Roaring Twenties Corsair Roadster 1978
Vous souvenez-vous de la grande époque des “Néo-Classiques”, les Excalibur’s, Clénet’s, Panther’s, Zimmer’s, Phantom’s, Corsair’s, Atantis’s, Desande’s ? C’étaient les Seventies et Eighties, l’époque des magazines Chromes&Flammes, Calandres, TopWheels, AutoChromes, SuperChromes, Automania… Etc… Elles y ont toutes été vedettes en reportages et vous pouvez les redécouvrir dans les 4.300 articles qui composent ce Worldwide web-site dont je suis le chef d’orchestre… Pour ce, utilisez la loupe en haut de la page d’accueil (celle ou vous arrivez) et tapotez-y le nom de l’auto recherchée, éventuellement ajoutez Réplique, Néo-Classique, éventuellement KitCar…
Bref… Depuis quelques années, elles disparaissent après un dernier sursaut d’une tentative de vente durant ces 5 dernières années, mais c’est la triste fin, l’agonie… Observez une minute de silence… Priez… Faites un DON à GatsbyOnline (c’est en page d’accueil)… La fin de ces dinosaures mécaniques roulables, fut le mauvais présage anticipant le début de la fin des magazines “papiers”, oui, ils se raréfient, voire disparaissent en ce qui concerne les “ceusses” qui en “causaient”. Maintenant les gens, soit ignorent que les Néo-Classiques ont existé, soit les oublient tout comme leur première masturbation… Quoique parfois un éclair illumine leur mémoire sur des formes dont ils ne peuvent se souvenir du nom…
C’est que que ça date d’entre quarante, cinquante et soixante ans (l’Excalibur S1 est sortie en 1965), qu’il vous faut donc être âgé d’une cinquantaine, voire d’une soixantaine d’années, si pas plus comme moi : 75 ans mi-mai 2024… Pffffffff ! Octogénaire dans 6 ans… La grande vague des autos “Néo Classiques” a envahi le monde à partir du mi-temps des années soixante, pour s’écraser à la fin des années ’90 dans une épidémie de faillites … Une trentaine d’années de folies, de délires baroques engendrés par de petits artisans dont il ne reste aujourd’hui que très peu de survivants… Sur un panel de 1.000 internautes abonnés à GatsbyOnline, voici les résultats de notre questionnaire [100,0%] :
-Le Néo classique, j’adore, c’est trop chic ! [ 48,4% ] -Mouais, j’aime, mais c’est parfois trop kitsh… [ 15,5% ] -Infect, je déteste, on se croirait dans un film X des années 80 ! [ 02,8% ] -Je vais m’y intéresser… [ 07,7% ] -Je ne connais pas, et je ne veux pas connaître ! [ 01,5% ] -Je possède une “Néo Classic” et je vous emmerde ! [ 15,0% ] -J’ai aimé, mais je n’aime plus… [ 01,5% ] -J’ai détesté, mais je commence à aimer ! [ 05,0% ] -Je m’en f… je roule en Citroën Ami électrique ! [ 01,6% ] -Vive Obi Wan Kenobi ! [ 01,0% ]
La Roaring Twenties Corsair Roadster qui est la star de cet article, est une copie de Clénet S1 qui avait poussé le luxe d’être construite avec une carrosserie en acier plutôt qu’en polyester par la société Roaring Twenties Motor Car Company, sur base d’un châssis Ford-Lincoln 1978. La voiture est finie en noir et argent bicolore et est propulsée par un V8 400ci associé à une transmission automatique à trois vitesses. L’équipement comprend une capote souple noire, un toit rigide amovible, une roue de secours montée à l’arrière, des phares de conduite, des projecteurs, des faux pots d’échappements latéraux, des jantes à rayons de 15 pouces et des freins à disque aux quatre roues.
La cabine est garnie de cuir gris et comprend un tableau de bord en bois de ronce, un volant MOMO, la climatisation, des vitres électriques, un régulateur de vitesse et une chaîne stéréo Pioneer AM/FM/cassette. Une fois les portes refermées, on se sent un peu confiné, l’impression d’être “enfonçé”… La visibilité vers l’arrière est médiocre, sur les côtés et vers l’avant c’est acceptable, mais les montants de pare brise créent presque un angle mort vers le trois quart avant… Bref, je démarre… Le V8 ronfle plus qu’il ne gronde et l’auto s’ébroue lentement sur la chaussée… C’est parti ! Dans la circulation péri-urbaine, je ne m’habitue pas à ce manque de visibilité et je constate que la climatisation ne fonctionne pas correctement (Je m’apercevrais qu’il n’y en a pas)…
Mais l’habitacle est vivable… Je débute par une balade à vitesse réduite pour m’acclimater et faire chauffer la machine… Un peu plus tard : grande route, grande montée, j’accélère un peu sec, ça pousse, sans problème… Le V8 a du couple, il prend les tours sans faiblir et l’auto est assez stable, je lâche le volant, c’est cool, ça trace sans problème… Grande descente, grande courbe un peu en devers, je laisse glisser et je relance, pour la seconde montée, la bête se révèle pute : elle semble survireuse… Je pousse encore… Le moteur finit par gronder… Sortie de virage bien appuyé, le train arrière dérive un rien (il faut dire que je suis encore dans les limites de l’acceptable sous 60km/h), j’accélère alors beaucoup plus fort…
Je vise le 90km/h, la bête s’extrait du virage en mode mi dur/mi mou, c’est pas le coup de pied au cul (loin de là…) mais ça n’est pas non plus ridicule… C’est une catapulte en caoutchouc… Cette bagnole est trop lourde, la direction devient bizarrement assez louvoyante, on pourrait désirer plus de puissance, mais ce serait une fausse bonne idée… Le train arrière et les suspensions ne supporteraient pas une puissance bien supérieure, ce serait suicidaire, pas assez efficace… Là, il doit y avoir réellement 150/160cv… C’est presque suffisant pour l’ensemble, il faudrait juste alléger un peu, c’est trop lourd… Stable à haute vitesse sur autoroute, le train avant ne bidouille pas, le freinage est progressif, relativement puissant, avec toujours cette impression caoutchouteuse….
C’est correct, sans plus… Bref… c’est pas mal, ça marche pas beaucoup mieux qu’une Cadillac Seville de la même époque (mais c’est quand même plus amusant à conduire)… Il ne reste plus qu’à aller faire le plein, et là, à la station service, quand l’impressionnante carrosserie s’immobilise, les autres conducteurs retiennent leur respiration… Une seconde. Les regards se tournent tous (ou presque) vers moi… C’est pendant cette seconde qu’elle commence à exister vraiment, cette Corsair ! Elle n’est pas inconduisible, mais ce n’est pas une sportive, c’est simplement correct sur la route… Mais là où elle est surtout exceptionnelle, c’est pendant la seconde magique, celle dans le regard éberlué des autres !
Mouaissss… Quoi d’autre pouvoir en écrire ? Le mal qui ronge l’automobile de prestige date du début des années ’90, moment de l’éclatement de la folie spéculative de la fin des années ’80… De cette période, datent les premiers stigmates d’une “explosion baroque” des valeurs des signes qui définissaient l’automobile de très haut de gamme, le moment, ou, tout basculait… Ferrari, Jaguar, Lamborghini, Bentley et cie ont brusquement cessé de regarder “vers l’avant”… Observez bien l’apparition du “Néo classique”, et de la propension a systématiquement rendre hommage au passé glorieux… Tout cela date du début des années ’90, finies les Testarossa exubérantes, bonjour les 456 et autres 550 qui font ouvertement référence aux antique Daytona…
Bonjour également à la New Beetle et au Pt Cruiser… Arrivera même le Plymouth Prowler pour remplacer les Hot-Rods… Il y a eu également le burlesque de l’agrandissement monumental des calandres pour les modèles “mythiques” ressortis chez BMW et Jaguar, carrossées comme d’antiques-nouvelles… Sans oublier les Lamborghini’s qui n’étaient plus que des carricatures d’anciens modèles (superbes, elle n’en restaient pas moins assez pauvres en terme de proposition de designs nouveaux)… et Ferrari évoquant le passé composé en ce compris les magouilles et les répliques, dont Favre, le scandale, la fin du mythe, la prolifération des répliques, des néo-classiques, même la Scobra, une Cox au look plastifié de la Cobra…,
Restaient les monuments, Rolls et Bentley toujours ouvertement tournées vers leur gloire passée… L’apparition et le développement des Supercars (initiées pour l’essentiel dans la deuxième partie des années ’80) est devenue totalement “affolée” dans les années ’90, puis en 2000, avec l’apparition d’une foule de véhicules exotiques plus ou moins accompagnés de pédigrées prestigieux… C’est l’explosion de l’étoile, sa décadence baroque… Et dans tous les domaines, c’est pareil… Un style, un art, une civilisation progressent, se développent, atteignent leur âge d’or, puis explosent dans un déchainement baroque, et puis disparaissent… Pffuuuiiitttt ! plouf…
L’automobile de prestige avait connu son sommet d’élégance dans l’immédiat avant guerre, a ensuite été perturbée dans son développement par la seconde guerre mondiale et a finalement eu son “âge d’or” au cours des années 60/70… Mais ensuite le prestige a commencé sa crise dans la seconde moitié des années ’80, et puis bouquet final “baroque” depuis le milieu des années ’90… Voilà le temps du Tuning exubérant et des carrossiers fous qui font parler les turbos… Supercars à puissance astronomiques qui font “bégayer l’histoire” à force de se ressembler comme des goutes d’eau… Tout cela sont les parfaits symptômes de la “période baroque”;;;
Elle est définie avec intelligence par le grand Borges, comme l’instant (dans un art ou dans un style) où les créateurs “s’affolent” et produisent dans l’excès… Ferrailleuses, batailleuses, féroces, pétaradantes, elles ont presque toujours agressé mon existence ! Obnubilé, pourtant, par la fluidité sensuelle et les atours féminins des bolides, j’ai décidé un jour d’entrer dans la bataille, je me suis intégré à la mécanique véloce et guerrière, j’ai appris à dompter sa puissance, je suis entré dans le trafic ! Dévorant jusqu’à l’azur de l’horizon vibratile toutes les lignes droites cernées de bandes blanches, j’ai essayé de dépasser le monde entier, laissant derrière moi des panaches de fumées toxiques, souvenirs ricinés de mes exploits de vitesse.
Cheval cabré sur mon capot écarlate ou cramponné au volant derrière la calandre du Dieu Neptune aux fanons assassins qui déchirent la route à la vitesse des tombeaux qui s’ouvrent, j’ai défié le rythme cardiaque des chronographes jusqu’à la tachycardie fatale, la sortie de jeu, dans le sang et la peur, pour un sommeil qui n’en finit plus… Je me suis réveillé, pourtant, dans un autre temps, de ma vie antérieure, je ne sais plus ni entendre le vacarme, ni revoir les déchirures d’acier… J’ai fixé mon regard sur une autre horloge, celle qui, sur le tableau de bord plaqué de boiseries précieuses, scande un autre tempo, en couvrant de son “tic tac” discret le ralenti d’un moteur qui respire comme on rêve…
Devant moi, la déesse ailée ouvre la route et me protège, le long des autoroutes sombres ou quand le ciel est en colère, lors de mes lancinantes errances routières, autant de voyages vers des lieux que je croyais perdus pour moi… D’avant la chute, je n’ai que des images floues où se mélangent presque toujours des histoires contradictoires, mais je poursuis tout de même mon chemin vers la vérité, en priant qu’elle existe… Je pars souvent ainsi, à ma propre recherche, et comme disait le poète dans une exégèse de Shakespeare : “Je suis parfois surpris par de fugaces souvenirs qui sont peut être authentiques”… Je reste seul au volant, la route défile sans bruit…
Les jours , les semaines, les mois qui passent, n’ont plus pour moi la même importance, je n’en ressens plus l’écoulement, l’hémorragie temporelle, pour moi a cessée, frappé par cette cécité angoissante, je vis dans un présent perpétuel, mes souvenirs sont souvent des prédictions. Mon esprit flotte loin du vôtre, je m’éveille loin du vacarme et je cherche plus loin encore, dans le soir l’instant de calme qu’il faut à mon regard pour cesser d’observer le monde… Mes nuits sont plus longues que mes jours ! Sur la toile, j’ai croisé mille millions d’âmes, et quand l’épouvante cybernétique des paradis du net m’étreint… Je m’assied pour tapoter diverses chroniques pour tuer la nuit et attendre que vienne le moment, il faut en finir avec ce chaos…
Ce sera peut être triste, de voir toutes ces carapaces immobiles, ces machines devenues absurdes rouiller sur le bord des routes… Cette vision d’après demain est encore fragile dans mes “souvenirs du futur”, mais je sais que ces évènement auront lieu sous le l’éclat d’une lumière nouvelle… Ce jour viendra : Un Temps Gigantesque où l’on aura dépassé la vitesse et où l’on oubliera le bruit de la bataille. Parcourant tranquillement le grand labyrinthe d’asphalte déserté par les cloportes d’acier, quelle sera la dernière à rouler, une ultime fois, surplombant de son regard doux et protecteur l’ensemble de la tribu anéantie ! Les temps futurs écraseront le passé, sans aucune pitié, les souvenirs du quotidien ne survivront pas aux accidents des guerres et des découvertes à venir….
2 commentaires
Maître, votre observation est pertinente. Bien que je note un certain pessimisme ou un renoncement – cette période d’âge d’or ne reviendra plus jamais – votre contribution, même à travers le simple fait de partager vos expériences de vie, et de montrer ces réalisations baroques, reste inspirant et extraordinaire Semer des graines, cultiver des esprits : chaque lettre compte
Oui… Le Dafalgan et le Doliprane commencent leurs effets…
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