Studebaker’47 Gardner Special
Construite à partir d’une Studebaker 1947, la Gardner Special est la caricature des ressorts imaginaires d’une créativité besogneuse mais sans génie de l’industrie automobile américaine, fragilisant tous les chantiers à prétentions futuristes et injectant de la déception aux regards du public confronté aux fausses ressources potentiellement d’avenir d’un pays ayant inventé et utilisé deux bombes atomiques pour marquer que les USA allaient être la nation dominante du monde… Va s’ensuivre une nouvelle guerre d’extermination des “sous-hommes” chaque année, ainsi que la création du consumérisme et du “politiquement-correct”... 79 ans plus tard, le “miracle-américain” a engendré les mêmes horreurs que le nazisme, les persécutés Juifs de la guerre mondiale 39/45 devenant chouchous financés par l’Amérique et pires génocidaires que les nazis, envers les légitimes habitants de la Palestine…
A ce jour, en un mois d’exactions et massacres odieux, il faut le garder en tête, Israël avec l’accord des USA a génocidé 32.000 femmes et enfants Palestiniens enfermés à Gaza après avoir détruit leurs habitations… C’est en cela qu’une partie du monde appelle désespérément aujourd’hui à être regardé et investi différemment, pour pouvoir redéployer la multiplicité du bon-sens et une pluralité de formes d’engagements… N’étant pas un site politique (quoique) mais d’automobiles (quoique également), je me retrouve a asséner ce genre de vérités et réflexions désabusées dans un article qui concerne la création de cette stupide bagnole mal-foutue, nommée “Gardner Spécial”, qualifiée de “remarquable” par des ahuris non instruits des normes architecturales et design, qui ont donc porté aux nues, à l’appui de commentaire laudatifs et obséquieux, une “médiocre affrosité” de la vision et du mauvais savoir-faire d’un “auto-désigné”…
Cet “auto-désigné” designer automobile (sic !) c’est Vincent E. Gardner, alors qu’il était employé par Raymond Loewy à South Bend, Indiana. Ce loustic a transformé un tout nouveau coupé trois places Studebaker Champion 1947 en Sportster, présentant une série de modifications prétendument innovantes ce qui était totalement mensonger… Compte-tenu de la médiocrité du public et de l’incompétence des journaleux en quête de fabrications d’histoires pour relancer l’économie américaine, cette voiture qui n’avait strictement rien d’un design innovant, a non seulement remporté des éloges dans les quelques shows d’automobiles personnalisées aux mains d’escrocs d’affaires… mais elle est devenue : “le témoignage du sens du design de Vincent Gardner”... Une pitrerie reprise par des illettrés biberonnés aux films patriotiques mettant John Wayne en scène…
Cette Gardner Special est maintenant célébrée comme une pièce incontournable du génie américain et de l’histoire de l’automobile américaine. De ces roucoulades débilitantes et après une restauration méticuleuse, cette “chose” a été présentée lors d’événements prestigieux comme le Concours d’élégance d’Amelia Island en 2012… Cela n’a pas eu de suite tant les visiteurs et visiteuses se sont insurgés que cette “pitrerie” leur était présentée comme une oeuvre d’art… Manifestement, c’est “se foutre de la gueule du monde”... Il n’y a strictement rien d’élégant dans cette pitrerie roulable qui de plus n’est absolument pas un “monument” du design… Il me semble intéressant de souligner qu’une difficulté inhérente à cette “militance insoutenable” est qu’elle a été bâtie sur d’étroites lignes de paradoxes qui auraient du rendre délicate sa progression.
Une première se dessine autour de la tension qui oppose d’un côté des nécessités “fondationnelles” d’ancrage dans un espace inventé… et de l’autre, des exigences d’accès et de recours à des ressources puissantes ayant créé le consumérisme comme étant une voie unique économique. Cette nouvelle forme de militance orientée vers des utopies concrètes cherchait et cherche encore à ce qu’elle soit planétaire avec divers ancrages locaux dont les bénéfices de la mise en connexion mondialisée oblige à ne créer que des projets diffusables mis en lumière par des porteurs/porteuses des valeurs américaines. C’est l’inverse des vraies valeurs humaines telles que préserver la singularité d’usages spécifiques, favoriser des projets endogènes, faire avec ce que l’on a, tirer profit de l’empreinte de savoirs traditionnels, récolter les bienfaits d’un frayage familier dans le monde…
Et parallèlement, en redéployant l’imaginaire utopique sur cet ancrage en élaborant une multitude de branchements réellement humains affranchis de l’emprise du consumérisme. C’est là, au cœur de cette tension à laquelle se tient étroitement lié l’impact colossal du cyberspace et de l’aménagement réticulé du monde, que le parcours inédit de certaines initiatives communes alternatives semble pouvoir désigner de nouvelles inspirations utopiques à travers lesquelles il s’agit de protéger ou de restaurer une diversité vivante et un équilibre respectueux des milieux locaux… L’inverse de la pitrerie ici présentée… Il faut également une volonté de créer des “institutions concrètes” pensées à une très large échelle (notamment supranationale), modifiant l’éthique de l’appropriation des ressources, composant de nouveaux chaînages symboliques, de nouvelles pratiques d’automodération et de redistribution du surplus.
Ces utopies concrètes doivent être en mesure d’assumer une forme de non-coïncidence entre une temporalité d’intervention fondée dans l’urgence, par une brusque effraction placée au cœur de l’accélération des circuits économiques et informationnels qui nourrissent les profits du capitalisme contemporain, et une temporalité prônant un ralentissement généralisé des modes de vie et des activités de production. Il faut donc alimenter tant la critique qui justifie cette remise en cause des indicateurs de croissance et de l’emballement des cycles de consommation. Egalement de la nature du management dans les organisations et des effets collatéraux de la rationalité productiviste, de la névrose des hypermobiles, de l’abrutissement général pour pouvoir appréhender, accueillir et ancrer pleinement dans nos vies la différence et l’altérité, c’est-à-dire pour préserver l’imaginaire qui, indifféremment, s’en inspire et les vise…
Il faut convoquer d’abord une épreuve de lucidité sur les conditions des possibles ou se trouveraient les racines d’expériences en commun qui ébranlent les idéologies dominantes en produisant, simultanément, à la fois des formes ingénieuses de résistance et de provocation, mais aussi du différent fondé sur l’amplitude créative de l’usage ou encore des manières de faire, chargées d’un nouvel investissement symbolique… Il faut “se repenser”, respecter le temps, y habiter avec de grandes histoires et en terminer avec la fuite en avant destinée à faire tourner la machine, qui ainsi augmente sa vitesse, ses manipulateurs s’imaginant qu’elle pourra le faire à l’ifini. La machine infernale s’est mise à à trembler de plus en plus fort consécutivement aux manœuvres crapuleuses de nos élites occidentales et le système colonial en désagrégation n’arrivera plus à contrôler ce tremblement.
Oser dire non à tout ce foutoir dans lequel on nous a engagé est la plus vieille construction antisismique… J’en reviens à cette “Gardner Special” qui a été mal conçue et construite par l’obscur designer auto-proclamé Vincent E. Gardner de South Bend, Indiana, USA alors qu’il oeuvrait sous la direction de Raymond Loewy… Vincent a acheté un tout nouveau coupé trois places Studebaker Champion 1947 qu’il a ramené chez lui dans son box-garage pour la démolir. L’ensemble du pare-feu et du cockpit ont été reculés de 18 pouces avant que Vince n’équipe la voiture d’une nouvelle calandre, d’un capot, d’un pont et d’autres feux arrière car son design faisait passer l’échappement par les feux arrière en suite d’une tuyauterie complexe qui était chauffée au rouge… D’ou incendie et reconstruction. Il a pivoté les phares de 180 degrés, ce qui plaçait les feux de stationnement en dessous, le tout éclairant le ciel…
Il a alors intervertit les phares, gauche à droite et inversément, ce qui n’a rien amélioré, que du contraire. Les portes de la berline ont été utilisées en les associant ensemble et en retravaillant la partie supérieure ce qui posait un problème de poids sur les charnière qui ont été retravaillées. Les pare-chocs d’une Studebaker Commander de 1949 ont été utilisés (certains disent dérobés de nuit). Le capot et le pont ont été équipés d’un élévateur automatique actionné par air comprimé qui vidait la batterie après deux opérations. Le radiateur a été abaissé et avancé, et le ventilateur a été monté sur l’embout de vilebrequin pour correspondre au nouvel emplacement du radiateur, sauf que l’hélice, à l’envers repoussait la chaleur…. L’intérieur était garni de cuir de vaches américaines de Chicago en beige naturel. L’air frais était aspiré dans la voiture par deux trous de chaque côté de la calandre…
Mais il était insufflé par le chauffage ce qui rendait le refroidissement illusoire, ce n’était que de la chaleur qui était diffusée dans l’habitacle. De plus, les commandes du chauffage, des phares et bien plus encore étaient placées sur la colonne de direction et donc tournaient avec le volant ce qui amenait à une rupture du câblage électrique. Vince a équipé sa création d’un dessus en plexiglas amovible qui devait pouvoir être rangé dans le compartiment du coffre, ce qui était impossible, le coffre devant rester entrouvert… Ce système totalement stupide créait un double pare-brise qui créait une condensation entre chaque qui rendait la conduite impossible de même que le nettoyage entre ces deux pièces… C’était le point le plus débilitant de cette “chose”... Le moteur comportait une culasse haute compression en aluminium 7,7:1, des soupapes à face dure, une bobine spéciale, deux carburateurs et un double échappement.
En 1949 , Vince a remporté le tout premier Press-on-rallye avec la Studebaker, c’était une épreuve temps-vitesse-distance de 24 heures organisé par la région de Détroit et le Sports Car Club of America. Louise Gardner était répertoriée comme navigatrice. L’équipage a été retrouvé dans un hôtel dans des occupations que la morale réprouvait à cette époque… En 1950 , la Gardner Special va remporter le prix du plus magnifique roadster personnalisé au National Roadster Show d’Oakland présidé par Raymond Loewy… Suite à une réclamation de Georges Barris qui menaçait les organisateurs d’une plainte pour escroquerie, la Garner va être rétrogradée en troisième place derrière une Lincoln de George Barris et la Ford Coupé 1934 du So-Cal Speed Shop qui a obtenu le prix de “La Plus grande contribution à l’industrie”... La Gardner Special a ensuite été cachée durant quelques décennies.
Existant toujours et négociée au propriétaires du hangar ou elle avait été abandonnée, elle a été restaurée par Fran Roxas de Vintage Motorsports à Bridgeview , Illinois pour John N. Allen de Naples, Floride entre 2011 et 2012 . Jason Arrigo d’ Arrigo Specialty Metalworks a réalisé toute la ferronnerie de la voiture pour Fran Roxas. En mars 2012 , la version restaurée de la voiture a été présentée au Concours d’élégance d’Amelia Island en Floride, ce qui a créé un scandale… En 2016 , la voiture a été mise en vente par Mecum Auctions, elle était censée traverser le bloc lors de la vente aux enchères de Monterey 2016 , mais elle a été retirée au moment de la vente aux enchères pour une question de propriété détournée… A l’extrême limite d’une saisie la voiture à été emmenée dans le vide abyssal de l’oubli… Depuis lors elle a de nouveau disparu…
2 commentaires
Maître, Votre texte est inspirant et navigue habilement à travers les complexités du consumérisme, de l’industrialisation et de leur impact sur la société dont vous dépeignez la dissociation entre les représentations et la réalité tangible, l’aliénation par le spectacle et la consommation et les besoins créés par le système et la perte d’authenticité d’une manière qui rappelle les réflexions de certains des plus grands esprits philosophiques : Baudrillard, Marcuse et Debord. Avec toute mon admiration, Votre lectorat.
Cette Gardner est une pitrerie qui méritait le texte corrosif de l’article, mais pas l’article qui en révélait la triste et misérable réalité… alors que le mépris silencieux eut peut-être mieux convenu… Mais parfois des forces m’emportent vers l’équivalent d’un meurtre pour venger le sort funeste que des escogriffes réalisent…
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