1934 Packard Twelve Series 1108 Convertible Sedan by Dietrich
Impitoyable est la nuit… Avec ce film, Ben Affleck passait pour la quatrième fois derrière la caméra nous livrant un film de gangsters d’une étincelante noirceur basé sur un des romans de Dennis Lehane qui sont tous une excellente source d’inspiration pour le cinéma américain. Si l’inquiétant Shutter Island a été massacré par un Martin Scorsese plus compulsif que jamais, si Mystic River a inspiré un chef-d’œuvre à Clint Eastwood, Ben Affleck, après avoir adapté Gone, Baby, Gone, quatrième volet de la série Kenzie et Gennaro, s’est attaqué à Live by Night deuxième tome de la série Coughlin.
Ben Affleck est ce grand haricot au visage maussade sur lequel on n’aurait pas parié un cent à ses débuts. Meilleur pote de Matt Damon à la ville (ensemble ils ont rédigé le scénario de Will Hunting), il a été à l’écran le gendre pas idéal de Bruce Willis dans Armageddon et un héroïque soldat dans Pearl Harbor, deux faramineux navets de Michael Bay. Ne craignant rien, il a enfilé le justaucorps de Daredevil, le justicier aveugle, puis celui de l’homme chauve-souris dans l’effroyable Batman v Superman, scribouillé “L’Aube de la justice”…
Tandis que Matt Damon gravissait les échelons de la respectabilité, ce dadais de Ben Affleck stagnait, second couteau et objet de dérision, en dépit de quelques coups d’éclat comme sa composition d’époux veule manipulé par une garce dans Gone Girl… La planète a dû ravaler ses ricanements quand il est passé derrière la caméra. Gone, Baby, Gone en 2007 nous a soufflés. Ben Affleck y descendait dans les bas-fonds d’une ville et de l’âme humaine sur la piste d’une fillette disparue.
Puis, restant à Boston avec The Town qui s’attachait la destinée forcément tragique de quatre jeunes malfrats, il a ensuite pris de la distance dans Argo, oscar du meilleur film en 2013, avec une touche d’humour sur l’affaire des otages américains et réussissant l’exploit de rendre palpitante une histoire dont on connaît la conclusion depuis plus de trente ans. Dans Live by Night, Ben Affleck incarne Joe Coughlin, un gars de Boston qui, en 1917, s’est engagé volontairement dans l’armée.
Au sortir de la guerre, il s’est juré de ne plus jamais obéir. Autrement écrit, ça donne : “Je suis parti en soldat, je suis revenu en bandit”… Le synopsis est typique à la gloire de l’Amérique des bas-fonds. D’ascendance irlandaise, cet électron libre de la criminalité refuse de s’affilier à la mafia italo-irlandaise. Avec deux potes italiens, il braque les joueurs de poker et les banques. Il s’éprend d’une femme fatale, Emma Gould (Sienna Miller), la maîtresse d’Albert White, le boss irlandais. Elle le trahit, il se prend une raclée, échappe à la mort pour partir en prison.
Quand il sort de taule, le film change de décor et de tonalité. Joe fait allégeance à Maso Pescatore. Le capo l’envoie en Floride faire fructifier ses activités clandestines. Après les rues glaciales de Boston, les palmiers, le rhum qui coule de Cuba, la douceur de vivre. Joe mène son business avec efficacité, épouse Graciela (Zoe Saldana), une femme de couleur. Il doit affronter de nouveaux adversaires, le Ku Klux Klan et une prédicatrice illuminée. Sabrant dans le livre de Lehane (Donny le frère de Joe est juste évoqué, Lucky Luciano évacué), Ben Affleck signe un superbe film de gangsters.
Il est empreint de romantisme tragique, réaliste et noir comme Les Sentiers de la perdition, de Sam Mendes. Si les scènes d’action sont brutales, le cœur du film reste les personnages, tous pourris, tous damnés, tous labiles. Le juge au-dessus de tout soupçon a des relations sexuelles avec un Mexicain mineur. Le shérif de Tampa (Chris Cooper) ferme les yeux sur les activités criminelles, sa fille, l’innocente Loretta (Elle Fanning), partie pour devenir star à Hollywood, sombre dans l’héroïne et la pornographie.
Le Ku Klux Klan, représenté par un honnête citoyen dont la bêtise n’égale que la méchanceté et la cupidité, sème la haine et le feu. Pas de rédemption pour les protagonistes de Live by Night. Ils restent avec leur cynisme, leur désespoir, leur honte… La sainte perd la foi et se suicide. La traîtresse jouit de sa déchéance. Et il y a toujours un ange exterminateur pour surgir au moment où l’on croit le bonheur acquis. Quant à Joe, le caïd sans Dieu ni maître qui s’est parjuré, il porte son poids de culpabilité. Parce qu’il aime la nuit et qu’il ne s’en lasse pas.
Sa maxime est : “Si tu vis le jour, tu suis les règles de la société. Nous on vit la nuit et on suit les nôtres”... Tout cela amène notre héros à posséder une Packard, ce qui tombe bien car j’ai un faible pour ces gros brontosaures des années trente. J’en ai possédé quelques unes, dont une Packard, une Cadillac et une Pierce Arrow… Me voici donc comblé d’en réaliser un article qui va me changer et vider la tête des Hot-Rods, quoique j’y reviens dans pas longtemps… Je vise d’abord le designer de la bête…
Un concurrent aurait décrit Raymond Dietrich comme étant un homme auquel les dieux souriaient. En effet, avant de se lancer à son compte en 1925, le jeune designer roux s’est construit un curriculum vitae enviable qui comprenait certains des carrossiers personnalisés les plus prestigieux d’Amérique. Il était apprenti dessinateur chez Brewster, où il rencontra Thomas Hibbard, avec qui il cofondera LeBaron à New York. Hibbard se rendit finalement à Paris et décida d’y rester, tandis que Dietrich fut attiré à Détroit par la Murray Body Corporation, sous l’influence d’Edsel Ford.
Là, il a pris 50 pour cent de la propriété d’une nouvelle entreprise, Dietrich Inc., qui travaillait initialement en grande partie sur les châssis Lincoln, sans doute à l’enthousiasme de l’intellectuel M. Ford. Cependant, la gloire durable de Dietrich viendrait du résultat des carrosseries personnalisées qu’il produisait pour plusieurs agences Packard. L’une de ces agences a emmené trois voitures d’exposition personnalisées qu’il a carrossées lors d’une tournée nationale en 1926. À la fin de la tournée, Dietrich a reçu un nombre choquant de 150 commandes.
C’est un chiffre qui n’a pas échappé à l’attention du président de Packard, Alvan Macauley. qui a commandé 175 carrosseries supplémentaires, entamant une longue association avec Dietrich et Packard, qui a abouti à la commande de centaines de carrosseries personnalisées et semi-personnalisées pour les voitures d’East Grand Boulevard. Les plus prestigieuses d’entre elles étaient les Individual Customs, qui ont été produites sur des châssis Super Eight et Twelve de 1932 à 1934.
Ces voitures ont été construites en grande partie selon les goûts individuels, comme le sont les véritables “Customs d’usine”. Leurs carrosseries frappantes étaient connues pour leurs lignes souples et sportives, créées par les pare-brise en V, une ligne de ceinture qui s’éloignait du pare-brise et une ligne de capot extraordinairement longue. Ces voitures étaient extrêmement chères, en particulier les douze cylindres à tête en L qui déplacaient 445ci et développaient 160cv. La Dietrich Packard avait la puissance à la hauteur de son style.
C’était un chef-d’œuvre de forme et de fonction une des plus célèbres, prestigieuses et désirables de toutes les Packard’s Customs individuelles Dietrich, en particulier pour cette année 1934, alors qu’elle était le seul style de carrosserie ouverte à quatre portes proposé par Dietrich. Des exemples de ce style sont rarissimes et toutes mondialement célèbres. On estime que seulement 10 exemplaires ont été produits, dont sept existent encore aujourd’hui. Cette Packard Twelve de 1934 est un exemplaire de la Série 1108 habillé d’une carrosserie Dietrich Individual Custom Convertible Sedan.
Elle aurait été vendue neuve via le showroom d’Earle C. Anthony à Los Angeles. La voiture numéro 1108-26 a ensuite été achetée par un collectionneur du Connecticut qui l’a conservée pendant 30 ans avant d’être achetée par la collection Andrews. Une rénovation ultérieure effectuée entre 2009 et 2010 par Steve Babinsky à Lebanon, New Jersey, comprenait une repeinture, une nouvelle garniture de l’intérieur en cuir beige et une révision du V12. Une fois le projet terminé, la voiture a remporté sa catégorie au Concours d’élégance de Pebble Beach 2010…
Ensuite un prix Amelia au Concours d’élégance d’Amelia Island 2011 avant de remporter un prix senior CCCA en 2012 et d’apparaître plus tard dans le film Live By Night de 2016. Les caractéristiques supplémentaires comprennent un carburateur à double gorge, une transmission manuelle à trois vitesses, des freins à tambour à commande mécanique avec assistance à dépression variable, une suspension à contrôle de conduite réglable, des roues à rayons de 17 pouces, des pièces de rechange à montage latéral double, un pare-brise en forme de V et un porte-bagages arrière rabattable.
Il y a aussi la capote beige et la cloison de compartiment passager enroulable. En plus d’une gamme de styles de carrosserie standard, Packard a proposé une sélection de modèles personnalisés LeBaron ou Dietrich sur les plates-formes Super Eight et Twelve entre 1932 et 1934. Parallèlement aux révisions de style intégrées à l’ensemble de la gamme Packard pour 1934, les touches de design de Dietrich pour la onzième série Douze comprend un pare-brise en forme de V et des panneaux de capot qui s’étendent vers l’arrière.
Chacune des configurations de carrosserie Dietrich Individual Custom pouvait être individualisée au goût de l’acheteur. La carrosserie de la berline décapotable de cet exemplaire a été remise en état dans sa teinte actuelle, Dark Auburn, lors de la rénovation effectuée par Steve Babinsky’s Automotive Restorations, qui a également remplacé une grande partie de la charpente en bois. Les travaux supplémentaires comprenaient des réparations sur la carrosserie arrière et les bas de caisse, l’ajustement des espaces entre les panneaux, le replaquage de divers panneaux en bois et la fabrication d’une capote.
Les caractéristiques comprennent quatre portes articulées au niveau des montants B, des pare-chocs avant et arrière à contrepoids, une coque de radiateur couleur carrosserie, des volets de calandre à commande thermostatique et une mascotte de radiateur Goddess of Speed. Les jantes à rayons chromés ont été remises en état lors de la rénovation et portent des pneus Bedford à larges flancs blancs et à carcasse diagonale. Les roues de rechange à montage latéral double sont logées sous des couvercles peints.
Le freinage est géré mécaniquement par des tambours aux quatre roues avec une assistance servo dont l’intensité peut être réglée via un interrupteur sur le tableau de bord. L’habitacle redessiné est doté de cuir beige sur les banquettes avant et arrière avec un revêtement assorti sur les panneaux de porte. Un panneau de fenêtre profilé peut être enroulé entre les compartiments avant et arrière, tandis que les caractéristiques supplémentaires comprennent une moquette de couleur assortie, des capuchons de porte en bois, des bouches d’aération pour les pieds…
Egalement des boîtes à gants doubles, des cendriers arrière en bois doubles et une corde de robe arrière. Le volant cerclé de bois se trouve devant un tableau de bord en bois abritant des instruments Waltham, notamment un compteur de vitesse de 120 mph, une horloge et des jauges surveillant la pression d’huile, le niveau de carburant, la température du liquide de refroidissement et l’ampérage. Le V12 445ci est doté d’un bloc et d’un carter intégrés, d’un angle de 67° entre les bancs de cylindres, de soupapes latérales et d’un carburateur Stromberg à double gorge et à aspiration descendante.
La puissance était évaluée en usine à 160 chevaux. Le moteur a été révisé lors de la remise à neuf avec des travaux comprenant le resurfaçage des culasses, le meulage des soupapes, la refonte des roulements à billes et le remplacement des pistons, des segments, de la chaîne de distribution et des sièges de soupape. Le radiateur a été refait et le carburateur, le générateur et la pompe à eau ont été reconstruits. La puissance est envoyée aux roues arrière via une transmission manuelle à trois vitesses au plancher qui a été révisée au cours du projet.
Il comprenait également une reconstruction de l’essieu arrière avec l’installation de différentiels 4,06:1. Les suspensions avant et arrière intègrent des essieux à ressorts à lames avec des amortisseurs à bras de levier hydrauliques à double effet qui ont été reconstruits et peuvent être réglés pour plus de fermeté via le bouton Ride Control situé sous le tableau de bord. Le châssis dispose également d’un système de lubrification automatique Bjiur qui a été reconstruit en 2010. La valeur de cette merveille est estimée à 1.650.000$