Ringbrothers Mustang Fastback’65 408ci
Pat Bruyni (un surnom pour préserver son anonymat) ne regarde même plus “sa” Mustang Ringbrothers’65 qu’il s’est fait construire pour 200.000$, soit plus du double du prix d’une Ford Shelby GT500 2024. C’est d’un surréalisme dérangeant et je suis certain que vous regardez cela fasciné par le grotesque de la réelle condition humaine… Notez qu’il est “chanceux” d’avoir réussi à “survivre” tout en traversant les aléas d’une vie compliquée…
Mais, il préfère divaguer avec son Cocker Blacky, après quelques déboires de santé incluant l’obligation d’un appareil auditif, de lunettes de lecture (à force de trop scruter l’horizon pour savoir ce qui risque d’arriver), d’une prothèse du genou droit, d’une opération au pancréas puis d’une soudaine allergie aux moules et huitres qui l’ont amené aux portes de la mort, il a été atteint d’un trop-plein de nostalgie en revoyant défiler ses souvenirs…
Quoiqu’il bandait encore, de surcroit, il ne supportait plus les dérives politiciennes ainsi que les menaces d’une guerre atomique et, se rendant compte qu’en plus il ne lui restait plus qu’entre 1% et 15% (peut être 25% voire un chouia de plus si miracle) du temps de vie des humains… il s’est dit qu’il était temps de faire un dernier pas alors qu’il était au bord du précipice d’une vie d’homme, au bord du puits sans fond de la connerie qu’est la vie humaine…
Il a alors décidé de se payer une ultime connerie… Certes, d’autres donnent aux pauvres, mais étant des pauvres cons ils ne s’en rendent pas compte, lui a franchit le pas en réalisant une connerie jouissive de plus… Il s’est payé une Mustang Ringbrothers Fastback basée sur la même première Mustang d’à son sortir d’adolescence… Il n’en dit pas grand-chose parce qu’il essaie toujours de se justifier et de se faire à l’idée que c’est un choix judicieux….
Ce retraité qui va avoir 75 ans ce 16 mai 2024, a dirigé diverses entreprises pendant plus d’un demi-siècle. Maintenant confronté à son âge d’or après une vie de travail acharné et de multiples stupidités, contemple ce que ce sera de conduire jusqu’à la fin de son monde dans la voiture de ses vieux rêves. Pour en arriver là, il s’est donc retrouvé dans le grotesque de vouloir acquérir une bagnole qui ne manquait pas à ses bonheurs…
Comme beaucoup de retraités déjantés qui réussissent, Pat Bruyni a passé une grande partie de sa vie à travailler sur ses business en occupant divers de ses moments de décompression à ses Hot Rods et autres “Bagnoles-à-la-con”, tout en ne négligeant pas la création d’entreprises. Pour un homme dans une telle position, connaître la bonne personne pour gérer un travail comme celui-ci , devait valoir son pesant d’or.
Et l’inverse était encore plus vrai… Lorsque vous voyez débarquer un tel personnage, même en étant Ringbrothers qui vit et prospère sur le dos de la connerie des hommes plus aisés que d’autres, vous ne pouvez tout simplement pas vous permettre de vous tromper. Et c’est un sentiment que les gars de Ringbrothers ne connaissent que trop bien, ils s’y sont spécialisés depuis quelques années.
Alors quand Pat Bruyni leur a proposé son idée d’une Mustang’65 de 1.000cv ce fut comme un miracle qui s’accomplissait. Une Mustang ’65 Fastback à transformer en Supercar, et pouvoir en percevoir 200.000$, chez Ringbrothers c’était comme gagner le gros lot de la loterie… La mission était de construire une Mustang 1965 flambant neuve mais sans chromes ni flammes pour pouvoir se démarquer dans l’inaperçu…
Tout le monde a des pièces chromées et l’image ChromesFlammes devait se démarquer, Pat Bruyni voulait une Mustang qui avait l’air méchante sans un tas de chrome bling-bling dessus. Le délégué de TopWheels (la version ChromesFlammes Américaine), a été chargé d’envahir le garage Ringbrothers pour shoooter la Mustang de cet article, et il s’y est pris comme un enfant de six ans lors d’une chasse aux œufs de Pâques.
Puis il a taillé une bavette (c’est-à-dire interrogé le propriétaire et le constructeur) sur l’équipement de cette Mustang et son apparence unique. Il était plus préoccupé par l’apparence que par la puissance. Pendant un bref instant, il s’est demandé demandé pourquoi cette Mustang Fastback 1965 n’était pas un Restomod plus modeste au lieu de la machine hyper sophistiquée cracheuse de feu horriblement chère qu’elle était devenue.
Elle semblait prête à pouvoir dominer des pistes de course dans le scénario improbable où elle en aurait un jour l’occasion. En l’absence d’obligation d’être prêt pour la piste avec une maniabilité de pointe, on pouvait légitimement se demander, pourquoi aller plus loin ? La réponse résidait dans la l’aspect psychologique et la relation créée artificiellement entre Pat Bruyni et Ringbrothers concernant cette Mustang d’enfer.
Les gars de Ringbrothers voulaient palper un max tout en montrant leurs capacités en tant que constructeur… Les fans de Mustang’s pourraient ici, au stade surréaliste ou cette histoire sombre dans les abysses du n’importe quoi, être justifiés de soupçonner que des problèmes pouvaient en découler…. Les Mustang sont notoirement flexibles et les options de raidissement du châssis sont également connues pour ne pas être efficaces.
Bien vu… La réalité est que personne n’a jamais réalisé de conversion rentable et efficace du châssis des premières Mustang, ce n’étaient que des kits qui se sont tous avérés n’être rien de plus que des attrape-nigauds au moyen d’empillages de tubes à moitié cuits sur des palettes… Ces kits de châssis réalisés dans des endroits sordides non divulgués, devaient être modifié à 100 % pour s’adapter parce qu’ils ne tenaient pas compte des millésimes.
S’agissant de la Ringbrothers, le châssis a été réalisé avec un plancher entièrement en tôle, une cloison pare-feu, un vrai compartiment moteur et un plancher de coffre… La voiture donneuse a été vidée jusqu’à une coque extérieure posée sur le nouveau châssis. C’était l’une des premières choses. On se demande toutefois si tout n’est en réalité qu’une sorte de mise à niveau “restomod” pour répondre aux critères du donneur d’ordre…
Pourquoi faire un effort sur une “Masterclass” de tourisme professionnel exagérée ? La réponse est la puissance demandée, plus on en veut, plus le châssis doit être rigide et stable, et, les premières Mustang’s ne pouvaient pas gérer grand-chose. Ringbrothers a dû découper toute la voiture, la coque avant, le moteur, la transmission. L’équipe a même fait asseoir la voiture sur un chariot de retournement, suspendue par les bas de caisse.
C’était en préparation de la construction d’un tout nouveau châssis à partir de tubes d’acier : “Nous avons tout fait sur un chariot surélevé et complètement coupé le milieu de la voiture, de l’avant vers l’arrière, en se débarrassant de tout ce qui se trouvait au milieu, sauf le support de siège arrière qui se trouvait une pièce de rigidification entre les deux panneaux de custode. Tout le reste a été retiré de la voiture.
N’est restée qu’une coquille extérieure sur un support/châssis. Avant que la coupe ne soit faite, cependant, l’équipe de Ringbrothers avait pris une note mentale de la façon dont ils avaient besoin que la voiture s’assoie. Avec les premières Mustang’s, cela pose souvent un problème, car les bons résultats sont insaisissables. Ce qui est particulièrement problématique, c’est le manque d’espace dans les passages de roue avant et les ailes d’origine.
On ne semble jamais pouvoir abaisser suffisamment une Mustang pour bannir sa position née avec le cabré original. Les gars de Ringbrothers se sont attaqué de front à cette faute. Ils ont mis des jantes de 17po av et 18 po ar, mais ont dû découper les ailes pour les élargisseurs, les soulever de deux pouces et tout remettre en place pour dégager les plus grandes jantes. Beaucoup de découpes et fabrications, qui ont rendu “les choses” difficiles…
Car l’objectif était de garder la forme générale de la voiture. Bien que cette tâche ait été anticipée bien à l’avance, le choix du moteur a créé une déviation involontaire dans le plan de construction. Ringbrothers avait un moteur très spécial gardé au frais pour un bon projet rentable, et cette Mustang’65 le réclamait à grands cris : C’était un super V8 de feu Paul Brown, un pilote à la carrière prolifique à la tête du Tiger Racing…
Elle a été tragiquement interrompue en 2012, non pas à cause d’un accident de course, mais à cause d’un cancer. C’est Tom Hollfelder qui était devenu propriétaire du Tiger Racing et de ce moteur qui l’a vendu à Ringbrothers… il se trouvait dans une Mustang 1988 quadruple championne du monde. Ils possédaient Tiger Racing et étaient sponsorisés par de nombreux grands noms. Ce moteur a été installé dans la Mustang’65.
Tom est décédé quelques semaines plus tard, nous ne saurons donc jamais ce qu’il pensait de la Mustang’65 Ringbrothers, mais il a toujours espéré que son V8 aiderait à garder sa mémoire vivante. Utiliser cet hyper brutal 408ci de 1000cv a quelque peu compliqué la construction et d’avoir un capot plat façon d’origine. Il a fallu se débrouiller une fois que le nouveau châssis a été construit à l’intérieur de la Mustang, comme un navire dans une bouteille.
L’une des choses les plus soignées est le levier de vitesses et son contrôleur “Powertrain Control Solutions”, qui gère électroniquement une surmultipliée automatique Ford F-150 4R70W. Depuis que la voiture a été terminée, en août 2023, elle a parcouru environ 1.300 miles : Le Boss de Ringbrothers a fait un aller-retour à Yuma, Arizona, à Brawley et Chiriaco Summit, Californie, juste quelques courts voyages pour tester la bête…
À l’ère des derniers appels politiques pour la disparition des V8 et de l’investissement de plusieurs milliards de dollars de Ford dans les véhicules électriques, cette Mustang 1965 équipée d’un 408ci de 1000cv et d’un tas d’améliorations, montre à quel point une bonne vieille Pony-car à essence peut être COOL. La Mustang a jusqu’à présent réussi à éviter l’extinction, même rejointe dans la gamme par un VUS électrique de marque Mustang !!!
La Mustang est occupée à vivre même si tout le monde spécule qu’elle pourrait éventuellement mourir comme ses concurrentes Camaro et Challenger. Donc, mes chers Popu’s, que vous considériez l’arène des Pony cars comme incontestée ou non, cette vieille Mustang’65 déboule pour démontrer qu’il y a toujours des conneries à faire et des utopies encore à prouver, de toutes les façons, même paraissant inacceptables…
Elle se pavane facilement comme un étalon Mustang’65, devançant toutes les Mustangs actuelles et ridiculissant l’EcoBoost à quatre cylindres et la GT avec son V8 atmosphérique de 5,0 litres présenté comme “le plus puissant jamais construit par Ford”. Pfffffff !!! Ce moteur nommé Coyote, de quatrième génération utilise le même train de soupapes mis à jour et deux corps de papillon de 80 millimètres, que le moteur de la GT, c’est apparment nase…
Mais il rend l’échappement actif en option de série (un gag ?), puis s’y ajoute un vilebrequin et des bielles forgés, un refroidisseur d’huile auxiliaire et un calage plus agressif pour faire passer la puissance maximale de 486cv à 500cv à 7.250 tr/min. Le couple maximal demeurant le même (418 lb-pi). Les 14 chevaux supplémentaires qui passent de la boîte automatique à 10 vitesses aux pneus arrière envoient toutefois la Dark Horse à 60 mph en 3,7 sec…
Et elle réalise le quart de mile en 12,0 secondes. Il est de plus facile de déverrouiller la course la plus rapide, même si seule la Dark Horse à une transmission manuelle. Pas besoin d’un couple de freinage élevé dans cette voiture. Avec le pied gauche sur la pédale gauche, vous appuyez légèrement sur l’accélérateur lorsque vous relâchez les freins. Le mode Drag Strip met alors la boîte de vitesses à 10 rapports dans son état le plus agressif…
C’est toutefois avec des changements de rapport brusques qui rappellent la mise en marche d’une boîte manuelle. Mais la vieille Mustang’65 ne s’en laisse pas remontrer, elle réussit un temps de 0 à 60 mph en 3,7 secondes… Si vous n’assimilez pas, ou que ce n’est n’est pas encore complètement assimilé, laissez-moi le mettre en contexte pour vous : c’est l’accélération du niveau de la Shelby GT500 de la génération sortante de 760cv !!!
Elle revendique 625 lb-pi générés par un V8 Predator suralimenté de 5,2 litres. D’accord, l’ancienne ’65 est au moins une demi-seconde plus rapide que la Dark Horse au quart de mile, mais elle a besoin de 1000cv… Ce qui est clair, c’est que vous n’avez pas besoin de dépenser 100.000 euros pour une Shelby d’occaze pour faire l’expérience d’une balade sauvage, quoique les distances de freinage ne sont pas aussi sexy que la puissance et l’accélération.
Mais si vous voulez être rapide, vous devez vous arrêter rapidement. La liste des voitures qui égalent ou battent la Mustang est dominée par Porsche, mais comprend également des géants tels que la McLaren Senna, la Ferrari SF90 Stradale Assetto Fiorano et les meilleures Chevrolet Corvette. Il ressort clairement des résultats que les étriers avant Brembo à six pistons et les disques en deux parties fonctionnent mieux avec un peu de chaleur…
Vous pourriez penser que ce genre de puissance de freinage époustouflante serait trop agressif, mais la Mustang conserve son statut de voiture de sport digne de la route avec une superbe sensation de conduite. Le débattement initial permet une conduite en douceur avant de se rigidifier au-delà de cela avec une sensation rappelant celle d’une voiture de série sans booster, sauf qu’il n’y a pas d’effort extrême requis.
La Mustang se sent à l’aise en rue, il suffit d’être conscient de ce qui se trouve devant et derrière vous avant d’appuyer… La Mustang est capable de surpasser pratiquement tout.. Elle est est facile à conduire à fond et à lancer dans un virage. C’est tellement bon que même un patin ouvert sans murs déclenche l’instinct d’auto-préservation pour freiner tôt et oblige les conducteurs à se pousser à la limite de la voiture plutôt que l’inverse.
Elle tourne bien, a un biais léger mais gérable. Sur la route, la suspension a suffisamment de possibilités de réglage pour dompter les ornières et les bosses, et même son réglage le plus rigide ne semble pas brutal. Il s’agit d’une voiture de route avec de sérieuses côtelettes de piste, pas d’une voiture de course à châssis tubulaire avec une plaque d’immatriculation. Les pneus sont si collants que vous pouvez les sentir ramasser des cailloux.
C’est peut-être le composant le plus “voiture de course” de tous. La direction résiste à la vitesse de la ligne droite en ville, et le volant demande un effort sur la route, mais c’est le genre de rétroaction que les vrais conducteurs de Mustang veulent…. Mon histoire personnelle avec la Mustang remonte à loin. J’ai commencé avec une Boss 302 ex-Eddy Merckx acquise chez Pat Gautot en Belgitude, je ne sais pas si ce garage existe encore..
J’ai également été possédé par des Mustang Shelby GT350 et GT500… Mais, littéralement, en fait, cette Mustang ’65 est si bonne que même ma vision blasée et ennuyée de la Mustang est excitée par celle-ci. A 200.000$ ce n’est pas une somme d’argent insignifiante, mais c’est sans doute toujours une bonne affaire pour les performances obtenues. Même si vous êtes à peu près aussi fatigué que moi de voir des Mustang partouze…
2 commentaires
Maître, Je suis tiraillé entre l’idée que vous avez acheté une Mustang pour nourrir l’esprit de vos magazines, auquel vous croyez profondément, et le doute que vous auriez pu mordre à l’hameçon d’une telle évidence… je pense que vous nourrissez une tendresse particulière pour ces Mustang qui vous ont possédé mais en revanche, l’article reste plaisant à lire ; de la part de vos lecteurs, une nouvelle fois, merci pour ces bons moments textuels !
Sitot acquise, sitot vendue, sitot oubliée si ce n’est la joie et le bonheur d’en avoir réalisé un article correctement illustré de trop de photos… Je n’ai pas envie de passer mon temps devenant de plus en plus précieux dans des complications de douanes et frais d’homologation ainsi que devoir répondre aux feux de l’inquisition fiscale… Officiellement c’est donc une rêverie éditoriale, chacun ayant le droit absolu d’imagination et d’écriture et de publication…
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