses extrêmes. Il est doublé d’Alcantara et ne pèse que 8 kg, il peut donc être retiré par une seule personne. En revanche, il n’y a nulle part dans la voiture pour ranger le toit si vous décidez de l’enlever. Ah ah ah ah !”…
Restait, pour le parterre de journaleux, à savoir si la Venom F5 Roadster dépassait vraiment l’ancienne Venom GT Spyder qui avait soi-disant été enregistrée à 427,4 km/h en pointe à la “Naval Air Station Lemoore en Californie” en 2016, donc 6 ans auparavant, pour établir un nouveau record inutile de vitesse pour les voitures à toit ouvert (sic !)… John Hennessey avait dit qu’il tenterait un autre record lorsque :“Le taux de production se stabilisera... Et comme l’entreprise ne commencera pas la production avant la fin de 2022, il vous faudra encore attendre pour voir des chiffres de V-max”...
Une caractéristique spécifique du Roadster était sa bulle arrière en verre trempé (dans quoi ?) qui remplaçait le capot moteur à fissures (gag !) du coupé (en fait des persiennes comme les Kit-Cars Miura) et donnait une vue beaucoup plus claire du V8 niché dessous. Librement basé sur la série “LS pushrod V8” de GM, ce moteur biturbo générait un couple massif de 1.617 Nm canalisé (façon Venise ?) vers les roues arrière via une transmission étrange définie comme une boite manuelle automatisée (sic !) à sept rapports et à embrayage unique (re-sic !). Le panneau arrière du Roadster en dehors de la fumeuse bulle (????) comportait une série de trous fraisés dans la peau de carbone pour laisser échapper la chaleur ! Cela en plus de quatre prises d’air en aluminium de chaque côté de la bulle, censés reproduire les “extracteurs d’air” derrière les roues avant. Un charabia non explicatif a usage des péquenots ahuris !
Les jantes, à 14 “bâtons”, étaient spécifiques au Roadster. En19 pouces devant et 20 pouces derrière, en aluminium forgé. Mais si cela ne semblait pas assez exotique, existait sur commande un ensemble d’alternatives en aluminium “hautement” poli… Si “hautement poli”, que pour en justifier le prix prohibitif, John Hennessey affirmait qu’il fallait des semaines (re-re-re-re sic !) pour le finir “à la main”. John Hennessey disait aussi d’autres conneries, par exemple que les acheteurs du Roadster pouvaient choisir n’importe quelle combinaison de couleurs intérieures et extérieures ou choisir de laisser le châssis et les panneaux de carrosserie en carbone identiquement pareil que la F5 exposée.
Selon John Hennessey, les 24 exemplaires du Coupé Venom s’étaient vendus comme des petits-pains peu après le lancement l’année dernière malgré le coût de la voiture qui n’était alors que de 2,1 millions de dollars… L’augmentation de prix à 3 millions de dollars pour la version Targa “découvrable” ne devait donc pas être un véritable problème pour la commercialisation du Roadster en petite série… A ses dires relativement fumistes, cela faisait près d’un an que Hennessey Performance avait vendu toutes ses supercars Venom F5 Coupé… Pourtant John Hennessey et son équipe étaient allé au Royaume-Uni pour une tournée transatlantique pour en vendre… avec le concours (payant) du fumeux et fumiste YouTuber Mat Watson de CarWow qui avait réussi à pouvoir inspecter de près et à conduire la Venom F5 !
Devoir s’astreindre à l’intervention d’un influenceur You-Tuber est misérabiliste et donne de notre monde une impression de dégénérescence globale ! D’autres personnalités de l’automobile telles que “LE” Rédac-chef de Top Gear “nouvelle version”, (bien mièvre comparativement à l’ancienne équipe qui avait été virée), avaient également été invités pour conduire la Hennessey Venom F5 et la monstrueuse Hennessey Mammoth 1000… Mat Watson, l’un des YouTubers parmi les plus célèbres andouilles du Royaume-Uni, avait reçu une invitation à tester une Venom F5 ET en bonus à découvrir “la dynamique” de cette Muscle-Car américaine sous une forme beaucoup plus élégante (une plante vénéneuse offerte durant deux jours et deux nuits)…
Pour parfaire ce non-évènement débile, Mat Watson avait bricolé des photos le montrant dans l’auto avec des drapeaux des États-Unis et du Texas avec un texte sous-titré : “Le cœur de la Venom F5 est un moteur V8 biturbo de 6,6 litres monté en central-arrière qui délivre 1.817 chevaux à 8 000 tr/ min. La Venom F5 possède un rapport puissance/poids qui est le plus élevé de toutes les voitures de route, ce qui lui permet de sprinter de 0 à 60 mph en 2,6 secondes”... 10.000 US$ cash liquides pour ça, en plus de la plante vénéneuse, c’était assurément hyper-cool ! Mat Watson, cependant, devait, pour un second “shotting”, être en mesure de faire une course cadencée de 0 à 60 mph pour des questions d’assurances et afin de rassurer Mat Watson qu’il n’allait pas mourir au volant de la Venom F5 (c’est Bob Snow qui va remporter ce bonus ultime !)…
John Hennessey a triché et apporté un modèle de développement qui présentait des disparités de spécifications par rapport à la version de production. Ce modèle appartenait déjà à un client qui ne pouvait apparemment pas attendre la version finale. Pour cette raison, la bête avait été livrée avec plusieurs problèmes quasi mortels que John Hennessey prétendait mensongèrement avoir résolus pour la version finale. Aussi brutalement malhonnête qu’il soit, Mat Watson avait souligné ces problèmes, faisant remarquer que la Venom F5 fonctionnait de manière saccadée et que le bruit était également assourdissant et que la suspension était quasiment rigide. Il notait également que la direction était floue et la boîte de vitesses “un peu jolty”…
Tout cela représentait un certain nombre de choses très ennuyeuses auxquelles s’ajoutaient également des critiques sur la mauvaise finition de l’intérieur comparativement aux photos de promo et brochures destinées “A nos amis-amies de la presse”... Sans oublier le flou des extrémités du pare-brise et les feux arrière qui ne fonctionnaient pas. Lors d’un premier essai, la Venom F5 est allée aussi vite que 271,6 mph. C’était loin des promesses. Ca puait l’embrouille. Mais Mat a souligné mensongèrement, pour justifier les dollars et la plante exotique vénéneuse, que compte tenu de la puissance, de la vitesse, du poids et de la traînée de l’hypercar, la Venom F5 devait atteindre 334 mph ! De la menterie... C’est un pigiste qui a gagné le concours pour remplacer Mat Watson, un certain Bob Snow… Doublement chanceux ? Vous l’avez lu en ce départ d’article, sachez avant d’arriver au bout qu’il est décédé dans des douleurs atroces…
Loin de ce fait divers, le but n’était pas de commenter un crash-test, il s’agissait de promouvoir la Hennessey F5 Venom, pour que Mat Watson sorte de la bête en disant que c’était l’hypercar la plus folle du monde et éminemment capable de plus de 300 mph… La F5 est le bébé de John Hennessey et que tout cela devait être publié comme une lettre d’amour à l’excès de puissance, que le tuner texan avait passé 30 ans à apporter aux masses dans divers camions et muscle cars, quelque chose de différent, quelque chose d’entièrement sur mesure la Supercar ultime à moteur à combustion la plus extrême qu’on pouvait imaginer…
Après cet accident, six mois ont passé durant lesquels je suis retourné à Saint-Tropez, mais Hennessey m’a appâté avec la perspective d’un trip de rêve pour enfin tester son Hennessey… Je me suis retrouvé aux USA à pouvoir essayer la voiture la plus rapide du monde sur la piste de dragster de John Hennesey puis sur les routes entourant le siège social de Hennessey Performance à Sealy, au Texas… et bien qu’il y avait encore quelques légères finitions à réaliser sur cette bestiole d’apocalypse, elle était terminée à 90%. En attente des 10% restant, j’ai eu envie de baiser la vie… avec en tête Bob Swan qui s’était enfin immobilisé raide dans une dernière secousse, ce qui restait de lui ayant cessé de verser son bouillon anxieux. Les souvenirs sont revenus me hanter, l’infirmier qui a laissé pendre son bras et les ombres qui se sont couchées comme des chiens honteux et soudain immobiles.
Le souvenir que nous sommes restés longtemps à contempler le cadavre, maintenant calme, les mains ancrées sur les cuisses reste poignant. Ceux qui guettaient par les fenêtres ont disparu des encadrements, le petit groupe tassé s’est dissout lentement dans un murmure indistinct, et moi, vous savez, j’aurais donné mon tour d’essai de l’Hennessey la plus rapide du monde pour être loin de là, loin du gars mort qui m’accusait en silence, loin des ampoules de morphine qui s’entassaient, vides, dans le seau des pansements, parmi la gaze, le coton, les compresses, pour être à Saint-Tropez en train d’expliquer devant des connards en terrasse chez Sénéquier les dessous crapuleux des Supercar en train de catéchiser les jambes d’une Anglaise éblouie, alors que tout s’embrouillait dans ma tête comme mes mains maladroites.
“Non. Pas encore. Restez… Laissez-moi vous caresser lentement, sentir votre peau contre la mienne, le flanc, la courbure légère de la taille. J’aime la saveur de votre bouche la toucher avec la langue ce qui me garantit une merveilleuse périssabilité, voir vos paupières se baisser lorsque vos lèvres s’approchent, assister au morne abandon entier de votre corps. Ce corps qui est une île à la dérive, nos cheveux, les mèches pendantes de palmiers au vent, les phalanges qui se cherchent dans une reptation anxieuse de racines. Au moment où vos genoux s’écarteront doucement, vos coudes me serreront les côtes et votre pubis roux ouvrira ses pétales charnus dans une reddition humide de vulves chaudes et tendres, je pénètrerai en vous qui entendrez mes grognements, comme un chien sous un escalier pour essayer d’y dormir, en cherchant un refuge impossible sur le bois dur des marches !”
Causer d’une pitrerie, pendant qu’aux USA un guignol fait le pitre en fonçant à tombeau ouvert en Hennessey Supercar Venom et qu’en Ukraine d’autres crétins se font hacher pour la gloire d’un clown qui pianote ses lubies en tapotant son pénis sur les touches d’un piano désaccordé ! Tous les morts devraient pouvoir ressusciter sortir de leurs boites de carton, de leurs cercueils de planches, enveloppés dans des bandages sanguinolents qui s’envolent, exigeant, dans leurs lamentations résignées de morts, ce que personne ne leur a pas donné par peur : le cri de révolte qu’ils attendaient venant de vrais journalistes et l’insoumission contre les profiteurs d’affaires, les corrompus et corrupteurs qui gouvernent l’Europe, L’Amérique, le monde et aussi les imbéciles qui rêvent de piloter des bolides à 300km/h… Voilà, j’ai écrit et publié ma part, ma redevance !
Les saigneurs de guerre et de rêves pleurent-ils honteusement, dans une panique vertigineuse, le jour de leur misérable défaite, devant la mer triomphale du peuple qui les entraînent alors dans une rage insoutenable de devoir crever au milieu du néant. Avec tout ça en tête, monter mon tour dans la F5 fut avant tout y descendre, cela m’a donné l’impression de m’attacher volontairement à une fusée… C’était excitant, mais mes ami(e)s étaient teinté(e)s de terreur. Même au ralenti, le moteur hurlait comme un T-Rex reniflant un paquet de biscuits. Le nom du moteur, est FURY… et comme le boxeur Tyson, ca fait puncheur ! V8 biturbo de 6,6 litres, 1.817 où 1842 chevaux au gré des humeurs, et, tout y est fait de carbone mal assemblé.
C’est une baignoire à transpiration recouverte d’une peau (la carrosserie) extrapolée d’une Lotus Elan Kustomisée ! La bête pèse 1.360 kg à sec. C’est seulement 30 kg de plus qu’une Ferrari F8 Tributo et pourtant elle aurait 1 000 chevaux de plus ! La puissance maximale est produite à 8 000 tr/min, il y a une ligne rouge à 8.500 tr/min et 1.192 lb-pi de couple arrivent à 5.000 tr/min… Bonjour l’angoisse ! Le moteur est basé sur le V8 LS de GM entièrement reconstruit avec des spécifications dragster (cela rappelle la Vector) et des turbos qui ont l’air de couvercles de poubelles ! La boîte de vitesses est une semi-auto à embrayage unique à sept vitesses manuelles (étrange !)…
Les revendications de performances sont issues de divers “bonkers” : 0-60mph en 2.6secs, 0-125mph en 4.7secs et 0-250mph en 15.5secs, ce qui est presque anormalement deux fois plus rapide qu’une Bugatti Chiron dont les prétendues performances sont fausses ! John Hennesey est un Cow-Boy qui ment comme respirent ses voitures ! Vite alors, autant en terminer, mais sans finir comme l’infortuné Bob Snow… Mais c’est le V-max qui intéresse Hennessey n’est-ce pas ? En quelque sorte… Quel gag ! Pitrerie ! Le nom vient de Fujita Tornado, F5 étant le plus noueux avec des vitesses de vent allant jusqu’à 340 mph, ce qui est approprié parce qu’Hennesey annonce la même vitesse : 340 mph bien que la vraie vitesse est largement en dessous de cela.
Jusqu’à présent, 270 mph sur la piste d’atterrissage de la navette Nasa au centre spatial Kennedy en Floride (incidemment la même vitesse record que la Venom GT a frappé en 2014)… Gardez les yeux ouverts pour une Nième exagération indiquant plus de 300 mph dans un avenir pas trop lointain…
Ce qui est évident quand vous vous tenez à côté de la bête, c’est à quel point elle est simple et dépouillée. Elle est toutefois équipée de freins en carbone-céramique Brembo, d’amortisseurs à taux fixe pour économiser du poids, de Michelin Pilot Sport Cup 2 prêts à l’emploi (pas de caoutchouc sur mesure méga-argent ici), des jantes en aluminium forgé et une carrosserie relativement simpliste qui est basée sur une vieille Lotus Elan “testostéronnée” un max….
En parlant de cela, voulez-vous que je vous décrive le lancement complet ? Tout d’abord, vous devez choisir votre mode via la bascule Manettino sur le volant de style joug, mais il n’y en a que deux qui vous intéresseront. La sport limite le boost, plafonnant la puissance à environ 1 200 chevaux (assez pour des courses au supermarché, bien sûr), mais pour le succès des 1.817/1842 chevaux, vous avez besoin du mode F5. Assis là au ralenti sur la ligne de départ de la piste de dragster interne de Hennessey, le moteur secouant la voiture d’un côté à l’autre, me demandant si c’est sage à 73 ans de partir pour un voyage spatial dans un dragster légèrement déguisé en Lotus bodybuildée.
Go ! Le crissement des pneus arrière n’a d’égal que le tonnerre impie des échappements… Deuxième vitesse, 5.000 t /min et décollage… Troisième vitesse juste en dessous de 8.000 tr/min et BOOM… Objectif arbitraire atteint à seulement 150mph… Pfffff ! L’arnaque… Ensuite, je suis sur les freins, encore sur les freins, un peu plus fort… Ca fume et oooohhhhh ! C’est la fin… de la plaisanterie et de la piste qui approche à toute vitesse. Je suis debout sur la pédale maintenant, l’ABS est en train de faire un entraînement complet et de diriger la voiture sur la route d’évacuation vers la gauche. Bingo dans les graviers avec un début d’incendie. C’est de la merde ! Cela a toutefois été jugé à la perfection, au cas où quelqu’un le demanderait…
La façon dont l’Hennesey prend de la vitesse est implacable. La poussée de 70 mph à 120 mph n’est comparable qu’à quelque chose comme une Pininfarina Battista ou une Rimac Nevera, mais le bruit, l’odeur, les vibrations, tout est tellement plus basique et saoulant ici. Et c’est ce coté sensoriel qui vous fait atteindre le nirvana aux portes de la mort assis là, les mains tremblantes, transpirant abondamment malgré la climatisation à plein régime. Pourrais-je-vous le refaire ? Non ! C’est juste fou qu’une voiture aussi extrême, aussi dangereuse, puisse être conduite légalement sur route. En termes d’agressivité, cela fait ressembler une McLaren 720S à un coupé Cosy.
L’insonorisation est minime, de sorte qu’on entend chaque pierre sonner dans les passages de roue, chaque sifflement et rot du moteur, chaque bruit de la boîte de vitesses. Mais c’est amusant, parce que les fondamentaux sont tous là tant qu’on n’utilise pas l’accélérateur comme un interrupteur marche/arrêt… Je dirais que certains intrépides inconscients sont probablement en danger une fois au volant! La boîte de vitesses manuelle automatisée à sept vitesses est “boffissime”. Il y a encore pas mal de finesse à faire, même à basses vitesses. C’est le même effet de chien hochant la tête sur les changements de vitesse moyenne qu’on obtient dans une Lamborghini Aventador, qu’on atténue jusqu’à un certain point avec une portance synchronisée.
Mais à des vitesses plus basses. Les changements de vitesse à plein régime, en revanche, sont brutaux, une touche de rouages en colère en accompagnement du caractère sans compromis de la voiture en sus d’une suspension éreintante… C’est certainement plus 765LT que 720S, mais pas en fait. Parce que la bête utilise des amortisseurs à taux fixe, il y en a qui donnent un peu de roulis avant de creuser vraiment. Les sièges sont bonbons et squelettiques à regarder. L’intérieur dans son ensemble est un peu une surprise négative, en fait, et je ne parle pas seulement de ce volant qui apporte des vibrations d’avion de chasse et n’est bien qu’en ligne droite, mais une cata totale lorsqu’on compose plus d’un demi-tour.
De plus il n’y a pas grand-chose dans la cabine à part un écran central pour refléter votre téléphone, un cadran d’instrument numérique avec vos statistiques vitales en péril et beaucoup de carbone et de cuir. Hennessey est conscient qu’il s’agit d’un machin de 3 millions d’euros que les clients achètent, pour avoir un moteur monstrueux avec des morceaux de lotus kitée vroum-vroum gratuits attachés. Les prix des hypercars sont dans la stratosphère en ce moment et les 24 coupés F5 Venom qui auraient tous trouvé des acquéreurs me laisse septique ainsi que les documents du service des immatriculations aux USA qui n’en relève aucune. L’argent n’est qu’un chiffre cependant, Hennessey vit de dons !
Ce qui compte finalement, c’est que John Hennessey a réussi l’impossible et transformé un projet de tir sur la lune, en gag qui a toutes les caractéristiques de ne jamais être achevé. Cette voiture est brutalement rapide en ligne droite mais ne sert à rien d’autre que jouer à faire des cascades lors d’un tremblement de terre sanglant et époustouflant ! Elle résume bien l’Amérique et son histoire d’amour avec les V8, avant que les voitures électriques prennent le dessus sur tout, même John prépare une hyper GT EV électrique à six roues et 2.000 chevaux, mais pour aller où et pourquoi ? L’histoire n’est pas encore terminée mais ce n’est que la réalisation étonnante d’un chef de petite entreprise qui s’imagine avoir créé un monument à la gloire de la combustion énergétique qui sera vénéré longtemps après que la dernière goutte d’essence se soit asséchée…
Et ce brave innocent de Bob Snow ? Ou plutôt cette chose maintenant, cette bouillie, des lambeaux de peaux racornis ou gluants, des cavités, des béances brunâtres, et jaunes s’il y avait eu de la lumière, mais tout est uniformément noir dans le noir des tombes) sous la terre spongieuse, humide en permanence, l’eau qui débordera en hiver de la cressonière s’infiltrant par les joints du caveau, à travers les planches pourries du cercueil, de sorte que rien sans doute qu’un innommable magma flottant mollement dans un liquide noir, putride, la face aux orbites vides à la bouche sans langue, sans lèvres, aux incisives saillantes sous le nez dévoré, la tête vidée des automobiles, le ventre (c’était par là qu’il avait probablement commencé à pourrir, que les vers avaient dû attaquer) déchiré par les gaz ou plutôt déchiqueté, effondré, le corps tout entier crevé de trous, à l’indélébile et pestilentielle odeur de suint, abandonné, écroulé, informe débris, une carcasse, des restes… Maintenant les vers dévoraient ses restes contenant ses illusions et rêves de vitesse et la putréfaction lui dévorait le visage verdâtre. Il aura froid jusqu’à la fin du monde !