TwelveAir Kindig-It 2024
Tout comme pour un vin millésimé, un verre ne suffit pas pour l’apprécier, deux c’est mieux, la bouteille par contre c’est pire car ça indique que vous l’avez payée alors qu’un ou deux verre (à la limite) c’est généralement offert… Ici un seul article (déjà publié depuis une semaine) ne suffit pas pour fêter “Kindig-It Design” remportant le prix “BASF Most Bitchin’ Award 2024 Goodguys” avec l’incroyable TwelveAir. Non… Surtout que son constructeur émérite à remporté d’autres prix qu’il a reçu en short, débraillé (voir photo), certes on ne voyait que les gros mollets nus et charnus avec des groles assez minables…
Mais ce n’est pas à la hauteur d’un même évènement pour la présentation de la nouvelle Corvette ou d’une nouvelle Ferrari, en grandes (groles) pompes… Dites ca au boss de Kinding, il est capable de débouler avec des chaussures multicolores à pompons de clown… Bref, on n’aurait pas pu mieux tout scénariser, même si tout le tam-tam burlesque avait été réalisé pour la télévision américaine, car ils s’en branlent de tout ce qui n’est pas l’Amérique, c’est le slogan de Trump qui a envie de rendre coups pour coups et de faire exploser tout ce qui n’est pas l’Amérique… Ne lui dites rien, il est sourd d’une oreille. Que soit…
Au cours de l’année inaugurale du prix “Goodguys BASF Most Bitchin'”, Dave Kindig et son équipe de Kindig-It Design et de l’émission télévisée “Bitchin’ Rides” ont fait irruption et ont été mis en vedette avec la très belle et magnifique extraordinaire TwelveAir, un coupé personnalisé construit à partir de zéro, conçu pour Dave et Tracey Maxwell qui ont payé trois millions de dollars (ne vous en faites pas pour eux ils sont milliardaires), basé sur l’idée d’une Corvette’53 avec un look amélioré de la Volvo 1800 “Le Saint” et motorisée par un V12 innovant, exotique et “One Off” que personne n’osera régler ou réparer…
Au cas ou il y aurait une panne… Mais, comme c’est une Auto-Oeuvre d’art, c’est comme si on avait déterré aux USA le char personnel du Pharaon Ramsès II, c’est pas pour frimer et draguer les putes… Le $$$$$$ummum gagné par cette chose est LE prix d’honneur “BASF Most Bitchin” qui est la super dernière incarnation d’un prix “Goodguys Top 12” de longue date récupéré dans les catacombes du Capitole… Nommé à l’origine “America’s Most Beautiful Street Rod”, le prix a évolué il y a plusieurs années pour devenir “America’s Most Beautiful” afin d’élargir son attrait et sa participation. Cela s’est encore élargi cette année…
C’est lorsque le nom s’est transformé en “BASF Most Bitchin” dont le premier prix (ou rien) est devenu l’objectif pour Kindig et son équipe après avoir remporté le prix Ridler plus tôt cette année à l’Autorama de Detroit, en plus du Street Cruiser de l’année à la “Triple Crown of Rodding”. Ne rêvez plus que cette équipe vous construise un Hot Rod sur base de Citroen Traction Avant comme je m’étais fait construire dans les Eighties, car les prix sont devenus réservés aux milliardaires… Construit en secret sur une période de cinq ans chez “Kindig-It Design”, le TwelveAir est réellement un aboutissement.
Celui de nombreuses années d’expériences de Kindig en matière de conception, de fabrication et de construction de voitures personnalisées. Il est basé sur un design prétendu vierge mais inspiré du concept-car Chevy Corvair, une version fastback de la Corvette de première génération (1953) qui n’a jamais vu le jour. Et ce, avec diverses adaptations glanées un pneu partouze telle la Volvo P1800 “Le Saint”... La version de Kindig intègre également d’autres éléments de design innovants de l’époque, comme un toit à double bulle similaire à ceux que l’on trouve sur les Ferrari vintage et autres voitures de sport italiennes.
Et bien qu’il partage certains éléments de conception avec les roadsters de production CF1 de Kindig, le Twelve Air est défini dans le marbre d’une carrosserie (sic !) comme étant un design unique avec une carrosserie en aluminium construite à la main sur une structure monocoque. C’est vrai que la voiture n’est pas basée sur un châssis conventionnel, mais elle utilise une structure de base existante construite en aluminium 6061 renforcé pris en sandwich pour créer une structure monocoque à laquelle les composants de la transmission sont directement attachés.
Les suspensions avant et arrière sont inspirées/recopiées des conceptions de Formule 1, avec des amortisseurs à ressorts hélicoïdaux montés horizontalement et des bras de suspension personnalisés. Une boîte-pont C7 Corvette sert de base à la suspension arrière. Des étriers de frein Wilwood modifiés et des disques en acier inoxydable personnalisés sont utilisés à chaque roue qui forment un ensemble de 5 jantes uniques en aluminium de 20×8 et 21×12 pouces conçues par Kindig, usinées et assemblées par EVOD Industries, et plaquées par Ogden Chrome.
À la recherche d’un moteur aussi Flashy que le reste de la voiture, Kindig a fait travailler la société australienne “Race Cast Engineering” sur le moteur de 9,2 litres (561c.i.), un V12, qui est basé sur la plate-forme de moteur GM LS. Le moteur est capable de 1.000 chevaux, mais a été réglé à environ 650cv, ce qui est plus que suffisant partir dans l’espace tout en restant prudent. Il est tellement beau qu’il ne fonctionne que très exceptionnelement. L’admission est visuellement élégante, les cache-soupapes sont uniques, les collecteurs en acier inoxydable personnalisés avec d’autres détails obsessionnels…
Tel un tube de torsion allongé le reliant à la boîte-pont arrière forment l’ensemble de la construction hors normes. La carrosserie façonnée à la main a été fabriquée à partir d’aluminium 3003. Pratiquement tout est unique, des pare-chocs personnalisés, de la calandre, des enjoliveurs et des garnitures de phares, aux rétroviseurs, aux lentilles et aux sorties d’échappement. Même le pare-brise et la vitre arrière ont été construits sur mesure selon les spécifications de Kindig. La carrosserie a finalement été comme baignée dans une magnifique finition rouge rubis appelée “Infrared”…
Il est de la gamme de peintures de la novelle société : “Modern Classikk Kindig Akzo Nobel”. Il y a tout autant à l’intérieur, où le tableau de bord, la console, les sièges personnalisés et autres sont imprimés en 3D puis ont été recouverts d’un cuir “terre de Sienne” par “JS Custom Interiors”. Les compteurs personnalisées intègrent de l’or blanc et des diamants dans le lettrage, tandis que le volant unique s’incline vers le haut pour faciliter l’entrée et la sortie. Un levier de vitesses de style avion s’élève de la console centrale, tandis que les tapis de sol ont été usinés en aluminium, poncés, peints en noir, garnis d’acier inoxydable.
Pas n’importe quoi et comment, mais formé à la main et finis avec un support en cuir. Je pourrais continuer encore et encore, mais voyez les photos… Il s’agit d’une voiture qui combine un design créatif, une influence historique, un savoir-faire impeccable et une attention fanatique aux détails dans un ensemble élégant, sexy et sans couture qui est tout simplement hallucinant. Félicitations à Dave et Tracey Maxwell, à l’équipe Kindig-It et à tous les autres participants à la réalisation de la TwelveAir, l’un des gagnants les plus appropriés du prix “Goodguys 2024 BASF Most Bitchin” !
Le style et le génie sont tous les deux des concepts qui se définissent par un jeu d’oppositions très prononcées: on les conçoit comme exigeant pour leur réalisation, soit un grand effort, soit une spontanéité libre, insouciante, ou désinvolte. Ils semblent être tantôt l’expression d’un talent individuel, tantôt d’un don très personnel; la question est de savoir si le style et le génie s’acquièrent en restant fidèle à soi-même ou en se dépassant. Le style et le génie passent pour être des traits distinctifs déterminants, très difficiles à définir et par essence complexes et contestés.
Ces concepts participent aussi de la question controversée de savoir si la clé de leur possession si ardemment désirée (et menant tout droit à la réussite artistique) est le fruit d’un intense effort, ou, au contraire, d’une libre spontanéité, que Nietzsche qualifie dans “Le Gai Savoir” de divinement désinvolte, joyeuse, légère, et inconsciente. Nietzsche, comme nous allons le voir, est lui-même partagé sur la question, peut-être parce que le style et le génie requièrent paradoxalement et à la fois un labeur avisé et une légèreté désinvolte. Avant d’explorer plus loin ce paradoxe, je vous invite à une pause café…
Voilà… Donc, je vais faire intervenir Nietzsche, qui se fera guide, mais aussi Ralph Waldo Emerson, qui inspira la pensée de ce dernier, comme le souligne l’épigraphe de la première édition du “Gai Savoir”... Le style et le génie partagent une troublante ambiguïté : tous deux hésitent entre une signification neutre ou laudative. Dans la mesure où chacun a une personnalité et une manière bien particulière de faire les choses, qui le caractérise en tant qu’individu unique (même s’il ne diffère que de peu), alors on peut dire que tout le monde a un style particulier, même si celui-ci est sans relief, maladroit, voire de mauvais goût.
Mais ceci ne correspond pas à ce qui est habituellement entendu par “avoir du style”, qui sous-tend quelque chose de beaucoup plus positif et complexe que la précédente définition. Le génie présente la même ambiguïté, dénotant (selon la définition donnée par le “Oxford English Dictionary” la disposition caractéristique ou l’inclination d’une personne, mais aussi et mieux encore désignant une aptitude intellectuelle innée ou une capacité extraordinaire pour la création, la pensée originale, l’invention ou la découverte. Ainsi, la première définition autorisait Samuel Johnson à déclarer que “tout homme a du génie”.
Tandis que la seconde (qui n’existait pas encore en 1755, époque à laquelle Johnson compila son fameux dictionnaire) sous-entend que seul l’élite peut alors faire montre de véritable génie. Mais alors, qu’est-ce qui peut bien différencier génie, style, et caractère au sens laudatif du terme ? La simple singularité n’est guère suffisante, de même que la forte déviance, car alors toute idiosyncrasie deviendrait affaire de style ; toute monstruosité deviendrait signe particulier, et toute excentricité porterait le masque du génie. De telles confusions étaient hélas communes à une certaine époque, qui vit Goethe s’en plaindre…
C’était du fait que : “Il paraissait chose aisée que d’être un génie puisque n’importe quelle entreprise absurde et inutile satisfaisait à ce critère d’originalité”… Pour éviter de tels abus, Kant s’efforça de décrire le génie comme un don inné de l’esprit (ingenium) grâce auquel la nature donne ses règles à l’art. Puisque ces règles relèvent d’un don naturel et original, elles ne peuvent ni être analysées de manière scientifique, ni être enseignées. D’un autre côté, “puisque l’absurde aussi peut être original”, le génie doit se distinguer par sa capacité à servir de modèle d’appréciation et à faire des émules…
Cette exemplarité est ce qui donne au style, au caractère, et au génie leur force positive. Mais comment la nature peut-elle créer le génie, elle qui crée également son contraire sous la forme de l’idiotie et de la monstruosité, qui ne peuvent être des canons à admirer et imiter ? La solution d’Emerson est d’ancrer la normativité du génie plus profondément au sein de la vérité, cette vérité spirituelle qui forme l’âme sous-jacente et unifiante de la diversité de la nature visible : “Le génie est la perception spontanée et la monstration de la vérité”… Cependant, la vérité a ses propres paradoxes.
En effet, la tromperie et le mensonge ne font-ils pas partie intégrante de la vérité la plus profonde de la nature, et en particulier de la nature humaine, comme le suggère Nietzsche ? : “Que l’on doive mentir pour vivre est une nécessité engendrée par la nature tragique et problématique de l’existence. Afin de résoudre cette énigme, l’homme doit être menteur par nature, il doit être essentiellement un artiste”… Les plus grandes réalisations du génie humain sont précisément le produit de notre “génie à mentir”, qui constitue “la capacité artistique de l’homme par excellence”.
Si le génie repose sur les piliers de la vérité et de la nature, ceux-ci reposent paradoxalement sur le mensonge. Si le génie d’un individu (génie au sens laudatif) sert de modèle pour les autres, il doit conserver son statut exemplaire. D’un autre côté, afin de servir de modèle (et d’être compris en tant que tel), ne doit-il pas également se faire le porte-parole d’un pouvoir commun, et non pas seulement individuel ? Emerson résout ce problème avec un autre paradoxe : “Ce qui distingue le génie individuel n’est que l’expression la plus profonde de ce qui est le plus banal”…
Le génie se révèle extraordinaire par sa capacité exceptionnelle à mettre en évidence la merveilleuse poésie de l’existence prosaïque. “Nous avons toujours la même dette envers le génie car c’est lui qui lève le rideau sur le banal, et qui nous montre que les divinités sont assises, déguisées, parmi ce qui nous semble n’être que des bandes de gitans et de saltimbanques”… Le génie est aussi celui qui se montre le plus commun en se faisant la plus parfaite expression de tout ce qui touche à l’humain. Le génie fait autorité non pas en s’imposant par son prestige à la manière des snobs ou par sa magie à la manière des bateleurs.
Mais c’est en nous donnant le sentiment immédiat qu’il est en osmose avec le cœur de l’homme, qu’il éprouve pour la nature humaine une sympathie extraordinairement profonde. De plus, le génie ne cesse jamais de plaire à toutes les époques comme à tous les âges parce que ce qui est spontané ne relève ni d’un lieu ni d’un individu mais prend sa source dans cette âme intérieure qui est l’âme de tout homme. L’essence du génie est la spontanéité, exceptionnellement productive qui suggère une énergie plus qu’humaine à l’œuvre derrière la volonté consciente de l’individu, ou ses pouvoirs de contrôle.
Le génie n’est en aucune manière un talent que l’on pratique, une science précise ou une capacité que l’on exerce, l’homme ne peut le brandir, le décrire ou le communiquer, pas plus qu’il ne peut le contrôler, c’est toujours une puissance, toujours un enthousiasme qui ne peut être soumis au contrôle par l’effort… Waouwwwww ! Nietzsche affirme lui aussi cet aspect involontaire du génie quand il dit : “Le génie réside dans l’instinct, au sein de forces qui surpassent celles de la conscience de l’individu”… Débordement d’énergie accumulée, le génie est une fatalité involontaire, comme celle qui fait que la rivière sort de son lit….
Si le génie est un pouvoir qui réside au-delà du contrôle personnel et conscient, alors un laisser-aller insouciant, une spontanéité désinvolte pourraient en être la clé secrète. Le génie viendrait d’un acharnement désinvolte à redevenir soi-même… Le génie repose également sur les pouvoirs de la volonté, du courage, et du labeur intense, et demande, pour reprendre les termes de Thomas Edison, “plus de transpiration que de d’inspiration”. Grandir et se créer soi-même signifie donc vivre dangereusement et parfois se perdre, si l’on veut apprendre quelque chose des choses qui nous sont étrangères.
Donc c’est s’enrichir soi-même. La grandeur ne peut exister sans abandon. La plus haute dimension de culture du soi que nos efforts peuvent nous permettre d’atteindre est donc ce niveau où l’on s’oublie enfin, où l’on baisse la garde, ou l’on s’aventure hors des sentiers battus sans que l’on sache comment ni pourquoi, afin de se laisser pénétrer et submerger par l’esprit du génie, jusqu’à devenir son instrument. C’est la spontanéité qui règne alors, les outils mécaniques se mettent au service de notre pensée, tandis que nous nous mettons au service de cette force plus profonde qu’est le génie.
Il est vrai que je pense en tapotant mes textes parce que mon cerveau n’est pas conscient de ce que ma main écrit… Il n’y a pas plus de lumière dans un génie que dans n’importe quel autre honnête homme mais le génie concentre cette lumière jusqu’à en faire du feu en utilisant la lentille adaptée. Le génie, un acharnement désinvolte à devenir soi-même… Aussi, je termine cet article par un paradoxe : Comme il en va pour de nombreuses autres qualités, le génie et le style ne reposent sur aucune formule prédéterminée, mais sur une myriade de détails pratiques qui ne peuvent être universalisés… Fichtre… Pffffffffffff !