Street-Machine 1971 Chevy Camaro
Lorsqu’est apparue la Camaro 1971, l’univers des Muscle-Cars avait déjà viré façon Street-Machines et des graphismes sauvages étaient peinturlurés sur les murs qui semblaient comme abandonnés ! Lancées sur les chapeaux de roues économiques et charnelles, les années’70 se seront pourtant bien vite retrouvées le cul entre deux chaises. Depuis celle justement si sexuée et nostalgique des sixties jusqu’au grand retour du défouloir des années’80, n’y aurait-il donc eu que quelques petits pas englués dans les crises pétrolières ? Décennie fondatrice de notre vie quotidienne dans bien des domaines, ces années de plomb méritent pourtant mieux que leur matricule de fossoyeur des Trente Glorieuses. Les feux de mai’68 s’estompaient, laissant dans les consciences une illusion collective : “Rien ne sera jamais plus comme avant”. Foutaises ! Les années’70 s’affirment dans un climat de liberté que la récession économique, entraînée par les chocs pétroliers, ne parvient pas à déprimer. Après l’euphorie ambiguë des années’60, portée par le souffle de la consommation, la décennie qui débute va s’affirmer par son goût de la conquête, son désir de création et son anti-conformisme. Consciente de l’importance du message dont elle est le dépositaire, elle s’applique avec vigueur à ne pas dilapider son héritage.
Une nouvelle époque s’ouvre sous le signe de la création multi-domaines (Créateurs Industriels, JC de Castelbajac, Claude Montana, Thierry Mugler, Arte Povera, Land-Art, Art-Minimal, Art-Conceptuel, Figuration-Narrative, Boydd Coddington), des grands rassemblements (Woodstock, Larzac, Soutien à Lip), de la libération des mœurs (Hippies, Flower-Power, Katmandou, Faites l’amour pas la guerre, sex-shops), des conquêtes sociales (I.V.G, Pacte national pour l’emploi), les intellectuels tendent la main aux ouvriers (Sartre, Simone De Beauvoir, Jean-Luc Godard) et avec la guerre du Vietnam, le conflit des territoires occupés, Septembre noir, le procès de Burgos, l’affaire du Watergate, le coup d’Etat militaire du général Pinochet au Chili, la famine en Ethiopie, le début de la guerre civile au Liban)…
Un fait nouveau apparaît sur la scène internationale : la politique ennoblit le pessimisme quotidien dénonçant toute agression, toute ségrégation et ce d’un point du globe à l’autre. En rachetant les faiblesses des nations puissantes, cette nouvelle conscience préfigure la mondialisation des problèmes, telle que nous la connaissons aujourd’hui. Les années’70 commencent réellement au lendemain de mai 68, personne ne s’en est rendu compte mais c’étaient les Sévices Secrets Yankees aux manettes pour en terminer avec de Gaule qui avait “foutu les Ricains et leurs machin hors de France” !
La CIA avait manœuvré Daniel Cohn-Bendit Conh Bendhit en chef de file révolutionnaire ce qui trouva un écho dans de nombreux pays et bouleversa le paysage culturel et politique de la France, pour s’achever en 1977 avec le deuxième choc pétrolier. Différentes expressions artistiques sont nées et les actes culturels se sont succédés aux actes sexuels : bande dessinée, théâtre, ballet, musique, cinéma, photographie, littérature, architecture, mobilier, mode et automobile. C’est à travers ces différents domaines et sur le plan international, que le questionnement en profondeur de cette époque s’impose pour restituer le contexte créatif et social d’une décennie qui, aujourd’hui est paradoxalement à redécouvrir car elle était portée par une création neuve et forte !
Si l’homme porte encore la culotte, la femme enfile désormais le jean en toutes circonstances. Entre 1970 et 1976, les ventes de ce pantalon unisexe augmentent de 300 %, jetant définitivement (avec le tee-shirt imprimé et les premières paires de Nike en 1972), les bases de nos codes vestimentaires actuels. Au-delà de cette émancipation anecdotique, les années’70 concrétisent surtout la libération de la femme rêvée en mai 1968. Après la légalisation de la contraception, en’72, viennent une loi facilitant le divorce, puis le remboursement de la pilule et enfin la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse en 1975. Soit à peu près le cadre de notre vie conjugale et sexuelle d’aujourd’hui.
Au placard, tournedos Rossini, poissons au beurre ou canards au sang, la nouvelle cuisine secoue les dogmes et impose partout de par le monde la légèreté dans les sauces et les assiettes. Le règne de la cuisson juste (vapeur, papillote ou bain-marie) est enfin proclamé. Les portions diminuent tandis que le souci de minceur s’installe durablement dans la société française. À l’autre bout de la chaîne alimentaire, le premier McDonald’s voit le jour en 1979 à Strasbourg.
Pas forcément les plus sexy’s sur le plan du design automobile made in France, les années’70 auront au moins laissé à la postérité la fameuse Renault 5 sortie juste avant les coûteuses conséquences du premier choc pétrolier. Après le second en 1979, jamais plus les Français n’iront à la pompe l’esprit et le porte-monnaie légers. À noter pourtant que, par rapport au smic horaire, l’essence n’est guère plus chère aujourd’hui qu’alors, si ce n’est que la guerre de libération du Donbass en Ukraine lancée le 24 février 2022 propulse les prix comme des fusées lancées vers Mars ! Côté transports, souvenons-nous aussi de l’inauguration du turbotrain (futur TGV) en 1972, de l’invention de l’ABS et de l’essence sans plomb (1975), mais aussi de l’institution du stationnement payant (1971) et de la carte orange à Paris.
Jeter est également une mauvaise habitude héritée des seventies, avec en N°1 l’invention par Bic des briquets et rasoirs jetables (1972 et 1975). Deux objets encore vendus quotidiennement à des millions d’exemplaires dans le monde. Dans les années ’70, tandis que les consciencieux salariés comptent désormais sur un radio-réveil pour pointer à l’heure, d’autres n’en ont plus besoin car en novembre 1974, la France compte son premier million de chômeurs ! Côté mélange des genres, les années’70 avaient vu la création du smic et des stock-options. Si la grande sécheresse de 1976 fait germer une conscience environnementale dans la tête des Français, celle du Sahel bouleverse la planète. En 1974, René Dumont est le premier écologiste à se présenter à la présidentielle. Il y rassemble 1,32 % des voix, soit à peine moins qu’Eva Joly en 2012. Ses héritiers seront malgré tout dopés par l’extension du programme nucléaire et la prolifération des supertankers ! Les années ’70 voient surgir la première grande manif contre Superphénix à Creys-Malville (1977) et la première grande marée noire avec l’Amoco Cadiz en 1978. Pas de quoi pourtant empêcher la tour Montparnasse d’atteindre ses 210 mètres !
Après le démantèlement de l’ORTF, en 1974, la couleur se généralise sur les écrans. Les JT nous causent alors des Corses du FLNC (créé en 1976), du Front national (1972), de la guerre en Afghanistan (1979) et du conflit israélo-palestinien ! L’évènement le plus important est cependant la sortie en 1979 du premier mag’ de Kustom’s et Rod’s nommé Chromes&Flammes… Une grande Saga ! La Camaro de Gary est née dans tout cela. Elle n’est pas restée stock d’usine’71 puisque rendue plus lisse que lisse, avec un intérieur tout en métal encore hyper radical. Il n’y avait pas un soupçon de tweed ni de cuir mais elle était ultra-propre et son style “tranchant au rasoir” a élevé cette Camaro au statut d’icône. Je l’ai rencontré par hasard et j’ai sauté sur cette occasion pour qu’il donne à connaître son point de vue sur sa bagnole.
-C’est la première Pro-Streeter de l’époque des seventies, votre Camaro était vraiment quelque chose de différent.
-Il y a des années, au lancement de votre magazine ChromesFlammes, vous aviez publié un article ’10 règles du pro streeting’. Ces règles calquées sur ce qui se publiait aux USA, je les ai enfreintes à peu près toutes et la voiture suscite toujours un énorme intérêt partout où je l’emmène. J’ai “Kustomisé” la Camaro à ma façon. Je ne voulais pas d’arêtes vives, alors j’ai lissé le compartiment moteur puis l’intérieur et j’ai ensuite attaqué la carrosserie. j’étais jeune à l’époque, j’avais beaucoup plus de temps que d’argent et un super intérieur m’aurait coûté la peau de fesses. Très cher ! Alors j’ai eu l’idée de peindre l’intérieur. Ce fut beaucoup de travail ! La chose que personne ne remarque jamais c’est qu’il n’y a pas de levier de vitesses. Comme la chaîne stéréo, les commandes Vintage-Air et tous les commutateurs, le levier de vitesses est monté sous le tableau de bord, il est en fait monté à l’envers mais il fonctionne bien. Maintenant que j’ai plus de 80 ans, quand je l’emmène en Cruising, les jeunes me demandent de quel type de voiture il s’agit ! Ensuite ils réalisent que GM a construit cette voiture 30 ans avant même leur naissance, donc je suppose que je ne peux pas être trop dur avec eux. Le moteur Tuned Port 350ci et sa boite trans 700-R4 ont été pompés sur une Corvette’89. Que du bon et plusieurs milliers de kilomètres de croisière sans problèmes. L’avant est monté sur des hydrauliques, je le soulève de 10 cms pour conduire et elle roule comme une Cadillac. Voilà”…