1991 Vector W8 Twin Turbo
Encore et encore vous causer de la Vector jusqu’au delà du vide d’où est parti, a vécu et s’en est allé Jerry/Gérald Wiegert, pour l’éternité. Est-ce utile où nécessaire ? Il n’est rien de si précieux que le temps de la vie de l’univers, d’une durée infinitésimale, en regard de notre vie imperceptible dans le firmament de l’éternité, ce minuscule moment qui ne sera qu’une fois et puis jamais plus jamais… Entre “le je-ne-sais-quoi“et “le presque-rien” des instants que nous ne devrions pas laisser nous échapper, les rencontres parfois aussi intenses qu’imprévues sont comme des moments de grâce et de communion d’êtres, d’arts, de politiques, de tueries, d’amoures et de pratiques consuméristes et guerrières. Ce sont à chaque fois des instants décisifs à saisir où à fuir… Moi, je suis celui qui vous invite, vous presse, vous informe et vous raconte tout cela par mes textes qui proviennent de pensées de l’instant, toutes aussi semblables que les méditations discourues en réflexions et diverses odes au charme du temps qui ne fait que passer… Est-ce parce que la grande guerre planétaire qui se dessine crée des ruptures qui s’annoncent apocalyptiques, que le concept de temps devient si fondamental, si matriciel, dans la philosophie de nos vies ?
C’est matriciel dans la mesure où cela sous-tend précisément des notions inlassablement cherchées à définir l’irréversible, l’imprescriptible, la nostalgie et l’omniprésence du temps qui soulève diverses interrogations quant à sa nature et à la signification de ce qui s’y découvre, à savoir que le temps est l’étoffe de tout ce qui est… La réalité est temporelle et l’être c’est le temps, une ontologique chronologique. Tenter de cerner le temps n’est pas aisé, nous sommes placés devant une énigme redoutable : Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne le demande ni ne cherche à l’expliquer, qui donc interroger ? L’esclavage du travail des masses n’a jamais été véritablement aboli, la colonisation se camoufle dans le consumérisme et la proximité relative des Enfers que sont nos guerres, nous amène invariablement face à l’infranchissable fleuve des morts, qui entraîne des précipitations insolites ainsi que l’échouage occasionnel de créatures venues de l’autre rive. Un Musée de Tératologie les rassemble, les étudie et les expose tandis que l’économie comme la politique sont sous le contrôle de ceux qui se disputent et se partagent de longue date le pouvoir absolu qui n’aboutit à rien d’autre qu’à l’inéluctable mort de toutes et tous…
Tout voyageur revient à son point de départ, mais il a vieilli entre-temps ! L’irrémédiable, ce n’est pas le voyage, l’irrémédiable c’est que le voyageur ne sait pas retrouver son lieu natal tel qu’il l’ a laissé, ni celui qu’il était autrefois quand il l’habitait. Ulysse est à son retour, ayant échappé à la mort, un autre Ulysse, qui retrouve une autre Pénélope… Et Ithaque aussi est une autre île, à la même place, mais non pas à la même date, c’est une patrie d’un autre temps… L’homme court à la recherche de lui-même, à la poursuite de sa propre image et de sa propre jeunesse, et il ne se retrouve pas. Si c’était à la recherche de sa patrie, après qu’il l’a défendue et retrouvée, il ne pourrait la reconnaître, car il l’aurait changée. Chaque être, chaque instant, devient par altération un autre que lui-même, et un autre que cet autre… Infinie est l’altérité de tout être, universel est le flux insaisissable de la temporalité. C’est cette ouverture temporelle dans la clôture spatiale qui passionne et pathétise l’inquiétude nostalgique. Car le retour, de par la durée même de l’absence, a toujours quelque chose d’inachevé : Si “le revenir” renverse l’aller, “le dédevenir”, est une manière de devenir : “Le retour neutralise l’aller dans l’espace et le prolonge dans le temps”…
Et quant au circuit fermé, il prend rang à la suite des expériences antérieures dans une “futurisation” ouverte qui jamais ne s’interrompt. Quiconque revient vivant comme un fils prodigue, revient transformé par les aventures, mûri par les épreuves et enrichi ou appauvri au gré des circonstances par l’expérience d’un long voyage tout en ayant laissé sur son chemin ce que nulle force au monde ne peut lui rendre : la jeunesse, les années perdues, les printemps perdus, les rencontres sans lendemain et toutes les premières-dernières fois perdues dont notre route est semée… Tout cela démontre que le futile corrompt plus que la corruption elle-même, c’est l’homme qui meurt lentement en croyant vivre plus… Prenez-en un de la multitude, vous, moi où Jerry Wiegert qui s’est perdu en créant sa Vector… Pour rien qu’une image éphémère alimentant des remplissages d’histoires et fausses infos, créant des rêves qui sont des cauchemars, qu’en est-il d’une des siennes dénommée Vector dans le reflet de son existence ? Du vent et des larmes entrecoupés de rires qui se terminent en cauchemars de vie et de mort… Rien d’autre. Il aura tenu 76 ans et quelques mois ( Du 12 juillet 1944 au 15 janvier 2021)…
Jerry Wiegert aurait probablement apprécié la lente fuite d’informations entourant sa mort qui laisse de la place aux questions et aux hypothèses, le type de marge de manœuvre qu’il a habilement utilisé à son avantage lors de la création de sa Supercar Vector maudite. Aucun détail concret n’est officiellement disponible. Il n’y a de surcroit aucun héritage. Des bruits circulent concernant un suicide provoqué/assisté… Pour illustrer toute cette affaire, il fallait une Vector W8 qui ait une couleur appropriée, elle est apparue tirée du hasard, couleur de linceul, quasi jamais utilisée (2.268 miles), l’une des seules 17 exemplaires produites dans les dernières années du précédent millénaire par des artisans audacieux désireux de battre Ferrari, Lamborghini et Porsche à leurs jeux futiles. Parmi les entreprises créant d’autres mêmes automobiles, la plus convaincante semblait être la Vector de Jerry Wiegert réalisée dans le brouhaha habituel des affairistes, à Wilmington, en Californie, créée par Gerald Wiegert, un auto-prétendu vétéran de l’industrie automobile ayant soi-disant acquit de l’expérience dans chacun des Big Three de Detroit, fanatique fauché d’avions, mais ne sachant ni piloter ni n’ayant quelconque bagage en avionique…
Pareil que bien d’autres manœuvriers tels Alain Clénet, mais moins rococo, quoiqu’aussi pirate sans scrupules, Jerry/Gérald Wiegert a d’abord construit un prototype plus qu’inspiré, car copié sur le projet Carabo conçu par Marcello Gandini, responsable du design chez Bertone. Un nom dérivant des Carabes, une espèce de coléoptères. On retrouve également cette inspiration dans les portes en élytres du véhicule, ainsi que dans ses couleurs (vert et orange). La Carabo était basée sur le châssis de l’Alfa Romeo 33 Stradale. Son moteur était un V8 à 90° de 2 L développant 230cv. Marcello Gandini reprendra plusieurs aspects de la Carabo dans la Lamborghini Countach, notamment sa carrosserie très basse et toute en angles, et ses portes en élytres. Mais Jerry Wiegert a été plus rapide en faisant “sa Vector” de la Carabo de Bertone, en l’affinant en W8 Twin Turbo. Jerry a prétendu qu’aucun coin n’avait été coupé dans la conception de la W8, car il s’agissait d’une Supercar construite à l’aide des technologies les plus avancées et des meilleurs matériaux de pointe, des composants de qualité aérospatiale étant selon lui utilisés pour construire la Vector et son moteur V8 de 6.000cc…
La carrosserie incorporait un peu de tout, de la fibre de carbone, du Kevlar et de la fibre de verre. Ensuite Jerry Wiegert est devenu l’Âpotre de sa cause, affirmant que sa Vector W8 pouvait parcourir le quart de mile en 12 secondes atteignant 124mph, soit deux secondes de plus que la Ferrari Testarossa, et qu’elle pouvait sprinter à 60mph en 4,2 secondes, affirmant qu’elle pouvait atteindre une vitesse de pointe de 242 miles à l’heure… Pour aller où ? Nulle-part… Je fus un des premiers audacieux à faire le voyage Europe/Californie pour en réaliser un reportage et la couverture de mon magazine Calandres… Mon chemin de croix a duré 8 jours, la Vector n’était jamais prête Et lorsqu’elle le fut après 5 jours et nuits d’attentes vaines, l’essai-vérité à tourné court… Surchauffe, passage aléatoire des vitesses, mauvaise position de conduite, pauvreté de la finition, problème de passage des vitesses et finalement explosion du bloc moteur… Toute la durée de vie de la Vector fut de même… Des problèmes financiers ont finalement conduit Vector à fermer ses portes après la construction de seulement deux prototypes W8 et de 17 voitures clients qui ne fonctionnaient pas toutes.
Empêtré dans les pires avanies génératrices de problèmes, Wiegert est finalement mort dans le vide intersidéral, prétendant avoir atteint son objectif de choquer l’industrie automobile avec une voiture aux performances et au style inédits et construite en Amérique. Cette mise en garde bouffonne aux constructeurs de Supercars établis, pataugeant eux-mêmes dans les entourloupes et escroqueries, n’a ouvert aucune voie à quelconques futurs fabricants à petite échelle. Ils ne cessent de s’effondrer les uns-après les autres, ne servant que temporairement l’égo démesuré de requins affairistes qui invariablement finissent par crever dans leurs merdes… Certes, dans ces parcours chaotiques l’esprit du consumérisme semble bien se porter de guerres en guerres malgré leurs hallucinations hectiques. J’avoue en tirer profit en éditant leurs œuvres et celles de grades moins élevés, mais plus réguliers… La Vector W8 numéro de série 009 qui se trouve ici partouze en photos, avait été commandée en 1989 par le propriétaire d’origine au coût de 178.000 $. Cette W8 avait été convenue pour être achevée l’année suivante, et un VIN de 1990 a été pré-attribué à la voiture conformément aux accords de vente originaux et à l’OSM.
Cependant, la Vector n’a été que partiellement achevée qu’à la fin de 1991 et, en tant que telle, a reçu un autre VIN mis à jour reflétant l’année modèle 1991, ce qui a entraîné un changement dans le 10e chiffre du VIN… et une inculpation pour faux et usage de faux qui va s’éterniser comme d’autres jusqu’à la faillite et l’auto-suicide probable… Avant cette fin misérable, les Vector’s étaient toujours en panne et, ne pouvant l’avouer de crainte de ne plus savoir s’en défaire sans casse financière, le malheureux propriétaire de cette Vector W8 Twin Turbo de 1991 n’a pu que parcourir 2.268 miles depuis sa création. Sans cesse des pannes et réparations longues et couteuses et ainsi de suite… Comme cette chose est typique du consumérisme des automobiles merdiques hors de prix, les retombées négatives sont aussi aléatoires que les Supercars elles-mêmes… Tout y est “Look” comme la mode et ne fonctionne (mal) qu’au paraitre et à la publicité avec retour d’ascenseurs, dessous de table et pots de vin, qui pour l’instant sont surutilisés pour couvrir divers changements de régimes politiques. L’intérieur rappelle (de loin) un cockpit d’avion, avec un écran d’ordinateur numérique et de nombreux instruments mis en valeur par une boussole Airpath et un compteur d’heures Hobbs.
Ca ne sert à rien d’utile d’autre que créer du “paraitre”... en plus de disposer de sièges Recaro Classic, d’une climatisation numérique et d’une chaîne stéréo Sony avec cassette et CD de 10 disques couplés à des haut-parleurs a/d/s… Le tout d’un fonctionnement aléatoire plus qu’hasardeux… Cette Vector dispose même d’un toit ouvrant amovible qui fuit à la moindre pluie, mais qui est accompagné d’un étui plus rare que la Vector, pour la protéger lorsqu’elle est rangée… C’est une simple bâche d’accessoiriste dont l’étiquette a été enlevée… Pour parfaire, comme les automobiles de luxe des années vingt et trente devaient disposer d’une trousse d’outillage, cette mascarade perdure dans la tradition des automobiles hyper-chères… La Vector est donc accompagnée/munie de sa pochette à outils… De plus, pour estomaquer les abrutis, la correspondance positive entre Jerry Wigert et un propriétaire fictif d’origine est fournie dans un recueil semblable à un livre sanctifié par un Pape contenant le contrat d’achat, les factures, la déclaration d’origine du fabricant, la documentation certifiée d’époque et une cassette VHS de présentation de Vector Aeromotive… que plus personne ne sait regarder car obsolète…
Car les VHS ont été remplacées par les disquettes et carte “pucées”, mais Vector s’est cassé la gueule et n’a donc plus dû s’inquiéter de fournir un vrai matériel promotionnel… Gerald/Jerry Wiegart a donc rejoint un groupe restreint d’escrocs tels que Preston Tucker, John DeLorean, Malcolm Bricklin et bientôt suivi d’Elon Musk, qui ont tous entrepris de perturber une industrie et de construire leurs automobiles… Vector s’est ainsi ancré dans l’histoire noire de l’automobile rien qu’avec son design futuriste époustouflant pompé sur la Carabo de Bertone, son cockpit inspiré des avions et ses prétendues performances exaltantes qui étaient toutes fausses… Avec seulement une poignée de voitures produites, les Vector sont rarement proposées à la vente, en particulier avec un faible kilométrage, réalisé aux alentours de la propriété d’origine des malheureux propriétaires et avec une documentation d’origine identique par photocopies, pour meubler le temps des lésés durant les interminables et fréquentes réparations… La Vector n’est a acheter que si vous êtes masochiste pervers ET BDSM soumis ET milliardaire à l’ancienne… Je concède avoir moi-même été dupé… et pour ma défense visant l’acquittement total, je plaide via mes chroniques concernant cette chose…