Mulholland Hot Speedster Packard’36 /3 millions$
Payer le luxe vous devez… Oui, mais qui paye le luxe ? Pour régler un problème, il faut d’abord en être conscient. La dette américaine qui atteint le montant abyssal de 35.769.084.471.524 $ en ce mois d’octobre 2024 ne préoccupe, de fait, aucun des deux candidats actuels à la Présidence US. Le terme de “dette” n’a du reste même pas été mentionné une seule fois dans le seul débat les ayant opposé. Il n’est pas plus présent sur les programmes officiels 2024 des Républicains et Démocrates. Si ce n’est une fantaisie débile récemment pondue conjointement par Musk et Trump de créer un Ministère de l’efficience…
Cool, ce serait le “Department of Government Efficiency plan”, qui sabrera les dépenses publiques de 80% ! La candidate Harris se contentant d’affirmer qu’elle sera moins dépensière… Le diagnostic est pourtant d’une rare clarté, les dépenses de l’Etat fédéral américain sont condamnées à irrémédiablement se creuser ces 10 prochaines années, car le gouvernement des Etats-Unis doit faire face à 3 postes principaux. En réalité à 3 gouffres principaux : 1° la Sécurité Sociale, 2° Medicare (l’assurance-maladie publique) et 3° les intérêts sur sa dette qui seront de 1.160.000.000.000 $ cette année, à leur plus haut historique.
Aucun des deux candidats ne souhaite évidemment remettre en cause les 2 premiers postes, et aucun n’a de solution pour le troisième. Les organismes publics américains viennent même de calculer que, pour la première fois de leur histoire, les Etats-Unis dépenseront cette année plus sur les intérêts de leur dette que sur leur armée et leur défense. Le ratio dette/PIB pulvérise lui aussi tous les records précédents puisqu’il est attendu à environ 125% en 2024. Ce n’est pas parce que le pays, son économie et ses marchés financiers ne sont pas en crise qu’il convient de détourner l’attention.
En attendant, cette dette comprime les salaires et les revenus des ménages du pays depuis plusieurs décennies. Extraordinaire par son ampleur, elle fragilise les fondations même de la prospérité américaine, un peu à la manière de termites dont on ne se rend compte de la présence que lorsque s’effondre la maison. Nul ne sait si le point de non-retour est proche. Toujours est-il que, par définition, sa survenue -provoquée par une spirale de la dette dont on prendrait subitement conscience- sèmera la dévastation, pompera les liquidités hors de l’économie, et contraindra à augmenter massivement les impôts…
Tout cela dans le seul objectif de s’acquitter des intérêts dus. Le pays devra alors payer davantage pour attirer les créanciers, initiant un effet boule de neige contraignant le secteur privé à devoir lui aussi se financer plus cher, et donc à investir moins et à licencier plus. Un indicateur infaillible de ce point de non-retour est lorsque l’Etat emprunte dans le but de régler les intérêts de sa dette. A travers l’Histoire, les exemples sont multiples de pays dont la dette a atteint 250%, de leur PIB, et qui ont dû actionner leur planche à billets et subir l’hyperinflation. Weimar, l’Amérique Latine, le Zimbabwe, le Liban…
Dès lors, les Etats-Unis, l’Union Européenne, le FMI volent à leur secours pour les renflouer. Une nation comme la Grèce peut être sauvée. Néanmoins, au vu de la taille de mastodonte absolu de l’économie américaine, personne ne pourra jamais la renflouer en cas de besoin. Aucune autre économie au monde n’est en mesure de sauver les Etats-Unis, en cas de spirale incontrôlable. Tout remonte à Nixon qui se rendant compte que tout l’or volé en Europe à la fin de la guerre en négociation leur venue (en fait c’est du chantage) pour battre les nazis, ont exigé que tous les pays Européens leurs confient leur or…
Et en fin de guerre, les américains ont aussi pris l’or du 3ième Reich Nazi et toutes les œuvres d’art que ceux-ci avaient soustraits aux pays européens… Quelques décennies plus tard, sous Nixon, tout cet or avait été dépensé dans des guerres, et les ventes des œuvres d’art saisies, aussi, donc le Dollar a été décrété ne reposant plus sur l’or, mais sur la confiance… Un Hold-Up planétaire… Je vous invite à tenter d’agir de même façon en demandant un prèt de trois millions de dollars pour acheter la voiture vedette de cet article, crédit basé sur la confiance… Venez dans les jours qui suivent donner les réponses reçues.
Sauf que refaire le Hold up Yankee du 15 Aout 1971 orchestré par Nixon ne pourrait se refaire que si vous seriez au niveau Américain dans la maxime “Accepte mon escroquerie, ou crève”… Alors, quoi pourriez-vous avoir avec 3 millions en automobile hors norme ? Rien ! Et si vous voudriez acquérir la voiture vedette de cet article, qu’en feriez-vous ? Et les taxes ? Et les autorisations d’usages ? Un contrôle technique ? Vous n’auriez rien d’autre que des emmerdes en Europe. Le mieux serait de vous expatrier en Californie comme nos stars et starlettes et milliardaires, éventuellement à Hawaï ou en Floride…
Lorsque Bruce Wanta, de Bellevue, dans l’État de Washington, a vu le pick-up modèle T “Black Widow”, en lice pour le prix du plus beau Roadster des États-Unis au Grand National Roadster Show de 2009, il en est tombé amoureux. Direct il l’a acheté et s’est mis à la tâche, d’abord en multipliant ses possibilités financières par des méthodes répréhensibles en Franchouille, mais applaudies aux USA…, Bruce a ainsi déboulé au “Grand National Roadster Show 2017”, concourant et remportant le prix AMBR avec sa Packard HotSpeedster’36 qui est “LA” star de cet article. Voici donc l’histoire des 18 années écoulées.
Je précise que c’est l’histoire des 18 ans mais aussi des 3 millions de dollars dépensés pour avoir le Premier Prix de la connerie en sus des 500.000 $ du T’Black Widow et des 2 millions de $ qu’il a injecté pour financer un film du même nom (qui sortira malheureusement pour lui en 2021 alors qu’il espérait que tout arrive en 2017)… Au début de cette odyssée de 18 ans, Bruce a donc acheté le “T’Black Widow” à l’automne 2009 et obtenu de son constructeur, Troy Ladd de Hollywood Hot Rods de lui construire un Hot Rod de luxe élégant et “puant le fric”, avec une calandre Packard 1936.
Avec un premier million de $ d’acompte, Bruce, Ladd et le designer Eric Black ont lancé des idées pour ce qui allait devenir connu sous le nom hybride de “Mulholland Speedster”. L’une des premières décisions a été que la calandre Packard devait être suivie d’une carrosserie Packard… Bruce a trouvé un coupé type 1401 de 1936 répertorié dans les publicités de Hemmings Motor News. Il a montré le magazine à Ladd et ils ont appelé le propriétaire ce jour-là pour qu’il amènent la voiture. Elle est arrivée à Burbank en provenance de Chicago, c’était une carcasse rouillée, ce qui n’était pas un problème…
En effet, à ce moment-là, ils avaient décidé que le “Mulholland Speedster” serait conçu indépendamment et pratiquement entièrement construit à la main par des fabricants HHR, dans la tradition des voitures carrossées des années ’30. La carrosserie comprend donc un peu des vieilles tôles Packard d’origine, mais la majeure partie a été fabriquée à la main à partir d’acier frais de calibre 18. Chaque centimètre, des phares faits à la main aux feux arrière faits à la main, a été réalisé en métal. Comme pour le “Ruby Deluxe” et d’autres constructions de chez “HHR”, le “Mulholland Speedster” tire ses repères du design Art déco…
Mais aussi d’une variété de voitures de luxe britanniques, européennes et américaines d’il y a 80 ans. Au cours des 18 années de construction, de très nombreuses modifications ont été apportées à la conception. Black a contribué à d’innombrables illustrations révisées, mais une illustration à grande échelle a été accrochée au mur de chez “HHR” à titre de référence et d’inspiration. Le design est classique, mais la fonction intègre la technologie moderne. Par exemple, les barres de la calandre Packard et les bouches d’aération du capot s’ouvrent et se ferment en fonction de la température du moteur…
Des commandes à distance et des commandes intégrées au tableau de bord peuvent aussi s’en occuper… Toutes les garnitures et les accessoires extérieurs ont été fabriqués à la main, y compris les emblèmes latéraux en cristal à l’avant des bouches d’aération, œuvres de Bugs Artwork et coulés en bronze par J.B. Donaldson Company. Le pare-brise de style DuVall a été redessiné chez “HHR”. Le médaillon de la calandre a été créé par “Billet Badges”. Le toit rigide qui disparaît totalement, une autre caractéristique télécommandée, attire probablement plus d’attention que tout le reste sur la Packard.
Bruce a déclaré que le concept avait été accueilli avec scepticisme lorsqu’il a été suggéré pour la première fois, mais que le résultat final fut un succès. Une simple pression sur un bouton ouvre le couvercle de coffre à clapet et le dessus en aluminium se retourne vers l’arrière dans l’ouverture. Le couvercle du coffre se ferme et l’emballage se retourne pour dissimuler toute trace du dessus. Le châssis et les traverses sont arrondis dans un remarquable design en forme de 8, avec pratiquement aucune ligne droite ni angle. Les rails en acier de 1/8 de pouce sont estampés de perles et de trous d’allègement…
“Je voulais rompre avec la norme de ce que nous considérons généralement comme un châssis”, m’a dit Ladd. “C’est basé sur un design que j’avais en tête et que j’avais esquissé il y a de nombreuses années et qui a finalement été construit pour la Packard. La conception en forme de 8 est unique et belle, et offre beaucoup de résistance et de nombreux points de montage. Le châssis a été enduit chez Pacific Coast Powdercoating avant d’être peint. Les essieux avant à poutre en I abaissée pivotent sur les longerons latéraux opposés. Les triangles ont été conçus avec une forme de section en forme de 8″…
La suspension arrière indépendante est dotée d’un quick-change rapide Winters en 4:11 et glissement limité. Les essieux arrière sont habillés de bottes en cuir lacées pour dissimuler les articulations universelles. Les ressorts elliptiques avant et arrière en nickel brossé sont parallèles aux longerons du châssis et sont fixés à un bras pivotant, contrôlé par des “actionneurs électriques cachés” ce qui permet un réglage automatique de la hauteur de caisse sans qu’aucun mécanisme moderne ne soit visible. Et des amortisseurs en aluminium Armstrong vintage sont montés aux deux extrémités.
Les paramètres de suspension sont contrôlés électroniquement via un smartphone par un système “e-Level TouchPad” d’AccuAir. Les ailes sont remplies de pneus minces à flancs blancs Firestone 6.50-16 de Coker Tyres. Eric Black a proposé plus d’une douzaine de modèles de jantes. Le choix ultime s’est porté sur des jantes en acier Wheelsmith 16×5, recouvertes de disques en acier inoxydable brossé faits à la main avec des perles polies, finies en peinture or bonbon avec des capuchons centraux Packard. Les freins avant ont des plaques d’appui à ailettes faites à la main. Les arrières sont de style “squelette”...
Cela signifie qu’il n’y a pas de plaques de support intérieures. Des tambours modifiés de style Lincoln sont présentés à l’avant et à l’arrière. Le “Mulholland Speedster” était en cours de développement et toujours en métal nu lorsqu’il est apparu sur le stand “HHR” au “Grand National Roadster Show 2015”. C’était pour prendre la température… Déterminer la peinture parfaite a été une décision prudente. Le choix de Bruce était le rouge, mais il devait être sombre pour contraster avec la calandre Packard, et modéré pour bien paraître sur une énorme carrosserie et riche pour compléter le thème classique de la voiture…
Ce devait être quelque chose qui était élégant il y a 80 ans et qui le sera encore dans 80 ans. Mick Jenkins de Mick’s Paint à Pomona, en Californie, a utilisé de la peinture PPG pour créer et appliquer la teinte parfaite, maintenant connue sous le nom de “Mulholland Merlot”. Le nickelage de la suspension a été effectué chez “Quaker City Plating”. Le chromage a été réalisé par Jon Wright chez “Custom Chrome Plating”. La façon de motoriser la Packard a été une autre décision difficile, mais la garder traditionnelle et atypique n’a jamais fait de doute. Bruce a donc fourni un Lincoln V-12 de 1941 à tête plate…
Alan Decker a fait l’assemblage après modifs d’améliorations. Le V12 Lincoln utilise des culasses en aluminium Hogan New Zealand. L’admission Hogan 3×2 a été modifiée en fraisant deux des ouvertures pour l’adapter au rare compresseur à flux axial Latham vintage des années’50. Deux carburateurs Winfield Double D, un à tirage ascendant et un à tirage descendant, ont été adaptés comme carburateurs à tirage latéral en miroir sur les côtés opposés du compresseur. L’allumage de style casque Lincoln (converti pour les bobines à distance) et les fils recouverts de tissu ajoutent à l’apparence nostalgique.
Le système d’échappement est entièrement fabriqué sur mesure, des collecteurs de balayage de HHR aux tuyaux de 2 pouces (conçus pour correspondre au châssis en forme de 8) avec des silencieux intégrés. Un boite “BorgWarner T5” reconstruite par “Transaction Transmissions” est liée à un ensemble d’arbre de transmission à tube de conjugaison, à l’aide d’un arbre de service “Inland Empire Driveline”, avec des tubes extérieurs pour soutenir la section centrale arrière. “HHR” s’est associé à “Elegance Auto Interiors” dans le cadre de nombreux projets de grande envergure. Mark Lopez a réalisé l’intérieur.
Tout est recouvert de cuir beige foncé. Le rembourrage personnalisé a été cousu dans un style d’empiècement classique avec des inserts de dossier en tressage “de panier”. Parmi les autres détails, citons les garnitures chromées des panneaux en “Portex”, un emplacement pour parapluies dans le montant des portes (idem que Rolls Royce) pour les rarrissimes temps pluvieux de Californie… Le tableau de bord conserve un style simple et élégant avec des panneaux droits et des compteurs Packard redessinés et restaurés par “Redline Gauge Works”. Le volant unique a été conçu par Black et créé par J.B. Donaldson cy…
Le système audio “Rockford Fosgate” a été installé à l’abri des regards par Carlos Rodriguez chez “Art Of Sound”. Bruce, Ladd et l’équipe de “HHR” sont finalement arrivés au Grand National Roadster Show 2017. En 66 ans de compétition “AMBR”, une seule marque non-Ford avait remporté le prix, et ce n’était pas une Packard. Ces dernières années, le jugement a favorisé les Hot Rods traditionnels par rapport aux constructions élaborées. Mais l’imagination, les détails et le savoir-faire de la “Mulholland Speedster” en ont fait le choix populaire parmi les spectateurs qui pariaient sur la voiture gagnante.
Trois semaines après avoir remporté le prix du plus beau Roadster des États-Unis, la Packard était à l’Autorama de Sacramento où elle a remporté tous les prix Custom d’Elegance, “World’s Most Beautiful Custom” et “Sam Barris Memorial”. Deux semaines plus tard, la voiture a remporté la prestigieuse “Legend Cup” au “Chicago World of Wheels”. Depuis lors, la voiture a continué à collectionner les prix lors d’autres salons de premier plan, tel le “Hot August Nights Cup of Reno”… Maintenant, la Packard traine à Bellevue/Californie dans les rencontres locales “Cars and Coffee”. Dépenser plusieurs millions de $ pour en arriver là !