1949 Jeepster Willys-Overland Kustom V8 302ci
Après la Seconde Guerre mondiale, Willys, propriétaire de la marque Jeep, a commencé à produire et à commercialiser la Jeep “CJ” (pour Civilian Jeep) auprès des agriculteurs, des forestiers et d’autres personnes ayant des besoins utilitaires. La société a également commencé à produire la Jeep Wagon/Panel Utility/Pick-up dès 1946 et la Jeep Truck en 1947.
Constatant une lacune dans sa gamme de produits, Willys a imaginé construire un véhicule plus en adéquation avec la fameuse Jeep Willys militaire, complétant ainsi leurs VUS et camions proto-utilitaires. Une part du marché des voitures de tourisme “hors villes” était visé… J’ose écrire que les vétérans étaient particulièrement visés, une grande-part de ceux-ci ayant une certaine nostalgie de “leurs” Jeep’s…
La Jeepster se voulait en conséquence être une évolution ludique de la Jeep Willys comprenant de nombreuses caractéristiques du luxe d’après-guerre avec des aménagements intérieurs en adéquation, ainsi qu’un niveau plus élevé d’équipements fournis “standard” alors que cela coûtait plus cher sur d’autres automobiles. Un relatif succès fut au rendez-vous car seulement environ 20.000 exemplaires ont été fabriqués.
Passer des camions utilitaires au marché de l’automobile de tourisme impliquait d’élargir les conditions de fabrication. Le nouveau modèle avait une allure sportive “a l’américaine” pour la conduite “hors ville” mais comportait une seconde personnalité pour la conduite en ville, pas très efficiente. Le marketing a dès-lors présenté la Jeepster comme étant : “La plus grande valeur de l’Amérique dans les voitures de sport”...
Les américains osent tout… Willys-Overland n’avait pas les machines adéquates pour former des ailes embouties en profondeur ou des formes compliquées, de sorte que le véhicule devait utiliser une conception simple., voire basiquement simpliste. Le designer industriel Brooks Stevens a conçu une ligne de véhicules d’après-guerre pour Willys en utilisant une plate-forme commune qui comprenait le pick-up et le break Jeep;
Il a ensuite imaginé une voiture ouverte, sportive, à deux portes qu’il envisageait comme une voiture de sport pour les vétérans nostalgiques de la Seconde Guerre mondiale. C’était un vrai “foutage de gueule” qui n’a d’ailleurs pas été apprécié, d’autant plus que la Jeepster n’était pas 4×4…. En cause de ses stupidités intellectuelles, la Jeepster Willys-Overland (“VJ” en interne)n’a été introduite qu’en avril 1948 et ne sera produite que jusqu’en 1950.
La Jeepster de base de 1948 comprenait de nombreuses caractéristiques dites “de luxe” (qui n’en n’étaient pas) et des aménagements intérieurs spécifiques (mais médiocres) en plus d’un niveau d’équipement standard (bricolé) qui coûtait moins cher à construire que pour toutes les autres automobiles. Cet équipement “hors-norme” n’incluait que du misérable, mal pensé, mal fabriqué, et qui ne fonctionnaient pas correctement ! Une arnaque…
Cela incluait, entre autres, des pneus à flancs blancs, des enjoliveurs “brillants”, des pare-soleil, un volant “de luxe”, une boîte à gants verrouillable, un allume-cigare (sans aucun cendrier prévu) et des revêtements en tissus de piètre qualité, mal ajustés.. La Jeepster était équipé du vieux moteur poussif “Go Devil” (134ci/2L2) éprouvé (en double sens) pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il y avait aussi des protections latérales en plastique inajustables et complexes à mettre en place, mais, malgré le plan ultime de la vendre moins cher que les berlines des autres marques, son prix de 4.100 $ US était à peu près le même qu’un cabriolet Ford Super DeLuxe Club avec des vitres abaissables, un style plus sophistiqué et un moteur V8 correct… résultat pour la Jeepster : Flop, flop, flop…
Pour la clientèle, le sentiment d’être grugé faisait tache d’huile, des grognements d’insatisfaction se faisaient de plus en plus jour d’autant que la Jeepster n’était proposée qu’avec un moteur avant entrainant les seules roues arrières, limitant ainsi son attrait pour les clients typiques 4X4 de Jeep en ce compris les fameux vétérans… Son style carré, ses performances distinctives ont toutefois été salués par les journalistes automobiles.
La raison tenait à ce qu’ils étaient obligés d’en dire du bien, à tout le moins de ne pas en dire de mal.. en cause des pubs diffusées dans les mêmes magazines. C’est presque corruptif ! C’est assurément malsain… Comme pour et dans toutes les industries, la grogne montait, l’idée à germé de créer artificiellement un mouvement anti Soviétique pour créer une diversion bienvenue puisqu’il devenait prohibé de ne pas aimer TOUT ce que l’Amérique faisait…
Ne pas aimer la Jeepster, ne pas l’acheter et pire, la critiquer, devient donc anti-américain… Cet état d’esprit mêlé aux discours farfelus et sans aucun fondement du sénateur McCarthy qui affirme que l’Amérique est infiltrée par les communistes, ne va pourtant pas sauver les ventes de la Jeepser d’autant que survient l’arrestation par le FBI desépoux Rosenberg, accusés d’avoir livré à l’URSS des secrets atomiques (ils seront exécutés sans preuves)….
Le maccarthysme est né, il va générer la guerre froide, la course à l’arme thermonucléaire et plonger les Etats-Unis dans une campagne hystérique, déchaînant une véritable fièvre de dénonciations et calomnies qui va bouleverser à tout jamais l’Amérique triomphante de l’après-guerre. La guerre en Ukraine en est une conséquence actuelle… Cependant, la Jeepster ne va pas réussi à atteindre le segment de marché visé.
Les ventes chutent, la population est traumatisée, le consumérisme triomphant est gangréné. Les concessionnaires Jeepster font faillite, les ventes tombent à presque rien , elles sont aussi la conséquence de l’arrêt des publicités. Voyant un espion communiste derrière chaque personnalité du pays, hauts fonctionnaires, journalistes, cinéastes d’Hollywood et intellectuels de la côte Est, la chasse aux sorcières est ouverte !
Elle durera jusqu’en 1954. Charlie Chaplin est l’une des stars d’Hollywood victimes du maccarthysme. Soupçonné faussement de sympathies communistes, le créateur de Charlot finira exclu des USA, finira ses jours en Suisse. Toute nation découvre dans sa mémoire de sombres périodes. En France, c’est le temps de Vichy ; aux États-Unis, le temps de McCarthy. Le maccarthysme ressemble à une maladie honteuse que la conscience nationale préfère ne plus évoquer.
Revenons-en à la Jeepster…Le moteur I-4 du Jeepster était évalué à 63cv et couplé à une transmission manuelle à 3 vitesses Borg-Warner T-3 avec overdrive. La suspension avant indépendante à ressort à lames transversal unique “Planadyne”, la transmission complète, l’extrémité avant, la suspension arrière, la direction et les freins à tambour aux quatre roues provenaient du Willys Station Wagon et les ailes arrière avaient été reprises des camions Jeep.
La Jeepster de 1949 a commencé sa vie avec ce slogan : Une offre/un modèle/un moteur. Le prix a été abaissé à 1.495 $, certaines fonctionnalités précédemment standard revenant en tant qu’options à coût supplémentaire et vers le milieu de l’année, un modèle complémentaire a été introduit équipé d’un V6, le nouveau moteur L148 Lightning I-6 de Willys. En 1950 les premières révisions de style de la VJ-3 Jeepster sont apparues.
Notamment un nouveau tableau de bord et une partie avant redessinée dotée d’une calandre en forme de V avec garniture chromée horizontale tandis que l’équipement standard était réduit pour présenter un prix inférieur. Le six cylindres L161 Lightning de Willys était proposé en plus du “Go Devil” standard.
Les Jeepster’s 4cyl du début des années 1950 nommés VJ-3 463 (4cyl) et VJ-3 663 (6cyl), ont alors été changés en VJ-473 (4cyl) et VJ-673 (6cyl).
1948-1950 – L134 Go Devil I4 — 134ci (2.198 cc)
1949-1950 – L148 Lightning I6 —148ci (2.433 cc)
1950 – F134 Hurricane I4 — 134ci (2.199 cc)
1950 – L161 Lightning I6 — 161ci (2.640 cc)
Les problèmes du Jeepster sur le marché étaient en rapport avec la perception que son utilité et son côté pratique étaient limités. Il semblait tout, mais n’en avait rien… Toutefois robuste et capable de fonctionner hors route ? Non, il ne l’était pas… L’attrait a périclité en raison de la mauvaise construction de base, de la mauvaise protection contre toutes les intempéries et des faibles performances lorsqu’il était équipé du moteur I-4.
Mais même avec le moteur six cylindres en option à un prix inférieur, les Jeepsters n’ont pas attiré beaucoup de nouveaux acheteurs en raison de trois facteurs : un prix relativement élevé, de faibles performances et l’absence de fenêtres de porte enroulables. Au total, 19.132 Jeepsters ont été produits.
1948 – 10.326 exemplaires —-1949 – 2.960 exemplaires —-1950 – 5.836 exemplaires
Le nom Jeepster a été relancé par Kaiser-Jeep pour l’année modèle 1967 sous le nom de C-101 Jeepster Commando. Cette version corrigeait les erreurs passées mais venait trop tard… Elle était enfin livrée avec des vitres de porte enroulables, un moteur V6, quatre roues motrices et était disponible en tant que camionnette, cabriolet et break, en plus du roadster. American Motors Corporation (AMC) a racheté les véhicules utilitaires Jeep de Kaiser en 1970.
Cette Willys-Overland Jeepster de 1949 est ce qu’aurait du être la Jeepster… C’est un exemple modifié qui est propulsé par un V8 302ci Ford jumelé à une transmission automatique à quatre vitesses. L’équipement comprend une capote noire, une direction et des freins assistés, des amortisseurs pneumatiques arrière, des jantes Halibrand 15AV et 17AR enveloppées de Dunlop SP Sport 5000 de taille 205/60 et 245/50.
Un carburateur Edelbrock augmente la capacité de bonheur dans une plus importante consommation, une chaîne stéréo qui ne couvre pas les bruits de fonctionnement ne peut servir qu’aux arrêts. Les compteurs sont des Stewart Warner, il y a aussi un double système d’échappement et un régulateur de vitesse. La carrosserie a été peinte dans la teinte Ferrari Fly Yellow. L’équipement comprend une capote noire Hartz de remplacement avec rideaux latéraux.
Des pare-chocs et accessoires chromés, un pare-brise en 2 parties et deux rétroviseurs latéraux complètent la transformation. Le freinage est géré par des disques avant assistés et des tambours arrière provenant d’une Ford Mustang II. Les sièges avant et arrière sont garnis de cuir noir avec des inserts gris et la cabine est dotée de panneaux de porte en vinyle noir et d’un tableau de bord assorti. Des tapis carrés gris bordent les planchers,.
L’instrumentation Stewart Warner comprend un tachymètre monté sur colonne ainsi qu’un compteur de vitesse central de 160 mi/h et des jauges pour le niveau de carburant, la pression d’huile, l’ampérage et la température du liquide de refroidissement. Le six cylindres en ligne 148ci d’origine a été remplacé par un V8 Ford 302ci dispose d’un carburateur Edelbrock 600CFM. La transmission automatique Ford à quatre vitesses dispose d’un overdrive.