Mustang $helby 1969/1970…
1969, la dernière année de production, car pour le millésime 1970, ce seront les exemplaires invendus de 1969 !
C’est devenu une mode depuis 1967, les Shelby subissent un restyling pour chaque nouveau millésime et le design de la Shelby de 1969 est trés réussi !
La fibre est plus que jamais employée sur la face avant de la voiture avec une calandre avancée de 10 centimètres par rapport à une Mustang de série !
Le style préfigure quelque peu ce que donnera le nouveau design des Mustang de la génération 71/73 avec un avant massif, des phares repoussés à chaque extémité et une grille de calandre enfoncée entre les deux phares.
Cette calandre possède un monogramme Shelby surmonté d’un cobra sur sa partie droite.
Le capot de type NACA n’est pas en reste avec cinq prises d’air : deux disposées à l’avant à chaque extrémité servant à faire entrer de l’air frais dans le compartiment moteur, la troisième centrale servant de prise d’air ram air au carburateur et les deux dernières disposées dans le sens contraire, à l’arrière, servent à extraire l’air chaud du compartiment moteur.
Rajoutez à cela les deux prises d’air fonctionnelles des ailes avant servant à refroidir les disques et les deux classiques prises d’air d’ailes arrières destinées à refroidir les tambours !
Il est à noter que les prises d’air d’aile arière changent de forme pour la version convertible, ceci causé par le bac à capote obligeant à passer les conduits d’air par un autre chemin !
Du côté de la poupe on retrouve les feux séquentiels de la T-bird ainsi que le becquet en fibre déjà vu en 67 et 68.
Le lettrage Shelby est toujours apposé sur la poupe, contrairement au capot qui ne reçoit plus aucune inscription.
Les bandes de décorations de bas de caisse migrent plus haut sur les flancs de l’auto et traversent les prises d’air d’ailes.
Tout comme pour 1968, la version convertible est proposée au catalogue, que ce soit en G.T.350 ou G.T.500.
Avec une telle ligne, c’est sûr, on ne peut plus confondre une Mustang de série avec une Shelby Mustang !
Les invendus de l’année 1969 ne sont pas perdus…, deux bandes de peinture noire sur le capot, un spoiler… et retour en concession !
1969 est la dernière année de production, pour Ford, omnipotent, de toute façon il est grand temps que les Shelby disparaissent, elles concurrencent trop les Boss 302 et 428 et autres Mach 1 qui proposent les mêmes sensations dans des styles bien différents !
Carroll Shelby n’est pas fâché non plus de la disparition de la Mustang Shelby car pour lui la seule authentique est la fabuleuse G.T.350 de 1965 !
J’ai possédé une Shelby Mustang G.T.350 de 1970, toute l’aventure vécué avec cette automobile, ainsi que se que j’ai vécu en aval et en amont se découvrent dans un article de CaysbyOnline :
Joies et malheurs en Boss 302 (1969) et Shelby GT 350 (1970)…
Ne manque qu’un essai d’époque réalisé avant les limitations de vitesse !…
Minuit moins le quart, Nationale 134, circuit ouvert à la raison du plus fou.
J’étreins la route entre Aires sur l’Adour et Pau.
Dans ce corps-à-corps à quitte ou double avec la force centrifuge, je m’envoie en l’air à chaque virage.
Derrière, la Camaro a lâché prise, même la BMW n’a pas tenu de rythme.
Seule la Porsche s’accroche encore.
Je sens son souffle rauque pulser dans mon dos, la lutte pour l’honneur m’envenime, m’emporte dans sa sublime absurdité.
Cinq mille tours minute et encore du coffre, la furie débridée de mes huit cylindres a réveillé la bête humaine.
Alors, approche, jolie môme, viens que je t’emmène à présent sur mes terres, là où même les Porsche ne m’effraient plus !
J’attaque, mords méchamment la corde, tends ma trajectoire sur toute la générosité d’une ample courbe.
A la reprise en sortie, les élans lyriques de mon pur-sang me propulsent dans des états d’euphorie orgasmiques.
Hurle, vocifère, rends-moi fou ô ensorcelante catin d’acier incandescent et de plastiques érogènes !
Quatrième, pied à la planche, le coup de grâce. 180, 190, 200… point de limitation autres que celles fixées par la faucheuse.
A la radio, Johnny éructe son désespoir de vivre, toi et moi, prions seulement le Diable de mourir jeunes !
La route me paraît déjà trop étroite quand les bordures de platanes referment sur moi leur cercueil de verdure.
Je touche l’absolu du pied droit tandis que mon existence défile à près de 200 à l’heure jusqu’à ce que sonne l’hallali, là-bas, au bout de la ligne droite.
Contempler la Mort au plus près du gouffre, quelle incommensurable vanité de oisif blasé de vivre !
23h 59. Un brusque à-coup et quelque-chose se barre.
Je crains l’embardée.
Je sens un soudain flou dans ma direction, mais que m’arrive-t-il ?
La Porsche refait surface, d’ordinaire, monter en régime m’aurait suffi à la descendre pour de bon.
Las, plus de réponse sous le pied droit.
Le cauchemar.
La cavalerie n’arrive pas à la rescousse.
Mes forces s’amenuisent.
Il me semble tourner sur sept cylindres !
O rage, ô stupide mécanique ennemie, ma zone rouge est redescendue dans des abîmes de la médiocrité agricole !
Je n’entends plus que le râle déchirant d’un veau qu’on étouffe.
Plus rien au dessus de quatre mille tours.
C’est fini, la Shelby Mustang G.T.350 m’envoie dans les cordes.
Impossible de revenir…, je crois partir pour de bon dans le décor alors que je me déhanche comme un landau et que mes pneus éreintés me crient d’achever leur supplice.
Ma tenue de cap confine au flou artistique.
J’ai dû crever.
L’angoisse du louvoiement s’empare de moi.
Il faut tout arrêter.
Au moindre coup de frein, les freins semblent partir en fumée.
Ça sent le roussi, mon terrain de jeu favori n’est plus qu’un chemin de croix.
Minuit passé d’une minute.
Par miracle, je parviens à achever ma course en un seul morceau, non sans avoir labouré le bas-côté.
Le passage foudroyant de mes adversaires me ballotte comme une coquille de noix.
Je descends constater les dégâts. Horreur, consternation et bouche bée.
Retenant un cri, je m’écroule à même le sol sous le poids de la confusion.
Au bord de la crise de nerf, j’ose encore regarder dans les phares ma Mustang mutante, laquelle ne me renvoie qu’une expression idiote de vieux cheval sur le retour… inoffensif.
Pour la première fois en ces temps changeants, l’automobile a cessé d’exalter le progrès, la liberté, le plaisir.
A raison sans doute.
Sauf masochisme refoulé, je n’éprouve pour ma part plus aucune jouissance particulière à me saigner pour une boîte de métal et de plastique qui m’attaque le porte-monnaie jusque dans mon sommeil et dont je ne puis goûter aux performances sans réveiller ma haine pathologique du képi.
Oui, l’automobile telle que je l’ai rêvée au siècle dernier appartient sans doute au passé.
Au rythme où va le moralisme écolo-hygiéniste, il se pourrait bien qu’afficher la silhouette suggestive d’un phallique bolide rouge soit aussi repréhensible qu’exhiber un bout de sein devant l’Amérique puritaine.
Et viendra le jour où l’on mettra à l’index le moteur à explosion tel un licencieux pousse-au-crime, quand la police des moeurs poursuivra les internautes écoutant des enregistrements pirates de huit cylindres hurlant à plus de 5000 tours.
Tolérance zéro pour incitation au gaspillage d’énergie non renouvelable !
C’est de ces sombres histoires vécues que je tire pourtant encore, comme une ultime envie d’enconner ma gueuse à l’approche de la phase terminale, je ressens l’irrésistible attrait de cette marque fantasque au destin chaotique, capable d’enfanter au gré des infortunes des G.T.350 comme des G.T.500, des Cobra 289 comme des 427, mais qui ne laisse jamais de marbre.
Et la folle mélodie de leurs V8 virtuoses ne cesse d’exciter mes nuits blanches tel un graal obsédant.
Le ver est dans le fruit et le virus libéré de ses scellées.
Géniale autant qu’affligeante, le souvenir de ma G.T.350 cabriolet ne cesse d’hanter mes nuits.
Avant la fin du monde, faites-moi penser à en racheter une.
C’est assez urgent.
Je vous conterai la suite, s’il y en a une… plus tard…
En attente allez lire ceci :
– 1967 Shelby GT500 Super Snake…
– 1967 Shelby GT500CR Cabrio Replica
– Carroll Shelby, la légende automobile, est décédé le jeudi 10 mai 2012, il avait 89 ans.
– La Mustang, le bourrin nostalgique !
– 1966 Ford Mustang Fastback, basique attitude…
– Essai routier 1966 Mustang GT Cabriolet…
– 1966 Mustang GT Cabriolet…
– 1966/67/68 Mustang chabadabada…
– Mustang…
– 1967 Shelby GT500 CR Clone…
– 1967 Shelby GT 500 “Eleanor”…
– 1969 MUSTANG : Récit & péripéties…
– 1967 Mustang Fastback (Shelby Clone GT350)…
– 1967 Mustang & 1967 Camaro…
– 1968 Mustang Transsexe… Station-Wagon !
– Joies et malheurs en Boss 302 (1969) et Shelby GT 350 (1970)…
@ plus…